• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Résultats

4.3 Actions d'analyse historique empirique et processus de modélisation (Deuxième

4.3.1 Analyse

Virkkunen et Newnham (2013) ont trouvé cinq sous-types d'analyse: l'articulation des besoins des idées, l'analyse historique, l'articulation des problèmes ou des défis, l'identification des contradictions et l’action de peser les solutions de rechange. L’analyse comporte la transformation mentale, discursive ou pratique de la situation aux fins de trouver les causes ou les mécanismes explicatifs.

4.3.1.1-Exprimer les besoins et les idées

Le processus de développement du projet et les apprentissages visés par l’ensemble des agents participants au projet n’étaient pas connus lors de la mise en place initiale. L’ensemble des agents était d’accord pour établir que le projet allait s’orienter selon les besoins et les idées des élèves s’y engageant et que les équipes d’agents allaient créer une zone de développement possible avec les élèves. Les deux extraits suivants illustrent des besoins sur le plan de l’encadrement et celui du développement de compétence exprimés par les élèves.

Bien c’est parce qu’avec l’encadrement cela nous permettait d’être en groupe puis de le faire en groupe, tandis que si on n’avait pas d’encadrement, il y avait du monde qui ne faisait rien, puis il y en avait d’autres qui travaillaient. Élève (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

Avoir des compétences pour la vie de tous les jours qui ne sont pas liées à l’école, qui ne sont pas juste des compétences qu'il faut qu’on apprenne de toute façon c’est mieux que d’apprendre des trucs liés à l’école je pense. Élève (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

Comme déjà mentionné, la zone de développement du projet prend en compte les besoins et les idées des élèves, tout en considérant à différents niveaux ceux des autres agents engagés afin que l’objet visé par le projet soit partagé. Ici, l’extrait est tiré d’une discussion entre le directeur et moi durant laquelle nous établissons les besoins et les attentes de l’école et nous proposons des idées pour la formation des élèves durant les périodes projets.

J'aimerais, cela va être un peu plus son mandat, que ces jeunes-là puissent faire du français et des maths d'une autre façon durant ces périodes […] les réseauter avec tout ce qui peut avoir de ressources en ligne, leur donner des outils pour qu'ils puissent avancer académiquement… ils peuvent avancer dans leurs matières académiques quand même d'une façon différente et autonome. Directeur adjoint (Verbatim

rencontre Planification intervenants 6 octobre 2011)

4.3.1.2- Analyse historique

Ici, l’élève revient sur ses motivations à s’engager dans le projet d’alternance. À ce moment de l’entretien, les élèves discutaient de certains aspects de leur expérience scolaire en formation générale, ce qui constitue la problématique. L’élève suivant dit que plutôt que de demeurer passif et peu motivé en classe, il s’est engagé dans le projet puisque ce dernier lui permet d’avoir un pouvoir d’action sur les apprentissages réalisés et sur la contextualisation de ces apprentissages.

Mais la raison pour laquelle j’ai voulu m’inscrire c’est parce que cela allait me permettre de pouvoir vraiment faire de quoi à l’école. Élève (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

4.3.1.3-Exprimer les problèmes et défis

Dans cet extrait du questionnaire d’application au projet, l’élève mentionne que la mise en place du projet vise à modifier le rapport à l’école des élèves et celui-ci propose d’ajouter des objectifs visés par un tel projet. Le fait que l’idée centrale du développement du projet s’oriente autour de la motivation scolaire n’est pas suffisant pour cet élève. Il questionne les intervenants afin d’ouvrir la réflexion sur une approche orientante qui leur permettrait d’approfondir leurs choix de carrière.

Je crois que c’est pour nous aider à ne pas « lâcher » l’école et nous motiver. De plus, cela pourrait nous donner d’autres choix de carrière. Le projet parle de compagnie et de technologie. Élève (Questionnaire d’application au projet, octobre 2011)

4.3.1.4-Identification des contradictions

L’extrait suivant montre un élève qui fait clairement la distinction entre apprendre et développer des compétences pour l’école dans le but d’avoir du succès dans différents domaines ou cours, comparativement à explorer et découvrir dans un contexte ouvert et nouveau. Il discute de la différence

entre les contenus d’apprentissage liés aux évaluations et les contenus qui intéressent les élèves et qui sont liés à la « vraie vie ».

Parce que les compétences scolaires, ils nous montrent tout cela pour savoir ce qu’on aime. Cela on le sait déjà, on travaille déjà là-dessus à l’école en général. Élève (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

Dès la première rencontre, le groupe d’élèves s’est distingué comme étant constitué d’élèves peu motivés par l’école. Pour certains, le fait de regrouper seulement des élèves peu motivés et ayant un parcours scolaire parfois difficile crée un conflit critique important pour un projet se voulant orienté vers la participation, voire tourné vers l’entrepreneuriat, synonyme de responsabilisation, d’ambition et de créativité.

Je ne sais pas, mais le monde qui ne travaillait pas avant ne travaillera pas plus ici. Élève (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)

Une autre tension (conflit) a été soulevée par l’intervenant CJE et un élève dans l’extrait suivant. L’élève croit que malgré que des agents de l’équipe-projet souhaitent que les élèves s’engagent dans un projet et qu’ils soient les instigateurs de leur développement en utilisant leurs besoins comme force motrice, cela n’est pas suffisant pour mettre en place un tel projet. Les élèves veulent de l’encadrement et du support en se basant sur des expériences antérieures, la prise en charge du leadership par des intervenants est souhaitée pour susciter la mobilisation des élèves.

CJE: Que le besoin part d’eux en fait pour répondre vraiment à leurs besoins je pense que c’est cela la plus grande… [à ce moment de l’entretien, l’élève coupe la parole à l’intervenant CJE] Élève: Oui, mais si cela aurait été cela, cela ne se serait pas passé. Élève et Intervenant CJE (Verbatim Laboratoire du changement, 2 mai 2012)