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Exemple de d´ecomposition du sens de signes tir´e de [Hje43]

ANNEXE III : M ´ ETHODES DE RECONNAISSANCE ET DE RECALAGE TEMPOREL

III.3 Comparaison des m´ethodes DTW et HMM

3.4 Exemple de d´ecomposition du sens de signes tir´e de [Hje43]

Ayant effectu´e ce parall´elisme de structure forme/substance entre les niveaux contenu et expression, Hjemslev y applique les mˆemes outils et d´ecompose le sens des signes en composants de base qu’il nomme s´em`eme. Le tableau 3.4 montre comment il d´ecompose le sens des d´esignations des animaux. Bien qu’on puisse remettre en cause cette d´ecomposition en ´el´ement de sens minimaux pour tous les concepts5, il est

important de souligner cette d´emarche de discr´etisation des unit´es de sens.

Reste qu’une fois le terme de signe ainsi d´efini, il est difficile de proposer une segmentation d’un ´enonc´e d’une langue vocale en signes. Une solution de facilit´e pourrait ˆetre de consid´erer le “mot”6comme

´equivalent du signe linguistique. Il suffirait alors de consid´erer les signes comme des suites de caract`eres pr´ec´ed´ees et suivies par des signes de ponctuation ou des espaces. Cette solution est loin d’ˆetre satisfaisante comme le montrent les observations suivantes :

• Lors de l’utilisation d’une langue vocale, l’espace pr´esent dans l’´ecriture n’est pas forc´ement audible

sous forme d’une pause.

• Le d´ecoupage des mots est variable en fonction du genre et du nombre (ex : “ceci”, “ceux-ci”). • Certaines langues comme le chinois ne s´eparent pas les mots par un espace.

• Qu’en est-il de tous les mots compos´es ? (par exemple, une porte-voix doit il ˆetre consid´er´e comme

un seul mot ou comme deux mots ?)

5On pourra se reporter en particulier `a l’ouvrage [Cho57] pour illustrer la limite de ce proc´ed´e de d´ecomposition du sens des mots.

6Etant donn´e la nature de notre travail de recherche, nous ne rentrerons pas en d´etail dans la d´efinition des notions de morph`eme ou de lemme qui seraient plus pr´ecises linguistiquement.

Une solution alternative serait de consid´erer le signe comme la plus petite unit´e de sens qu’il est possible d’isoler dans un ´enonc´e. Un des probl`eme de cette approche est qu’il est fr´equent qu’une unit´e de sens soit fractionn´ee (morph`eme `a signifiant discontinu). Par exemple, dans la phrase “il ne veut pas”, il est possible d’identifier “ne ... pas” comme unit´e de sens minimale. Malgr´e la d´efinition th´eorique du signe linguistique, il est donc difficile de d´ecomposer un ´enonc´e (qu’il soit ´ecrit ou oral) en signes.

3.1.2 R´eponse sp´ecifique aux langues des signes

Avant de tenter de d´efinir un signe dans le cas des Langues des Signes, revenons sur les diff´erentes cat´egories dans lesquelles il est possible de classer les unit´es gestuelles. Nous nous basons sur l’analyse de Kendon [Ken88] cit´e par [McN05] qui situe les gestes communicatifs sur un continuum :

• Le premier stade est d´esign´e par le terme gesticulation. Il s’agit d’un ensemble de gestes coverbaux

(accompagnant la parole) comprenant des pointages d´eictiques, des gestes iconiques et des gestes marquant le rythme du discours.

• Ensuite, viennent ce que l’auteur appelle gestes de para-langage. Il s’agit d’un ensemble r´eduit de

gestes conventionnels comme ceux utilis´es dans le cadre d’arbitrages sportifs. Il n’est pas en revanche possible de combiner ces gestes pour produire un ´enonc´e plus complexe.

• Vient ensuite le pantomime (ou mime).

• Les embl`emes ou gestes symboliques peuvent ˆetre utilis´es en compl´ement ou en parall`ele des mots

articul´es. Ces codes gestuels sont partag´es au sein d’une soci´et´e et peuvent donc diff´erer d’un pays `a l’autre. Une bonne illustration de diff´erence d’embl`eme d’une culture `a une autre est la diff´erence entre le syst`eme pour compter sur ses doigts en France et en Chine (o`u les configurations manuelles reprennent de mani`ere iconique la forme des caract`eres chinois correspondants).

• Les Langues des signes sont les seules `a pouvoir ˆetre consid´er´ees comme langues `a part enti`ere.

Les Langues des Signes n’excluent cependant pas l’utilisation des embl`emes, du mime, des gestes de para- language et des gestes coverbaux comme les pointages et les gestes iconiques qui constituent une pierre d’angle de la langue des signes (cf.§2.3.3). Ce qu’il est important de retenir, c’est que la notion de signe dans le cadre de la Langue des Signes recouvre par cons´equent des r´ealit´es extrˆemement diff´erentes suivant le signe consid´er´e.

Si on revient sur la caract´erisation que propose F. De Saussure (cf. §3.1.1), deux aspects diff`erent des langues vocales. Le premier concerne naturellement le caract`ere immotiv´e du signe. Comme l’a montr´e Cuxac [Cux00], la motivation des unit´es gestuelles transparaˆıt au travers de leur iconicit´e et des proformes qui les composent. Cette iconicit´e est la condition pour pouvoir r´ealiser un va et vient fr´equent entre les vis´ees illustratives et non-illustratives. Ceci ne remet en aucun cas en cause le caract`ere conventionnel des

signes standards. En d’autres termes, les traits constitutifs des signes remplissent `a la fois une fonction diff´erentielle et une fonction r´ef´erentielle. La deuxi`eme grande diff´erence concerne la lin´earit´e des unit´es gestuelles. Contrairement aux mots des langues vocales qui peuvent ˆetre consid´er´es comme des signaux `a une dimension sonore, la production d’une unit´e gestuelle de Langue des Signes met en oeuvre l’utilisation parfois simultan´ee d’une dizaine de param`etres qui varient au cours du temps.

Prenons cette fois la d´efinition propos´ee par Hjelmslev et tentons de l’appliquer aux langues des signes (nous nous limiterons dans notre analyse `a l’´etude des signes standards). Plusieurs ´el´ements diff`erent avec les langues vocales.

D’une part, les diff´erents param`etres impliqu´es dans la production d’un signe ne sont certainement pas tous discrets. La continuit´e semble v´erifi´ee pour des param`etres comme l’amplitude et la vitesse des mouve- ments. La th`ese de L. Boutora [Bou09] ne conclut pas non plus clairement sur la perception cat´egorielle des configurations manuelles.

D’autre part, la discr´etisation des concepts prend ici un sens un peu diff´erent. La forme du contenu du signe est susceptible de varier significativement en fonction des param`etres de r´ealisation de l’unit´e gestuelle.

Nous pouvons maintenant reprendre l’id´ee d’Hjelmslev qu’il existe un homomorphisme entre espace des expressions et espace des contenus et formuler une hypoth`ese7. L’iconicit´e des Langues des Signes per- met d’aller plus loin dans l’association entre expression et contenu. Pour chaque signe, il sera ´egalement possible de proposer une corr´elation entre des variations des param`etres constitutifs des unit´es gestuelles et des variations d’´el´ements constitutifs des signes.

Expression Contenu

Taille de l'immeuble Amplitude

+

-

+

-

FIGURE 3.5 – Correspondance entre la variation de la forme et la variation de l’expression dans le cas