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3 La simulation en santé

3.3 Etat des lieux de la simulation en santé

De 2001 à 2018 les articles traitant de l’utilisation de la simulation pour le développement

des compétences ont une courbe exponentielle, dépassant les 7000 articles au total sur Pub Med

en 2018.

Comme le lien entre la simulation et la sécurité des patients devient de plus en plus évident, la

simulation est adoptée comme méthode d'éducation et de formation de choix pour le

développement de compétences techniques et non techniques (159).

3.3.1 La simulation et le développement des compétences techniques

La compétence procédurale est la compétence la plus visée par la simulation. De

nombreuses études ont montré l’intérêt de la simulation pour des actes des plus simples au plus

compliqués comme la pose de voie veineuse centrale (160), ou la laparoscopie (109).

Chaque geste est décomposé, jusqu’à maîtrise complète de la tâche globale, ce qui permet de

répéter le soin, sans danger, sans conséquence, et donc sans risque.

Nestel D. et Al. (161), dans leur revue de littérature, mesurent l’effet des différents modèles de

simulation (mannequins, simulateurs procéduraux, tâches partielles, patients simulés etc.) sur

l’apprentissage des compétences procédurales. Ils concluent que l'état actuel de la science

révèle que la simulation conduit généralement à une amélioration des connaissances et des

compétences, tout en précisant que des recherches robustes sont nécessaires pour renforcer les

preuves.

3.3.2 La simulation et les compétences non techniques

La simulation peut aussi permettre l’apprentissage de comportements plus complexes

comme le travail en équipe (112), la communication (162), la gestion de situation de crise (163),

ou les soins d’urgences (164).

• Le travail en équipe:

La revue systématique de Fung L. et al. (112) analyse 12 études qui montrent des améliorations

significatives dans les comportements d'équipe sur le lieu de travail, deux études ont même

démontré une réduction soutenue des résultats néfastes pour les patients après une seule

intervention de l'équipe basée sur la simulation.

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• La communication :

Les méthodes les plus efficaces pour développer les compétences en communication sont les

méthodes actives dont la simulation (162).

• La gestion de situation de crise ou soins d’urgences et situations complexes:

La gestion de situation de crise est souvent reliée à la dynamique et au leadership d’une équipe.

La simulation fondée sur le CRM (Gestion des ressources de l’équipe) pour les équipes

interprofessionnelles et interdisciplinaires s'avère prometteuse par rapport à l'enseignement

didactique basé sur des cas. En situation d’urgences obstétricale, Gum L. (163) évalue que la

formation de l'équipe par la simulation a renforcé l'importance de la prise de conscience et la

communication. Elle créée de la confiance et de la stabilité au sein d'une équipe. Wang CL.

(165) démontre que la simulation de haute-fidélité peut être utilisée pour former et tester des

équipes interprofessionnelles de radiologues, de techniciens et d'infirmières pour des

compétences interprofessionnelles.

3.3.3 Avantages et limites de la simulation en santé

Une majorité des articles trouvent la simulation plus efficace que les autres méthodes,

tous les objectifs cognitifs, affectifs, psychomoteurs sont envisageables. Elle permet le

développement des compétences quelles qu’elles soient. Elle permet même l’augmentation de

la motivation chez les soignants avec des thèmes qui habituellement ne la suscitent pas, comme

la sémiologie des pathologies neurologiques (revue de littérature de Roze E. et al. (166)).

Les limites de la simulation sont le coût, si elle est réalisée en « haute technologie » avec des

mannequins pouvant couter jusqu’à 80 000 €. Son efficacité n’est pas en lien avec cette

technicité (167) mais plutôt au respect des différentes étapes qui la constituent et la qualité des

formateurs.

La simulation est aussi chronophage, puisque la durée d’une séance est d’une heure trente voir

deux heures.

Le dernier point limitant reste l’appréhension des participants, la simulation augmente le niveau

de stress, surtout au début de sa pratique (168,169), en s’atténuant par la suite (170).

Il semble primordial pour diminuer le stress lié à l’évaluation sociale, que les objectifs soient

clairement établis, qu’ils soient en accord avec les intérêts de l’individu, selon Mills B. (124).

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Il est donc recommandé d’ajuster une progression aux simulations pour que le stress garde un

effet positif sur l’apprentissage. Une autre étude de Kharasch M. (171) précise que le stress

vécu même le plus intense ne limite pas les capacités de prise en soins et que la simulation

permet de s’habituer à agir sous cette pression.

Il faut surtout retenir que trois études (113,172,173) évaluent une baisse du niveau de stress lors

d’une confrontation à une vraie situation après simulation, par rapport à une formation

classique.

Même si la simulation semble aujourd’hui la méthode la plus adaptée au développement des

compétences en situation, elles ne se maintiennent pas plus au long cours (174). Au-delà de 6

mois, il semble nécessaire de réactiver d’une façon ou d’une autre l’apprentissage.

S'il existe des cadres théoriques qui relient les méthodes pédagogiques aux objectifs souhaités,

aucun n'est spécifiquement conçu pour la simulation dans le domaine de la santé. Chiniara G.

(95) a établi un modèle basé sur deux caractéristiques des situations cliniques, l'acuité (gravité)

et l'opportunité (fréquence) qui définissent une zone où la simulation des soins de santé peut

être avantageuse par rapport à d'autres moyens d'enseignement moins coûteux. La zone de

simulation englobe toutes les situations cliniques qui ont un fort potentiel de sévérité pour le

patient mais qui ne sont pas courantes pour le soignant, ainsi que des situations cliniques qui

ont un fort potentiel de sévérité pour le patient, mais courantes pour le soignant et les situations

cliniques qui ont un potentiel plus faible de sévérité pour le patient, mais qui ne sont pas

courantes pour les soignants.

Les pratiques de simulation sont très diversifiées et souvent peu décrites dans les articles, ce

qui rend leur étude difficile et peu comparable. Les études ont des niveaux de preuves et des

grilles d’observations très variés et utilisent différentes simulations. Le manque de précisions

dans la description des simulations ne permet pas d’identifier les moyens les plus efficaces.