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Rappel embryologique et histologique de la peau

2. Facteurs environnementaux :

- 2 sur 3 des sujets atteints de la sclérodermie sont des femmes âgées entre 40 et 60 ans.

- La ressemblance clinique entre les manifestations de la sclérodermie et la maladie du greffon contre l’hôte (GVH)[29].

La persistance de cellules fœtales résiduelles de grossesses antérieures dans l’organisme maternel serait le facteur déclenchant la sclérodermie. Cette hypothèse n’a pas été confirmée depuis et n’explique pas la survenue de cas de sclérodermie chez les enfants, les hommes ou chez les femmes nullipares.[23]

Un grand nombre d’autres polymorphismes génétiques ont été étudiés chez les patients sclérodermiques. Cependant, aucun d’entre eux ne semble très fortement associé à la maladie et la seule prédisposition génétique ne suffit pas à expliquer la survenue de cette maladie.[24]

2. Facteurs environnementaux :

L'exposition à différents agents environnementaux chimiques, physiques et infectieux (par exemple, les virus, les médicaments, le chlorure de vinyle, et la silice) augmenterait les risques d'être atteint de sclérodermie[30].

a. Silice :

La silice est nocive surtout sous sa forme cristalline libre dont il existe 3 types: le quartz (qui représente la variété minéralogique la plus fréquente), la cristobalite et la tridymite (résultant de la transformation du quartz après chauffage)[5].

Erasmus rapporte pour la première fois en 1957 la survenue de cas de ScS chez des ouvriers exposés à la silice (mines d’or). Cette association est appelée syndrome d’Erasmus[23].

Le pouvoir pathogène est lié aux cristaux de dioxyde de silicium (SiO2), et a pour cible le monocyte-macrophage[31].

Les macrophages stimulés sont de localisation le plus souvent alvéolaire, elles sécrètent des enzymes lysosomales et des cytokines (IL-1, fibroblaste growth factor, agonistes d’inhibiteur fibroblastiques), entrainant ainsi la prolifération du collagène, de la fibronectine et du glycoaminoglycane[32].

Les cas de sclérodermie survenus chez les patients exposés à la silice sont reconnus comme maladie professionnelle. Le risque relatif de développer une sclérodermie après exposition à la silice est 25 fois plus élevé chez les sujets masculins exposés que chez ceux non exposés. [23]

Le temps moyen d’exposition nécessaire à l’apparition de la maladie varie de 14 à 28 ans. Les signes cliniques et biologiques sont superposables à ceux de la sclérodermie idiopathique.[23]

b. Produits industriels :

 Les solvants :

En 1957, une première observation de sclérodermie avec exposition aux solvants était décrite par Reinl chez une jeune femme de 24 ans travaillant au dégraissage de plaques en aluminium à l’aide de trichloréthylène[33]. En 1965, Walder décrivait 6 patients atteints de sclérodermie et manipulant des solvants[34].

La plupart du temps, l’exposition est une exposition à des mélanges de solvants compliquant l’analyse de l’imputabilité d’un solvant et même d’une catégorie de solvants en pathologie professionnelle[5].

Bovenzi et al. soulignaient que les solvants pouvaient avoir une double pénétration, au travers de la peau et par inhalation, du fait de leur haute volatilité[35]. Après pénétration, les solvants se lient aux acides nucléiques et aux protéines et déclenchent les mécanismes de réponse immunitaire cellulaire et humorale.[5]

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 Fumées de soudage :

En 1977, Fessel publiait 2 cas de sclérodermie dans un contexte d’exposition professionnelle intense aux fumées de soudage dans des chantiers navals [36].

 Silicone :

Un excès de risque de sclérodermie avait initialement été rapporté chez des femmes japonaises ayant subi une mammoplastie avec pose de prothèses en paraffine ou silicone [37].

Or, la méta-analyse de Janowsky, publiée en 2000, sur les relations entre prothèses mammaires en silicone et connectivites, ne confirme pas cette hypothèse[5].

 Vibrations :

L’exposition aux vibrations a été évoquée comme facteur de risque de sclérodermie initialement au travers de cas cliniques chez des patients ayant utilisé des outils vibrants au cours de leur vie professionnelle [38, 39].

Or, la plupart des cas cliniques décrits concernaient plus des tableaux cutanés proches de la sclérodermie localisée que de véritables sclérodermies systémiques[5].

 Résines époxy :

Le processus de polymérisation des résines époxy dans l’industrie des colles, vernis, peintures a été rendu responsable de quelques tableaux associant sclérose cutanée, arthralgies, myalgies mais sans localisation viscérale ni syndrome de Raynaud ni anticorps antinucléaires[40].

Le nombre limité d’études, l’hétérogénéité des résultats ne permettent pas de retenir pour l’instant l’imputabilité des résines époxy comme facteur de risque de sclérodermie. Enfin, soulignons que l’industrie des résines époxy est étroitement liée à celle des solvants.[5]

En conclusion, l’imputabilité de la silicone, des vibrations, des fumées de soudage ou des résines époxy n’est actuellement pas retenue.

 Cadmium :

Une étude a souligné que l’exposition professionnelle aucadmium est associée à des formes plus sévères de sclérodermie. Ainsi,ces résultats indiquent qu’une exposition professionnelle au cadmium devrait être recherchée systématiquement chez les patients lors du diagnostic de sclérodermie[41].

c. Virus :

L’hypothèse d’infection virale dans la sclérodermie induite n’a pas encore pris sa place, mais deux virus ont particulièrement attiré l’attention, le parvovirus B19 et le CMV [42, 43].

L’ADN du parvovirus B19 a été détecté dans la peau et la moelle osseuse d’un nombre restreint de patients atteints de la sclérodermie, et aucune protéine virale n’a été retrouvée. Mais, le parvovirus B19 reste un facteur important, en raison de sa capacité à activer les fibroblastes [44].

Des arguments plus forts suggèrent l’implication du CMV dans la survenue de la sclérodermie, il existe une homologie entre la protéine virale UL 94 et une protéine membranaire humaine exprimée par les CE et les fibroblastes, la NAG2 [45].

Il a été démontré que les anti-UL94 étaient ainsi capables de se lier aux CE et aux fibroblastes et induire leur activation avec transcription de molécules d’adhésion, de cytokines, de TGF alpha et de la CTGF [46]. De plus ces AC induisaient une apoptose des CE [45]. Une homologie de structure a été également identifiée entre une autre protéine de CMV (UL 70) et l’ADN topoisomérase1 humaine, cible classique de la réponse immune de la sclérodermie [47].

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Certaines études ont documenté des signes d'infection à Borreliaburgdorferi (parasite responsable de la maladie de Lyme) chez les patients atteints de la sclérodermie localisée. Par contre, le test sérologique de la maladie de Lyme ne semble pas utile dans l'évaluation des patients atteints de sclérodermie localisée mineurs, sauf pour ceux qui résident en zone endémique [48].

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