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Enjeu lié aux structures complexes

5. OBJECTIFS D’AMÉNAGEMENT

5.1 O BJECTIFS PROVINCIAUX

5.1.3 Constats sur les écarts écosystémiques pour l’UA 064-51

5.1.3.3 Enjeu lié aux structures complexes

La structure complexe fait référence surtout à la structure verticale et horizontale d’un peuplement. Elle concerne plus particulièrement la densité et la composition des tiges par classes de diamètre formant une structure régulière, biétagée, irrégulière, jardinée, etc. Le fait de maintenir une structure complexe génère une plus grande diversité de niches écologiques comme des sites d’alimentation pour une multitude d’espèces, des sites d’abris, de reproduction, de nidification, de perchoirs et de microclimats spécifiques. À chaque type de structure correspond des communautés d’espèces et une biodiversité qui lui est propre. La complexité de la structure agit également sur le plan de la diversité floristique et crée des conditions propices à l’établissement de certaines plantes, champignons, mousses, etc. De plus, selon Bouchard et autres, 2010 3 les principaux enjeux relevés en forêt feuillue se rattachant aux attributs de vieilles forêts, sont notamment la présence de peuplements denses et contenant beaucoup de gros arbres.

Ainsi, on remarque une certaine simplification généralisée des structures internes due à certaines pratiques forestières passées comme la coupe avec protection de la régénération et des sols (CPRS) et la coupe de jardinage (CJ). Selon McGee & al.

1999 16 et Goodburn & Lorimer 1998 14, l’utilisation de divers types de coupes partielles au cours des dernières décennies a entraîné une raréfaction de certains attributs clés qui contribuent à former la structure complexe des vieilles forêts feuillues. Le seul fait de prélever 30 % de la surface terrière lors d’un traitement de coupe partielle réduit considérablement la densité d’un peuplement contrairement à la dynamique naturelle de microtrouées qui constitue le principal type de perturbation en forêt feuillue et qui ne couvre que 1 % par année. La gestion actuelle tend à maintenir une surface terrière minimale de 16 à 18 m2/ha après une coupe partielle et intervenir dans les peuplements ayant atteint 24 m2/ha. Or, on s’aperçoit que la surface terrière représentative des vieux peuplements serait sensiblement plus élevé (de 22 m2/ha à 28 m2/ha selon la végétation potentielle) 23. Il faut comprendre que plus l’intervalle entre deux perturbations est long, plus le peuplement a de chances de développer une structure complexe.

L’objectif principal de cet enjeu consiste à conserver les attributs de structure complexe toujours existants et à augmenter dans le temps la présence de peuplements denses

avec des essences associées aux stades évolutifs faciès ou stables et des arbres à fort diamètre.

Méthode d’analyse de l’enjeu

Une analyse de la structure interne locale des peuplements feuillus basée sur des données dendrométriques est essentielle pour bien interpréter le problème spécifique de la raréfaction des vieux peuplements feuillus à structure complexe. La compilation des résultats a été réalisée à partir des strates regroupées de la carte CFET-BFEC du Bureau du forestier en chef (BFEC).

En considérant l’information disponible dans les banques de données actuelles, les paramètres dendrométriques les plus pertinents pour décrire ces peuplements sont :

à La surface terrière des essences longévives (stade faciès ou stable);

à La surface terrière totale pour toutes les essences commerciales;

à La surface terrière de gros bois (dhp>40 cm) des essences longévives (stade faciès ou stable); ________

à Le diamètre moyen quadratique « dmq= √ (d12+d22) » des essences longévives.

nb d

Les valeurs seuils définissant les vieux peuplements feuillus à structure complexe ont été définies pour les différentes végétations potentielles et se trouvent dans l’annexe dans le tableau 7.

Constats

Selon la méthodologie « méthode d’analyse de l’enjeu et recommandations sur l’aménagement » élaborée par le sous-groupe de travail sur l’aménagement écosystémique en forêt feuillue, nous avons réalisé le portrait des peuplements possédant les attributs de structure complexe.

De manière générale, les peuplements présentant une structure complexe sont relativement rares actuellement et ils représentent 15 % de la superficie productive totale du sud de l’UA.1 Les résultats détaillés se retrouvent dans le tableau 8 de l’annexe. On peut déduire qu’il y a actuellement un manque de peuplements denses constitués de gros arbres associés aux essences de stade faciès ou stable.

1 La portion visée par cette analyse correspond au territoire situé uniquement dans le domaine de l’érablière à

Mise en œuvre de l’enjeu lié à la structure complexe et pistes de solutions

Dans un premier temps, il faut éviter d’aggraver la situation en conservant le maximum de peuplements qui répondent aux critères de structures complexes afin de ne pas rendre précaire la survie des espèces associées à la présence de vestiges de la complexité structurale. Dans un deuxième temps, la stratégie doit pouvoir restaurer des attributs proches des conditions naturelles en augmentant le degré de complexité des peuplements feuillus aménagés. Finalement, la stratégie doit s’inscrire dans une perspective de restructuration économiquement viable à court, moyen et long terme, particulièrement avec un contexte économique difficile. 23

L’approche doit ainsi viser un recrutement progressif de nouveaux peuplements feuillus ou mixtes présentant les bons attributs recherchés.

1. Maintenir des aires exemptes de récolte (pôle de conservation) :

o Ces surfaces sont susceptibles de contenir des peuplements qui présentent des attributs de structure complexe. Ces territoires comprennent les aires protégées, les refuges biologiques ou toutes autres portions de territoires où la récolte est exclue pour diverses raisons socio-économiques (accessibilité, affectation, etc.).

o Les données fournies par le BFEC précisent que 45 669 ha (4.3 % du territoire d’analyse) sont sous conservation directe. De plus, sous protection indirecte, sans tenir compte de l’eau, des inondés, des aulnaies, des dénudés secs et humides, on retrouve 52 859 ha (5 % du territoire d’analyse).

2. Assurer le maintien des peuplements à structure complexe encore présents sur le territoire aménagé et viser à en augmenter la proportion :

o Maintenir les îlots de vieillissement via l’objectif de protection et de mise en valeur des ressources du milieu forestier (OPMV) mis en place dans les PGAF 2008-2013 8. Cette action de précaution permet au peuplement de jouer son rôle écologique de forêt complexe pendant une période supplémentaire sans toutefois empêcher son exploitation au moment où des peuplements recrus viennent assurer le remplacement.

o Moduler des traitements sylvicoles en fonction d’une cible de structure complexe. Pratiquer des coupes partielles qui seront modulées selon des objectifs de surfaces terrières résiduelles totales et de gros bois qui sont cohérents avec le type de peuplement visé.

3. Favoriser la succession de la composition des peuplements vers des stades évolutifs stables :

o Orienter les interventions dans les peuplements perturbés de manière à accélérer leur retour vers les stades faciès et stable tout en favorisant le

développement d’un couvert dense où des gros arbres peuvent se développer. Pour ce faire, appliquer un minimum de 20 % de coupe de jardinage dans les structures feuillues.

4. Minimiser les forts rajeunissements en les limitant aux peuplements présentant des problèmes importants de composition et de santé des tiges :

o Minimiser les traitements qui entraînent le rajeunissement des peuplements feuillus. Il faut éviter de récolter systématiquement tous les gros arbres et éviter l’utilisation de coupe de régénération associée à la futaie régulière. Ceci induit des problèmes d’envahissement par des essences non longévives. Voici des options sylvicoles à envisager : coupe progressive irrégulière à couvert permanent, coupe progressive irrégulière à régénération lente, etc.

5. Assurer le maintien d’attributs structuraux clés au sein de la matrice forestière.

o Arbres morts ou moribonds;

o Arbres vétérans;

o Bouquets de structure complexe;

o Conifères épars dans des peuplements feuillus tolérants;

o Essences rares;

o Arbres fruitiers.

La Commission régionale sur les ressources naturelles et le territoire des Laurentides (CRRNTL) via le PRDIRT 7 des Laurentides recommande certaines solutions qui vont dans la même direction. Ces propositions consistent à laisser sur pied des tiges de fort diamètre sur une portion des superficies récoltées, de conserver des bouquets intacts, de même que des îlots de vieillissement. Elle propose également d’aménager dès maintenant des forêts jeunes et intermédiaires de très haute qualité. Ceci s’inscrit dans les principes des aires d’intensification de la production ligneuse (AIPL) et permettrait ultimement de diminuer l’empreinte écologique des interventions forestières sur une partie des forêts résiduelles. Le plan suggère également d’adopter une stratégie visant à augmenter les surfaces terrières et les diamètres moyens dans les forêts d’une partie du territoire laurentidien.

Ceci peut potentiellement entraîner des effets négatifs à court terme, entre autres sur la disponibilité de ces forêts pour la récolte. Cependant, à moyen ou à long terme, la valeur de ces forêts sera augmentée, puisque celle-ci contiendront plus de caractéristiques de vieilles forêts ainsi que de tiges de fort diamètre. Il s’agit là d’effets positifs importants, afin non seulement de combler une partie des écarts entre les forêts préindustrielles et historiques, mais également d’augmenter la quantité et la valeur des bois qu’elles contiennent. Pour plus de précisions, consultez le PRDIRT 7 des Laurentides.

Étant donné que les peuplements à structure complexe sont susceptibles d’offrir un habitat à des espèces associées spécifiquement à ces attributs, il est important d’assurer qu’ils sont bien répartis sur le territoire. Une attention particulière devrait aussi être portée à la présence et au recrutement d’entités plus grandes où les peuplements à structure complexe dominent. Il faudrait chercher à consolider certaines de ces entités afin d’augmenter la proportion de forêts d’intérieur pour les habitats associés aux structures complexes.

Les différentes analyses présentement en cours ainsi que le nouveau calcul de la possibilité forestière viendront encadrer la mise en œuvre de ces différents moyens proposés. Un plan de restauration déterminant des objectifs de surfaces en restauration par période de temps permettra aux aménagistes d’approvisionner adéquatement en matière première le parc industriel forestier tout en minimisant les impacts socio-économiques des moyens utilisés.

Une fiche VOIC (valeur-objectif-indicateur-cible) est présentement en préparation pour cet enjeu et sera éventuellement jointe au présent plan. Pour plus d’information, vous pouvez vous adresser au bureau de l’Unité de gestion du MRN.

5.1.3.4 Enjeu lié au bois mort