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Effet d’une perte de poids sur le profil métabolique des individus MHO

1 Problématique de l’obésité

1.5 Le phénotype d’obésité sans anomalie métabolique

1.5.5 Effet d’une perte de poids sur le profil métabolique des individus MHO

cardiométabolique moins délétère mais transitoire que leurs homologues MUHO, ils présentent néanmoins une obésité, et donc susceptibles d'être pris en charge dans un contexte de perte de poids. Plusieurs études ont évalué les effets de différentes stratégies visant une réduction pondérale, sans toutefois parvenir à une conclusion unanime puisque des résultats mitigés ont été consignés, dépendant, entre autres, du type d'intervention utilisé (nutritionnelle, axée sur l'activité physique, ou combinant les deux approches, vs chirurgicale). Ainsi, Shin et al. ont observé une diminution significative de TA intra- abdominal chez des sujets MHO et MUHO en réponse à une perte de poids induite par une restriction calorique (Shin et al. 2006). Les sujets MUHO présentaient, néanmoins, une quantité initiale de graisse intra-abdominale beaucoup plus importante que leurs confrères MHO. Une amélioration du profil lipidique-lipoprotéique, des niveaux plasmatiques de LDL oxydés et de CRP a été observée uniquement chez les sujets MUHO (Shin et al. 2006). Karelis et al. ont évalué les répercussions d’une perte de poids par restriction calorique sur la SI de femmes avec obésité post-ménopausées métaboliquement saines ou non (Karelis et al. 2008). Après 12 semaines d’intervention, la SI a été nettement améliorée chez les MUHO, alors qu’elle a significativement diminué chez les MHO. Une intervention nutritionnelle de même durée effectuée chez des femmes avec obésité pré-ménopausées montre une réduction de la masse grasse (et des niveaux plasmatiques de leptine), du tour de taille et de la RI, ainsi que des améliorations du profil hépatique, indépendamment du statut métabolique des participantes (Karelis et al. 2008). Les différences relatives à la détérioration (Shin et al. 2006) ou non (Karelis et al. 2008) de la SI entre ces deux études d’une durée de 12 semaines peuvent être dues en partie au statut ménopausique et/ou à l'âge plus avancé des sujets. Par ailleurs, une cohorte mixte d’individus MHO et MUHO ayant pris part à une intervention de 3 à 6 mois a été évaluée suite à deux stratégies de perte de poids, l'une induite par la diète, l'autre par l’AP. Outre une réduction de la masse corporelle, du tour de taille et des quantités de TA total et intra-abdominal, une amélioration de la SI a été observée chez les deux groupes, bien que celle-ci soit plus importante chez les sujets MUHO (Ruiz, Ortega, and Labayen 2013). Toutefois, bien que les résultats issus de l’étude de Janiszewski et Ross soient prometteurs, les multiples interventions (restriction calorique, exercice aérobie seul ou combiné à un exercice en résistance) ainsi que l’hétérogénéité de la population (hommes, femmes pré- et post-ménopausées) rendent leur

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interprétation difficile quant à la meilleure stratégie à adopter en fonction du sexe et de l'âge des sujets (Janiszewski and Ross 2010). Une intervention de plus longue durée (9 mois) ayant évalué les effets d’une modification des habitudes de vie (sur le plan nutritionnel et relativement à la pratique d’une AP) chez des sujets avec obésité et résistants à l'insuline en comparaison à des individus MHO révèle une amélioration de la SI uniquement chez les premiers, sans pour autant que la valeur atteinte soit compatible avec une quelconque protection contre le développement d’un DT2 ou de MCV (Kantartzis et al. 2011). Par ailleurs, Sesti et al. ont évalué les effets d’une perte de poids induite par la pause d'un anneau gastrique sur les facteurs de risque cardiométabolique chez des patients avec une obésité morbide mais exempts d'une RI (catégorisés comme MHO) vs des individus présentant un degré similaire d'obésité mais résistants à l'insuline (Sesti et al. 2011). Malgré une diminution de la masse corporelle et du tour de taille ainsi qu'une amélioration du profil cardiométabolique, la définition du phénotype MHO basée principalement sur la SI incite à la prudence face aux conclusions de cette étude, étant donné que la généralisation du concept MHO pose un problème de terminologie (Sesti et al. 2011). De plus, la possibilité d’une transition entre les différents phénotypes d’obésité a récemment été évoquée. Ainsi, un programme d’exercices communautaires de 14 semaines effectué chez 332 individus avec une obésité ayant un profil métabolique altéré ou non montre que près de 40 % des individus MUHO ont été « convertis » en MHO, principalement grâce à une amélioration de la CRF et des composantes du SMet (réduction du tour de taille, de la tension artérielle, de la glycémie et des niveaux de TG à jeun vs une augmentation des niveaux plasmatiques de HDL-cholestérol) (Dalleck et al. 2014).

Ainsi, l’adoption d’un mode de vie sain grâce à la pratique d’AP et une alimentation saine pourrait assurer une certaine durabilité du phénotype MHO, celui-ci étant notamment associé à une CRF plus élevée (Ortega et al. 2015; Kramer, Zinman, and Retnakaran 2013) De ce fait, il faut se questionner quant aux éventuels bénéfices reliés à une perte de poids chez les individus MHO et plus particulièrement à leurs répercussions à long terme chez ces individus. À ce propos, une meilleure connaissance des caractéristiques métaboliques et sécrétoires des différents dépôts adipeux (sous-cutané vs intra-abdominal) constituerait un atout majeur dans une prise en charge appropriée de ces patients avec ce phénotype particulier.

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À la lumière de ce premier chapitre, l’obésité apparaît comme une condition particulièrement hétérogène, et dans ce contexte, le TA semble un acteur important qui fera l'objet d'une description détaillée dans le second chapitre.

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2 Le tissu adipeux

Le TA est un organe complexe et particulièrement hétérogène. On peut distinguer différents types: blanc, brun et beige qui présentent des compositions cellulaires distinctes en plus d’être caractérisés par des fonctions métaboliques et sécrétoires différentes (Lee, Wu, and Fried 2013). Alors que le TA blanc est notamment reconnu pour son rôle dans le stockage de ressources énergétiques, le TA brun est caractérisé, entre autres, par la présence d’un grand nombre de mitochondries et par son implication dans la thermogenèse et la dépense énergétique (Kwok, Lam, and Xu 2016). Celui-ci est présent principalement chez les nouveau-nés, mais a également été identifié chez l’adulte (Ouellet et al. 2012; Harms and Seale 2013). Le TA beige provient d’une transformation du TA blanc par un stimulus environnemental comme l’exposition au froid par exemple et combine des propriétés à la fois des TA blanc et brun (Kwok, Lam, and Xu 2016). Cependant, seul le TA blanc ayant été étudié dans le cadre de ce mémoire, il sera donc traité de façon plus approfondie dans les prochaines sections.

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