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Chapitre II Gestion de Flux par Systèmes Multiagents : Application en Epidémiologie

II. Le Problème Epidémiologique

II.3. Dispersion et Transmission de la Cryptosporidiose

Cryptosporidium sp. est un pathogène largement répandu au sein de la faune

sauvage et chez les jeunes enfants. Nous avons vu que, chez l'homme, l'infection par

Cryptosporidium est généralement décrite comme maladie opportuniste15. Le parasite représente, en effet, une menace pour les patients sidéens ou immunodéprimés. Cependant, des études menées dans les années 90 montrent l'importance de ce parasite comme une cause de gastroentérite sporadique mais importante chez des sujets immunocompétents, en particulier chez des enfants (Bretagne, Jacovella, Breuil, Guillot, Liance, & Houin, 1990).

La cryptosporidiose est une maladie à mode de transmission féco-orale. L'ingestion d'une quantité relativement faible d'oocystes suffit pour installer l'infection. D'après les résultats de recherches publiées, la dose minimale infectante chez les animaux varie entre 10 et 100 oocystes (Ernest, Blagburn, Lindsay, & Current, 1986).

Le risque de contracter une infection à Cryptosporidium varie également selon la réceptivité de l'hôte potentiel qui est fonction de son âge, de son état immunitaire, des antécédents d'exposition et d'autres facteurs génétiques et environnementaux.

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Une maladie opportuniste est une maladie due à des germes habituellement peu agressifs mais qui sont susceptibles de provoquer de graves complications en affectant des personnes ayant un système immunitaire très affaibli.

9 9 | P a g e II.3.1. Les Animaux et la Dispersion de Cryptosporidium

La présence de Cryptosporidium parvum est décrite chez les mammifères domestiques (bovins, caprins, ovins, chevaux, porcs, chiens et chats) et chez certains mammifères sauvages (sangliers, cervidés, rongeurs). Les données épidémiologiques concernant la cryptosporidiose chez l'animal sont étroitement liées à l'importance économique du bétail, particulièrement les ruminants.

Pour cette raison, nous allons nous focaliser par la suite sur les animaux d’élevage et plus particulièrement sur l’espèce bovine.

En effet, dans les troupeaux de zones d’élevage, une fréquence élevée du parasite est mise en évidence (Tableau II.2). Les données du Tableau II.2 montrent la diversité des élevages atteints et la présence de l'infection sur les différents continents. Les prévalences16 les plus élevées sont observées chez les animaux les plus jeunes, jusqu'à 81% pour de jeunes veaux et 59% pour des agneaux en Espagne ou encore plus de 30% pour des chevreaux au Sri Lanka.

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En épidémiologie, la prévalence est une mesure de l'état de santé d'une population à un instant donné. Pour une affection donnée, elle est calculée en rapportant à la population totale, le nombre de cas de maladies présents à un moment donné dans une population.

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Tableau II.2 : Prévalence de Cryptosporidium sp. chez des Mammifères d’Elevage dans le Monde (Follet, 2005).

La variable « n » représente le nombre d’individus testés pour chaque prévalence.

Chez les bovins, les cryptosporidies sont impliquées comme agents pathogènes majeurs dans les diarrhées du veau nouveau-né (Panciera, Thomassen, & Garner, 1971). Dans la plupart des cas, chez les bovins adultes, l'infection reste asymptomatique. Ces animaux peuvent représenter des sources parasitaires pour les autres espèces de mammifères réceptives. Des cas de contamination humaine à partir de l'espèce bovine ont d'ailleurs été rapportés (Konkle, Nelson, & Lunn, 1997; Preiser, Preiser, & Madeo, 2003).

Pays Type de bétail Prévalence

A m ér ique du N or d USA Chèvres 29% (n=19) USA,

Californie Bovins âgés de 1 à 11 mois 3,9% (n=915)

USA, Maryland

Bovins âgés de plus de 6 mois Bovins âgés de plus de 1 an 20,7% (n=184 sur 3 fermes) 4,7% (n=43 sur 3 fermes) Canada Moutons 24% (n=89)

Bovins âgés de plus de 6 mois 9% (n=54)

Europ e Espagne Chèvres 11% (n=367) Agneaux 59% (n=583) Moutons 15% (n=2204) Espagne Veaux âgés de 2 à 36 jours 81% (n=26)

Veaux sevrés âgés de 1,5 à 4,5 mois 15% (n=34)

Génisses de 20 à 24 mois 0% (n=41)

Espagne Bovins adultes

17,8% (n=225) 1,4% (n=141) 70,2% (n=131)

Ecosse Bovins adultes 62,4% (n=553)

19% (n=109) Italie Moutons 12% (n=156) Chèvres 19% (n=42) Pays d ive rs Iran Moutons 4% (n=433) Sri Lanka

Chevreaux de moins de 6 mois Chevreaux entre 7 et 12 mois Chèvres âgées de plus d'un an

Environ 33% (n=558) Environ 31% (n=133) Environ 20% (n=329)

1 0 1 | P a g e Bien que C. parvum soit retrouvé en combinaison avec d'autres pathogènes du veau, de nombreuses données montrent qu'il peut agir comme un pathogène primaire chez les bovins (Naciri, Lefay, Mancassola, Poirier, & Chermette, 1999). De plus, en France, selon les études et les régions, la prévalence varie de 18% à 60%. L'expression clinique sous forme de diarrhée est rapportée entre 5% et 90% des cas (Follet, 2005).

II.3.2. L’Homme et la Dispersion de Cryptosporidium

Cryptosporidium sp. est considéré comme le 4ème agent responsable de diarrhées infectieuses chez l'homme. La majorité des données provient d'épidémie ou de cas individuels rapportés dans les publications médicales ou scientifiques. Il est difficile d'établir des données épidémiologiques à partir de ces études, celles-ci étant effectuées à partir de critères différents. Si certaines études montrent qu'environ 80% de la population des U.S.A. ou de la population italienne aurait déjà été exposée au parasite (Frost, Muller, Craun, Lockwood, & Calderon, 2002; Weir, Pokorny, Carreno, Trevors, & Lee, 2001), d'autres études menées aux U.S.A. et en Europe affichent des taux plus faibles compris entre 25 et 35% (Datry, 1995; Rose & Slifko, 1999).

Les estimations montrent une prévalence d'infection plus importante dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés. Dans ces pays, les populations présentant les plus grands risques sont les enfants en bas âge, les personnes malnutries et une partie des individus immunodéprimés tels que les sidéens.

La prévalence de la cryptosporidiose chez l'adulte immunocompétent est difficile à évaluer. Dans les pays en voie de développement, la prévalence de cette parasitose est comprise entre 1 et 10 % suivant les pays étudiés.

1 0 2 | P a g e Chez l'enfant, la prévalence est plus importante que chez l'adulte, surtout chez les moins de deux ans. En France, peu de données épidémiologiques sont disponibles. Une étude réalisée en 1987 chez 260 enfants de crèche présentant une diarrhée a montré une prévalence de cryptosporidiose de 4.2% (Brasseur, Lemeteil, & Mallet, 1987). En 1990, lors d'une épidémie de gastro-entérite survenue dans une crèche hospitalière, la prévalence atteint 21% alors qu'elle était de 5% en dehors de l'épisode épidémique (Bretagne, Jacovella, Breuil, Guillot, Liance, & Houin, 1990). Après avoir été classée comme une infection opportuniste15 passagère, la cryptosporidiose est, à présent, considérée comme une source majeure de diarrhée infantile avec 20% de l'ensemble des cas des pays développés (Mosier & Oberst, 2000).

Chez l'hôte immunodéprimé, les études de prévalence et d'incidence de la cryptosporidiose au cours de l'infection par le VIH sont un peu plus nombreuses que chez les sujets non immunodéprimés mais sont assez hétérogènes (population définie différente, stade de la maladie…). Il est donc difficile d'avoir des bases de comparaison. En France, les quelques études réalisées avant 1996 (date d'introduction des multithérapies anti-rétrovirales) rapportent des prévalences très variables (9 à 34%) sur des effectifs modestes (80 à 200 patients). Après 1996, la seule étude disponible chez 618 patients infectés par le VIH, sans distinction de stade, montre une prévalence de 3,1%. Dans les autres pays, la prévalence serait de 11% en Grande-Bretagne, 16% aux U.S.A., 15% au Burundi, entre 22 et 31% au Zaïre et 41% en Haïti (AFSSA 1: Derouin, Eliaszewicz, Pouillot, & Roze, 2002).

Les estimations de fréquence des cas présentés dans le Tableau II.3 permettent d'évaluer l'impact de la cryptosporidiose dans les pays industrialisés. Peu de données sont actuellement disponibles pour les pays en développement. Les valeurs données tiennent aussi bien compte des cas sporadiques que des épidémies.

Le nombre de cas de cryptosporidiose indiqué par les différentes études est relativement homogène : il est compris entre 2,3 et 24 cas pour 100 000 habitants. Aux U.S.A. et aux Pays-Bas, les taux correspondent à environ 1% de l'ensemble des cas de diarrhées.

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Tableau II.3 : Exemple de Taux de Cryptosporidiose dans les Pays Industrialisés (Follet, 2005)