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AUX ARBORICULTEURS DE L'OURAL ET DE LA SIBÉRIE

Dans le document POIRIERS BEURRÉ (Page 141-144)

Les faits cités par le cit. Kazantsev (voir le n° 3 de la revue Sibirskoïé

plodovodstvo i ogorodnitchestvo [Arboriculture et cultures potagères de la

Sibérie]) et par d'autres sur les cas assez rares où des variétés d'arbres frui-tiers provenant de régions situées à l'ouest de l'Oural ont résisté au froid

AUX ARBORICULTEURS DE L'OURAL ET DE LA SIBÉRIE 513 dans cette contrée, font douter les arboriculteurs ouraliens de l'exactitude de mes vues, lorsque j'affirme que l'arboriculture de l'Oural ne doit pas se baser sur la culture des variétés originaires des régions situées à l'Ouest et qu'il est erroné d'espérer la fameuse acclimatation de ces variétés pour leur culture en grand.

Les faits précités montrent seulement, je le répète, que ces quelques variétés ont acquis par hasard, dans leur pays d'origine, la propriété de supporter des températures plus basses et des conditions climatiques plus rudes que celles qui y existent ordinairement. Le transfert de ces variétés qui ne subissent pas de modifications de structure porte non pas le nom d'ac-climatation, mais celui de naturalisation. Ce transfert donne parfois des résultats satisfaisants dans les petits vergers d'amateurs, mais il est très risqué dans les plantations en grand, car, souvent, ces arbres périssent tous sans exception au cours des années particulièrement défavorables. Par contre les variétés de semis obtenues sur place par le croisement de variétés spontanées locales avec des variétés de l'Occident constituent . toujours un bon matériel, vu la constante infllzence que les conditions climatiques locales exercent sur la structure de ces plants dès leur naissance. Aussi, ces derniers ne craindront-ils ni les rigueurs de l'Oural ni celles de la Sibérie lointaine.

Les meilleures des variétés hybrides ainsi obtenues doivent être soumi-ses dès leur première fructification à un nouveau croisement, cette fois avec les meilleures des variétés occidentales étrangères dont le pollen doit servir à féconder les fleurs des plantes-mères locales. Cette deuxième série de plants hybrides donne naissance à des variétés pouvant concurrencer avec les meil-leures variétés étrangères, malgré la grande différence de climat entre l'Ou-ral et la Sibérie d'une part, et l'Europe occidentale de l'autre.

«Une hirondelle ne fait pas le printemps », et j'affirme que ce qui a réus-si dans un cas peut échouer dans dix autres. Je vous mets en garde contre les erreurs possibles, car à moi-même, vers la fin des années 80, ces

préten-dues acclimatations ont causé de profondes déceptions.

Vous me demandez: la variété résistante doit-elle être fécondée par la variété délicate ou est-ce l'inverse? Je dois dire que dans les plants hybri-des domineront ceux hybri-des caractères et propriétés hybri-des deux plantes produc-trices dont le développement est favorisé par les conditions extérieures lo-cales, et que, d'une manière générale, c'est la plante-mère qui transmet plus complètement ses propriétés à la descendance. Il vaut donc mieux choi-sir comme plante-mère une espèce locale plus résistante; une telle combinai-son donne, il est vrai, des variétés aux fruits plus petits et moins bons, mais

plus résistantes aux rigueurs du climat.

Voici ce que j'ai écrit à propos de la vigne au professeur Tairov de la Station viticole d'Odessa pour qu'il le publie dans le recueil de viticulture dont il est le rédacteur en chef.

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514 DIVERS

Toutes les cultures occasionnelles de la vigne dans les régions de la Russie centrale (aussi bien les vieilles variétés que la vingtaine de nouvel-les variétés résistantes) ne sont que des variétés d'amateur qui ne convien-nent nullement aux plantations de rapport dans la zone centrale de l'U.R.S.S.

On n'a pu obtenir jusqu'ici des variétés de vigne pleinement résistantes du fait que les jeunes sarments et leurs fleurs périssent souvent par suite des conditions climatiques continentales par excellence, et des gelées matinales tardives de la fin avril et de la première quinzaine de mai. Il nous faut donc des variétés de vigne non seulement résistantes aux froids de l'hiver, fertiles, d'un bon goût et d'une maturité précoce, mais encore susceptibles de retarder de plus d'un mois leur accroissement printanier ou de suppléer par un nouvel accroissement rapide à la perte des éléments, causée par les gelées du prin-temps. La première de ces conditions est presque irréalisable, car on ne saurait arrêter pour un temps assez long l'accroissement printanier des ceps. On ne peut donc escompter une bonne culture que des variétés susceptibles de remplacer rapidement les parties tuées par le gel et de mûrir avant les premières gelées de l'automne. En un met, il nous faut des variétés où le tissu cellulaire des ceps se forme aussi rapidement que possible.

J'ai constaté ces dix dernières années un phénomène quasi paradoxal dans la vie du cep: la majorité des plants hybrides germés dès le début du printemps ont donné des variétés dont la formation du tissu cellulaire était lente et la maturité du fruit tardive, et, inversement, les plants germés tardivement (dans la deuxième moitié de juin) ont donné des variétés où la formation du tissu cellulaire était rapide et la maturité du fruit pré-coce. Au cours de son développement ultérieur, le cepage hybride (surtout si le couple des plantes génitrices était du même genre, mais de régions éloi-gnées l'une de l'autre) acquérait pour toujours cette rapide croissance du tissu cellulaire. J'ai remarqué un phénomène analogue chez de nombreuses autres espèces de plantes.

L'été dernier, un de ces plants, âgé de cinq ans et appelé par moi Phénix, n'avait fleuri qu'au début de juillet. I1 a cependant rattrapé les variétés qui avaient fleuri à la fin mai, et est arrivé à maturité en même temps qu'elles. Il a donné un gros raisin sucré, de coloration foncée, avec un léger arrière-goût de punaises qui lui venait du

La-brusca .

Cette note vous permet de conclure qu'à l'heure actuelle la viticulture peut être introduite non seulement dans la province de Tambov, mais aussi dans l'Oural et en Sibérie.

Ces constatations sont d'une importance primordiale pour l'obtention de nouvelles variétés de plantes fruitières issues de semis, car, selon toute vraisemblance, elles concernent non seulement la vigne, mais aussi toutes les autres espèces de plantes fruitières. Donc, si l'homme n'est pas encore arrivé

COMMENT CULTIVER LES ARBRES FRUITIERS DANS L'OURAL 515 à vaincre la nature, bien qu'aujourd'hui certains prétendent le contraire avec vantardise, il trouve presque toujours une issue à chaque situation difficile.

Je signalerai pour terminer deux de mes variétés de cerisiers résistantes

Dans le document POIRIERS BEURRÉ (Page 141-144)