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mésolithiques : vers un modèle expérimental

III.2. Première et deuxième sessions expérimentales de tirs Avec le recul, les deux premières sessions expérimentales de tirs marquent pour

III.2.3. Bilan des deux premières expérimentations

III.2.3.1. Comparaison du fonctionnement des triangles et des segments

Au départ, nous avions réalisé ces expérimentations ain de comparer le fonctionnement des segments et des triangles. En effet, bien que de formes différentes, ils présentent tous deux des parties actives identiques.

La moyenne des profondeurs de pénétration des lèches emmanchées de triangles est de 11 cm (moyenne calculée à partir de 19 lèches ayant atteint la cible) et celle des lèches emmanchées de segments est de 10,5 cm (moyenne calculée à partir de dix-sept lèches ayant atteint la cible). Les profondeurs sont donc quasiment identiques.

De plus triangles et segments se sont précisément endommagés de la même manière. En effet, 9 triangles ont été endommagés dont 4 portent des fractures burinantes, 2 une fracture transversale (nette ou à languette courte), 2 autres des ébréchures et enin 1 triangle présente une microtrace linéaire d’impact. Dix segments ont été endommagés. Trois présentent une fracture burinante, 2 une fracture transversale (nette ou à languette courte) et 5 sont ébréchés. Quantitativement et qualitativement, les endommagements des triangles et des segments sont donc très similaires.

Enin, nous nous sommes demandée si la forme inluait sur le détachement ou non des barbelures. Quarante-et-un triangles sont restés ixés à la hampe après l’impact, tandis

Armatures des flèches ayant rencontré un os Armatures des flèches ayant passé entre les Armatures des flèches dans l'abdomen Armatures des flèches ayant aterri en terre Armatures des flèches ripées Armature non détachée 0 1 0 12 5 Armature détachée enière 3 4 1 3 1 Armature détachée fracturée 1 1 1 0 0 Fragments d'armatures dans l'animal et sur la hampe non détaché

0 0 0 0 0

Armatures n'ayant

pas pénétré 0 5 6 12 0

Armatures perdues 0 1 4 13 6

important des segments. En effet, les lèches avec segments et celles avec triangles ont été confrontées au même obstacle. Les lèches avec triangles ont même subi davantage d’obstacles propres à favoriser le détachement des armatures latérales puisque 5 lèches avec triangles ont frappé un os et 9 ont traversé la grille costale, tandis que seulement 4 lèches avec segments ont touché un os et 4 sont passées entre deux côtes. Il est donc possible que toutes choses étant égales par ailleurs la ixation d’un segment soit plus fragile que celle d’un triangle. En effet, la coniguration arrondie du dos présente une surface d’adhérence moindre que le triangle dont le dos est droit et donc bien parallèle à la hampe. Ce fait n’a néanmoins pas été vériié lors des expérimentations suivantes. Il conviendra donc de refaire des expérimentations spéciiques ain de le conirmer ou de l’inirmer.

III.2.3.2. Bilan sur la fragmentation et la dispersion des armatures axiales

versus latérales

Suite à ces deux sessions de tirs, il apparaît très clairement que, malgré la perte d’une partie des barbelures, les pointes axiales s’endommagent davantage que les armatures latérales (cf. tab. 11 à tab. 13) et qu’elles n’ont pas le même comportement de dispersion (cf. tab. 18 et tab. 19).

Nous reviendrons sur ce point lors du bilan de l’ensemble des expérimentations, mais il est d’ores et déjà très net que les armatures axiales se fragmentent plus que les armatures latérales et de manière différente (fragmentation plus importante et fractures transversales à languette longue pour les armatures axiales, fragmentation rare et fractures burinantes plus nombreuses pour les armatures latérales).

Cela étant, même si le mode de dispersion est également conditionné par la position sur la hampe de l’armature, il est possible que la forme des armatures latérales (triangles

vs segments) puisse être un facteur favorisant ou non leur détachement.

III.2.3.3. Le détachement des armatures latérales avant pénétration

Sauf dans la publication de Pétillon et al. (2011), le détachement des armatures latérales avant pénétration n’avait jamais été décrit auparavant. Pétillon et al. avaient réalisé une expérimentation de tirs au propulseur sur daim entier de sagaies armées de pointes en matière osseuse sur lesquelles étaient collées des lamelles à dos en silex

d’abeille et d’ocre pour les autres. Si l’ensemble des pointes osseuses a bien pénétré la carcasse, la grande majorité des lamelles ont, comme dans le cas de nos expérimentations, soit sauté en vol, soit se sont accumulées dans les poils de la carcasse à l’entrée de la plaie ouverte par la pointe. La question de la température extérieure s’est alors posée : celle-ci ne dépassant pas 0°, il est possible que les colles aient durci et soient devenues particulièrement cassantes. Si dans notre cas, la peau du sanglier pouvait constituer une barrière trop importante pour être pénétrée par des barbelures, dans le cas de Pétillon

et al., la peau du daim, beaucoup plus mince, aurait pu être a priori plus facilement

franchissable par des armatures latérales.

Ain de résoudre le problème du détachement des armatures latérales avant pénétration, deux questions se posaient alors : la peau du sanglier était-elle trop épaisse pour pouvoir être transpercée de lèches barbelées ? Notre colle, constituée de résine de pin (2/3) et de cire d’abeille (1/3) aurait-elle pu être eficace dans d’autres conditions ?

Concernant la question de l’eficacité de la colle, nous avons tout d’abord interrogé M. Regert. Celle-ci nous a présenté E. Darque-Ceretti, Eric Felder et Yves Gaillard, physiciens spécialistes de l’adhérence au CEMEF (Mines Paristech, Sophia Antipolis) et dans le cadre de l’ANR EXSUDARCH (dirigé par M. Regert), une collaboration s’est mise en place. Nous détaillons les protocoles et résultats des expérimentations réalisées au CEMEF à la suite de la troisième session expérimentale que nous avons menée en parallèle.

III.3. Troisième session expérimentale de tirs : changement