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Enfin, le passage d’un probl`eme de Poisson `a un probl`eme de Helmoltz du type (I − γ∇2)u = f s’obtient directement. Il suffit de multiplier le membre de gauche de la relation (3.28) par γ puis de remplacer le terme γ(λyj + λz

k) par γ(λ y

j+ λzk) + 1. La m´ethode pr´esent´ee ici dans le cas 3D est semblable `a celle appliqu´ee aux probl`emes 2D.

3.3

M´ethode de continuation

Les m´ethodes de continuation sont des m´ethodes particuli`eres de calcul des ra- cines d’une ´equation que nous utilisons ici pour la recherche de solutions station- naires d’´equations diff´erentielles non-lin´eaires. Pour fixer les id´ees, consid´erons le syst`eme dynamique suivant :

dx

dt = f (x, λ), (3.34)

o`u x(t) ∈ Rn, λ ∈ R est le param`etre et f : Rn × R → Rn est une fonction non-lin´eaire. Les m´ethodes de continuation reposent sur l’id´ee d’homotopie. Si l’on connait une solution `a λ = λ0et que l’on cherche une solution `a λ = λ1, on construit une suite discr`ete de probl`emes interm´ediaires param´etr´es par λ [21]. La r´esolution successive de ces probl`emes interm´ediaires permet d’obtenir une courbe dans le plan (λ, x) appel´ee branche de solutions. Cette approche permet d’obtenir des dia- grammes de bifurcation et ainsi de cartographier les solutions dans certaines gammes de λ. G´en´eriquement, la r´esolution des probl`emes interm´ediaires est r´ealis´ee par une m´ethode de point fixe donnant acc`es aux solutions stationnaires lin´eairement stables ou instables. Ces m´ethodes peuvent ´egalement s’appliquer `a l’´etude de solutions ins- tationnaires p´eriodiques en les reformulant comme la recherche de points fixes d’une application de Poincar´e. Cela dit, elles ne renseignent pas sur les r´egimes transitoires et ne sont pas con¸cues pour l’´etude de solutions instationnaires. En ce sens, elles restent compl´ementaires des m´ethodes d’int´egration en temps.

La principale difficult´e pour suivre une branche de solutions est li´ee au fait que x n’est pas n´ecessairement une fonction de λ ; la branche peut par exemple passer un point de rebroussement ou noeud-col. Pour surmonter cette difficult´e, il convient de reparam´etrer le probl`eme en introduisant artificiellement un param`etre dont on sera certain que la solution en sera une fonction. C’est l’id´ee que Keller a propos´ee au travers d’une param´etrisation dite pseudo arc length [15] reposant sur la recherche d’une solution ´etendue X incluant le param`etre λ : X(s) = (x(s), λ(s)). Ici, la variable s est le param`etre de continuation et repr´esente l’abscisse curviligne le long de la branche. Il est clair que dans cette perspective, X reste toujours une fonction de s mˆeme si la branche de solutions passe un point de rebroussement.

G´en´eralement, `a ces m´ethodes est associ´ee une strat´egie de parcours de la courbe de solutions dont l’objectif est de diminuer le temps de calcul sans perdre d’infor- mation. Le calcul d’une solution se fait ainsi en deux ´etapes. A partir d’une solu- tion pr´ec´edemment calcul´ee X(sj−1), on construit par extrapolation une pr´ediction

ˆ

X de la solution X(sj−1 + ∆s) de sorte que ∆s = | ˆX − X(sj−1)|2. La seconde ´etape est l’´etape de correction qui met en jeu une m´ethode it´erative de type point fixe utilisant la pr´ediction comme valeur initiale. La correction se fait toujours `a une distance △s de X(sj−1) en r´esolvant : f (X(sj)) = 0 munie de la contrainte

λ

λ(sj−1) λ(sj)

x(sj−1) △s

(ˆx, ˆλ)

Figure 3.3 – Exemple sch´ematique de m´ethode de continuation sur le param`etre λ, x ´etant la solution (ici de dimension 1) du syst`eme. La phase de pr´ediction a lieu avec un pas △s vers (ˆx, ˆλ) et la correction se fait en arc de cercle vers (x(sj), λ(sj)). La variable

s repr´esente l’abcisse curviligne et λ le param`etre de continuation.

∆s − |X(sj) − X(sj−1)|2 = 0 (figure 3.3). L’objectif de l’´etape de pr´ediction est ´evidemment de r´eduire le temps de calcul de la nouvelle solution voire tout simple- ment de permettre `a la m´ethode de point fixe de converger. La strat´egie d’optimisa- tion du temps de calcul ne s’arrˆete cependant pas l`a. Le choix de l’avancement ∆s est lui aussi contrˆol´e de sorte `a avancer plus vite (∆s plus grand) lorsque la solution varie peu avec s ou `a ralentir (∆s plus petit) lorsque la branche traverse de multiples noeud-cols ou que le calcul de la correction est ´evalu´e comme trop coˆuteux.

Ces m´ethodes b´en´eficient aujourd’hui de plus de 30 ans de d´eveloppement et sont de plus en plus utilis´ees [13]. Des logiciels open-sources ont mˆeme ´et´e d´evelopp´es permettant d’aborder des syst`emes mod´er´es en nombre d’´equations (n = O(102)) [7]. On notera toutefois que leur emploi dans le domaine de la m´ecanique des fluides reste marginal en raison principalement des difficult´es inh´erentes `a leur mise en oeuvre sur des syst`emes `a nombre de degr´es de libert´e ´elev´e. Plus exactement, c’est l’inversion des syst`emes lin´eaires mis en jeu dans l’´etape de correction par la m´ethode de point fixe (Newton-Raphson dans notre cas) qui pose probl`eme. C’est pourtant dans ce domaine que nous avons exploit´e ces m´ethodes sur des g´eom´etries 2D et 3D. En nombre de degr´es de libert´e, nos syst`emes mettent en jeu de l’ordre de 105 inconnues dans les cas 3D. Le succ`es de la mise en oeuvre de ce travail repose principalement sur l’utilisation d’un pr´econditionneur propos´e par Tuckerman [24, 20]

3.3.1

Algorithme de continuation

La m´ethode de continuation utilis´ee dans notre travail diff`ere de la continuation pseudo arc length. Elle contient toujours les deux ´etapes, pr´ediction et correction, mais celles-ci ne sont pas r´ealis´ees avec la contrainte que nous avons pr´esent´ee.

78 3.3. M´ethode de continuation

La pr´ediction est construite par extrapolation (lin´eaire ou quadratique) de solu- tions ant´erieures. Le param`etre sur lequel elle est men´ee n’est pas l’abscisse curviligne mais soit le param`etre adimensionnel retenu pour les diagrammes de bifurcation (par exemple le nombre de Rayleigh λ ≡ Ra) soit la valeur en un point (la l-i`eme coor- donn´ee xl du vecteur x ). Le deuxi`eme choix est pr´ef´er´e `a proximit´e d’un point de rebroussement pour lequel la solution cesse d’ˆetre une fonction du param`etre λ mais reste une fonction de xl. Cette proximit´e ´eventuelle est d´etect´ee par l’algorithme soit en ´evaluant la pente de la courbe x(λ) aux points pr´ec´edents, soit parce que le nombre d’it´erations de correction aux points pr´ec´edents a augment´e de mani`ere significative t´emoignant de l’approche d’un point singulier.

La correction proc`ede de mˆeme avec deux choix possibles. Soit le calcul du point fixe est men´e `a param`etre λ fix´e (les inconnues sont alors les n composantes de x) soit le param`etre est inclus dans les inconnues et l’une des composantes de x est maintenue fix´ee (les inconnues sont alors toutes les n − 1 autres composantes de x et le param`etre λ).

3.3.2

M´ethode de point fixe

La m´ethode propos´ee par Mamum et Tuckerman [20] est ici mise en oeuvre aussi bien avec une formulation des ´equations en variables primitives qu’avec une formulation fonction de courant - vorticit´e. Il s’agit d’une m´ethode de Newton dans laquelle un pr´econditionneur est utilis´e pour l’inversion des syst`emes lin´eaires `a chaque it´eration.

La m´ethode exploite le sch´ema d’int´egration en temps des ´equations `a l’ordre 1. Les ´equations (Navier-Stokes incompressible, conservation de l’´energie et des esp`eces chimiques) peuvent sch´ematiquement s’´ecrire, une fois discr´etis´ees en temps et en espace :

U(n) = (I − △t L)−1 U(n−1)+ △t N(U(n−1)) , (3.35) o`u U est l’ensemble des valeurs des champs ((u, T, C) pour un probl`eme de double- diffusion) aux noeuds du maillage. Dans l’´ecriture, L est la partie lin´eaire et N(U) la partie non-lin´eaire. L’examen des sch´emas pr´esent´es dans la section 1 montre que L est au facteur multiplicatif pr`es un op´erateur de diffusion agissant sur chacune des composantes du champ U. L’´equation (3.35) peut aussi s’´ecrire :

U(n)− U(n−1)= △t (I − △t L)−1 LU(n−1)+ N(U(n−1)) . (3.36) La recherche d’une solution stationnaire U du probl`eme est la recherche d’une so- lution de :

L U + N(U) = 0. (3.37)

Une m´ethode de Newton `a param`etre constant (λ fix´e) appliqu´ee `a cette ´equation consiste `a calculer une suite de valeurs U[k] (k ≥ 0) telle que U[k+1] = U[k]− δU[k] o`u δU[k] ≡ δU est solution de :

L U[k]+ N(U[k]) = L + D

UN(U[k]) δU, (3.38)

o`u DUN(U[k]) est la d´eriv´ee de Fr´echet de l’op´erateur N ´evalu´ee en U[k]. En multi- pliant les deux membres par ∆t(I − ∆tL)−1, on obtient de mani`ere ´equivalente :

∆t(I − ∆tL)−1 L U[k]+ N(U[k]) = ∆t(I − ∆tL)−1 L + D

de droite est men´ee par le biais d’une it´eration du sch´ema d’int´egration en temps lin´earis´e). Dans le cas pr´esent, nous avons utilis´e un gradient biconjugu´e carr´e de la biblioth`eque NSPCG [17].

Outre le fait de pouvoir mettre en oeuvre simplement une m´ethode de Newton `a l’aide du sch´ema d’int´egration en temps, la m´ethode propos´ee par Tuckerman offre un avantage d´ecisif : la relation (3.39) montre que (I − ∆tL)−1 peut ˆetre un pr´econditionneur du syst`eme (3.38). Si ∆t ≫ 1, ∆t(I − ∆tL)−1 ≈ L−1. Si les termes diffusifs dominent dans l’op´erateur L + DUN(U[k]), alors la m´ethode a le double int´erˆet de pr´esenter une facilit´e de mise en oeuvre et de faciliter l’inversion en impl´ementant du mˆeme coup un bon pr´econditionneur. Dans la pratique nous avons utilis´e ∆t ≈ 105 pour obtenir des convergences quadratiques entre 2 et 5 it´erations de Newton.

La mˆeme approche peut ˆetre utilis´ee dans le cas du calcul d’un point fixe `a pa- ram`etre variable en maintenant l’une des composantes du champ U fix´ee `a une valeur prescrite. Il convient alors de d´eriver L U+ N(U) par rapport au param`etre adimen- sionnel choisi (par exemple Ra). Le r´esultat d´epend bien sˆur de l’adimensionnement i.e. de l’endroit o`u apparaˆıt ce param`etre.

3.3.3

Analyse de stabilit´e lin´eaire

L’analyse de stabilit´e lin´eaire des solutions stationnaires compl`ete les informa- tions du diagramme de bifurcation et est ´egalement utilis´ee dans l’accrochage des branches aux points de bifurcation. Le vecteur propre marginal (sa norme peut ˆetre ajust´ee) additionn´e `a la solution stationnaire forme un pr´edicteur qui est utilis´e `a l’it´eration z´ero de l’´etape de correction pour tenter d’accrocher la branche.

En notant δU = δ ˜Ueσt (avec δ ˜U ind´ependant de t) une perturbation infi- nit´esimale d’une solution stationnaire U, le syst`eme lin´eaire v´erifi´e par δU s’´ecrit :

σδ ˜U= J(U) δ ˜U (3.40)

o`u σ est la valeur propre (taux de croissance temporel) de J(U), Jacobienne du syst`eme qui n’est autre que la lin´earisation de F autour de U : J(U) = L+DUN(U). La stabilit´e est donc li´ee au signe de la partie r´eelle des valeurs propres de J(U).

Etant donn´ee la dimension du syst`eme lin´eaire mis en jeu dans nos probl`emes, il est pr´ef´erable de ne pas calculer le spectre complet de J. Par ailleurs, seule la partie du spectre associ´ee aux valeurs propres `a partie r´eelle positive ou proche de z´ero nous int´eresse. Les m´ethodes d’Arnoldi sont un outil de choix pour extraire une partie du spectre. De nature it´erative, elles ne n´ecessitent que de savoir ´evaluer l’action de J sur un vecteur donn´e ce qui est appr´eciable compar´e `a l’explicitation compl`ete de la matrice J. Toujours sur une id´ee de Mamun et Tuckerman, on va

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