5.5 Propri´et´es tribologiques des CIGs-alcalins
5.5.2 Essais tribologiques sur substrat de saphir
Avant tout, des tests tribologiques sont effectu´es sur le substrat vierge. Les
carac-t´eristiques des billes et des plans en saphir sont pr´esent´ees dans les tableaux 5.13 et les
nouveaux param`etres op´erationnels, dans le tableau 5.14. Dans ces conditions, le diam`etre
du contact de Hertz vaut 70 µm, la pression maximale, 2 GPa et la pression moyenne est
de l’ordre de 1,3 GPa. Notons que la rugosit´e de ces ´el´ements est tr`es inf´erieure `a celle des
plans et des billes en acier. En effet, les mesures au profilom`etre optique montrent que la
rugosit´e moyenne (S
a) est ´egale `a 13 nm. Ces conditions de surface vont rendre difficile le
d´epˆot par beurrage.
Diam`etre du plan 20 mm Module d’Young (E) 380 Gpa
´
Epaisseur du plan 2 mm Module de Poisson (ν) 0,3
Diam`etre de la bille 9,5 mm Duret´e Vickers (HV) 25-30 GPa
Tab.5.13: Caract´eristiques m´ecaniques et g´eom´etrie des ´el´ements en saphir.
Charge appliqu´ee (F
N) 5 N Diam`etre du contact de Hertz (a) 70µm
Pression maximale (P
0) ∼2 Gpa Pression moyenne (P
m) 1,3 Gpa
Vitesse de glissement (v
g) 3 mm.s
−1Temp´erature (T) 25˚C
Tab.5.14: Param`etres op´erationnels dans le cas d’un couple bille/plan en saphir.
Les tests tribologiques montrent que le saphir a un coefficient de frottement compris
entre 0,24 et 0,30. Sur l’essai pr´esent´e en figure 5.48, au d´epart, le coefficient de frottement
est faible puis augmente tr`es rapidement jusqu’`a un maximum de 0,4 puis progressivement
pendant un vingtaine de cycles. Apr`es cette p´eriode de rˆodage,µatteint une valeur stable
de 0,24 qui est maintenue durant des dizaines de cycles.
En pr´esence d’´ether de p´etrole (Fig. 5.49), le coefficient de frottement est plus faible et
sa mesure est comprise entre 0,14 et 0,15 . Une fois l’´ether de p´etrole ´evapor´e,µaugmente
jusqu’`a 0,18, cette ´etape peut durer jusqu’`a 100 cycles, sans jamais remonter aux valeurs
obtenues sous argon sec. Il est probable qu’un r´esidu du processus de s´echage soit pr´esent
`a la surface du saphir et contribue `a la stagnation du coefficient de frottement `a cette
valeur.
Fig. 5.49: Essais tribologiques d’un substrat en saphir en pr´esence d’´ether de p´etrole.
Ces nouvelles donn´ees serviront de r´ef´erence pour les tests tribologiques qui vont ˆetre
effectu´es avec 3 des 4 CIGs-A de notre ´etude, en effet, aucun r´esultat ne sera pr´esent´e
avec CsC
8car nous n’en disposions plus au moment d’effectuer ces exp´erimentations.
Essais tribologiques avec LiC
6Rappelons que le compos´e d’intercalation au lithium a ´et´e pr´epar´e `a partir de HOPG.
Une fine paillette de LiC
6fraˆıchement cliv´ee, et donc d´ebarrass´ee des produits de
r´educ-tion de l’´electrolyte, est coinc´ee entre le plan et la bille en saphir, et une paillette t´emoin
est conserv´ee au cours de l’essai afin de v´erifier la coloration du CIG-A. Le film est
dif-ficilement applicable sur l’alumine. Les coefficients de frottement mesur´es sont de 0,10
et on atteint parfois, durant plusieurs dizaines de cycles, des minima allant jusqu’`a 0,07
(Fig. 5.50). Apr`es les tests l’´echantillon t´emoin demeure jaune m´etallique. Ces donn´ees
sont comparables `a celles obtenues sur l’acier et montrent `a nouveau la bonne durabilit´e
de ce compos´e.
5.5. PROPRI ´ET ´ES TRIBOLOGIQUES DES CIGS-ALCALINS 121
Fig. 5.50: Essais tribologiques sur un substrat en saphir et sous argon deLiC
6. Le trait pointill´e repr´esente
le coefficient de frottement moyen mesur´e pour le graphite sous argon.
La figure 5.51 est caract´eristique des essais effectu´es avecLiC
6en pr´esence d’´ether de
p´etrole. Alors que dans le cas du graphite on constate une diminution du coefficient de
frottement de 0,30 `a 0,12 ; dans le cas de LiC
6l’ajout d’un hydrocarbure l´eger ne modifie
pas consid´erablement les propri´et´es r´eductrices de frottement, et les mesures sont de l’ordre
de 0,10 ; parfois 0,09. Le film est maintenu dans le contact durant une cinquantaine de
cycles, et mˆeme apr`es l’´evaporation de l’hydrocarbure cette valeur est conserv´ee parfois sur
plus de 100 cycles. Le compos´e d’intercalation t´emoin garde sa couleur jaune m´etallique
pendant l’essai et mˆeme au-del`a.
Fig. 5.51: Essais tribologiques sur un substrat en saphir et en pr´esence d’´ether de p´etrole de LiC
6. Le
trait pointill´e repr´esente le coefficient de frottement moyen mesur´e pour le graphite sous argon
et en pr´esence d’´ether de p´etrole.
Essais tribologiques avec KC
8`
A l’instar des tests avec LiC
6, une paillette de KC
8a ´et´e coinc´ee entre la bille et le
plan en saphir pour r´ealiser les tests. Comme le montre la figure 5.52, les tests d´ebutent
g´en´eralement avec un coefficient de frottement faible compris entre 0,10 et 0,12 durant 5
`a 10 cycles. Puis µ augmente vers des valeurs sup´erieures `a celle mesur´ees sur le saphir
vierge, ces valeurs sont souvent d’environ 0,4.
Fig. 5.52: Essais tribologiques sur un substrat en saphir et sous argon deKC
8. Le trait pointill´e repr´esente
le coefficient de frottement moyen mesur´e pour le graphite.
Avec l’´ether de p´etrole (Fig. 5.53), le coefficient de frottement est r´eduit jusqu’`a 0,06
durant pr`es de 10 cycles et augmente vers 0,13 progressivement. Cette derni`ere valeur se
maintient apr`es ´evaporation de l’hydrocarbure. La pastille t´emoin pr´esente un compos´e
de couleur mordor´ee `a la fin des tests.
Fig. 5.53: Essais tribologiques sur un substrat en saphir et en pr´esence d’´ether de p´etrole deKC
8. Le
trait pointill´e repr´esente le coefficient de frottement moyen mesur´e pour le graphite en pr´esence
d’´ether de p´etrole.
5.5. PROPRI ´ET ´ES TRIBOLOGIQUES DES CIGS-ALCALINS 123
Essais tribologiques avec RbC
8Le coefficient de frottement de RbC
8est mesur´e avec une valeur faible au d´ebut de
l’essai mais qui se maintient rarement plus de quelques cycles, le coefficient de frottement
se stabilise par la suite autour de 0,25 jusqu’`a la fin des tests, ce qui semble ˆetre la valeur
du coefficient de frottement du saphir sous argon. Les nouvelles conditions op´erationnelles
n’ont apparemment pas permis de former de film de RbC
8pr´esentant une bonne tenue
sur le substrat en alumine `a partir de compos´es en poudre.
Fig. 5.54: Essais tribologiques sur un substrat en saphir et sous argon deRbC
8. Le trait pointill´e
repr´e-sente le coefficient de frottement moyen mesur´e avec le graphite sous argon.
L’adjonction d’´ether de p´etrole conduit `a un ph´enom`ene en 2 ´etapes (Fig. 5.55) :
– Au d´epart,µ est faible, environ 0,12 ; et cela durant moins de 10 cycles.
– Puis µse stabilise `a 0,20.
Aucune ´evolution du coefficient de frottement n’est constat´ee apr`es l’´evaporation de l’´ether
de p´etrole. Le compos´e d’intercalation a conserv´e sa couleur caract´eristique au cours de
ces 2 essais, sous argon et en pr´esence de l’hydrocarbure aliphatique.
Fig. 5.55: Essais tribologiques sur un substrat en saphir et en pr´esence d’´ether de p´etrole deRbC
8. Le
trait pointill´e repr´esente le coefficient de frottement moyen mesur´e pour le graphite sous argon
et en pr´esence d’´ether de p´etrole.
Analyses des tribofilms par spectroscopie Raman
L’acquisition des spectres Raman est effectu´ee avec des plans en saphir sur lesquels
les compos´es purs KC
8etRbC
8ont ´et´e d´epos´es par beurrage, ces plans sont conditionn´es
dans une cellule herm´etique pour ´eviter toute d´egradation des mat´eriaux par l’atmosph`ere
ambiante.
Des analyses spectroscopiques sont tout d’abord r´ealis´ees `a temp´erature ambiante sur
des films initiaux et des films frott´es de RbC
8.
Fig. 5.56: Spectres Raman de RbC
8apr`es d´epˆot
sur un substrat en saphir. Les spectres
sont enregistr´es `a T≈120 K.
Fig.5.57: Spectres Raman de RbC
8apr`es
frot-tement sur un substrat en saphir. Les
spectres sont enregistr´es `a T≈120 K.
Avec des films beurr´es (Fig. 5.56), on observe 2 vari´et´es de spectres, les premiers avec
une raie unique, localis´ee vers 1600 cm
−1, et les seconds pr´esentent en plus de cette raie
proche de 1600 cm
−1, une bande dont le profil assym´etrique rappelle la bande typique de
RbC
8. En se r´ef´erant aux travaux de Eklund et al. [130] [129], on peut consid´erer que le
film d´epos´e sur le substrat est constitu´e d’un m´elange de RbC
8et de compos´es de stade
sup´erieur `a 1. Les spectres r´ealis´es dans les traces d’usure, dont l’un d’eux est illustr´e
dans la figure 5.57, r´ev`elent la pr´esence de bandes associ´ees au pics des modes G et D du
graphite. Apr`es frottement, il y a apparition de graphite dans le contact. Le rapport de
l’intensit´e des pics D et G (R=
IDIG