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M ISE EN Œ UVRE DE L ’ EXPÉRIENCE : R ENOUER LE LIEN ENTRE LES HABITANTS ET LES OPÉRATEURS DE TRANSPORT EN COMMUN POUR UNE MEILLEURE INSCRIPTION

de transport dans les quartiers sensibles

M ISE EN Œ UVRE DE L ’ EXPÉRIENCE : R ENOUER LE LIEN ENTRE LES HABITANTS ET LES OPÉRATEURS DE TRANSPORT EN COMMUN POUR UNE MEILLEURE INSCRIPTION

DU RÉSEAU SUR LES QUARTIERS

Plusieurs expériences furent menées grâce à un partenariat entre les transporteurs et les communes. Rappelons brièvement que les démarches entamées ont pour objectif majeur de renouer un dialogue avec les habitants des quartiers rencontrant des difficultés dans un contexte d’insécurité très lourd. Outre les faits de délinquance, le directeur du Transport STA note un climat très dur chez ses agents, victimes d’agressions quotidiennes : « en interne, on n’était en situation d’arrêter le service ». Renouer les rapports entre habitants pour une meilleure inscription des lignes de bus dans les quartiers était alors une priorité que le transporteur seul ne pouvait pas porté. Sans être exhaustif, nous noterons que les deux transporteurs ont eu recours a deux types de démarches :

Le lancement d’études de satisfaction par STA et par TICE qui représente globalement le volet d’études quantitatif26 ;

L’organisation d’ateliers de qualification mutuelle entre transporteurs et usagers, qui représente un volet plus qualitatif ;

concertation et analyse des besoins de mobilité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville

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TICE a notamment mandaté le cabinet d’études S.A.D. pour réaliser une enquête sur la base de questionnaires27, et ce sur deux quartiers : les pyramides d’Evry sur un échantillon de 290 personnes et le Plateau à Ris-Orangis avec 405 personnes interrogées28. Cette enquête venait ponctuer une première étape dans le processus de reconnaissance entre habitants / usagers et transporteurs.

L’opérateur de transport SDA, sous l’impulsion de la mairie de Corbeil-Essonnes, a aussi réalisé une enquête de satisfaction en gare auprès de ses usagers afin de répondre aux besoins non satisfaits. Les transports collectifs étaient alors beaucoup trop structurés par les mouvements en gare et ne répondaient pas aux déplacements relevant des temps de loisirs, des trajets de courtes distances ou encore des trajets en heures creuses (notamment pour la desserte des centres commerciaux et des centres de santé). L’analyse de cette enquête a permis d’une part d’identifier les principaux générateurs de trafic et d’autre part d’élaborer des hypothèses de restructuration du réseau de bus. Le directeur de la société STA note que l’appel à projet DIV / CERTU sur « les transports publics en intégration urbaine » a permis en 1998 – avec le concours de l’Observatoire Social de Lyon - de soutenir cette action entreprise :

« c’est un système itératif qui a permis de faire évoluer nos navettes 3 fois en trois ans ».

Une fois cette phase d’études réalisée, les transporteurs se sont engagés sous l’impulsion du préfet de Région dans un processus de concertation plus qualitatif. Plusieurs cibles d’usagers furent constituées par les transporteurs, la principale étant les populations en difficulté sur les quartiers sensibles : deux groupes de 20 personnes (10 habitants / 10 agents ) ont été constitués aux Pyramides, un groupe sur les Tarterêts, un groupe sur le quartier Montconseil, et un dernier sur la Nacelle.

La réflexion sur les publics cibles était importante comme a pu le noter le directeur de la société STA, notamment pour éviter les écueils du type « on voit toujours les

mêmes » ou encore « on ne voulait pas de leaders ou trop de représentants d’association, il nous fallait des personnes en contact avec les services »… Cette

démarche ne s’est donc pas limitée aux publics en difficulté. Des usagers comme les jeunes scolarisés ont aussi fait l’objet d’un travail dans un autre cadre de rencontres29 (au sein des établissements scolaires).

La coordination des ateliers a été menée jusqu’en juin 2000 par la consultante Suzanne Rosenberg, et ce pendant 7 mois. Lors de cette période, 3 comités de pilotage ont réuni les transporteurs, les habitants, la préfecture, les communes concernées.

L’objectif de cette démarche de qualification mutuelle, réalisée entre les agents des

sociétés de transport et les usagers, était double : il permettait d’une part à chacun des transporteurs de sortir de leur culture technique et d’autre part de détecter les besoins

27 Ce questionnaire « semi-fermé » a été conçu en 5 points : Tice au quotidien dans votre quartier, La vie sociale dans

votre quartier, La vie urbaine avec Tice, L’action en faveur de la jeunesse, Identification des personnes enquêtées.

28 Informations disponibles dans l’étude « Mobilité des populations en difficultés : connaissance des besoins et

réponses nouvelles », appel à projets transports publics en intégration urbaine, DTT-DIV-Ministère de l’emploi et de la solidarité, Document de Synthèse, mars - octobre 1998.

29 Des actions de prévention ont été conduites dans les établissements primaires et secondaires des sites des Tarterêts et

non satisfaits à destination des habitants, l’esprit de ces débats devant éviter le « dialogue institutionnel ».

Même si le directeur de la société STA note que ces ateliers n’ont pas été organisés selon un rythme particulier, le directeur de TICE en rappelle les principales phases :

Une phase d’affrontement : les transporteurs et les habitants se découvrent et les premiers contacts se déroulent souvent difficilement entre les deux parties : « les

problématiques Transport ne sont pas isolées du reste, des questions transversales y sont abordées : on se met dans la cage avec des gens qui sont hostiles. Dans la première phase de ces groupes de travail, les habitants vident leur sac ».

Une phase de découverte mutuelle : « Dans cette phase, on comprend l’autre. Le

groupe se structure et les gens commencent à partager des choses ».

Une phase de proposition : « lors de cette dernière phase, on essaye – à travers

l’expression du groupe – de faire émerger et de structurer les propositions sur des questions de transports (horaires de desserte…). Ces propositions sont présentées par la suite au comité de pilotage ».

Pendant le déroulement de ces ateliers, deux dimensions doivent être prise en compte simultanément : la dimension technique et financière (les horaires, les tarifs,…) et le volet social (l’humanisation des transports en commun…).

Les résultats issus des diverses démarches quantitatives et qualitatives ont fait

valoir combien il était important de traiter des questions ; des résultats ont d’ailleurs été obtenus avec la volonté des différents partenaires en matière :

D’incivilités et de violence : un travail a été réalisé par les transporteurs notamment avec la mise en place des dispositifs d’agents de médiation pour l’amélioration des relations entre l’usager et le transporteur et la sécurisation des trajets. (Ces dispositifs permettent par ailleurs de répondre à la demande d’informations formulée par les habitants des sites étudiés). Les opérateurs de transport et le représentant de la municipalité de Corbeil-Essonnes notent que la diminution des incidents équivaut approximativement à 50 % (de 1 400 incidents en 1996, les incidents sont aujourd’hui descendus au nombre de 600 à 700).

De tarification sociale : les réflexions sur la tarification, et particulièrement l’harmonisation des tarifs sur les quartiers prioritaires n’a pas encore abouti. D’adaptation des services de transport : la création de ligne de bus - de navettes

inter-quartiers a permis - tout autant que l’effort des transporteurs pour changer le matériel roulant – de montrer une amélioration de la qualité de service dans les transports en commun.

concertation et analyse des besoins de mobilité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville

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DE LA PÉRENNISATION DE LA DÉMARCHEAU PROBLÈME DE MISE EN ŒUVRE DE