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4.5 Pr´eparation des ´echantillons

4.5.2 Evaporation de films minces de cobalt

Un ´evaporateur de type Omicron a ´et´e utilis´e pour l’´evaporation des films de cobalt. Un barreau de cobalt, polaris´e positivement et plac´e `a cˆot´e d’un filament `a la masse, est chauff´e par bombardement ´electronique ce qui permet l’´evaporation du cobalt. Ce type d’´evaporateur offre une bonne reproductibilit´e lorsque l’on se place `a des conditions

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de courant dans le filament et de tension appliqu´ee sur le barreau identiques. De plus, il poss`ede un flux moniteur permettant une ´evaluation du flux de cobalt sortant de l’´evaporateur. Il permet ´egalement d’´evaporer `a des pressions tr`es faibles typiquement de l’ordre de 3.10−10mbar car son corps est refroidi par un circuit d’eau. Les d´epˆots ont ´et´e r´ealis´es dans les trois bˆatis `a 300K et avec le mˆeme type d’´evaporateur. La vitesse de d´epˆot typique est d’environ une monocouche par minute.

La calibration de l’´epaisseur des films de cobalt a ´et´e contrˆol´ee par trois types de mesures ind´ependantes :

- grˆace `a une calibration sur une balance `a quartz, - `a l’aide de la spectroscopie Auger,

- et avec la mesure du saut de l’absorption au seuil K du cobalt dans le bˆati de l’exp´erience d’EXAFS de surface.

Calibration avec une balance `a quartz

L’une des premi`eres calibrations est faite grˆace `a une balance `a quartz. Cette derni`ere permet une calibration a priori. Cette estimation de la vitesse d’´evaporation a ´et´e r´ealis´ee dans la chambre exp´erimentale d’EXAFS de surface au LURE. Cette balance est constitu´ee d’un cristal de quartz pi´ezo´electrique. La fr´equence de vibration du cristal d´epend de sa masse ainsi en ´etudiant la variation de cette fr´equence lorsque on ´evapore sur sa surface, on en d´eduit la masse de cobalt d´epos´e. La balance est plac´ee dans une configuration spatiale quasi identique `a celle de l’´echantillon lors de l’´evaporation. Il est `a noter que le pi´ezo´electrique de quartz est sensible aux variations de temp´erature qui peuvent entraˆıner des erreurs de calibration. L’´evaporateur Omi-cron poss`ede un cache en forme d’entonnoir `a son extr´emit´e ce qui d’une part permet d’´evaporer uniquement sur l’´echantillon mais aussi de prot´eger thermiquement la ba-lance des d´erives de temp´erature. Avec des conditions identiques de courant dans le filament et de haute tension appliqu´ee sur le barreau, on montre que sur de nombreuses ´evaporations, la calibration obtenue sur la balance est la mˆeme.

Calibration avec les spectres Auger

La seconde technique de contrˆole de la quantit´e de cobalt d´epos´ee est la spectro-scopie Auger qui est une calibration a posteriori. On ´etudie les intensit´es relatives du pic Auger du cobalt situ´e `a 716 eV et celui du cuivre situ´e `a 920 eV.

Les ´electrons Auger parvenant sur le d´etecteur proviennent des premi`eres couches de la surface ≈ 10 ˚A

. Le nombre d’´electrons Auger I (E) d´etect´e par l’analyseur d´ecroˆıt en fonction de la distance parcourue par ces ´electrons. Cette d´ecroissance est de type :

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Fig.4.22: Spectre Auger obtenu pour un film de 3 MC de cobalt d´epos´e sur Cu(115).

I (E) = I(E) exp 

−x λ cos (42, 18)



(4.8) avec E l’´energie cin´etique de l’´electron, x l’´epaisseur de mati`ere travers´ee par l’´electron et λ le libre parcours moyen de l’´electron Auger. On note λap= λ cos (42, 18), le libre parcours apparent tenant compte de l’angle de d´etection de 42,18 de l’ana-lyseur `a miroirs cylindriques (CMA en anglais) du spectrom`etre Auger dont nous disposons.

I(E) est l’intensit´e du pic consid´er´e pour un film d’´epaisseur infinie, elle est d´etermin´ee `a partir de spectres de r´ef´erence de l’´el´ement ´etudi´e [8].

L’intensit´e du pic 716 eV du cobalt provenant des ´electrons Auger d’un film d’´epais-seur d uniforme s’´ecrit :

ICo(716 eV) = d Z 0 ICo(716 eV) e −x λapdx (4.9) ICo(716 eV) = ICo (716 eV) λap  1 − e d λap  (4.10)

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Puisque le pic Auger du cobalt (716 eV) n’est pas trop ´eloign´e de celui du cuivre (920 eV), le mˆeme libre parcours moyen apparent λap est utilis´e pour les deux pics. L’intensit´e Auger du pic situ´e `a 920 eV du cuivre s’´ecrit :

ICu(920 eV) = +∞ Z d ICu (920 eV) e −x λapdx (4.11) ICu(920 eV) = ICu (920 eV) λap e d λap (4.12) Finalement, on obtient : ICo(716 eV) ICu(920 eV) = ICo(716 eV) I Cu(920 eV)  1 − e d λap e d λap   (4.13)

Les intensit´es ICo(716 eV) et ICu(920 eV) sont mesur´ees sur les spectres exp´erimen-taux et d l’´epaisseur de cobalt en ˚A s’´ecrit :

d = λapln  ICo(716 eV) × I Cu(920 eV) ICu(920 eV) × I Co(716 eV)+ 1  (4.14) Nous prendrons comme valeur du libre parcours moyen apparent 7 ˚A etI

Cu(920 eV) I∞

Co(716 eV) = 1, 82 d’apr`es [8]. En utilisant ce mod`ele, on a suppos´e que le d´epˆot de cobalt sur la surface de cuivre est de type couche par couche.

Pour les faibles taux de couverture de cobalt inf´erieurs `a 2 MC, certaines exp´eriences (STM et EXAFS) montrent la pr´esence d’ˆılots de 2 MC. Grˆace `a cette hypoth`ese, la spectrom´etrie Auger permet alors de remonter `a la proportion de cuivre recouvert. Pour un mod`ele de croissance par bicouche sch´ematis´e sur la figure 4.23, on d´efinit α la proportion de cuivre recouvert. d l’´epaisseur du cobalt est ´egale `a 2 MC. D´eterminons α d’apr`es les expressions 4.10 et 4.12 :

ICo(716 eV) = αICo (716 eV) λap  1 − ed2MCλap  (4.15)

ICu(920 eV) = (1 − α) ICu (920 eV) + αICu (920 eV) λap ed2MCλap (4.16) Finalement : α = λapR R+ λapR − e −d2MC λap (R+ R) (4.17) avec R = ICo(716 eV) ICu(920 eV) et R= I Co(716 eV) I∞ Cu(920 eV)

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Fig. 4.23: Sch´ema repr´esentant une croissance en bicouche.

Calibration avec le saut au seuil

La derni`ere des techniques pour calibrer a posteriori la quantit´e de cobalt d´epos´ee est la mesure du saut observ´e au seuil d’absorption K du cobalt mesur´e en total electron yield. En effet, le saut au seuil d’un ´el´ement est proportionnel au nombre d’atomes de cet ´el´ement qui a ´et´e excit´e. D’apr`es le paragraphe consacr´e aux modes de d´etection utilis´e en EXAFS de surface, en mesurant le nombre d’´electrons ´emis par l’´echantillon, on obtient un signal qui est proportionnel `a l’absorption de l’´echantillon (paragraphe 4.2.1). On suppose que ces ´electrons proviennent d’une profondeur maximale de 50 couches atomiques ce qui repr´esente environ 100 ˚A (la distance entre deux plans de cobalt ou de cuivre ´etant environ de 2 ˚A). Ainsi, on note Iav le nombre d’´electrons ´emis par les atomes de cuivre et de cobalt avant seuil et Iap celui ´emis juste apr`es le seuil du cobalt. n est le nombre de monocouches de cobalt d´epos´ees, on a alors

Iav = (50 − n) ICuav + nICoav (4.18)

Iap = (50 − n) ICuap + nICoap (4.19) avec ICoav (ICuav) le nombre d’´electrons provenant des atomes de cobalt (cuivre) ´emis avant le passage du seuil K de Co et ICoap ICuap

le nombre d’´electrons ´emis par les atomes de cobalt (cuivre) apr`es seuil (figure 4.24). Le nombre d’´electrons ´emis par le cuivre avant et apr`es le seuil du cobalt reste constant ainsi ICuav = ICuap = ICu.

On note R = Iap

Iav que l’on d´etermine exp´erimentalement sur le spectre EXAFS mesur´e en ´electrons et n s’exprime alors par :

n = 50 (R − 1) ICu

(R − 1) ICu− RICoav + ICoap (4.20) Le nombre d’´electrons ´emis par un type d’atome `a une ´energie donn´ee est propor-tionnel `a la section efficace d’absorption. Les valeurs des sections efficaces d’absorption σ ´etablies dans les tables autour du seuil K du cobalt (7709eV) sont σCoav (7700 eV) = 4585 Barns/atome, σCoap (7710 eV) = 36948, 3 Barns/atome et σCu = σav

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Fig. 4.24: Spectre EXAFS de 8 MC Co/Cu( 115) mesur´e en total yield.

σCuap (7710) = 6113, 68 Barns/atome [9]. Finalement en prenant ces valeurs, n le nombre de couche de cobalt s’´ecrit :

n = 50 (R − 1)

0, 25R + 5, 043 (4.21)

Il est `a noter que la calibration obtenue grˆace au saut au seuil mesure une quantit´e de cobalt dans une ´epaisseur d’environ 100 ˚A, elle n’est donc pas sensible au mode de croissance (couche par couche, bicouche, ˆılots...) ou `a l’interdiffusion contrairement `a la spectrom´etrie Auger.

Ces trois m´ethodes de mesure de la quantit´e de cobalt d´epos´ee sont ind´ependantes. En pratique, elles se recoupent bien et permettent une estimation de la quantit´e de cobalt d´epos´e avec une pr´ecision de ± 10%.