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Exposé des problématiques générales et plus précises de la présente étude

Présentation du premier chapitre

1.4. L'organisation spatiale et sociale des sociétés tarasques et proto tarasques : bilan et nouveaux enjeux.

1.4.4. Exposé des problématiques générales et plus précises de la présente étude

Des questions sur les membres de cette société

Nous possédons donc déjà, au départ, d’informations relatives à la culture matérielle et à l’organisation des unités d’habitation des établissements. Cependant, est-il possible d'affiner le profil des membres de la société occupant le Malpaís entre les XIIIe et XVe siècles ? Peut-on concevoir des objets

d’étude permettant de percevoir leur expérience spatiale et urbaine au travers de leurs activités et pratiques spatiales au sein du site ? Quels sont les besoins en espace : aires d'activités, lieux de vie, circulation, accès aux ressources et activités publiques ? Existe-il des manières de vivre différentes au sein des sites et que reflètent-elles de la composition de ces sociétés (statuts, ethnies, formations sociales) ?

Des questions pour percevoir les phénomènes intrasites

Il semble prioritaire de comprendre le fonctionnement de chacun des sites d'un point de vue organisationnel, structurel et social. Entre l’individu et l’agglomération toute entière : quelles étaient les « échelles » d’intégration sociale, les différentes boîtes, imbriquées, dans lesquelles l’individu se positionnait (l’individu, la famille, la famille élargie, le voisinage proche ou étendu, le reste de la population) ? L'impression d'homogénéité globale évoquée au sujet de ces établissements se confirme-t- elle, alors qu'on choisit d'observer de nouveaux objets d'étude ? Est-il possible de détecter des variabilités, inscrites dans certains objets que les études antérieures n'auraient pas identifiées ou construites ? Ces observations matérielles et pratiques peuvent-elles traduire la présence de modalités d'organisation sociale : s'agit-il d'une société stratifiée et hiérarchisée ou plutôt égalitariste ? Ou bien est-il possible d'estimer le degré d'attachement à l'un de ces deux modèles ? Peut-on alors discuter de l’ordre et des structures sociales et politiques en place dans chacune de ces villes ?

Des questions pour percevoir les phénomènes intersites

La présence de quatre établissements, non contigus, mais fort semblables à première vue, est étonnante. Doit-on les considérer comme des unités indépendantes ou comme un tout ? Par exemple, l’organisation spatiale et les modes d'établissement de ces quatre cités anciennes répondent-ils à un schéma et une culture matérielle communs ? Comment envisager les correspondances, les différences et leurs origines ? Sont-elles générationnelles ? Environnementales ? Statutaires ? Economiques ? Ethniques ? Politiques ? Finalement, la dénomination de « complexe urbain » du Malpaís de Zacapu est-elle justifiée ou doit-on prendre le parti de considérer à part chacune des entités ?

Des questions sur le phénomène urbain

Les modalités de production de ces agglomérations devraient aussi être reconsidérées : quels sont les acteurs et les facteurs à l’origine de cette fabrique urbaine ? Dans quelle mesure l'homme est acteur et/ou spectateur de cette production et de son devenir ? Peut-on identifier quels échelons sociétaux sont les plus significatifs ou actifs dans la production de l’espace urbain ? Peut-on imaginer l'existence d'acteurs humains dominants ? Ou de plusieurs groupes dominants ? Ou, au contraire, peut-on reconnaître

les traces d’égalitarisme général ? La mise en place de ces espaces urbains résulte-elle d'une action coordonnée ou d'actions individuelles ? Doit-on alors penser ces agglomérations comme le résultat d’un projet d’urbanisme ou, au contraire, comme le fruit d’une auto-construction urbaine ? Qu'est-ce que la réponse à cette question implique en termes d'organisation sociopolitique ? L’apparition de l’urbain questionne donc aussi l'émergence d'un nouveau système politique : que devient l’idée du lien insécable entre l’existence de la ville et de l’État qui fut, et pendant longtemps, la seule manière d'appréhender l'urbain en archéologie américaniste ?

Les agglomérations du Malpaís émergent ou sont créées, elles croissent, puis elles se vident de leurs occupants. Pourquoi et comment ? Peut-on chercher dans les modèles spatiaux et sociétaux une partie de l'explication ? Pourquoi apparaît une ville ? Pourquoi fonctionne-t-elle à un instant t à tel emplacement ? Dans quelle mesure peut-on aborder la question de la viabilité et les questions de développement soutenable des grandes agglomérations du Malpaís de Zacapu ? L’homme ne change pas quelque chose qui fonctionne : quelles peuvent être les raisons de leur abandon massif ? Doit-on envisager une désintégration urbaine complète et un retour à un mode de vie rural et dispersé ?

Quelle est la valeur de notre regard diachronique sur ces établissements ? Pourquoi devient-il nécessaire ? Comment envisager les aspects démographiques, générationnels et la croissance de ces entités urbaines ? Ces aspects ont sans nul doute un impact sur les transformations sociales et l'organisation des sociétés. Quel peut être le devenir (deux siècles d’occupation) du schéma initial d'organisation ? Peut-on identifier ce schéma initial ou est-il, comme dans toute ville, masqué par les édifices ultérieurs ? Est-ce une « formule » stable ou un schéma évolutif ?

Les paradigmes liés à la vie en ville suggèrent des interrelations très fortes entre société et espaces urbains : quelle peut-être la force de cette influence réciproque dans le cas des établissements du Malpaís ? Un ou plusieurs groupes humains ont bâti ces villes : mais en quoi ces dernières les ont-elles obligés à se transformer, à s'organiser différemment ? En quoi consistent ces transformations ? La complexification urbaine est-elle le catalyseur d'une complexification sociopolitique et économique ? Comment identifier, ici encore, l'état initial de l'état final ? À partir d'où et jusqu'à quel point ?

Des questions sur Zacapu dans le contexte du Postclassique et de l'histoire des Tarasques

L'implantation des établissements sur d'anciens épanchements volcaniques est quelque chose de très particulier, mais semble cependant correspondre à un phénomène récurrent dans le Centre-Nord du Michoacán où plusieurs sites archéologiques très étendus et urbains ont été repérés sur différentes coulées ou complexe de coulées volcaniques. Comment peut-on interpréter ce phénomène ? Qu'impliquait-il pour la compréhension de l'organisation du territoire et des communautés l’occupant au moment de l'implantation des établissements ? Comment l’existence d’un tel phénomène et ses modalités d’organisation s’inscrivent-elles dans l’histoire du Michoacán et de la Mésoamérique ? Quelle est finalement la place à donner à Zacapu dans l'Histoire régionale ? Peut-on obtenir des informations nous permettant de rediscuter le modèle d’émergence de l’État Tarasque ou doit-on pour l’instant considérer nos analyses dans un contexte strictement local ?

CHAPITRE 2