Examiner le modèle

La quatrième action expansive d'apprentissage consiste à examiner le modèle, à le faire fonctionner et à l’expérimenter pour en comprendre pleinement la dynamique, le potentiel et les limites. Il y a deux sous-types de l'examen du modèle: discuter du modèle de façon critique et enrichir le modèle.

4.3.3.1 Discuter de façon critique sur le modèle

Lors de la session d’inspiration LC 1, les élèves ont pu discuter des forces et des limites du modèle d’alternance en cours. Un des sujets abordés les plus récurrents a été lié au fait que seuls des élèves démotivés avaient été sélectionnés pour former un groupe dit de « groupe de motivation ». Certains élèves, comme dans l'extrait suivant, croient que la sélection des élèves aurait dû être différente, dans le but d'éviter que des élèves aient une influence négative sur le projet. Il faut mentionner que deux élèves ont été exclus du projet en cours d'année, car leur engagement n'était pas suffisant et parce qu'ils avaient des comportements non acceptables selon le code de vie du projet.

Moi aussi, mais moi je pense qu’il faudrait choisir les candidats de meilleure façon. Élève (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

L'extrait ci-dessous montre que le travail de collaboration et le partage du contenu de formation entre l'équipe-projet étaient appréciés par l'intervenant CJE. La structure des activités de formation, soutenue par des capsules synthèses, permet de nourrir efficacement les besoins en formation des élèves et cela témoigne d'une collaboration étroite entre les agents de l'équipe-projet.

Moi les capsules à la fin je trouvais cela vraiment intéressant surtout que l'Intervenant|Chercheur ramenait des affaires qu’on avait vu la semaine d’avant ou dans la semaine, donc là il y avait peut-être une loupe différente que nous intervenants dans l’action. Je trouve que cette façon de faire là était vraiment intéressante. Intervenant CJE (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

Les rôles et les attentes des agents de la communauté enseignante ont eu un impact sur l'évolution du projet, malgré que l'ensemble des enseignants concernés par le projet (responsable de la formation générale des élèves) n'était pas considéré comme des agents de l'équipe-école, vu leur niveau faible d'engagement dans l'activité. Les deux extraits qui suivent illustrent des conflits critiques en lien avec les attentes de la communauté enseignante qui regardait parfois le projet à distance. Ces attentes ont tout de

même eu un grand impact sur le processus de développement du modèle en cours d'année, car les enseignants sont des agents importants du milieu véhiculant les valeurs et les objectifs de l'institution scolaire. Les intervenants du projet ont envoyé des comptes-rendus à l'équipe-école afin d'avoir du support de la part des enseignants, mais la communication entre les équipes et les rôles des agents était en transformation.

C’est parce qu’en même temps côté pédagogique, nous trois, on ne peut pas nécessairement aider les jeunes à progresser puis à augmenter leurs notes... puis le volet persévérance scolaire fait en sorte qu'il y a beaucoup de choses et [cela] fait que, un moment donné, le résultat tu ne le vois pas, pas qu'il ne soit pas palpable, tu sais. Je pense que ça va agir comme projet de vie. Intervenant CJE (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

L’intervenant du CJE s’inquiète quant à la mobilisation des élèves. L'équipe-école semble vouloir collaborer, mais nous n’avons pas de feedback de la part de l'équipe-école lorsqu’on envoie des recommandations ou un compte-rendu. Elle souhaite avoir plus de soutien de la part de la conseillère en orientation. Je suis d’accord qu’il y a un manque de communication entre l’école, le CJE et le volet recherche. (Note ethnographique, 29 Février 2012)

L'engagement volontaire des élèves comporte des aspects positifs pour la motivation et le sentiment d'appartenance, mais sans la collaboration étroite entre l'équipe-projet et l'équipe-école accompagnée de la communauté d'enseignant, la gestion des présences et la responsabilisation des élèves face au projet apportent un lot de tensions comme l'illustre les trois extraits qui suivent. Il s’agit de conflits exprimés par l’intervenant CJE et l’Intervenant|Chercheur.

L’aspect que je n’ai peut-être pas mentionné qui a été particulièrement difficile c’est dans les présences des fois, ce n’était pas évident. Intervenant CJE (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012) Je crois que la présence volontaire a créé des tensions pour la réalisation du projet, notamment dans la division des comités et pour l'engagement des élèves. Des décisions importantes se prennent à chaque rencontre et les absents ne se sentent pas engagés. À chaque début de rencontre, il y a une discussion et une remise en question des décisions prises à la dernière rencontre, ce qui fait perdre du temps. (Note ethnographique, 25 janvier 2012)

La majeure partie des élèves qui n'étaient pas présents avant les fêtes était en révision d'examen. Ce sont des élèves faibles (selon la conseillère en orientation) et ils sont stressés et insécures quand les examens arrivent. Malgré que nous ayons discuté avec eux que l'engagement dans le projet nécessite une

responsabilité quand à la gestion de leur cours et leur horaire, ils ont préféré ne pas venir au projet et rester en classe. (Note ethnographique, 11 Janvier 2012)

4.3.3.2 Enrichir le modèle

Lorsque certaines tensions étaient soulevées durant la session CL1 et que ces tensions impliquaient émotivement les élèves, ceux-ci étaient amenés à enrichir le modèle afin de tenter de réduire ou d'annuler ces tensions. Puisque le rôle et le niveau d'engagement des enseignants de formation générale dans l'activité créent des tensions principalement par rapport à la présence et le succès scolaire des élèves, l'élève de l'extrait suivant (double contrainte) enrichit le modèle en décrivant ses attentes face à la présence d'enseignants durant les périodes projets.

Mais c’est plus que si mettons c’était un professeur, il ne faudrait pas que le professeur essaie de faire le professeur, il faudrait qu’il fasse l’intervenant. Élève (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

Suivant l'extrait ci-haut, la conseillère en orientation ajoute que les enseignants de formation générale qui ont dans leurs classes des élèves participant au projet devraient, pour une prochaine année, être informés dès le début de l'année et ils devraient être mis à profit afin d'apporter un soutien particulier à ces élèves.

Oui tout à fait, mais je pense que pour l’an prochain, il faudrait mettre les profs plus à profit là-dedans quitte à présenter, bien cela été présenté, mais de façon très large. Là je dirais vraiment, voici les professeurs touchés. Conseillère en orientation (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)