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Chapitre 1 : L’Autodétermination

3. Evaluations

Différentes évaluations ont été créées. Les deux échelles les plus utilisées dans le domaine de la DI sont l’échelle d’autodétermination de l’AIR et celle de l’ARC qui évaluent deux aspects de l’autodétermination basées chacune sur deux modèles d’autodétermination différents. La première échelle de l’AIR se base sur la théorie de l’apprentissage autodéterminé (Mithaug et al., 2003) tandis que celle de l’ARC se base sur la théorie fonctionnelle de l'autodétermination (Wehmeyer, 1999). Ces deux théories ont été présentées dans la partie précédente. En accord avec ces perspectives théoriques, l'échelle d'autodétermination de l'ARC évalue les quatre caractéristiques essentielles proposées par le modèle de Wehmeyer (autonomie comportementale, autorégulation, empowerment psychologique et autoréalisation), tandis que l'échelle d'autodétermination de l’AIR évalue la capacité et les opportunités d'autodétermination (Shogren, Wehmeyer, Palmer, Soukup, Little, Garner et Lawrence, 2008). Ces évaluations ont été utilisées par exemple, dans des recherches visant à examiner la relation entre l'autodétermination et d'autres dimensions, telles que la qualité de vie (Lachapelle et al., 2005 ; Wehmeyer et Schwartz, 1998), la réussite post scolaire (Wehmeyer et Palmer, 2003 ; Wehmeyer et Schwartz, 1997), les différences entre les niveaux d'autodétermination des élèves avec et sans incapacité (Lipkowitz et Mithaug, 2003, Mithaug, Campeau et Wolman, 2003 ; Shogren, Lopez, Wehmeyer, Little et Pressgrove, 2006), et l'impact des interventions visant à promouvoir l'autodétermination (Test et Neale, 2004).

3.1 L’échelle d’autodétermination de l’AIR

Les Instituts de recherche américains (AIR), en collaboration avec le Collège des enseignants de l'Université de Columbia à New York, ont développé l’échelle d’autodétermination de l’AIR qui mesure le niveau d’autodétermination d’élèves grâce à une auto-évaluation conçue pour les étudiants et des échelles destinées aux parents et aux éducateurs. (Garrels et Granlund, 2017 ; Wolman et al., 1994). Cette échelle est proposée comme un outil d’évaluation et de planification d’objectifs (Wolman et al., 1994)

L'échelle d'autodétermination de l'AIR est basée sur la théorie de l’apprentissage autodéterminé (Mithaug, Campeau et Wolman, 2003) qui se concentre sur le processus par lequel les élèves deviennent des apprenants autodéterminés. Cette échelle a pour objectifs : d’évaluer et d’élaborer un profil du niveau d'autodétermination de la personne ; d’identifier

les points forts et les difficultés ; d’identifier les objectifs spécifiques et les objectifs qui peuvent être incorporés dans le plan d’intervention ou le programme de transition ; d’élaborer des stratégies pour augmenter les capacités des personnes et les occasions offertes par les milieux, favorisant ainsi l’émergence et l’expérimentation de comportements autodéterminés (Wolman et al., 1994).

Les deux grandes composantes de l’autodétermination présentées dans le modèle théorique de Mithaug (la capacité et l'opportunité) sont évaluées dans cette échelle. La capacité est évaluée à travers 3 sections : les connaissances, les habiletés et les perceptions. La section des connaissances se réfère au niveau de compréhension que l'élève a de l'autodétermination et des comportements qu'elle requiert. Plus précisément, cette section s’intéresse à l’utilisation des connaissances par l’élève pour : comprendre ses besoins, intérêts, capacités et limites ; savoir comment fixer des objectifs et faire des choix et des plans pour atteindre ces objectifs ; connaître l'importance de prendre des mesures pour atteindre ces objectifs ; et savoir comment évaluer les résultats de ses actions et les ajuster, si nécessaire, pour atteindre ses objectifs. La section des habiletés se réfère aux capacités de l’élève à démontrer qu’il peut prendre en considération ses connaissances pour fixer ses objectifs, faire des choix, prendre des décisions et faire des plans et assurer le suivi de ses actions visant à atteindre ses objectifs. Enfin, la section sur les perceptions se réfère aux perceptions concernant la motivation, la confiance, l’estime de soi et le sens de la liberté. Elle s’intéresse aux perceptions de l’élève concernant le fait de se sentir bien avec ses intérêts, besoins et habiletés, d’être motivé à se fixer des objectifs, d’être optimiste dans la réalisation de ses objectifs et d’être prêt à prendre des risques.

Wolman et ses collaborateurs (1994) ont vérifié la fiabilité et la validité de l'échelle auprès de 450 élèves avec ou sans incapacités âgés entre 6 et 25 ans, dont 82% étaient en école spécialisée. D’autres études ont confirmé que l'Échelle d'autodétermination de l'AIR était un bon outil pour évaluer l'autodétermination chez les étudiants présentant des incapacités (Shogren et al., 2008 ; Chou, Wehmeyer, Shogren, Palmer et Lee, 2017). Cependant, cette échelle n'est pas normative, n'est pas standardisée en fonction de l’âge et n’a pas de validité prédictive (Garrels et Granlund, 2017).

3.2 Echelle d’autodétermination de l’ARC

L’échelle d’autodétermination de l’ARC (Wehmeyer, 1992a, 1995, 1999 ; Wehmeyer, Kelchner et Richards, 1996) possède deux versions, une pour les adolescents et une pour les adultes (Wehmeyer et Kelchner, 1995). Ces deux versions ont été traduites pour une population francophone (Wehmeyer, Lachapelle, Boisvert, Leclerc, Morrissette, 2001a, 2001b). Les deux versions originales ont été conçues à partir d’une série d'entrevues structurées avec 408 adolescents et adultes présentant une DI, et comportant 6 sections.

La première section évalue le degré d'autonomie comportementale de la personne, et comprend six sous-sections permettant d’évaluer : le niveau d'indépendance de la personne dans sa routine de soins personnels et son fonctionnement quotidien ; son indépendance à travers les interactions avec son environnement ; sa capacité à agir en fonction de ses préférences, ses intérêts et ses compétences dans les domaines des loisirs ; de la vie communautaire ; de l'intégration professionnelle et de l'expression personnelle.

La deuxième section de cette échelle évalue le degré d'autorégulation et comprend deux sous-sections. La première concerne la résolution de problèmes inter-personnels et utilise des histoires avec des espaces vides dans lesquelles les personnes ont pour consigne d’indiquer le déroulement de l’histoire, pour atteindre un but donné. La deuxième sous-section concerne la capacité à se fixer des objectifs et à les atteindre dans divers domaines (emploi, logement et mobilité).

La troisième section, centrée sur le degré d'empowerment psychologique, se rapporte à la perception qu'ont les individus du contrôle de leur vie. L'évaluation est basée sur des questions à deux choix (par exemple : je peux prendre les décisions qui me concernent ou d’autres personnes prennent les décisions pour moi ?). Un score élevé reflète un degré élevé de perception du contrôle dans la vie de la personne et une auto-efficacité positive.

La dernière section concerne le degré d’autoréalisation. Les participants indiquent s'ils sont d'accord ou non avec une liste d'énoncés reflétant leur degré d'accomplissement (par exemple : je connais ce que je fais de mieux.).

Cette échelle a été validée et normée auprès de 500 élèves avec des déficiences cognitives scolarisés en école spécialisée et a montré une bonne fiabilité (Wehmeyer, 1995).

Les modèles théoriques et les échelles d’autodétermination ont permis de faire avancer la recherche dans le domaine de la DI. Ainsi, la partie suivante propose un état des connaissances actuelles concernant l’autodétermination, chez les personnes présentant une DI.