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entretiens semi-dirigés auprès de diplômés internationaux en médecine

Partie I : Introduction, problématique et méthodologie

Volet 1 entretiens semi-dirigés auprès de diplômés internationaux en médecine

des entretiens. À travers ces récits, différents thèmes d’intérêt pour la recherche ont été explorés : trajectoires prémigratoires (constitution de leurs projets professionnels et migratoires, soutien et conseils prodigués), trajectoires d’intégration professionnelle (via l’acquisition de scolarité ou expérience professionnelle dans des pays tiers, expériences professionnelles au Québec et soutien reçu, perceptions des services et du milieu de travail), perceptions liées à leurs trajectoires d’intégration professionnelle (importance de réintégrer leur profession à leurs yeux et vision de la réorientation professionnelle, accessibilité des services, etc.), projets futurs, vision de l’avenir et perception du chemin parcouru. La durée moyenne des entretiens a été de 1h45. Pour plus de confort, je proposais de les mener en français, anglais ou espagnol (6 ont été partiellement ou intégralement réalisés en espagnol, les autres en français).

Critères initiaux de sélection :

- Avoir complété des études universitaires en médecine hors du Canada et des États- Unis

- Être né(e) à l’extérieur du Canada - Résider au Québec depuis 3 à 10 ans - Parler français de façon fonctionnelle

- Être en emploi (médecin ou autre profession), aux études ou en recherche d’emploi

Dès le départ, je souhaitais rencontrer une proportion égale de médecins ayant réintégré leur profession ou s’étant réorientés professionnellement, résidant tant à Montréal qu’en région au Québec. Pour ceux en emploi, différents types d’institutions étaient visés : hôpitaux universitaires, cliniques, centres de recherche, laboratoire, entreprises privées, organismes à but non lucratif, etc. Ajoutons que les répondants pouvaient aussi bien travailler en milieu francophone qu’anglophone. Quant à elle, l’expérience professionnelle antérieure à la migration comme médecin étant un prérequis pour l’admissibilité au permis restrictif, il a été jugé préférable d’uniformiser ce critère; cet élément ne faisait pas partie des critères initiaux de sélection, mais a été précisé en cours de terrain. Une répartition équivalente en termes de genre (et idéalement en termes de groupes d’âge) était visée. La catégorie d’immigration ainsi que les origines nationales ou les pays d’obtention du diplôme n’ont pas été des critères

d’exclusion ou d’inclusion, une diversité des profils était recherchée avec une répartition plus ou moins équivalente entre pays occidentaux et non occidentaux.

Corpus principal détaillé :

Ce corpus réunit 15 femmes et 16 hommes, parlant français. Ils ont de 33 à 55 ans, la plupart sont dans la quarantaine au moment de l’entretien, ils ont migré en moyenne à l’âge de 35 ans. En termes de situation familiale, tous sauf 5 ont des enfants au moment de l’entretien (autant de réorientés que de requalifiés ont des enfants).

Ils sont tous immigrants reçus au moment de l’entretien (résidents permanents ou citoyens canadiens). Comme en témoigne la Figure 1 « Catégorie d’immigration initiale », leur premier visa d’entrée au pays est divers : 11 sont arrivés sur des visas temporaires comme étudiants (5) ou travailleurs (6), 20 sont entrés comme résidents permanents via le programme de travailleurs qualifiés sélectionnés5 (17), la réunification familiale (2) ou le statut de réfugié (1).

Ils se sont établis au Québec majoritairement dans les années 2000 (entre 1996 et 2009), depuis 6 ans en moyenne au moment de l’entrevue. Notre objectif initial était de rencontrer

5 Comme requérant principal ou conjoint du requérant principal.

Parrainé 2 (7%) Travailleur sélectionné 17 (55%) Réfugié 1 (3%) Visa de travail 6 (19%) Visa d’étudiant 5 (16%)

des personnes ayant immigré depuis 3 à 10 ans. Dans les faits, 7 répondants dont la durée de résidence est légèrement différente de ces objectifs ont été inclus : 1 était au Québec depuis 2 ans et demi, 4 depuis 11 ans , 1 depuis 12 ans, 1 depuis 14 ans.

Un élément temporel s’est avéré significatif en cours de route. En 2002, la médecine est retirée des professions inadmissibles à titre d’immigrant qualifié (voir Chapitre 1, rubrique 1.3.2.1). Cela simplifie l’accès à l’immigration permanente comme travailleurs qualifiés (quoique les médecins pouvaient immigrer avant 2002 sous une autre catégorie administrative, comme conjoint du requérant principal, ou sous les catégories réunification familiale ou humanitaire, ou bien avaient une promesse d’embauche au Québec comme professeur). Je me suis ajustée en conséquence et j'ai cherché à tenir compte de ce changement structurel important : 13/31 sont arrivés en 2002 ou avant; 18/31 sont arrivés après 2002. Le Tableau 1 « Périodes d’arrivée au Québec par nombre de répondants » en donne les détails.

À l’image du portrait diversifié de l’immigration au Québec, leurs origines et les pays d’obtention de leur diplôme de médecine sont très variés. Le pays d’obtention du diplôme de médecine a été retenu dans les analyses étant donné que le processus de reconnaissance ne tient pas compte de la citoyenneté ou de l’origine nationale, mais du lieu d’études. Cependant, les répondants nés au Canada étaient exclus (cf. critère d’immigration). À noter que pour 3 répondants, le pays de naissance est différent du pays d’obtention du diplôme. Leurs diplômes ont été obtenus dans 16 pays différents. En détails au Tableau 2, les « régions d’obtention du diplôme en médecine » sont :

5

8

10

8

1996-1999 2000-2002 2003-2005 2006-2009

Tableau 1. Périodes d'arrivée au Québec par

Tableau 2.

Régions d’obtention du diplôme en médecine Europe de l’Ouest

 France 8

Europe de l’Est

 Roumanie, Russie, Ukraine 3

Amérique latine

 Argentine, Chili, Colombie, Mexique, Venezuela 9 Antilles

 Cuba et Haïti 3

Maghreb

 Algérie et Tunisie 4

Afrique subsaharienne

 Burkina Faso, Côte d’Ivoire, République

démocratique du Congo 4

Les entretiens sont centrés sur les récits de vie professionnelle pré- et postmigratoire. Avant la migration, tous ont travaillé comme médecin. Tel que présenté dans la Figure 2 « Profession prémigratoire en médecine », les deux tiers étaient omnipraticiens (20/31), dont sept travaillaient en santé publique ou en administration de la santé; l’autre tiers était professeurs-chercheurs (5) ou médecins spécialistes (6).

Professeur- chercheur 5 (16%) Spécialiste 6 (19%) Généraliste 13 (42%) Généraliste - admin. santé/santé publique 7 (23%)

Figure 2.

Au moment des entretiens (voir Tableau 3 « Occupation principale au Québec »), la moitié (15) a réintégré la profession médicale au Québec (ou sur la voie de l’être) (les « requalifiés ») soit comme : professeurs (5), médecins spécialistes (2), médecins de famille (3), en résidence (4) et en démarches intensives pour l’accréditation (1). L’autre moitié (16) s’est réorientée professionnellement. Sauf une personne aux études supérieures en sciences sociales et une sans expérience professionnelle au Québec6, tous les « réorientés » le sont

en santé. Nous distinguons ces réorientés en deux sous-catégories : a) dans le domaine de la santé non clinique, soit les « réorientés niveau universitaire en santé » (11) tels que conseiller en pharmaceutique, en santé et sécurité, en bioéthique, professionnel de recherche, etc. (six de ceux-ci sont en poste suite à des études supérieures et cinq sont toujours aux études); b) dans le domaine de la santé clinique, comme techniciens (3).

Initialement, j’étais interpellée par la forte proportion de DIM occupant des positions de niveau universitaire, ce qui aurait pu être une limite à la recherche. Néanmoins, en observant leurs trajectoires professionnelles, étant donné que les deux tiers ont occupé un emploi autre que la médecine à un moment de leur parcours et dans la plupart des cas des postes de niveau non universitaire, cette situation s’explique par leur mobilité professionnelle ascendante au fil du temps.

6 Une mère avec de jeunes enfants.

Professeur Spécialiste Md de famille En résidence En démarche Sans expérience professionnelle Sc. sociales, études sup. Santé clinique technique Santé non clinique niv. univ. (étud. sup.) Santé non clinique niv. univ. (emploi)

MÉ DE CINE (1 5) RÉ OR IEN TÉ S (1 6) 5 2 3 4 1 1 1 3 5 6

Tableau 3. Occupation principale au Québec

Étant donné le plan de répartition des effectifs médicaux du Québec (PREM) où les nouveaux médecins sont souvent orientés en région en début de pratique (FMRQ 2009), des entrevues ont été menées dans tout le Québec. Au moment des entrevues, les régions de résidence au Québec sont : 21 à Montréal, 3 en banlieue de Montréal, 7 en région. À noter leur importante mobilité. Plusieurs ont déménagé de Montréal vers les régions ou le contraire, dans d’autres cas, certains font (ou ont fait) la navette entre leur lieu de résidence et d’emploi (principalement pour des raisons familiales, la famille demeurant à Montréal et le médecin travaillant en région par ex.). De plus, à l’exception des professeurs-chercheurs qui travaillent au sein d’hôpitaux universitaires, la plupart des médecins ont eu une pratique en région (au moment de l’entrevue ou lors de leur pratique initiale), tandis que la plupart des réorientés résident à Montréal. Cette situation apparaît similaire à la répartition géographique entre les DIM travaillant comme médecin et les DIM réorientés. En effet, les DIM en pratique médicale auraient tendance à être davantage présents en région, compte tenu des PREM (Canadian Task Force 2004; Dauphinee 2003) (cf. rubrique 1.3.2.3 Distribution spatiale).