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ET LES PARASITES

Dans le document POIRIERS BEURRÉ (Page 157-161)

Avant la Révolution, la lutte contre les maladies et les parasites d'ar-bres fruitiers n'était guère énergique. D'ailleurs, il était impossible de prendre dans ce domaine des mesures organisées et tant soit peu rationnelles, pre-mièrement parce que les arboriculteurs manquaient d'instruction, deuxiè-mement parce que les vergers privés étaient trop dispersés et insignifiants;

de plus, les petits vergers des villes, très négligés, servaient de centres de reproduction de divers parasites.

Voici les renseignements que nous fournit une statistique sommaire, mais objective, des ravages causés par les maladies et les parasites des cul-tures fruitières.

Au cours de la guerre impérialiste, les parasites et les maladies ont dé-truit 28.000 ha de vergers dans le nord du Caucase. En outre, les plantations qui avaient survécu étaient tellement contaminées par les parasites et les

LA SELECTION, LEVIER POUR L'OI3T . DE PLANTES IMMUNISÉES 529 maladies cryptogamiques, que l'existence de toute l'arboriculture sur le littoral de la mer Noire se trouvait sérieusement menacée.

Un grand nombre de maladies et de parasites absolument nouveaux, importés de l'étranger, ont apparu dans nos vergers. Prenons ne serait-ce que le gris du groseillier à maquereau ( sphaerothèque ). Il y a 30 ans nos cul-tivateurs n'avaient aucune idée du sphaerothèque , et maintenant (sauf le groseillier américain des montagnes et les variétés hybrides que j'ai créées on croisant des variétés cultivées anglaises avec l'espèce Ribes succirubrum , groseillier à pulpe rouge) presque toutes les variétés cultivées chez nous sont sujettes à cette maladie.

On sait que le sphaerothèque , importé chez nous d'Amérique par l'Irlan-de, en 1899-1900, a attaqué en une trentaine d'années toute la culture du groseillier à maquereau dans les régions du sud, du centre et du nord de l' U.R.S.S., et tous les moyens utilisés pour le combattre s'avérèrent peu efficaces.

Dans l'ensemble, les parasites et les maladies des cultures fruitières nous enlèvent près de la moitié de la récolte.

C'était ainsi dans les vieux vergers privés. Mais cela ne doit pas exis-ter dans des plantations socialistes bien organisées, mécanisées actuellement sur la base d'un outillage perfectionné.

Tout en attachant la plus haute importance aux procédés modernes de la lutte contre les cryptogames et insectes parasites des vergers, je tiens à déclarer, en me fondant sur une longue expérience, que la seule voie de lutte efficace passe par la sélection, par l'hybridation des plantes, procédés qui

permettent d'obtenir de nouvelles variétés de plantes fruitières et

bacci-fères immunisées contre les maladies et les parasites. Par l'hybridation, par

la sélection, il est possible non seulement de créer une variété immunisée, mais aussi d'obtenir des plantes douées de qualités et propriétés que l'on ne rencon-tre pas dans la culture fruitière courante. En croisant en 9. 90 .3 le poirier sau-vage de l'Oussouri (producteur femelle) avec l'excellente variété cultivée française Beurré Diel (producteur mâle), j'ai créé une variété de poirier d'hi-ver, unique en son genre, qui, dans le centre et le nord de l'U. R.S.S ., dépasse toutes les autres non seulement par la saveur de ses fruits, le bon rendement annuel, la faculté de se conserver dans le fruitier jusqu'en fé-vrier, mais aussi par un grand nombre d'autres qualités très précieuses, à savoir: écorce non sujette aux coups de soleil, résistance des fleurs aux gelées matinales, i mmunité des feuilles aussi bien que des fruits contre les cryptogames et les insectes parasites, remarquable solidité des pédoncules (les fruits pèsent 200 gr. et davantage). Ce n'est pas tout. Les poires de cette variété, que j'ai appelée Beurré zimniaïa de Mitchourine, ne pourris-sent pas à la suite de meurtrissures; l'endroit blessé se couvre d'un tissu liégeux qui empêche les cryptogames de pénétrer dans la pulpe. Mais

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cette propriété n'apparaît chez les fruits que s'il n'y a pas d'engrais orga-niques dans le sol où croissent les arbres; dans le cas contraire, les fruits perdent cette qualité.

Ou encore, prenons la vigne. Avant mes travaux, il n'était pas question de viticulture en pleine terre dans le centre du pays. Mes travaux de sélection et mes expériences d'hybridation m'ont permis de créer une dizaine de variétés de vignes résistantes, cultivables en pleine terre, dont beaucoup se distinguent par un bon rendement annuel, par une maturation normale, et n'exigent aucune protection pendant la saison froide, alors qu'en Crimée et dans le Caucase tous les ceps sont enterrés pour l'hiver, par crainte du gel.

Un exemple remarquable de la résistance de mes variétés de vignes a été enregistré en hiver 1929, pendant lequel la température à Kozlov (région centrale des Terres noires) a baissé jusqu'à 32° R au-dessous de zéro; un pom-mier de vingt ans, de la variété Antonovka , l'une des plus endurantes qui soient, a péri sous l'effet du froid, tandis qu'une vigne qui poussait en pleine terre et grimpait sur un poirier voisin, jusqu'à la cime (à une hauteur de 5 m. environ) a survécu. Bien plus, l'été suivant la récolte du raisin a été aussi abondante que d'habitude.

Par suite de la sélection, toutes les variétés de vignes que j'ai créées, ne souffrent nullement des phénomènes atmosphériques tels que le gel, ni des conditions anormales du milieu extérieur, telles que la chlorose, les coups de soleil et l'effeuillement des fleurs, et c'est là l'essentiel, sont à l'épreuve des innombrables parasites notamment du phylloxera, ce fléau des vignes. Les maladies et parasites énumérés ci-dessus, qui, dans les pays d'origine de la vigne (France, Espagne et Crimée), sont des compagnons inévitables de la viticulture, causent d'immenses dégâts. En France, par exemple, les dommages subis par les vignobles dans les années 60 du siècle dernier s'évaluaient à 1.0 milliards de francs. Dans nos régions viti-coles, le phylloxera a également détruit plusieurs dizaines de milliers d'hec-tares. Rien qu'en Kakhétie plus de 10 ha ont péri entre 1913 et 1927.

La conclusion de tout ceci? Grâce à la sélection, j'ai réussi à reculer la limite septentrionale de l'habitat de la vigne jusqu'à Moscou, comme je l'ai déjà dit; selon l'expression employée par des journalistes éloquents

«j'ai transféré le Sud dans le Nord», où les parasites tels que le phylloxera ne peuvent pas devenir des aborigènes.

J'ai obtenu les mêmes résultats avec le tabac à cigarettes. En Crimée, Où la culture du tabac occupe l'une des premières places dans l'économie régionale, l'orobanche rameuse freine l'essor de cette branche agricole.

J'ai cherché à obtenir une variété de tabac résistant et aromatique, cultivable dans les régions du centre, et j'ai créé, en croisant le tabac de Sumatra (Indonésie) à petites feuilles avec le tabac hâtif de Bulgarie, une variété locale qui ne le cède en rien à un grand nombre de variétés cultivées.

LA SÉLECTION, LEVIER POUR L'OBT . DE PLANTES IMMUNISÉES 531 Mais, en même temps, la sélection a produit, ici aussi, toute une série de pro-priétés et qualités extrêmement utiles chez la variété hybride. Mon tabac s'est révélé si accommodant en ce qui concerne le sol, qu'il peut croître sur des sables stériles, sur des alluvions maigres; il mûrit entièrement dans les con-ditions climatiques des régions du centre et même dans la région

d'Ivanovo-Voznessensk et dans l'Oural (Verkhné-Kamenski zavod ); il est très parfumé

et brûle sans mélange d'ingrédients (benjoin, teinture, mélilot, houblon et autres saletés) qui attaquent l'organisme des fumeurs.

Ou encore les groseilliers à maquereau. J'ai déjà parlé de l'état où se trouve actuellement cette culture. Pour y remédier, j'ai croisé, en vue d'obtenir une variété immunisée, la variété anglaise Duck'swing avec le

Ribes succirubrum , ce qui m'a donné un groseillier absolument résistant au

sphaerothèque et, de plus, produisant des baies noires volumineuses.

La sélection m'a permis de créer des variétés résistantes et immunisées d'abricotiers. Dans le Caucase du Nord, à Ouman et Mléiévo (Ukraine), on emmaillote les jeunes rameaux avec de la paille, pour l'hiver: Dans la pépinière qui porte mon nom cette protection est superflue.

Mais parfois la sélection engendre chez l'hybride des propriétés extraor-dinaires. Ainsi, le croisement du cerisier hybride Idéal avec le sorbier japo-nais Prunus Padus Maackii (hybridation interspécifique ) a produit une nou-velle forme végétale que j'ai appelée Cerapadus ; elle donne, à la première génération, des fruits qui contiennent un pourcentage si élevé d'acide prus-sique et fournissent tant de matières colorantes, que la variété acquiert une grande valeur pour l'industrie textile et la pharmacie.

Mais la propriété du Cerapadus est encore plus surprenante à la deuxiè-me génération, lorsqu'il porte des fruits tout à fait sucrés. Les feuilles des deux générations sont nuisibles aux insectes parasites.

Ce que j'ai énoncé suffit à prouver que la sélection est un puissant levier pour l'augmentation du rendement des champs et pour la protection des plan-tes agricoles contre les maladies et les parasiplan-tes. Mais la sélection ne sera ef-ficace, dans la pratique de l'édification socialiste, que lorsqu'elle deviendra accessible aux masses. Cela m'oblige à attirer l'attention de l'opinion sovié-tique sur la nécessité:

1) D'instituer, dans toutes les écoles pour la jeunesse des sovkhoz et des kolkhoz, un cours de sélection pratique et des expériences de vulgari-sation, en utilisant largement mes réalisations et mes méthodes.

2) D'organiser la recherche de nouvelles plantes cultivables en fai-sant participer à cette tâche le Komsomol, la jeunesse kolkhozienne, les jeunes naturalistes, les écoliers et les pionniers.

3) De développer l'hybridation interspécifique pour créer des variétés très productives et précoces, en utilisant largement la flore fruitière, sauvage d'origine.

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4) De reproduire largement les meilleures variétés de ma création, qui résistent plus que les autres aux influences atmosphériques nuisibles, aux maladies et aux parasites.

Telle est la voie à suivre pour augmenter le rendement des cultures et assurer la protection des récoltes socialistes. Il faut dire que cette voie est aussi inévitable qu'indispensable. En nous y engageant hardiment, nous parviendrons à d'excellents résultats.

Publié pour la première fois en 1931 dans la revue

Pour la défense des récoltes socialistes, n° 12.

AUX ARBORICULTEURS, AUX TRAVAILLEURS

DE

CHOC

-RATIONALISATEURS , A LA JEUNESSE

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