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Les endommagements présents sur les microlithes : processus, mécanismes de formation et terminologie

II.3. Les traces d’utilisation : méthode pour l’analyse fonctionnelle des microlithes

II.3.2. Approche fonctionnelle appliquée aux armatures de projectile

II.3.2.2 Les endommagements présents sur les microlithes : processus, mécanismes de formation et terminologie

Les endommagements macroscopiques

La question de la formation des fractures nous a préoccupée en tout premier lieu. La déinition des mécanismes de formation des traces est souvent loue même si les processus sont bien compris et admis par tous. Ainsi, comme nous l’évoquions plus haut, G. Odell, R. Tringham ou encore J. Hayden (repris spéciiquement par Fischer et

al. pour la question des armatures de projectile) avaient identiié et formalisé quelques

processus de fracturation du silex liés à l’utilisation de l’outillage lithique selon différentes cinématiques (transversale, longitudinale, rotative et percussion).

Néanmoins, les mécanismes de rupture sont peu explicités et l’utilisation de certains termes peut porter à confusion. Ainsi, chez H. Bertouille (1989 et 1991), théoricien de la taille du silex, la lexion est un processus de taille particulier dont le mécanisme de rupture est lié à un moment de forces léchissant produit lorsque la pièce en silex est encastrée à une ou deux extrémités. Lorsqu’elle est encastrée à une extrémité, « la force s’exerce à l’autre extrémité restée libre » (Bertouille 1989, p. 48) et lorsqu’elle est posée entre deux appuis (encastrées aux deux extrémités), la force s’applique entre les deux points de maintien. C’est cette fracture que décrivent Fischer et al. (1984) lorsqu’ils parlent de

La rupture ne se transmet pas par le passage d’une onde de choc. Ainsi l’absence d’ondulations visibles au niveau du négatif d’enlèvement et parfois la présence d’une languette pourraient être des critères de reconnaissance de la fracture par lexion. Néanmoins, la rupture conchoïdale ne produit pas systématiquement d’ondulations. Par contre, selon H. Bertouille, seule la lexion peut produire une languette.

La déinition que propose D. C. Prost (1990 et 1991) de la lexion est peu claire car ce ne sont que les conséquences de cette rupture qui sont exposées. Ainsi l’auteur différencie les enlèvements à contre-bulbe des enlèvements sans contre-bulbe, ces derniers étant produits, selon lui, par la lexion. Néanmoins, le mécanisme de rupture n’est pas explicité.

Nous nous fonderons donc sur la démonstration de H. Bertouille qui nous paraît la plus pertinente à savoir que la lexion se déinit par une rupture due à un moment léchissant. Tant que celui-ci n’est pas avéré par la présence d’une languette, on ne peut parler d’une fracture par lexion. C’est pourquoi ce terme nous paraît trop souvent employé de manière abusive. En ce qui concerne la terminologie identiiant les différents types de fractures, les critères les plus pertinents de dénomination nous semblent inalement être d’ordre purement morphologique. C’est ainsi qu’en reprenant le vocabulaire commun à bon nombre d’auteurs nous avons déini les traces de fractures observées sur les microlithes sans mention du mécanisme de fracturation qui, comme nous l’avons vu, peut porter à confusion (en l’absence d’une analyse spécialisée permettant de vériier les mécanismes complexes de fracturation du silex). Seule la position de la fracture par rapport à l’objet et sa morphologie sont les critères que nous avons retenus pour dénommer les endommagements macroscopiques observés (ig. 11) :

• Les fractures transversales

La fracture transversale peut se faire aussi bien par lexion que par un impact

ponctuel. Cette fracture « tronque » la pièce et elle est (plus ou moins) perpendiculaire

à son axe.

Elle peut être alors :

- nette (ou lisse ou plate), c’est-à-dire sans languette (ig. 11a),

- à languette (a priori par lexion ; la languette peut parfois être très atténuée, ig. 11b et 11c),

b a c Fracture transversale à languette très atténuée < 0,5 mm

Fracture transversale nette

Fracture burinante 5 mm 1 mm Segment archéologique du 62 rue Henry-Farman à Paris Triangle expérimental Triangle expérimental Fracture transversale à languette longue (> 2 mm) et à morphologie "mixte" en escalier à gauche et en charnière à droite

0.5 mm d g e Enlèvement burinant Languette de la fracture transversale par �exion courte, c'est-à-dire < 2 mm

Spin-of ou cassure cassure secondaire en charnière longue, c'est- à-dire > 2 mm 5 mm 5 mm Face supérieure Face inférieure Extrémité distale d'un triangle expérimental 5 mm Enlèvement burinant (long, c'est-à-dire > 2 mm) 5 mm Pointe expérimentale

Triangle archéologique, Pré-Peyret (38)

Ebréchures en gradin f 5 mm Ebréchure en gradin sur un microlithe expérimental

Ces fractures transversales peuvent donner naissance à l’instant même de la rupture, par frottement des deux bords, à un second enlèvement dénommé spin-off (cassures secondaires en français) par Fischer et al. (1984). Ce spin-off (ig. 11d) peut être soit un enlèvement burinant (cf. infra) – il est alors dit « burinant » –, soit un enlèvement facial rebroussé ou non (cf. infra).

Notons que Fischer et al. (1984) avait proposé trois morphologies de languettes : en escalier, en plume ou en charnière. Nous ne retenons pas cette distinction. En effet, d’une part, elle porte à confusion : certaine languette peuvent présenter des morphologies « mixtes », c’est-à-dire à la fois en escalier et en charnière par exemple (ig. 11c) et d’autres encore ne sont attribuables à aucune des trois morphologies citées ci-dessus. D’autre part, ce critère ne nous paraît pas pertinent dans la reconnaissance de l’origine de la fragmentation puisque différentes morphologies de languette sont observées indistinctement sur des armatures endommagées lors de la fabrication, du piétinement ou encore de l’utilisation.

• Les fractures burinantes

La fracture part d’un dièdre (extrémité pointue d’une armature ou angle formé par deux troncatures par exemple) et ile le long d’un bord enlevant une « lamelle » (ou un fragment de silex allongé) dans l’épaisseur de la pièce (ig. 11a, 11e et 11g). La fracture burinante ne doit pas être confondue avec le spin-off burinant. Ce dernier étant provoqué par le frottement de deux bords se fracturant, il part forcément d’un négatif de fracture transversale. Les fractures burinantes peuvent être parfois dificilement identiiables, notamment lorsque les enlèvements sont étroits et qu’ils se confondent avec le bord du microlithe (soit au niveau d’un tranchant, soit au niveau de l’interface entre une troncature ou un bord abattu et la face adjacente).

• Les ébréchures (ou écaillures)

Ce sont des enlèvements faciaux qui affectent presqu’exclusivement les bords dont

l’angulation est strictement aigüe (inférieur à 90°) et très rarement égrisés ou retouchés

Les endommagements microscopiques