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I. Exploration pharmacodynamique de la mambaquarétine-1

1) Effet sur 24 heures

Pour commencer, nous nous sommes intéressés à l’effet de MQ-1 sur les vingt- quatre heures suivant l’injection. Concernant le débit urinaire, plus la dose augmentait, plus le débit urinaire était important (Figure 27-a). Seule la plus faible dose à 0,001 µmol/kg n’a pas montré d’augmentation statistiquement significative du débit urinaire (2,34 ml/h/kg, p = 1,00, Tableau 3). De même, l’osmolalité urinaire était statistiquement diminuée en fonction de la dose, exceptée pour la dose 0,001 µmol/kg (1156 µOsm/kg H2O, p = 0,69, Figure 27-b et Tableau 3). Afin de vérifier que l’augmentation du débit

urinaire n’entrainait pas de pertes d’ions, nous avons quantifié indirectement les osmoles dans les urines. L’excrétion osmolaire n’évoluait pas en fonction de la dose. Elle était plus élevée pour toutes les doses mais de façon statistiquement significative seulement dans les groupes ayant reçu 0,003, 0,03 et 0,3 µmol/kg (respectivement 2710 µOsm/h/kg, p = 0,003 ; 2280 µOsm/h/kg, p = 0,005 et 2658 µOsm/h/kg, p < 0,001, Tableau 3).

Tableau 3 – Paramètres urinaires sur 24 h suivant une injection IP unique de MQ-1 à différentes doses. Médianes, valeurs extrêmes et p value du débit urinaire, de l’osmolalité urinaire et de l’excrétion osmolaire dans les vingt-quatre heures suivant une injection IP unique de MQ-1 à différentes doses. L’analyse statistique a été réalisée par un test post-hoc de Dunnett en prenant le groupe placebo comme référence.

Figure 27 – Débit et osmolalité urinaires sur 24 h après une injection IP unique de MQ-1 à différentes doses. a) Débit urinaire. b) Osmolalité urinaire. Chaque boite représente Q1, la médiane et Q3, les barres d’erreur correspondent aux valeurs minimales et maximales. L’analyse statistique a été réalisée par un test post-hoc de Dunnett en prenant le groupe placebo comme référence : * pour p = ]0,05-0,01], *** pour p < 0,001.

D’après l’analyse statistique, nous observons donc un effet aquarétique pur uniquement pour les doses 0,01 et 0,1 µmol/kg. Si la variation du débit urinaire et de l’osmolalité des urines est cohérente avec l’effet aquarétique attendu, les fluctuations de l’excrétion osmolaire ne sont pas reliées à la dose. Il convient de prendre en compte deux éléments concernant la quantification de ce paramètre. Premièrement, l’élimination des osmoles est liée à l’ingestion d’osmoles, que ce soit par la nourriture ou par la boisson. Or, le protocole expérimental utilisé ne permettait pas de mesurer la quantité de nourriture et d’eau ingérée de façon suffisamment précise pour pouvoir établir un bilan entrée/sortie des osmoles fiable. Deuxièmement, l’excrétion osmolaire a été calculée à partir de trois valeurs mesurées : le volume d’urine, l’osmolalité urinaire et le poids de l’animal. L’erreur de calcul cumule donc l’erreur de mesure de chacun de ces paramètres. L’osmolalité urinaire et le poids de l’animal sont mesurés avec une erreur inférieure à 10 %, donc négligeable. En revanche, l’erreur sur le volume urinaire est plus importante et difficile à quantifier. En effet, au moment où les biberons étaient placés, quelques gouttes s’écoulaient dans les cages et tombaient dans le pot de recueil des urines. D’autre part, il était courant d’observer un peu de nourriture dans les urines. Après plusieurs expérimentations, nous avons donc placé des filtres à l’entrée des pots collecteurs afin de pallier ce problème. Les tests statistiques concernant l’excrétion osmolalité doivent donc être interprétés avec prudence. Seule une différence particulièrement importante entre les groupes pourrait être considérée comme significative, ce qui n’est pas le cas dans notre étude.

Pour avoir une vision plus précise de la cinétique d’action de MQ-1, nous avons relevé les urines toutes les heures pendant les quatre premières heures suivant l’injection. Pour le groupe placebo, le débit urinaire était nul ou trop faible pour être mesuré. Pour toutes les doses entre 0,003 et 0,3 µmol/kg, l’activité aquarétique de la toxine existe dès la première heure et augmente rapidement jusqu’à atteindre un effet maximum au cours de la deuxième heure post-injection. Il s’ensuit une rapide diminution de l’activité au cours des deux heures suivantes (Figure 28). Sur la période entre 4 et 24 h post-injection, il n’y a plus d’effet aquarétique à la dose 0,003 µmol/kg. Pour la dose 0,01 µmol/kg, le débit urinaire n’est pas statistiquement différent de celui du groupe placebo, en revanche l’osmolalité urinaire est toujours statistiquement diminuée (Figure 28). Pour les doses plus élevées, l’effet aquarétique perdure.

Figure 28 – Débit et osmolalité urinaires au cours des 24 h suivant une injection IP unique de MQ-1 à différentes doses. a) Débit urinaire. b) Osmolalité urinaire. Chaque boite représente Q1, la médiane et Q3, les barres d’erreur correspondent aux valeurs minimales et maximales. L’analyse statistique a été réalisée par un test post-hoc de Dunnett en prenant le groupe placebo (valeurs des 24 premières heures) comme référence : * pour p = ]0,05-0,01], ** pour p = ]0,01-0,001], *** pour p < 0,001.

L’effet maximal atteint dans les deux heures après administration est le même aux trois doses 0,03, 0,1 et 0,3 µmol/kg. Ainsi, il apparait que pour toutes ces doses, le débit urinaire maximal est atteint. Or, le facteur physiologique limitant du débit urinaire est la vitesse de filtration glomérulaire et la réabsorption tubulaire du néphron. Nos expériences montrent que la dose 0,03 µmol/kg est suffisante pour empêcher la totalité de la réabsorption d’eau dépendante de V2R. Ensuite, la vitesse à laquelle l’effet aquarétique disparait n’est pas la même en fonction de la dose, comme nous avons pu l’observer entre 4 et 24 h post-injection, où la toxine était encore active seulement aux doses 0,03, 0,1 et 0,3 µmol/kg, d’après le débit urinaire. Cependant, la cinétique d’effet entre 4 et 24 h post- injection est difficile d’estimer. Les relevés réalisés entre 6 et 8 h post-injection au cours de nos premières expérimentations s’étaient révélés difficilement quantifiables car cette période correspondant à la phase de sommeil chez les rats. En revanche, la période entre 8

et 24 h post-injection correspond à leur période d’éveil et donc à un métabolisme tout à fait différent. C’est pourquoi le bilan entre 4 et 24 h montre que l’effet aquarétique est toujours présent alors que la période entre 4 et 8 h ne permet pas de mesurer d’effet.