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Les entretiens révèlent le fort engagement des personnels hospitaliers dans la

Chapitre 4 : La simulation révélatrice des mécanismes de planification et d’engagement

2. La planification des OPEX : entre participation des acteurs et centralisation

3.1. Les entretiens révèlent le fort engagement des personnels hospitaliers dans la

Lors des entretiens une large majorité des personnels interrogés ont fait part de la motivation importante que l’ensemble de leur service montre pour les départs en OPEX, fréquemment qualifiés de « raison d’être » ou cités comme étant à l’origine de leur choix d’entrer dans l’armée.

Cette motivation les pousse à faciliter les départs au sein de leur service en garantissant l’adaptation de l’organisation de leur travail lors du départ de leur collègue en opération extérieure afin de préserver l’activité opératoire. Nous présentons ici une liste exhaustive des éléments d’adaptation qui ont été mentionnés dans les entretiens.

- Remplacements et heures supplémentaires

Lors d’un départ d’une personne d’un service, sa charge de travail peut être assumée par un remplaçant:

- Interne: par exemple, un infirmier du pôle de suppléance ou d’un autre service en sureffectif ;

- Externe: des intérimaires ou des personnes en CDD ont été embauchés ponctuellement depuis 2012.

Ces possibilités sont en pratique réservées aux paramédicaux et nécessitent l’existence de ressources suffisantes. Lorsque ces ressources ne sont pas disponibles, les personnels restant se répartissent plus ou moins équitablement la charge de travail de l’absent. Une nouvelle planification des tâches a lieu, des congés pouvant être décalés à une période moins tendue. Les fréquences d’astreintes et de gardes augmentent mécaniquement, tandis que les heures de travail peuvent s’allonger.

C’est le cas principalement pour les praticiens dont les plages de travail dédiées à la consultation et les vacations au bloc opératoire augmentent. Ces heures supplémentaires ne sont pas payées pour les personnels militaires du fait de leur statut militaire. Aucune incitation financière n’existe donc.

- Glissement des tâches

Lorsque certains personnels sont en sous-effectifs et ne peuvent compenser le travail supplémentaire par remplacement de l’absent ou répartition entre les présents, un glissement des tâches peut survenir et une autre catégorie de personnel prend en charge une partie des tâches incombant au personnel absent. Un cadre de santé ou un praticien peuvent ainsi faire du travail paramédical.

- Redéfinition des priorités des tâches et retard d’exécution

Lorsque les personnels disponibles pour effectuer le travail du service sont trop peu nombreux, ils hiérarchisent les tâches et n’effectuent que les plus importantes ou les plus pressées comme le soin au malade, délaissant le travail administratif, la recherche ou l’enseignement. Certaines tâches attendront donc le retour à un effectif normal.

Lors d’un départ OPEX, l’activité du service ne chute donc pas de manière systématique et dans les proportions qu’on pourrait attendre initialement. Cependant, la mise en œuvre des leviers de compensation de l’absence cités plus haut dépend fortement de l’environnement dans lequel le départ survient et tous les départs OPEX ne peuvent être compensés de la même façon ou dans la même mesure.

Les éléments suivants apparaissent impacter les leviers dont dispose le personnel présent pour faire face à l’absence :

- caractéristiques du service : taille, capacité à recruter les patients (concurrence, notoriété), spécialité, organisation, fréquence de départs en OPEX, éventuel sous-effectif permanent ou ponctuel

- profil du médecin partant en OPEX : hyperspécialisation, renommée, spécificités de son activité de soin, activités hors-soins

- profil du personnel paramédical partant en OPEX : possibilité de remplacement étroitement liée au degré de spécialisation du partant (sanctionnée par un diplôme ou de fait), et à la rareté du personnel aux qualifications similaires dans l’hôpital

- caractéristiques du départ en OPEX : marge d’incertitude, anticipation, période de départ (à mettre en lien avec la saisonnalité de l’activité), annulation/report

Les mesures citées plus haut permettent, selon les personnes interrogées, de limiter la réduction d’activité engendrée par les départs en opération extérieure. Cependant, elles impactent également négativement les conditions de travail. Dans le Tableau 10 ci-dessous, nous donnons à titre indicatif les pourcentages de personnes interrogées déclarant constater un impact négatif des OPEX sur les conditions de travail et la nature de ces dégradations. Nous tenons à attirer l’attention du lecteur sur le fait que ces chiffres sont donnés à titre d’illustration et ne peuvent constituer la base d’une analyse statistique robuste compte tenu de la taille de l’échantillon considéré.

Tableau 10 - Impact des absences liées aux OPEX sur les conditions de travail: résultat des entretiens

Conditions de

travail déclarant constater un Personnes interrogées impact négatif des

OPEX sur les conditions de travail

de leur service

Personnes interrogées déclarant observer les conséquences suivantes sur le travail

Heures

supplémentaires Glissement des tâches Report des tâches

Hôpital C 90% 50% 40% 40% Hôpital D 90% 40% 50% 50% Hôpital E 71% 0% 57% 57% Total 85% 33% 48% 48% Personnels médicaux 93% 57% 64% 79% Personnels paramédicaux 77% 8% 31% 15%

Les personnes interrogées ont également mentionné que les remplacements des personnels partis en OPEX engendrent parfois un surplus de travail (notamment pour les cadres de santé) car les nouveaux arrivants doivent être formés aux habitudes de travail du service.

Certains cadres de santé interrogés ont mentionné que l’augmentation de la charge de travail, même si elle n’engendre pas forcément des heures supplémentaires pour les paramédicaux peut augmenter la fatigue des équipes, et dans certains cas extrêmes engendrer des arrêts maladie.

Les entretiens montrent une dégradation courante des conditions de travail consécutivement aux OPEX (85% des personnes interrogées ont mentionné cette dégradation), avec des heures supplémentaires fréquentes pour les personnels médicaux.

Cette dégradation des conditions de travail résulte, selon les personnels interrogés, d’une volonté des équipes à compenser au moins partiellement le départ de leurs collègues en mission grâce :

- à une forte adaptabilité organisationnelle (adaptation des plannings et réduction du temps consacré à l’encadrement)

- à une grande implication des personnels (heures supplémentaires, report de congés…) sans contrepartie financière

3.2. La simulation révèle que l’engagement des personnels hospitaliers