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2.2 D´etermination des constantes d’anisotropie magn´etique `a partir

2.2.2 Extraction des constantes d’anisotropie des cycles de re-

D’apr`es l’´equation 2.7, la densit´e d’´energie libre, lorsque −M est dans le plan (001),→ s’´ecrit :

E (Φ) = Kusin2Φ + K4 4 cos

2

2Φ − MsH cos (θ − Φ) (2.9) En appliquant le champ dans la direction de l’axe difficile θ = π2

, la densit´e d’´energie libre, avec −M est dans le plan (001), devient

E (Φ) = Kusin2Φ +K4 4 cos

2

2Φ − MsH sin Φ (2.10) Ainsi en mesurant uniquement les cycles Kerr obtenus en appliquant le champ selon l’axe difficile, il est alors possible de d´eterminer les deux constantes d’anisotropie Ku et K4. La d´etermination des constantes d’anisotropie magn´etique est faite `a partir de l’analyse de stabilit´e de la densit´e d’´energie libre (´equation 2.10). En d´eterminant dans quelles conditions dE = 0 et d2E2 >0, on peut alors suivre la direction d’´equilibre de l’aimantation en fonction des variations de l’intensit´e du champ ext´erieur appliqu´e.

18 2. Mod`eles utilis´es pour le magn´etisme des films de Co/Cu(11n)

Posons m = sin Φ, la projection de l’aimantation sur la direction d’application du champ. Les calculs de minimisation de la densit´e d’´energie libre (annexe A) montrent que E (Φ) est minimale, quand H est petit, pour les valeurs de m suivantes :

m ≈ MsH

2 (Ku− K4) quand H −→ 0 (2.11) Ainsi pour les tr`es faibles valeurs de champ, m la projection de l’aimantation selon l’axe difficile a un comportement lin´eaire avec H, ce qui est en total accord avec nos observations exp´erimentales (figure 2.2.b), pour un champ H ≤ 500 Oe.

On d´efinit Hu et H4, les champs d’anisotropie respectivement uniaxiale et biaxiale par :

Hi = 2

Ms|Ki| (2.12)

avec i = u ou 4.

Avec Ku> 0 et K4 < 0, m peut alors s’´ecrire sous la forme :

m ≈ H

(Hu+ H4) (2.13)

La pente `a l’origine not´ee s s’´ecrit avec les ´equations 2.12 et 2.13 :

s ≈ 1

(Hu+ H4) =

Ms

2 (Ku− K4) (2.14)

Cependant, la mesure de la pente s pour les faibles valeurs de H ne permet pas de dissocier Ku de K4. Deux m´ethodes d’interpr´etation du mod`ele de Stoner-Wohlfarth sont utilis´ees : la premi`ere m´ethode que nous qualifierons de classique [15][16] car elle est la plus ancienne et la seconde plus r´ecente que nous appellerons m´ethode de Millev [17][18] du nom de son inventeur.

M´ethode de d´etermination classique des constantes Ku et K4 ´

Etant donn´e la non trivialit´e du calcul des minima de la densit´e d’´energie libre, une hypoth`ese a ´et´e faite dans la m´ethode de d´etermination classique des constantes Kuet K4. Une interpr´etation physique a ´et´e donn´ee aux boucles d’hyst´er´esis observ´ees sur les cycles Kerr avec le champ selon l’axe difficile.

Le point d’inflexion situ´e en H = HS1est associ´e `a un basculement de l’aimantation de [110] (axe difficile) vers [110] ou [110] (axe facile) et celui en H = HS2 de [110] ou [110] (axe facile) vers [110] (axe difficile) (figure 2.5). Nous discuterons par la suite de la validit´e de cette hypoth`ese. Les calculs permettant d’obtenir Ku et K4 grˆace `

a la mesure de la pente `a l’origine s et Hs (figure 2.5) sont expos´es en annexe B et donnent :

2. Mod`eles utilis´es pour le magn´etisme des films de Co/Cu(11n) 19

Fig. 2.5: Cycle Kerr obtenu selon l’axe difficile [110] sur des films de cobalt d´epos´e `a 80 de la normale sur un substrat de cuivre (001) par Dijken et al..

Ku= MsHs (2.15) K4 = Ms  Hs1 2s  (2.16) Cependant, cette premi`ere m´ethode d’interpr´etation des cycles Kerr a ´et´e remise en cause r´ecemment dans l’article d’Oepen et al. [19]. Nous confirmerons la non vali-dit´e de cette m´ethode d’extraction des constantes K4 et Ku dans le chapitre 6 pour Co/Cu(115) et Co/Cu(1 1 11).

M´ethode de d´etermination dite de Millev des constantes Ku et K4

Cette m´ethode est ´egalement bas´ee sur le mod`ele de Stoner-Wohfarth [14]. Mil-lev et al. d´eterminent en fonction du champ appliqu´e l’orientation de l’aimantation pour lesquelles la densit´e d’´energie (´equation 2.10) est minimale. Contrairement `a la d´etermination classique, aucune hypoth`ese suppl´ementaire n’y est faite.

L’´etude des minima de la densit´e d’´energie libre a ´et´e expos´ee de mani`ere d´etaill´ee dans les trois articles de Millev et al. [17][18][19]. Ces calculs permettent d’interpr´eter le cycle Kerr obtenu selon l’axe difficile et notamment d’expliquer la pr´esence des deux cycles d’hyst´er´esis (figure 2.7). Nous d´ecrirons bri`evement dans ce paragraphe, ce qui ressort de cette analyse. La densit´e d’´energie libre y est exprim´ee sous la forme

E (Φ) = a sin2Φ + b sin4Φ −M .−→H (2.17) En effectuant l’analogie entre les expressions de la densit´e d’´energie libre 2.10 et 2.17, on exprime a et b en fonction de K4 et Ku de la mani`ere suivante :

20 2. Mod`eles utilis´es pour le magn´etisme des films de Co/Cu(11n)

Fig.2.6: ”carte des minima” de la densit´e d’´energie libre obtenue pour b < 0. Les fronti`eres entre les diff´erents domaines repr´esentent les valeurs de HL et Hn en

fonction de r.

a = Ku− K4 (2.18)

b = K4 (2.19)

Ces expressions de a et b sont diff´erentes de celles donn´ees par Oepen et al. dans la r´ef´erence [19], car ces auteurs ont consid´er´e que l’axe facile ´etait selon la direction [110] et non selon [110].

En reprenant les notations utilis´ees dans l’article d’Oepen et al. [19], on note r = ab et H = M H8|b|. Millev et al. [17][18][19] ont ´etabli ”des cartes des minima” en tra¸cant H en fonction de r (sch´ema 2.6), nous ne regardons que ” la carte des minima ” ´etablie pour b < 0 ´etant donn´e que dans notre cas b = K4 < 0.

Sur la carte des minima (figure 2.6), pour b < 0, un cycle Kerr selon l’axe difficile correspond `a un balayage le long de l’axe HHard pour une valeur constante de r (cf. lignes en pointill´es sur la figure 2.6) tandis qu’un cycle avec le champ selon l’axe facile [110] est repr´esent´e le long de HEasy. Dans cette repr´esentation, on identifie trois types de r´egime. Le r´egime not´e conforming indique que l’aimantation est align´ee avec le champ ext´erieur ce qui correspond `a un minimum de la densit´e d’´energie libre (´equation 2.17) lorsque Φ = π2. Dans le r´egime appel´e canted, le minimum est obtenu pour une valeur de Φ situ´ee entre l’axe facile et l’axe difficile, cet angle augmentant avec l’intensit´e du champ. La zone dite de coexistence indique que les deux types de

2. Mod`eles utilis´es pour le magn´etisme des films de Co/Cu(11n) 21

Fig. 2.7: Cycle Kerr obtenus par Wulfhekel et al. pour 4 MC Co/Cu(1 1 17).

r´egimes (conforming et canted ) cohabitent ce qui signifie que la densit´e d’´energie libre pr´esente deux minima locaux. La coexistence de ces deux phases est responsable des deux cycles d’hyst´er´esis observ´es le long de l’axe difficile (sch´ema 2.7).

Cette ´etude des minima montre donc qu’il existe trois configurations possibles (conforming, canted et coexistence).

Les endroits de discontinuit´e de l’aimantation s´eparant les diff´erents r´egimes sont d´etermin´es par les expressions suivantes [19] :

HL= −2 (|K4M| − |Ku|) s (2.20) HN = s 8 27 |K4| (|K4| + |Ku|)3/2 Ms (2.21) Sur la figure 2.6, HL (HL= M HL 8|b| ) et HN (HN = M HN

8|b| ) sont trac´es en fonction de r, leurs courbes d´elimitent les diff´erents domaines. La figure 2.8 repr´esente un cycle Kerr th´eorique obtenu avec une valeur de r = −3 pour un balayage du champ ext´erieur selon l’axe difficile. Les positions de HN et HL sont indiqu´ees sur ce cycle. Il est `a noter que sur la figure 2.8, seule la partie du cycle avec H > 0 est repr´esent´ee, la partie H < 0 ´etant son sym´etrique par rapport `a l’origine.

De mani`ere pratique, les constantes K4 et Ku sont calcul´ees `a partir des cycles obtenus en appliquant le champ ext´erieur selon l’axe difficile. Les cycles que nous avons obtenu sur Co/Cu(115) et Co/Cu(1 1 11) selon l’axe difficile ont typiquement une forme similaire `a celle du graphe 2.9. Il est `a noter que dans ce type de cycle HL ≈ HN, ce qui signifie que la r´egion de coexistence est tr`es restreinte et que nous

22 2. Mod`eles utilis´es pour le magn´etisme des films de Co/Cu(11n)

Fig. 2.8: Simulation d’un cycle Kerr obtenue pour b<0 quand le champ varie selon les pointill´es pour r = −3 sur la ”carte des minima”. Les fl`eches indiquent le changement de sens de balayage du champ ext´erieur. XLet XN repr´esentent respectivement HL et HN. Seule la partie H>0 du cycle a ´et´e repr´esent´ee, la partie

H<0 ´etant son sym´etrique par rapport `a l’origine.

nous trouvons par cons´equent `a des valeurs de r inf´erieures `a -2 comme l’indique la ”carte des minima”. Grˆace `a deux mesures sur le cycle Kerr, la pente `a champ nul et HL, il est alors ais´e de d´eterminer K4 et Ku.

Avec la mesure de la pente `a champ nul, est d´etermin´ee la valeur de Hk. Hk est d´efini comme ´etant le champ ext´erieur auquel le syst`eme serait satur´e si l’axe difficile avait un comportement parfaitement difficile c’est `a dire sans contribution biaxiale. La mesure de Hk est faite en calculant l’intersection de la pente `a champ nul avec la droite repr´esentant l’ellipticit´e `a saturation (figure 2.9). D’apr`es l’´equation 2.13, la pente s `a champ nul est ´egale `a :

s = 1

(Hu+ H4) (2.22)

Ainsi l’intersection de cette droite avec le cycle `a saturation s’effectue en H = Hk avec

Hk= Hu+ H4 (2.23)

et permet de d´eterminer la valeur de (Hu+ H4) .

La seconde d´etermination exp´erimentale est la mesure de HL. Pour H = HL, la courbe de l’ellipticit´e pr´esente un point d’inflexion ; on d´etermine donc la valeur de HL grˆace `a la d´erivation de cette courbe en fonction de l’intensit´e du champ appliqu´e.

2. Mod`eles utilis´es pour le magn´etisme des films de Co/Cu(11n) 23

Fig. 2.9: Exemple de d´etermination de Hk et HLsur un cycle Kerr avec le champ selon l’axe difficile obtenu sur un film de 8 monocouches de cobalt d´epos´e sur

Cu(115).

Grˆace `a l’expression 2.20, la valeur de HLpermet d’obtenir une seconde relation entre Hu et H4.

Apr`es la mesure de Hk et HL et avec les ´equations 2.20 et 2.23, on obtient :

Hu =  Hk+ HL 2  (2.24) H4 =  Hk− HL 2  (2.25) Et finalement |Ku| = M4s(Hk+ HL) (2.26) |K4| = M4s(Hk− HL) (2.27) D’apr`es les mesures de Bland et al., le moment magn´etique du cobalt d´epos´e sur Cu(001) est identique `a celui du cobalt massif (Ms = 1422 Oe) [20]. Pour nos calculs, nous supposerons que cette valeur est identique pour les d´epˆots de cobalt effectu´es sur une surface vicinale de cuivre.

24 2. Mod`eles utilis´es pour le magn´etisme des films de Co/Cu(11n) Plan de rotation de l’aimantation H4 Hu (001) 0, 5 (Hk− HL) 0, 5 (Hk− HL) (1 1 11) 0, 502 (Hk− HL) 0, 515Hk+ 0, 510HL (115) 0, 511 (Hk− HL) 0, 577Hk+ 0, 551HL Tab. 2.1: Tableau r´ecapitulant les calculs de H4 et Hu lorsque le retournement

s’effectue dans le plan (001), (1 1 11) ou (115).

Dans l’´equation 2.9, on suppose que le champ appliqu´e est dans le plan des ter-rasses (plan (001)) et que le retournement de l’aimantation −M s’effectue dans ce→ mˆeme plan. Or exp´erimentalement,−→H se situe dans le plan (11n) (avec n = 11 pour Cu(1 1 11) et n = 5 pour Cu(115)) qui fait un angle α avec le plan des terrasses (001) αCu(115) = 15, 79 et αCu(1 1 11) = 7, 32

. La question est alors de savoir si le retournement de l’aimantation s’effectue dans le plan des terrasses ou dans le plan (11n). Le terme dominant de l’anisotropie est l’anisotropie dipolaire. Nous avons vu pr´ec´edemment que cette anisotropie avait tendance `a ramener l’aimantation dans le plan du film. ´Etant donn´e que la surface de cobalt est compos´ee de terrasses qui sont accol´ees les unes aux autres c’est `a dire des ´el´ements non isol´es magn´etiquement, le champ d´emagn´etisant a alors tendance `a ˆetre selon la direction normale `a cet ensemble i.e. la direction [11n] et il maintient l’aimantation dans le plan optique (11n) de la sur-face et non dans le plan des terrasses. Ainsi on peut consid´erer que le processus de retournement s’effectue dans le plan (11n). En tenant compte de cette supposition, nous avons recalcul´e les expressions de a et b pour une rotation de l’aimantation dans le plan (115) et (1 1 11). Les expressions de H4 et Hu en r´esultant sont expos´ees dans le tableau 2.1 et les calculs sont pr´esent´es rapidement en annexe C.

D’apr`es les r´esultats situ´es dans le tableau 2.1, les expressions de H4 et Husont tr`es peu diff´erentes entre un renversement de l’aimantation suppos´e dans le plan (001) des terrasses ou dans un plan (11n). Ainsi dans notre cas, le fait de prendre un mod`ele de re-tournement de l’aimantation dans le plan des terrasses engendre une faible impr´ecision sur la d´etermination de H4 et Hu qui est de l’ordre de grandeur de l’incertitude de mesure des valeurs de Hk et HL.