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CHAPITRE 4 : RÉSULTATS ET DISCUSSION

4.1 Encadrement d’athlètes LGBT

Cette section s’appuie sur les données recueillies auprès des entraineurs (N=5) qui ont encadré des athlètes LGBT. Les deux premiers thèmes de cette section abordent donc le dévoilement de l’identité et l’explication du faible nombre d’athlètes qui sortent du placard. Nous présentons ensuite les interventions possibles identifiées par les entraineurs suivies du retour réflexif de ceux-ci sur leurs expériences d’encadrement d’athlètes LGBT.

4.1.1 Dévoilement de l’identité

Cette section concerne les cinq participants de l’étude qui ont entrainé des athlètes LGBT et qui ont vécu la sortie du placard de ces athlètes. Ces informations concernent donc uniquement les dévoilements qui ont eu lieu en contexte sportif

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4.1.1.1 Modalités de sortie du placard

Pour les cinq entraineurs qui ont effectivement entrainé des athlètes LGBT, il est possible de dégager des lignes directrices quant à la façon choisie par les athlètes de dévoiler leur identité. En effet, l’orientation sexuelle des athlètes était connue ou présumée. Les modalités de sortie du placard semblent être en relation avec la qualité de l’environnement sportif et avec un moment ou évènement précis dans la vie des athlètes. L’environnement dans lequel évoluaient les athlètes « out » leur était favorable et accueillant selon les entraineurs. Il est possible de penser que cet élément a contribué à favoriser la sortie du placard. En fait, selon Demers (2006), un certain nombre d'études ont démontré que les gais et les lesbiennes qui décident de sortir du placard récoltent des avantages tels que moins de stress et d’anxiété ressentis, plus de soutien social et une estime de soi plus grande en tant qu’individu LGBT. Par l’acceptation de qui ils sont, les athlètes LGBT

37 auraient aussi par extension une influence positive sur leur entourage de sorte qu’aucun commentaire ou aucune farce de nature homophobe n’aurait été entendu à la connaissance des entraineurs. Ensuite, deux moments précis favorisant le dévoilement de l’identité semblent ressortir, soit lors d’un moment difficile (ou choc) dans la vie de l’athlète ou bien à la fin de la carrière athlétique. Ceux-ci correspondent aux moments qui sont aussi décrits dans la littérature (Demers, 2006). La fin de carrière est probablement le moment le plus fréquemment identifié et il serait choisi étant donné que les athlètes n’ont pratiquement plus rien à perdre à cette étape de leur carrière. Selon les données que fournit la recherche, les individus connaitraient leur orientation sexuelle assez tôt lors de la période de l’adolescence et même avant. Cependant, Plummer (2001) indique que l’adoption de l’identité LGBT coïnciderait avec le decrescendo de l’homophobie qui se produit au début de l’âge adulte.

4.1.1.2 Sortie du placard auprès de qui

Il semblerait que les athlètes passent à travers un processus difficile de plusieurs étapes pour devenir ouverts quant à leur orientation sexuelle. Cet enchainement serait marqué d’inquiétudes et d’appréhensions pour les athlètes. Selon les entraineurs interrogés, les athlètes LGBT discutaient d’abord de leur orientation sexuelle soit avec un seul coéquipier ou leur entraineur (plus rare) et, si la réaction était positive de la part du confident, les athlètes en parlaient ensuite à d’autres personnes. À travers les entrevues, nous avons découvert que les individus LGBT semblent se situer sur un continuum quant aux gens avec qui ils partagent leur identité (figure 1).

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Le type de dévoilement des athlètes décrit par les entraineurs de notre étude concorde avec le continuum de Griffin (1998). Les stratégies identifiées par Griffin concernent les entraineures lesbiennes et expliquent les façons de gérer leur identité sexuelle (identity-management strategies) afin de surmonter les manifestations tant internes qu'externes de l'homophobie et de l’hétérosexisme. La figure 2 présente le continuum de la sortie du placard de Griffin.

Figure 2. Lesbian Coaches’ Identity-Management Strategies (Griffin, 1998, p.135)

Néanmoins, dans notre étude, relativement peu d’information est disponible au sujet de la sortie du

placard étant donné le petit nombre d’athlètes ayant dévoilé leur identité. En outre, le sujet n’a jamais

été discuté ouvertement en groupe par aucun des entraineurs, ni des coéquipiers et ce fait est

cohérent avec ce qui est connu selon quoi il est très peu question de l’orientation sexuelle dans le

monde du sport.

4.1.1.3 Réaction des gens

Les entraineurs ont rapporté que dans certains cas, les athlètes auraient eu raison de s’inquiéter de la réaction de leur entourage sportif face au dévoilement de leur orientation sexuelle. Cependant, ils ont également précisé que dans d’autres contextes, les athlètes LGBT se seraient sentis entièrement acceptés. Il est possible de déterminer la position de l’entourage sportif sur le continuum de la réaction face à la sortie du placard d’une personne (figure 3).

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Figure 3. Continuum de la réaction face à la sortie du placard (inspiré de Demers, 2013)

Les réactions des acteurs de notre étude sont variées vis-à-vis un dévoilement de l’identité et se situent sur ce continuum de « non acceptée » à « banalisée ». Pour faire un parallèle avec la recherche sur l’homophobie, les réactions semblent également être plus négatives du côté masculin. Ce tableau rend compte aussi qu’il existe de l’incompréhension. En effet, ce phénomène serait en relation avec le manque de discussions et la nature taboue du sujet tel qu’il est indiqué ci-haut : « Les gens ne veulent pas en parler ». Pourtant, il est possible de saisir que lorsque les athlètes se sentent incompris, ils ont moins tendance à dévoiler leur identité. Ce phénomène crée un cercle vicieux puisque l’autocensure de l’orientation sexuelle réduit la probabilité de côtoyer des individus LGBT. Ce contact avec des personnes LGBT est pourtant en corrélation négative avec l’homophobie (Kauer & Krane, 2006; Lance 2002, Rogers et al., 2009).

4.1.1.4 Caractéristiques et nombre des athlètes qui sortent du placard

Les participants de l’étude combinent 191 années d’expérience en entrainement. Ils sont donc intervenus auprès de quelques milliers d’athlètes. Pour l’ensemble de ces années, un seul athlète gai, une seule athlète transgenre et 23 athlètes lesbiennes ont été identifiés par les entraineurs. Pourtant, si nous transposons au monde du sport l’estimation du pourcentage de la population qui serait homosexuelle (entre 4 et 17 % selon Lubensky, Holland, Wiethoff, & Crosby, 2004 tel que cité dans Melton & Cunningham, 2012), il est alors plausible de croire que le nombre connu d’athlètes LGB entrainés est plus bas que la réalité. Ces résultats

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confirment les statistiques issues de la littérature qui démontrent que l’orientation sexuelle des athlètes est méconnue, et ce, particulièrement en sport. Le tableau 2 présente le nombre d’athlètes LGBT connus et le nombre potentiellement réel de ceux-ci en utilisant le pourcentage de 10 % qui est régulièrement utilisé pour estimer le nombre de personnes homosexuelles dans une population donnée.

Tableau 2

Nombre connu d’athlètes LGBT entrainés

Discipline Estimé du nombre d’athlètes entrainés

Athlètes LGBT connus

entrainés d’athlètes LGBT qui ont Nombre possible été entrainés (en utilisant le 10 %)

Entraineur en soccer 430 1 homosexuel 43

Entraineur en basketball 240 4 lesbiennes 24

Entraineure en basketball 360 Plus de 10 lesbiennes 36

Entraineur en rugby 360 7 lesbiennes et 2 bisexuelles 36 Entraineure en

badminton 300 1 lesbienne et 1 transgenre (désirant changer de sexe) 30

La quantité d’athlètes qui dévoilent leur orientation sexuelle est caractérisée par un nombre significativement plus élevé de femmes que d’hommes. Ce fait reflète parfaitement ce qui est connu en recherche où l’acceptation du côté masculin est encore de nos jours plus laborieuse (Osborne & Wagner, 2007; White et al., 2010). Spécifiquement du côté masculin, pour toutes les équipes sportives masculines couvertes par l’étude, un seul entraineur a indiqué avoir entrainé un athlète gai sur les centaines d’athlètes sous sa charge durant une période de 27 ans. En relation avec le continuum des stratégies de gestion de l’identité sexuelle (« identity-management strategies ») de Griffin (1998), cet athlète était implicitement sorti du placard. De surcroit, il semble arriver fréquemment que les entraineurs aient seulement des soupçons basés sur le comportement de l’athlète et rarement de l’information qu’ils reçoivent directement de l’athlète. Il est à noter que la majorité des athlètes que les entraineurs de notre étude ont identifiés comme LGBT était implicitement « out » et que seulement deux lesbiennes étaient explicitement « out ». Ces résultats sont similaires à ceux de Demers (2006), entre autres, qui explique que les athlètes féminines de son étude lui ont révélé que même si elles n’ont jamais annoncé officiellement leur orientation sexuelle, toutes les athlètes de l’équipe connaissaient

41 leur situation. Dans ce cas, elles étaient implicitement sorties du placard, le sujet n’a jamais été abordé ouvertement.

Étant donné cette hésitation à sortir du placard en sport, ce sont souvent des incertitudes ou des allégations qui donnent certains indices aux entraineurs concernant le nombre d’athlètes LGBT dans leur club ou leur équipe. Toutefois, pratiquement tous les entraineurs nous ont révélé être certains d’avoir entrainé plus d’athlètes LGBT que ce qui était connu. Bref, l’orientation sexuelle des athlètes était soit connue ou seulement présumée, mais jamais discutée. Par conséquent, des doutes entourent toujours cette question. À ce sujet, nous constatons que la recherche démontre que les individus LGBT demeurent encore majoritairement invisibles à cause de l’homophobie et du fait que le sujet n’est que très rarement discuté (Scraton & Flintoff, 2002; Lenskyj, 2003).

4.1.2 Raisons qui expliquent le nombre restreint de sortie du placard

Cette section et les suivantes concernent tout l’échantillon d’entraîneurs. Les entraineurs ont émis de nombreuses hypothèses concernant le peu de gens qui décident de sortir du placard en sport. Les idées qui ressortent sont les suivantes :

Il serait difficile d’avouer son orientation sexuelle en sport

Il y aurait de la confusion concernant la notion de genre et d’orientation sexuelle. Ainsi certains croient qu’en dévoilant son orientation sexuelle, l’athlète masculin perd de la crédibilité masculine, de la notoriété ou bien des points de masculinité pour reprendre l’expression de Lajeunesse (2008), étant donné que l’image du sport est encore très masculine. Pierre expliquait que « C’est encore un monde macho, le sport, un monde arriéré avec des entraineurs un peu arriérés ». Puis, quant au genre masculin rattaché au sport, un autre entraineur (Édouard) commente : « On va avoir l’impression, que pour [les homosexuels], c’est difficile, mais je pense qu’on n’a pas le choix, parce que cette évolution va se faire sur 100-200 ans et que le sport va peut-être perdre de son genre masculin pour être un peu plus mixte; du même coup, ils seront plus libres de s’exprimer, de dévoiler ou de ne pas dévoiler leur orientation sexuelle »;

Le « coming out » serait particulièrement ardu chez les hommes

Le sujet n’est pas discuté, ce serait encore tabou et ce ne serait pas banalisé d’être un homme homosexuel. Certains disent ne pas connaitre d’individus LGBT et encore moins d’hommes qui sortent du placard en sport. Selon certains entraineurs, il en faudrait plus qui s’affirment pour améliorer la situation : « Il y a plus de chance de voir des gens parler d’abus de drogues, de stéroïdes, d’abus de femmes, battre sa femme, ça passe mieux que d’être un homosexuel dans le sport masculin, c’est vraiment niaiseux » (Benoît).

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En sport, l’environnement ne serait pas encore un milieu très inclusif : « Dans le basketball masculin, ce n’est peut-être pas un environnement qui est invitant ou propice à en parler beaucoup ou à le dévoiler [son orientation sexuelle]. J’imagine que c’est un peu pour cela qu’il n’y a eu personne qui a décidé d’en parler » (Julien). Il serait alors compréhensible que des athlètes décident de ne pas sortir du placard.

Comme le sport, c’est physique, pour reprendre les propos d’un entraineur, il y aurait en effet une proximité physique à ne pas négliger (accolades, prise de douche ensemble, contacts physiques fréquents et variés) et alors, lorsqu’il est question d’homosexualité ou de transsexualité, il apparaitrait un malaise important chez les hommes;

Il serait risqué selon les entraineurs de sortir du placard en sport. Il y aurait une forte pression sociale chez les adolescents et les jeunes adultes pour demeurer dans l’ombre. Cette tension est ajoutée à la préoccupation bien présente de ce que les autres penseront ou diront. Un entraineur a également joint l’aspect que les athlètes sont souvent considérés comme des modèles, ils sentiraient alors qu’ils doivent se conformer à ce que l’on attend d’eux comme athlète et ce ne serait pas d’être homosexuel.

Les athlètes LGBT ne voudraient pas vivre de discrimination ou d’injustice causées par leur orientation sexuelle (bien qu’il soit possible qu’ils en vivent, en n’étant pas sortis du placard), ils sentiraient qu’ils peuvent vivre aussi du harcèlement en étant ouvertement gais. En effet, au sein d’équipe de gars très proches les uns des autres, une certaine culture serait véhiculée par le langage et l’attitude des athlètes. Des préjugés et du placotage seraient également de la partie et nuiraient à l’image et aux relations des individus LGBT selon les répondants;

Les athlètes entrainés seraient trop jeunes pour dévoiler leur identité sexuelle;

Les athlètes LGBT auraient peur que leur orientation sexuelle dérange les autres ou nuise à la chimie d’équipe;

Les entraineurs ne chercheraient pas à connaitre l’orientation sexuelle de leurs athlètes, soit : « Qu’ils n’inviteraient pas à le savoir » (Julien), qu’ils ne désireraient pas mettre l’accent sur la différence (Édouard) ou qu’ils interviendraient seulement s’il y a des conséquences négatives de la différence en question qui dérangerait une personne (Édouard). Comme Pierre l’avoue : « Il me semble que c’est plus facile pour un entraineur, quand tu n’as pas à « dealer » et pourquoi est-ce que l’on dit ce mot-là ʺdealerʺ.

En recherche, plusieurs de ces pistes ont été investiguées auparavant. Les idées recueillies sont variées. Tantôt ce sont des constats de situations et rien ne peut réellement être fait. C’est ainsi et c’est tout, semblent- ils dire. Tantôt elles laissent place à des moyens d’améliorer la situation et d’augmenter le nombre de

43 personnes qui dévoilent leur orientation sexuelle ou tendent vers l’action d’une certaine manière. Il n’en reste pas moins qu’il y a des entraineurs de notre étude qui ne veulent pas savoir s’il y a des individus LGBT dans leur équipe, ce qui explique le peu d’intervention pour la création d’un climat inclusif.

4.1.3 Interventions

La section intervention fait référence aux actions de l’entraineur directement liées aux athlètes LGBT de son équipe. Étant donné que ce ne sont pas tous les participants de l’étude qui ont encadré des athlètes LGTB, les actions répertoriées sont réelles pour les cinq entraineurs qui ont entraîné des athlètes LGBT et qui ont donc effectivement posé ces gestes, ou encore hypothétiques, pour les six entraîneurs qui n’ont pas entraîné d’athlètes LGBT et qui ont imaginé quelles seraient les réactions qu’ils auraient ou actions qu’ils poseraient si certaines situations se produisaient. Les données montrent que les entraineurs sont soit inactifs, réactifs ou proactifs.

4.1.3.1 Aucune action

Certains entraineurs décident de ne pas poser de gestes concrets particuliers auprès d’un/des athlète(s) LGBT ou auprès de leur équipe présumée hétérosexuelle au sujet de l’orientation sexuelle. Quatre situations particulières sont plus fréquemment identifiées. En premier lieu, des entraineurs ont dit ne pas intervenir étant donné que l’orientation sexuelle des athlètes n’a pas causé de problèmes ou qu’ils n’ont jamais senti le besoin d’intervenir par rapport à cette question. Les propos suivants de François illustrent bien ce qui semble se produire : « J’ai l’impression que ça va faire une montagne de [parler de l’orientation sexuelle] avec les athlètes et que là, il va y avoir plein de choses à gérer à ce niveau-là, ce n’est pas que ça me dérangerait de le gérer, mais je trouverais cela dur pour l’athlète ».

En second lieu d’autres affirment plutôt ne pas en parler tant et aussi longtemps que l’athlète ne vient pas vers eux. Nous pouvons percevoir que c’est d’abord la responsabilité de l’athlète d’aborder le sujet dans les propos suivants de Lucie : « Je ne voulais pas en parler [de leur orientation sexuelle] avant qu’elles, elles en parlent ». En troisième lieu et dans le même ordre d’idée, une autre tendance semble être de ne pas vouloir mettre l’accent sur cette différence que l’athlète possède ou en faire un cas d’exception. En effet, certains entraineurs (comme Silvain) s’efforcent d’éviter de créer une situation particulière pour ne pas « nuire » aux athlètes LGBT : « J’ai toujours réfléchi là-dessus, si j’attire trop l’attention sur quelque chose, ça va faire différent, alors c’est une béquille, je ne rends pas service à mes joueurs homosexuels si j’en ai. » En dernier lieu, d’autres entraineurs justifient leur inaction en disant qu’il n’est pas important de parler d’orientation sexuelle, justement parce que ce n’est pas un sujet qui importe en entrainement et qui a un impact sur l’équipe ou en disant que

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les participants sont des athlètes, des personnes ou des jeunes d’abord, alors il n’y a rien de spécial par rapport à l’orientation sexuelle en comparaison aux autres différences.

Cependant, il est arrivé une situation où aucune intervention n’a été faite malgré le fait que certaines athlètes avaient des problèmes avec l’orientation sexuelle d’une coéquipière. En effet, l’identité d’une athlète créait de la discorde au sein de l’équipe, mais l’entraineure a plutôt décidé de laisser aller, car elle voulait que les athlètes soient à l’aise de venir vers elle ensuite. Finalement, d’autres entraineurs cherchent à en connaitre plus concernant l’orientation sexuelle d’une athlète lorsque des rumeurs courent pour éventuellement poser des gestes ayant de l’impact. Donc, ces personnes désiraient confirmer les propos entendus, « creuser un peu plus » de manière à savoir si ce qui avait été entendu était fondé et chercher la vérité pour choisir adéquatement l’intervention à faire comme le contenu du message à livrer à l’équipe pour améliorer la situation. Des rencontres individuelles ou en sous-groupes pourraient ensuite être planifiées. En somme, les entraineurs hésitent, ne veulent pas se tromper.

4.1.3.2 Actions réactives et proactives

Quelques entraineurs voient la sortie du placard d’un autre angle. Selon eux, ils sauront comment agir si un « coming out » se produisait sans nécessairement créer des conditions particulières au préalable. Leur réaction hypothétique serait : « L’athlète serait supporté à 100 % [s’il désire sortir du placard], mais il déciderait des modalités » (Jérémie) ou bien « Ce n’est jamais arrivé et je ne pense pas que cela sera un problème dans mon cas » (Benoît). En revanche, la seule action réactive répertoriée concerne l’utilisation d’un langage irrespectueux, néanmoins ce n’était pas spécifique à l’orientation sexuelle d’un athlète. Dans le cas d’athlètes qui sont sortis du placard à l’intérieur de l’équipe, les entraineurs ont réagi en faisant soit des interventions pour que les athlètes en couple se mêlent plus à leurs coéquipières ou encore que tous adoptent un langage inclusif, mais sans plus.

Enfin, des entraineurs se démarquent en disant aller au-devant des athlètes grâce à des règles d’équipe inclusives ou des invitations à se confier en cas de besoin. Ces actions proactives prennent la forme de rencontres avec les athlètes « recrues » pour faire respecter le climat que l’entraineur souhaite créer, d’attentions constantes portées au langage utilisé, d’exercices organisés de manière à favoriser une séance d’entrainement où les athlètes travaillent avec toutes les coéquipières et d’utilisation de ressources variées pour apprendre à intervenir en cas de besoin. Pacey précise qu’« il faut provoquer des comportements inclusifs tout le temps, le plus possible, mais en même temps je pense qu’il faut être intelligent et… il faut respecter ceux qui le souhaitent et il faut respecter les autres aussi dans le processus ». Donc, certains des entraineurs rencontrés sont en mesure d’anticiper les situations et se préparent en conséquence. Le nombre réduit d’entraineurs qui agissent de cette façon est en accord avec la littérature qui recommande comme