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Chapitre II Gestion de Flux par Systèmes Multiagents : Application en Epidémiologie

II. Le Problème Epidémiologique

II.2. Epidémiologie de la Cryptosporidiose

II.2.1. Cycle Biologique de Cryptosporidium sp.

Les oocystes8 du genre Cryptosporidium sont des éléments sphériques. Leur taille est comprise entre 4 et 7 µm de diamètre selon l'espèce incriminée. C’est cette petite taille qui leur permet de passer au travers des filtres des stations d’épuration. Ils sont localisés dans la lumière intestinale. Les oocystes à paroi épaisse (double paroi) sont l'aboutissement du cycle sexué et sont excrétés dans les selles des malades. Emis dans l'environnement, ils sont directement infectants et assurent la dissémination de la maladie.

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Des exemples de transmissions à partir de C. parvum (espèce des mammifères) ont été décrits chez des agneaux (Giles, Webster, Marshall, Catchpole, & Goddard, 2001; Tzipori, Angus, Campbell, & Gray, 1982; Tzipori, Angus, Gray, Campbell, & Allan, 1981 a), des porcelets (Tzipori, McCartney, Lawson, Rowland, & Campbell, 1981 b) et des chats (Parlasek, 1983). Des infections de poulets ont été étudiées à partir de Cryptosporidium isolés de dindes (Lindsay, Blagburn, & Hoerr, 1987; Lindsay, Blagburn, Sundermann, & Hoerr, 1989; O'Donoghue, Tham, de Saram, Paull, & McDermott, 1987) mais aussi de veaux (Parlasek, 1983). Des infections de poissons à partir de C. parvum ont également été testées (Freire-Santos, Vergara-Castiblanco, Tojo-Rodriguez, Santamarina-Fernandez, & Ares-Mazas, 1998). De plus, des cas d'infections naturelles par C.felis, C. muris, C. meleagridis et C. canis ont été retrouvés chez l'homme (Guyot, et al., 2001; Pedraza-Diaz, Amar, & McLauchlin, 2000; Xiao, et al., 2001).

9 5 | P a g e La Figure II.1 reprend le cycle biologique du parasite selon lequel il se multiplie. Nous développons ensuite ce cycle en expliquant chaque étape.

Figure II.1 : Cycle Biologique de Cryptosporidium parvum d'après Heyworth MF (Heyworth, 1992)

A partir d'un oocyste, quatre sporozoïtes sont libérés et parasitent les microvillosités11 des cellules épithéliales intestinales ou des cellules respiratoires de leur hôte. Ces sporozoïtes adhèrent à la surface des cellules épithéliales. Ils invaginent la membrane cellulaire pour créer une sorte d’alcôve ou d’excroissance cellulaire appelée vacuole parasitophore, devenant ainsi un parasite intracellulaire. Chaque sporozoïte se différencie en trophozoïte puis méronte. La multiplication asexuée, appelée mérogonie, résulte de la division des mérontes, donnant ainsi naissance aux mérozoïtes.

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Les microvillosités sont de fins prolongements cellulaires de forme cylindrique d'environ 1 micromètre de long. Ce type de structure permet une optimalisation de la surface d'échanges impliqués dans le processus d'absorption, en l’occurrence au niveau intestinal ou respiratoire.

Macrogamonte Oocyste Méronte de type I Trophozoïte Sporozoïte Méronte de type II Mérozoïte Mérozoïtes Gamétocyte indifférencié Microgamonte Microgamètes Zygote Oocyste à paroi fine Oocyste à paroi épaisse

9 6 | P a g e Les mérozoïtes de première génération, issus des mérontes de type I (à 8 noyaux) pénètrent à l'intérieur de nouvelles cellules hôtes. Ces mérozoïtes sont alors capables de produire de nouveaux mérontes de type I ou d'évoluer vers des mérontes de seconde génération (type II) contenant quatre mérozoïtes. Les mérozoïtes en question issus de cette dernière génération subissent, à l'intérieur des cellules, une différenciation sexuelle pour donner naissance à des macrogamontes ou à des microgamontes. La fécondation a lieu dans la cellule épithéliale suite à la libération de microgamètes12 par les microgamontes et à l'union des macrogamontes et des microgamètes. Le zygote13 ainsi formé sécrète une paroi pour donner un oocyste. Deux types d'oocystes peuvent alors être distingués : les oocystes à paroi « épaisse » qui seront émis vers le milieu extérieur et les oocystes à paroi « fine » qui ne sont jamais observés dans les selles ou dans l'environnement. Mis en cause dans le cycle d'auto-infection, ces derniers libèrent leurs sporozoïtes dans l'intestin du sujet infecté. Ils prolongent ainsi la durée de l'infection. Ci-contre quelques photos de Cryptosporidium parvum reprenant son cycle de développement que nous venons de détailler.

Figure II.2 : Photos du Développement de

Cryptosporidium parvum (Follet, 2005)

A :(a) Oocystes b) Sporozoites avant inoculation d’une cellule (c) Sporozoites 2h30 post inoculation (p.i.) (d) Trophozoites 24h p.i. (e-f) mérontes Type I 24h and 48h

p.i. (g) Mérozoites enkystés de méronte 48h p.i. (h) mérontes Type II 48h p.i. (i) mérontes Type II et microgamontes 72h p.i. (j) méronte et microgamonte

96h p.i. (k) oocystes 1 semaine p.i. B : (a-b) Sporozoites apparaissant sous la forme de bananes vertes fluorescentes. Oocysts apparaît sous la forme d’un point rouge fluorescent. (c) Trophozoites 24h

p.i. (d-e) mérontes Type I 24h and 48h p.i. (f) mérontes Type II 48h p.i. (g) Stade atypique du développement 48h p.i. (h) mérontes Type I et oocyste 1 semaine p.i.

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Un gamète est une cellule reproductrice de type haploïde. Une cellule biologique est diploïde lorsque les chromosomes qu'elle contient sont présents par paires (2n chromosomes). A l’inverse,

haploïde est un terme désignant les cellules avec des chromosomes en simple exemplaire (n

chromosomes). 13

Un zygote, ou cellule œuf, est une cellule diploïde résultant de la réunion de deux gamètes haploïdes par le processus de fécondation.

9 7 | P a g e II.2.2. Aspect Clinique de la Cryptosporidiose

La période d'incubation chez l'Homme s'étend entre 2 et 14 jours.

Chez l'hôte immunocompétent, les symptômes les plus courants sont des diarrhées abondantes et aqueuses (de 3 à 10 selles par jour pendant 3 à 12 jours), des douleurs abdominales, des nausées et vomissements, éventuellement une fièvre modérée (Datry, 1995). Il peut s'en suivre une perte de poids, mais la guérison spontanée intervient en moins de 3 semaines. Une personne apparemment guérie peut cependant continuer à excréter des oocystes de façon asymptomatique pendant plusieurs semaines.

Selon les facteurs individuels de l'hôte, la cryptosporidiose peut être plus ou moins sévère. Ainsi, les enfants en bas âge sont les plus souvent atteints par cette pathologie (Casemore, 1993). Le jeune âge et la malnutrition sont des facteurs aggravants pouvant être à l'origine d'une déshydratation sévère nécessitant une réhydratation parentérale14. Chez l'hôte immunodéprimé, la sévérité de l'infection dépend du degré d’immunodépression des patients. Dans le cas de déficits immunitaires importants, l'infection est chronique et sévère (Flanigan, et al., 1992; Pozio, et al., 1997). Chez les sidéens notamment, la cryptosporidiose peut fréquemment évoluer vers une forme chronique grave : les diarrhées s'aggravent progressivement et la perte de poids peut atteindre 50% du poids initial. De même, l'affaiblissement des défenses immunitaires favorise l'extension de la maladie à d'autres épithéliums que l'épithélium intestinal. Ainsi, chez des individus fortement immunodéprimés, une dissémination extra-intestinale du parasite est possible.

14 L'administration faite au moyen d'une injection est appelée voie parentérale, en opposition à la voie entérale qui désigne l'administration faite par l'intermédiaire du tube digestif. La nutrition

parentérale apporte une alimentation complète diffusée par une perfusion d'un soluté hypertonique

9 8 | P a g e Il n'existe actuellement aucun traitement spécifique réellement efficace contre la cryptosporidiose. Seul un traitement symptomatique par des antidiarrhéiques peut être prescrit dans les cas les plus critiques, toujours associé à une réhydratation et

parfois une alimentation parentérale14. Cependant, chez les patients

immunodéprimés, l'efficacité des médicaments reste très variable en fonction des individus.