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Enjeu lié à la structure d’âge des forêts

5. OBJECTIFS D’AMÉNAGEMENT

5.1 O BJECTIFS PROVINCIAUX

5.1.3 Constats sur les écarts écosystémiques pour l’UA 064-51

5.1.3.1 Enjeu lié à la structure d’âge des forêts

(LADTF) 15 prévoient que les plans d’aménagement forestier intégré doivent être élaborés sur la base d’un aménagement écosystémique et qu’ils doivent tenir compte des objectifs et des cibles efficientes que le ministre peut fixer en matière d’interventions forestières. Pour sa part, l’article 58 de la LADTF 15 mentionne que tout au long du processus menant à l’élaboration des plans, le ministre voit à ce que la planification forestière se réalise selon un aménagement écosystémique et selon une gestion intégrée et régionalisée des ressources et du territoire. Par ailleurs, la LADTF 15 définit l’« aménagement écosystémique » comme un aménagement qui consiste à assurer le maintien de la biodiversité et la viabilité des écosystèmes en diminuant les écarts entre la forêt aménagée et la forêt préindustrielle.

La présente section (5.1.3) a pour but de présenter les écarts entre les différents indicateurs écosystémiques qui concernent l’UA 064-51, à partir des mesures entre la forêt aménagée et la forêt préindustrielle, ainsi que des constats locaux présentés dans le PRDIRT. Ces constats viendront guider la stratégie forestière qui visera à diminuer progressivement les écarts rencontrés afin de se rapprocher des forêts préindustrielles.

La stratégie forestière se traduira par des mesures concrètes pour orienter les actions d’aménagements. Les stratégies retenues cibleront les endroits où les écarts sont importants et feront l’objet de simulations par le bureau du Forestier en chef (BFEC) afin de définir l’effet de ces mesures sur la possibilité forestière.

5.1.3.1 Enjeu lié à la structure d’âge des forêts

Mise en contexte

L’enjeu écologique sur la structure d’âge vise à conserver des vieilles forêts et à limiter l’abondance des peuplements récemment perturbés dans les unités d’aménagement.

Le MRN a ainsi proposé une méthode retenant au départ trois stades de développement afin de les comparer aux niveaux historiques :

• Régénération;

• Intermédiaire;

• Vieux.

Le tableau suivant présente les critères permettant de distinguer les stades de développement en fonction des différents domaines bioclimatiques.

Tableau 2 : Âge actuel et surface terrière correspondant aux trois stades de développement

Domaine

bioclimatique Régénération Intermédiaire Vieux équien

Vieux inéquien Pessière à

mousses < 20 ans 20 à 100 ans > 100 ans -

Sapinière à

bouleau blanc < 15 ans 15 à 80 ans > 80 ans > 20m2/ha Sapinière à

bouleau jaune < 15 ans 15 à 80 ans > 80 ans > 20m2/ha Érablière à

bouleau jaune < 10 ans 10 à 100 ans > 100 ans > 23m2/ha Source: MRNF, Intégration des enjeux écologiques dans les PAFI, partie 1, analyse des enjeux, 2010 3.

Méthode d’analyse de l’enjeu

Afin de pouvoir mesurer l’écart de l’état de la forêt préindustrielle par rapport à la forêt d’origine, le MRN s’est doté au départ d’un registre des états de référence, où sont consignées les structures d’âge, la composition et les degrés de perturbation historiques par unités homogènes (UH) de végétation. Les états de référence sont des indicateurs à partir desquels sont établies les cibles d’aménagement. De plus, le MRN a mandaté les commissions régionales sur les ressources et le territoire de documenter localement les écarts afin de bonifier les états de référence avec des références locales 7-22.

En vertu de l’approche proposée par le projet de SADF, les cibles pour le stade

« vieux » varient de 30 % à 50 % par rapport à l’état de référence tandis que pour le stade régénération, les cibles varient de 20 % à 30 %. Les états de référence seront périodiquement bonifiés tous les cinq ans, avant le début des planifications quinquennales, pour prendre en compte les nouvelles connaissances relatives aux portraits des forêts préindustrielles. 5

En ce qui a trait à la forêt actuelle, un portrait des écarts a été réalisé pour l’ensemble des UTA de l’UA à partir des données écoforestières les plus à jour en fonction des structures d’âge citées précédemment.

Voici en résumé, la méthodologie proposée par MRN 3 :

1) En premier lieu, il faut déterminer la proportion actuelle du stade régénération et du stade vieux en fonction des critères établis dans le tableau 2. Ensuite, on associe une unité homogène (UH) de végétation à chaque UTA pour nous permettre de déterminer les écarts entre la forêt préindustrielle et actuelle et ainsi obtenir le degré d’altération de l’UTA.

2) Les regroupements d’unité territoriale de référence (UTR), les UTA, étaient possibles jusqu’à un maximum de 500 km² pour le domaine bioclimatique de l’érablière à bouleau jaune et de la sapinière à bouleau jaune. Pour le domaine de la sapinière à bouleau blanc, les regroupements étaient possibles jusqu’à 1000 km2. Vous trouverez les regroupements d’UTR effectués dans le tableau 3 en annexe.

3) Par la suite, on établit la proportion de l’UA couverte par des UTA avec un degré d’altération faible,moyen et élevé. Pour réaliser le portrait, on utilise l’ensemble du territoire forestier productif y compris les aires protégées. La cible est d’avoir 80 % de la superficie avec une structure d’âge qui diffère faiblement ou modérément par rapport à la forêt préindustrielle. Voici les trois seuils d’altération qui déterminent si une UTA présente des faiblesses sur le plan de la biodiversité :

• Faible : écart convenable relativement au niveau historique;

• Moyen : peut entraîner une baisse d’espèces;

• Élevé : répercussion grave sur la biodiversité.

4) Si le portrait actuel ne permet pas d’atteindre la cible (80 %), il faut simuler un degré d’altération visé et fixer de nouvelles cibles sur un horizon raisonnable. Il va sans dire que plus une UA est perturbée, plus son portrait sera négatif.

Constats

Cette section présente sommairement les résultats obtenus pour l’UA 064-51 en fonction des principes du projet de SADF et des méthodes préconisées sur le plan provincial pour chaque UA. Les résultats détaillés se trouvent en annexe dans le tableau 3.

Selon les résultats obtenus, on constate que 69 % du territoire respecte la cible fixée par le projet de SADF, ce qui représente 641 177 hectares sur une UA qui compte 925 815 hectares de forêt productive. En somme, on remarque que la cible des structures d’âge est en deçà de 11 % de la balise minimum provinciale fixée à 80 % de forêt faiblement et moyennement altérée, ce qui révèle tout de même un léger problème de diminution des forêts mûres et surannées par rapport à l’état de référence. Pour cette UA, on explique principalement le phénomène de trois façons :

º

Pour les quatre UTA du sud de l’UA, soit les UTA 17,18, 20 et 22, la pratique à répétition de coupe partielle ciblant les tiges feuillues de meilleure qualité et de gros diamètre fut utilisée depuis le début du 20e siècle jusqu’à la fin des années 1980. Aussi, cette portion du territoire est fortement fragmentée par un vaste réseau routier. Ces UTA étant près des centres urbains de la région, c’est donc la portion du territoire qui était le plus accessible et sur laquelle la pression de récolte était la plus forte.

º

Pour l’UTA de l’est de l’UA, soit l’UTA15, la situation observée est en grande partie due à la forte pression de coupe partielle (CJ) et de régénération (CPRS), réalisées à l’époque grâce à l’implantation d’un nouveau réseau routier primaire de qualité (chemin du Concassé, chemin du Mazana et chemin du lac au Renard), qui donnait accès aux peuplements matures et surmatures de cette UTA durant les années 1990. Cette situation a été provoquée par plusieurs facteurs, dont la faible présence de réseau de transport de qualité ailleurs sur l’UA, une augmentation continue de la demande en bois d’œuvre durant toute cette décennie, et finalement par le report dans le temps de la récolte de ces peuplements déjà matures durant les années 70 afin de concentrer les activités de récolte sur le sapin baumier dans la portion du territoire plus au sud et massivement affectée par l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette jusqu’au début des années 1980.

º

Pour les trois UTA du nord de l’UA, soit les UTA 1, 3 et 24, il faut tenir compte de l’impact majeur de l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) sur le sapin de la bétulaie blanche à sapin et de la bétulaie jaune à sapin, dont les impacts se sont seulement estompés au début des année 80. Aussi, la déficience du réseau de transport sur cette portion de l’UA n’a pas permis la récupération des volumes affectés par la TBE et a rendu impossible la remise en production de grandes surfaces affectées par cette épidémie. La présence sur cette portion du territoire de sol plus mince et plus pauvre de même qu’une saison de croissance plus courte peuvent aussi avoir contribué négativement à la capacité des surfaces affectées par la TBE à se régénérer naturellement.

Finalement, la nécessité de procéder durant les années 2000 à la récolte de peuplements matures d’épinettes de pins gris, de bouleaux et de peupliers qui avaient été épargnés par la TBE a contribué à accentuer l’écart.

La figure 2 nous permet de visualiser les différents niveaux d’altération actuels de l’UA

Figure 2 : Enjeu lié à la structure d’âge: degrés d’altération pour l’UA 064-51

Mise en œuvre de l’enjeu lié à la structure d’âge et pistes de solution

Plusieurs moyens sont mis à la disposition des aménagistes afin de réduire les écarts avec la forêt préindustrielle. Cependant, d’entrée de jeu, voici quelques principes à respecter 3:

1. Se conformer aux cibles de structures d’âge par UTA, et ce, dans les délais souhaités;

2. Reconduire les seuils des objectifs de protection et de mise en valeur des ressources du milieu forestier (OPMV) qui ont été intégrés aux plans généraux d’aménagement forestier de 2008-2013, notamment en poursuivant les orientations de l’OPMV qui vise le maintien en permanence de forêts mûres et surannées (îlots de vieillissement, refuges biologiques, etc.);

3. Utiliser efficacement le budget alloué par le Gouvernement du Québec en établissant un stratégie d’aménagement qui met en oeuvre les moyens retenus pour respecter nos enjeux écosystémiques;

4. Minimiser les effets négatifs sur la possibilité forestière.

Dans le contexte du PAFI 2013-2018, afin de contribuer à l’atteinte des cibles, voici les différents moyens ou actions qui pourront être intégrés à la stratégie d’aménagement pour atteindre les cibles établies :

1) La conservation de vieilles forêts sans intervention humaine (maintien d’une portion de forêts mûres et surannées) :

à Maintenir les aires protégées existantes et contribuer aux futures aires protégées (objectif provincial de 12 %);

à Maintenir les refuges biologiques (2 %) (aires soustraites à l’aménagement) qui ont été établis dans le cadre des plans généraux d’aménagement forestier (PGAF) 2008-2013;

à Maintenir les écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE);

à Secteurs inaccessibles;

à Maintenir les lisières boisées riveraines soustraites à l’aménagement forestier (référence à l’OPMV 8 qui vise la conservation de bois mort) qui sont déjà identifiées dans le cadre du PGAF 2008-2013 7 (20 % des lisières boisées).

2) Le maintien temporaire de vieux peuplements dans les forêts aménagées (favoriser le développement d’attributs de vieilles forêts) :

à Éclaircies commerciales et éclaircies jardinatoires, (accélérer la formation d’attributs de vieilles forêts);

à Coupes progressives régulières (coupes partielles menant à des structures régulières);

à Coupes progressives irrégulières (coupes partielles menant à des structures irrégulières, avec ou sans maintien d’un couvert permanent);

à Jardinage (maintien d’un couvert permanent);

Afin de favoriser le recrutement à moyen et long terme, il pourrait être envisagé de traiter en éclaircies des peuplements largement prématures (par exemple, à 50 ans dans certaines sapinières). Les objectifs visés sont de rendre irrégulière la structure et d‘assainir ces peuplements.

Une fiche VOIC (valeur-objectif-indicateur-cible) est présentement en préparation pour cet enjeu et sera éventuellement jointe au présent plan. Pour plus d’information, vous pouvez vous adresser au bureau de l’Unité de gestion du MRN.

Par ailleurs, les simulations du Forestier en chef (FEC), lors du calcul de la possibilité forestière, établiront le niveau maximal de récolte qui nous permettra de respecter les niveaux d’altération visés sur une longue période. L’intensité de l’aménagement par UTA pourra ainsi être ajusté pour rétablir ou maintenir un équilibre constant de stades de développement conforme au projet de SADF.

Les forêts de conservation offrent certainement la meilleure garantie de protection de la biodiversité associée aux vieilles forêts et c’est pour cette raison que le réseau a été mis en place. Elles permettent d’atteindre des niveaux d’attributs de vieilles forêts représentatifs de la portion supérieure de la variabilité naturelle, notamment en ce qui concerne les chicots et le bois mort. Par contre, un équilibre est nécessaire entre la conservation et l’utilisation de la forêt comme moteur créateur d’emplois et de richesse.

Tous conviennent que toutes les forêts d’un territoire comme celui-ci ne peuvent être placées sous le dôme de la conservation. Heureusement, les connaissances et les techniques de notre foresterie nous permettent de travailler dans le respect des écosystèmes et les pratiques appliquées réussissent maintenant à récolter un volume de bois tout en conservant ou en favorisant la régénération de nos forêts. Il en est de même pour d’autres éléments sensibles comme les attributs de vieilles forêts et la composition des peuplements. Dans le cas d’une grande rareté des vieux peuplements, il est même possible, par exemple, de minimiser la récolte des essences longévives (pin, érable à sucre, bouleau jaune, épinette blanche, etc.) et de favoriser la connectivité des peuplements résiduels afin de maximiser la présence de forêts d’intérieur.

Il sera important de favoriser les stratégies qui répondent à un maximum d’enjeux. À noter que plusieurs modalités soulevées dans les PGAF antérieurs sont toujours valides. Tel qu’abordé précédemment, les OPMV élaborés dans le cadre des PGAF 2008-2013 8 se veulent un point de départ pour mettre en œuvre une stratégie qui répondra aux différents enjeux écosystémiques. Le lecteur peut se référer aux cibles fixées dans le PGAF 2008-2013 8 de l’UAF 064-51 concernant les critères d’aménagement durable et les OPMV (chapitre 4).

5.1.3.2 Enjeu lié à la composition végétale