d' huiiianité et
de compassion pour
les vaincus, leursennemis, mais
chrétiens. Ils cessòrentde
tuerceux
qui leurtombaient
entre lesmains
et se contentèrentde
Ics faire prisonniers.
Lorsque
lesAllemands
s'en aper-curent et virentque
lesrégimens
espagnolsne
sui-vaient plus ce qu'ils appelaient les loisde
la guerre,ils
commencèrent
a lessoupconner de
traliison.Les
ollì-clers espagnols,pour
les dissuader, leur firent observerque
la ville était prise etabandonnée
parceux
qui au-raient dii la défendre;qu
il n'y
avait rien a craindrede
leur part;que comme
les habitans avaient enfoui ce qu' ils avaient de plus précieux, il fallait laisser la#« cr_ a>M
'((IO
on
Q^vie à
ceux
qui pourraieiit aider à le découvrir.Lcs AUe-mands
se rendirent à cette raison.De
leiir coté, ils semirent
à arrcter les passantsou
les Romaiiis qu' ilstrouvaient sur le seuil
de
leurs portes et qui leurde-mandaient
merci; ils les contraignaient à leur ouvrir leurs appartemeiis, d'où
ilscmportaient
ensuite tout ce qui était à leur convenance.Ils
ne
se bornèrent pas à ces vols; ils violaient indiffcremmeiit toutes lesfemmes
qu'ils rencoiitraient.Leurs
prisonniers étaienttémoins de
cetabus
efFrénéde
la victoire,mais
qui auraitpu
s'y
opposer? Per-soiine n' osaitseulement
élever la voix. Il ctaitdéfendu de
pleurer sur des calamités qui eusseiit attendri descamrs de
roche et touché des impies.Ces
barbares n'avaientde
coiisidération nipour
l'eleva tiondu
lang, ni polir la noblessedu
sang, nipour
les prièresde
la beauté, ni poiir leslarmes
desmères:
leurs coeurs étaient fermés à toutsentiment
d'humanité. On
voyait les filles se jeterdans
les brasde
leursmères
infortu-nées et celles-ci, lescheveux
épars, saisir les soldats par la barbe, par lescbeveux, pour
lesempécber de consommer
le crime. EfForls inutiles! Toutes ces sup-plications et cette résistancene
faisaient qu'irriter leur rage. Ils les déshonoraientV une
ajìrès l'autre et les tuaient ensuite, sous lesyeux
des pòres ou desmaris
qu'ils retenaient garrottés. Ceux-ci glacés d'efFroi à cet borrible spectacle, n'avaient plusde larmes
aré-pandre,
plus de voixpour
se plaindre. Ils le contem-plaient,d'un
oeil fixe,inanimés comme
des statues;quelques
mères ne pouvant
soutenir cette vue, seere-j5S« t;q QHJi
yèrent les
yeux
avec les doigts: d'autres se relirèrentdans
les caves souterraines où, persoiiiie ii'osant leur porterdu
secours, elles périrent d'inanition.Les maisons
particulières n'étaient pas le seul théatrede
ces scèiies abomiiiables; elles se passaient ancoredans
lestemples
saints,dans
les chapelles con-sacrées àDieu, où
desdames
et denioisellesde
tout rang, jetant des cris percans et fondanten
larmes,s'étaient réfugiées, pleines d' espérance
dans
la pro-tection divine.Maintenant aucune
forcehuinaine ne
pouvait lesmettre
aFabri du
danger. Ellesy
furent découvertes par les hérétiques,aux
quels se joignirent bientót les italiens, et essuyèrent leméme
traitementque dans
les habitations particulières.Au
milieude
la stupeur generale,on remarqua cependant
quelques traitsde
fermeté roniaine. Plu-sieurs pères;un poignard
à lamain,
préférèrentim-moler
leurs mallieureuses filles, plutótque
de les lais-sertomber
entre lesmains du vainqueur;
mais,on
frémitde
le dire, ilsne purent
pas toujours par là les préserverde Y
outrage.Les couvens de
Religieusesne
furent pas plus épargnésque
les églises.Ces audacieux contempteurs
des objets respectés par les fidèles, entrèrentcomnie
des loups enragésdans une
bergerie, et transformè-rent ces retraites sacrées,en un
lieude
débauches,où
ils assouvissaient par les obscénités les plus révoltantes leur atroce brutalité. Ils mettaient le feu partout
où
manquait
le butin, et partoutoù
les liabitans fai-saientmine
de se défendre.vm
09
«^On
eùt flitque
cette ville magnillque, siègedu
chef visiblede
l'Église, si souvent le théatre des plus brillaiis triomphes,de
la gioire la plus eclatante, était destinée depuis des siècles à devenir la proiede
ces sauvages. Lorsqu' ils eurentun peu
apaisé leur soifde
sang, ils portèrent leur attention sur lesimmenses
richesses des lieux saints.
Les
luthériens qui compo-saienten grande
partie cettearmée,
pouvaientne
se croire tenus àaucune
espècede niénagemens. A
peine avaient-ilsmis
le pieddans une
église, qu' ils porLaient leursmains
ensanglantées sur les calices,iniages, croix,ou
vases précieux qui frappaient leurs regards. S' ilstrouvaient des reliques, ils les jetaient par terre
d'un
air
de
dédain.ComLien
n'en
aurait-on pas perdu, side
pieux romains,témoins de
cette profanation, n' eus-sent rasseniblé avec soin ces vénérables restes,ne
les eussent cachés et emportés,pour
les rendre plus tardaux
propriétaires! Ils détachaient desmurs
lesimages
des Saints qui les ornaient,
pour
les salir, les déchirer,ou
les brùler. Ils barbouillaient les peintures à fresque.Quelques uns
d'entreeux
allèrentdans
les sacristies se revétir des habits sacerdotaux, et,montant
surTau-tel, ils officiaient, par dcrision,
comme
des Ministresde
la religion;seulement au
lieude
prières, ils profé-raient d'horribles blasphémes.Dans
la rueou
rencontrait àchaque
instant des valets d'armée
qui portaient des paquetsde
chasublesou
autresornemens richement
brodés, des chandeliers, des vases d'or et d'argent.A^«! ^in S%
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OO
«^Aìlleurs des scènes plus déplorables épouvantaieiit les regards. Oli yoyait des
Espagnols
et desAUemauds
contraiiidre à coiips
de
bàtoli, des prisoiiniers de tout àge etde
tout raiig, à regagner leurs demeiires déjà pillées et ravagéesde
foiid eii comble. IIs lesy
enfer-maient pour
tacher d'eii tirer eiicorede
l'argeiit.Là on
apercevait sur lepavé grand nombre
d' habitans étendus saiis vie, couvertsde
faiige etde
sang. Ils s'étaieiit fait tuer eii voulaiit resisterau
vaiiiqueur.Panili
eux on
décoiivrait plusieurs blessés qui respi-raient eiicore,mais
qui, oubliés et négligésde
tout lemonde,
étaientcondamnés
à perir, fautede
secours,Au
milieudu
désordre,on
voyait souventun
hoiiime,une
feninie ouun
enfant, se précipiterdu
liaut
de
leurmaison dans
la rue, préféraiit niourir mutile sur le pavé,que de tombcr au
pouvoirde
ces troupes féroces. Quelquefois e'étaient les soldatseux-mémes
qui les lancaieiit par la fenétre. Siquelque
mallieureux parvenait à s'enfuir, il était aussitót pour-suivi, atteint et égorgé; spectacle d'liorreur qu'on ne
peut raconter saiis tressaillir!Les
vainqueurs n'avaient pas plus d'égard àun
parti qu'à
V
autre etne
traitaient pas niieux leurs coiiipatriotes, établis depuis longues aiinées àRome, que
les courtisans et prélats romains. Ils n'épargnaient pasnon
plus lesAmbassadeurs
des Rois, et bieiimoins
eiicore les Gardiiiaux qui se fiaiit trop à leur atta-cheiiient coiiiiu
pour
le partide l'Empereur,
à leur rang et à leur popularité, avaient cru pouvoir restersaiis clanger
dans
leurs paiais et s'attendaientméme
à des distiiictioiis. Ilsy
fureiit faits prisoniiiers avec tousceux
qui s'étaieiit reiidus prèsd'eux, dans
1' espoir d'y
trouverun
asile.Je citerai ici
un
traitde
cruauté, qui aun
coté risible, et qui peut faire jugerde
la dispositionde
ces esprits transportésde
fureur.Tandis que
ces troupes diverses cuuraient cà et là, aniniéesseulement du
desirde
voler, détruire et tuer, et pénétraient tantòtdans
tei atelier, tantòt
dans
telle boutique,une
dixaine d'Espagnols
était entréedans un
niagasin.Au
milieude
diiiérens paqucts se trouvaun
sacenorme, rempli de
liards,que
ces forcenés, aveugiés par la cupidité, prirentpour un
sac d'écus d'or.Dès
qu'ils se furentcommuniqués
entreeux
leurs avis sur cetteimportante
découverte, ils veillèrent à ceque personne ne pùt
pé-nétrerdans
lamaison,
nidemander
à entreren
par-tage; ils voulaient se réserver àeux
seuls ce trésor précieux.Une compagnie d'Allemands
passaitdans
le voisinage, etvoyant que ceux
qui étaientdans
l'inté-rieurde
cettemaison ne
voulaient pasméme
les lais-serapprocher de
la porte, ilsne
doutèrent pasun mo-ment
qu'il n'y
eut là cjuelque riclie butin,dont
lesKspagnols ne
voulaient pas leur faire part. Afinde ne
pas perdre detemps,
parcequ'ilsen
sentaient tout le prix, ib dirigèrent des coupsde
fusil contro la mai-son,y
jetèrentde
lapoudre
ety mirent
le feu,en
disant qu'il n' était pas juste
que
desAUemands
rem-portassent la victoire etque
desEspagnols en
recueil-lisscnt le fruit.Avant
de s'en
aller, ils laissèrent la^« f\^ Wà:
boutique eiiflamniée; elle fut consuniée avec
un
graiul iiombrede ccux
qui étaient dedans; juste punitioii d'une
insatiable cupidité!Elitre différens bijoux qu'avait sur ses