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Le traitement de l’ICFEA reste aujourd’hui efficace et permet d’allonger l’espérance de vie des patients touchés (Reed and Sueta, 2015). A l’opposé, il n’existe à ce à jour aucun traitement permettant d’augmenter l’espérance de vie des patients en ICFEP (Cleland et al., 2006; Edelmann et al., 2013; Massie et al., 2008). Le traitement des comorbidités associées à l’ICFEP reste tout de même prescrit afin de limiter la détérioration de la qualité de vie des patients. Ainsi, le traitement de l’ICFEP est choisi en fonction des comorbidités et des symptômes qui lui sont associés.

Lorsqu’une atteinte pulmonaire (œdème) est diagnostiquée il est utilisé des diurétiques mais les dérivés nitrés restent les plus efficaces (Cotter et al., 1998). Ce traitement permet de réduire la pression artérielle notamment au niveau pulmonaire afin d’éviter un aggravement de l’œdème et le risque d’intubation et ventilation. Dans le cas d’une rétention hydrosodée ce sont seulement les

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diurétiques qui sont efficaces. Il est cependant important de suivre la fonction rénale qui risque de s’altérer d’autant plus avec le traitement. Enfin, dans le cas particulier d’un diagnostic de l’ICFEP seulement associé à une dyspnée à l’effort, il n’existe aucun traitement suffisant pour augmenter l’espérance de vie. Plusieurs études cliniques internationales et menées en double aveugle se sont intéressées à tester les molécules suivantes : inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine II, bétabloquants, antagonistes des récepteurs AT1 et AT2 à l’angiotensine II et antagonistes des récepteurs de l’aldostérone. Aucune de ces dernières n’a permis de montrer un effet bénéfique sur la survie des patients en ICFEP avec dyspnée à l’effort.

Les mécanismes impliqués dans la physiopathologie de l’ICFEP et de l’ICFEA sont totalement différents. Cette différence explique notamment les résultats décevants concernant l’utilisation des classes de médicaments préconisés pour le traitement de l’ICFEA dans le contexte de l’ICFEP. Il reste donc extrêmement important de mieux comprendre les processus impliqués dans l’ICFEP et notamment ceux associés au vieillissement afin d’identifier de nouvelles voies thérapeutiques.

5- Conclusion

Nous avons pu voir que le vieillissement prédispose à de nombreuses pathologies, dont les pathologies cardiaques. Le cœur âgé possède un phénotype particulier caractérisé notamment au niveau fonctionnel par une dysfonction cardiaque diastolique du ventricule gauche. Le cœur âgé est ainsi largement prédisposé à développer une ICFEP pour laquelle il n’existe actuellement aucun traitement. Ainsi, une meilleure compréhension des mécanismes initiateurs reste une approche indispensable à la découverte de nouveaux traitements préventifs et thérapeutiques. Dans cette optique il est nécessaire d’étudier les modifications au niveau cellulaire qui peuvent rendre compte des altérations fonctionnelles. De très récentes études démontrent l’implication d’un processus particulier appelé « sénescence cellulaire » dans le développement de pathologie en association avec le vieillissement (Baker et al., 2016; He and Sharpless, 2017). Ainsi il est possible de formuler l’hypothèse selon laquelle la survenue de pathologies cardiaques avec le vieillissement est liée à l’accumulation de cellules sénescentes.

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II- La sénescence cellulaire

Décrite pour la 1ère fois en 1961 par Hayflick et son collaborateur Moorhead, la sénescence cellulaire

est aujourd’hui un domaine de recherche en constante évolution (Hayflick and Moorhead, 1961). En effet, la définition initiale de la sénescence, alors caractérisée comme un simple arrêt de division cellulaire, se retrouve aujourd’hui enrichie et complexifiée. Ainsi, de nombreuses autres caractéristiques sont à ce jour utilisées pour identifier et comprendre la biologie des cellules sénescentes. La sénescence cellulaire est un processus positif lors du développement ou de la cicatrisation, mais de très récentes études suggèrent aussi son rôle délétère dans la survenue de pathologies avec l’âge (He and Sharpless, 2017). En dépit de nombreuses avancées scientifiques dans ce domaine, plusieurs aspects restent encore mal décrits. Les mécanismes inducteurs sont, en effet, nombreux et variables d’un tissu à l’autre et les marqueurs de sénescences utilisés ne sont pas spécifiques du processus de sénescence. L’étude des mécanismes inducteurs et l’identification de nouveaux marqueurs représentent donc un réel enjeu dans la lutte contre les pathologies liées à l’âge.

1- Découverte du concept de sénescence cellulaire par Hayflick

et Moorhead

Le concept de sénescence a été initialement décrit et défini en 1961 par Hayflick et Moorhead. Ces derniers ont observé un arrêt du cycle cellulaire sur diverses lignées fibroblastiques en culture après un nombre défini de divisions cellulaires (environ 50) (Hayflick and Moorhead, 1961). Cet arrêt du cycle cellulaire est à distinguer de l’état de quiescence par sa stabilité et sa non-réversion en présence de facteurs de croissance (Terzi et al., 2016). C’est à partir de cette observation qu’a émergé le concept de sénescence réplicative, qui se définit alors comme un arrêt stable de la division cellulaire (Hayflick, 1965; Hayflick and Moorhead, 1961). Le nombre maximal de divisions cellulaires précédant l’entrée en sénescence est appelé la limite de Hayflick. Par la suite, de nombreuses études ont démontré que la sénescence réplicative ne se limitait pas aux fibroblastes, mais que ce processus était commun à de nombreux autres types cellulaires en culture et dans l’organisme (Campisi and d’Adda di Fagagna, 2007; Childs et al., 2015).

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2- Caractéristiques générales de la sénescence

Bien que la définition initiale de la sénescence par Hayflick se limitait à un arrêt stable de la prolifération, des études plus récentes ont permis de mettre en évidence d’autres caractéristiques communes aux cellules sénescentes (He and Sharpless, 2017). Parmi elles, on retiendra plus particulièrement, l’hypertrophie cellulaire, la résistance à l’apoptose, l’acquisition d’un phénotype sécrétoire associé à la sénescence (SASP), la présence de macromolécules oxydées, la dysfonction d'organites intracellulaires (lysosomes, mitochodries) et des modifications nucléaires (Figure 7). L’ensemble de ces caractéristiques permet par ailleurs de mettre au point des marqueurs d’identification, dont certains se révèlent être critiquables.

Figure 7. Les caractéristiques de la cellule sénescente (Image créée à partir de la banque d’images MedicalArt®)

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