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Le facteur de popularité

Dans le document UNIVERSITÉ DU QUÉBEC (Page 101-106)

CHAPITRE II............................................................................................................................................ 26

4. Présentation des résultats de recherche

4.4 Témoins d’intimidation de groupe

4.5.2 Le facteur de popularité

Parmi les facteurs précédemment identifiés, nous avons souligné le facteur de la popularité. Ce facteur de protection est si omniprésent dans le discours des témoins et des intervenantes qu’il prend l’ampleur d’un véritable phénomène qui donne, en quelque sorte, le ton à la dynamique sociale au sein même des établissements d’enseignement. Il faut savoir que non seulement la totalité de personnes interviewées ont souligné l’importance du phénomène de popularité, mais qu’elles en parlent et le décrivent de façon concrète et détaillée. C’est pourquoi il nous paraît indispensable de nous y attarder, pour tenter de mieux comprendre de quelle manière ce facteur influence la dynamique sociale dans les écoles.

Selon les participants à l’étude, ce phénomène est particulièrement important puisque non seulement il est facteur de protection pour ceux et celles qui sont populaires, mais également pour ceux et celles qui sont leurs amis. En plus, les élèves populaires jouiraient d’une certaine notoriété quand vient le temps d’intervenir auprès des autres. Ainsi, les témoins ont le sentiment que les élèves populaires ont plus de chance de mettre fin aux actes de violence que les élèves qui ne jouissent pas d’une telle popularité, car ils risquent moins d’être contestés.

Là où la confusion s’installe, c’est du côté de la description de ce qu’est un élève populaire.

En effet, quand vient le temps de décrire les attributs propres aux personnes dites populaires, nous obtenons, à première vue, deux portraits complètement différents, voire opposés l’un de l’autre. D’un côté, on nous décrit des élèves qui font preuve de confiance en eux, ayant une personnalité joyeuse et amicale. De l’autre côté, la description ressemble davantage au cliché du mauvais garçon ou de la mauvaise fille ou encore à l’image du ou de la rebelle que tous craignent. Voici un condensé des descriptions que les témoins ont faites des élèves populaires.

La première description dit des garçons populaires qu’ils connaissent beaucoup de gens, qu’ils sont gentils et que les gens les aiment. Ils ne sont pas gênés, ils parlent à tout le monde sans discrimination et ils seraient plus sociables que la moyenne. Ils ont des vêtements à la mode, ils font parfois du sport et, souvent, ils ont des véhicules motorisés.

Pour les filles, c’est sensiblement la même chose. Elles ont une façon d’être, elles ont confiance en elles, elles sont plus sociables et sympathiques que la moyenne des filles et toutes les autres veulent être avec elles. Leur façon de s’habiller et leur comportement seraient enviés par les autres jeunes filles. Elles ont beaucoup d’amis, portent des vêtements de grandes marques à la mode et elles sont cool.

La seconde description des garçons populaires nous les présente comme étant de mauvais élèves. Ces élèves clameraient ne pas aimer l’école et échouer tous leurs cours. Plusieurs participants affirment que s’ils sont mauvais et méchants, ils sont considérés comme populaires. Par contre, s’ils sont corrects, mais sans plus, ils se retrouvent entre les deux.

Cependant, dès qu’ils sont très gentils et attentionnés, s’ils ne disent jamais rien de méchant, ils seront considérés comme des intellectuels et cela, même s’ils ont de la difficulté à l’école. Selon les élèves interviewés, ce n’est pas populaire d’être un intellectuel. De leur côté, les filles populaires sont décrites comme étant belles ou minces;

elles ont des relations sexuelles très jeunes avec les garçons et elles consomment des drogues. Certaines ne sont pas belles, mais elles sont populaires quand même, car elles ont un beau corps et elles sont bien habillées. Elles sont généralement méchantes et sans pitié. Elles ridiculisent et intimident les autres. Or, les filles qui vont mépriser celles qui ne répondent pas à ces critères ou qui sont cruelles avec les autres élèves sont populaires.

Est-il possible qu’une certaine confusion existe entre le fait qu’une personne soit populaire parce qu’on l’envie et que l’on aimerait être comme elle et le fait qu’une personne soit

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populaire parce qu’on la craint? Quoi qu’il en soit, qu’est-ce que ces deux descriptions ont en commun pour que l’on parle de popularité dans les deux cas?

Nous pouvons tout de même observer que les deux descriptions, aussi différentes soient-elles, présentent certaines similitudes. Par exemple, dans les deux cas, les élèves populaires se font remarquer par les autres, vont vers les autres et affichent une certaine assurance. Dans les deux situations, on souligne également l’importance de l’image corporelle et de la minceur véhiculée socialement, surtout chez les filles. Finalement, le statut social est également mis en évidence à travers les vêtements de marque ou la possession d’un véhicule motorisé. D’ailleurs, les mêmes élèves expliquent qu’à l’inverse, ceux et celles qui se tiennent en retrait ou qui sont identifiés comme des intellectuels, ceux et celles qui affichent une apparence physique négligée, qui présentent un surpoids ou qui ne correspondent pas aux critères sociaux de la beauté, comme avoir l’air d’un garçon si on est une fille ou à l’inverse être efféminée pour les garçons, freinent sérieusement la possibilité de devenir populaire. Il en est de même pour ceux et celles dont l’orientation sexuelle est différente. Les participants soulignent également que certains comportements jugés socialement inacceptables comme se curer le nez en public ou avoir une odeur corporelle désagréable annulent toute chance d’être populaire à cause de leurs caractéristiques socialement considérées comme repoussantes.

Les témoignages des intervenantes nous permettent de croire que les représentations sociales influencent grandement les jeunes. Cependant, des éléments tels que l’habillement en lui-même joueraient un tout petit rôle dans la balance selon elles. Elles décrivent plutôt les élèves populaires comme étant ceux et celles qui ont du charisme, qui sont à l’aise de s’exprimer et qui font rire les autres, qui vont exprimer et assumer leurs pensées et leurs opinions. Le facteur de l’âge est également non négligeable, selon elles, les plus vieux bénéficient d’une certaine notoriété par rapport aux plus jeunes.

À l’inverse, les élèves timides, les marginaux, les homosexuels et la clientèle catégorisée

«d’ortho», c’est-à-dire les élèves aux prises avec des difficultés d’ordre neurologique qui nécessitent l’aide et le soutien de l’orthopédagogue, tels que les enfants ayant des troubles d’apprentissage par exemple, arrivent en tête de liste des élèves qui ne sont pas populaires. Et ce, malgré les différentes campagnes de sensibilisation.

Il est donc permis de croire que les témoins populaires pourraient bénéficier d’un pouvoir de persuasion plus important et d’une certaine notoriété inaccessible aux témoins catégorisés et non populaires. Malheureusement, les témoins considérés populaires représentent un très petit pourcentage de l’ensemble des élèves.

Ce tableau 2 résume de quelle manière les élèves déterminent les standards de popularité entre eux et par le fait même les standards de popularité des témoins.

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Tableau 2

Les standards de popularité selon les élèves

4.6 L’influence parentale

Cette section du mémoire vise à mettre en lumière l’importance de l’influence parentale sur les décisions des enfants lorsque leurs parents font part de leur point de vue à leurs enfants au sujet de l’intimidation dont ils sont témoins.

Les élèves

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