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1. LA DOULEUR AIGUË DANS LES SOINS

1.3. LA PRATIQUE DE L’HYPNOSE DANS LA DOULEUR INDUITE PAR LES SOINS

1.3.1. Douleurs induites par les soins

Sont plusieurs les manières des professionnels de santé de nommer les « douleurs induites par les soins ». Ainsi, tant dans la littérature comme sur le terrain, nous parlons de « douleurs provoquées par les soins », ou de « douleurs associées aux soins », ou encore de « douleurs liées aux soins » ou de « douleurs iatrogéniques » (cf. sous-chapitre 1.1). Cette variété de termes utilisés est en lien avec une réelle problématique dans les soins et les mul- tiples situations où elle est bien présente. Cela nous rappelle, tout simplement, qu’en tant que soignants, face à la douleur, sommes vulnérables. Les différentes façons dont elle se manifeste dans les soins dépendront du système de valeurs de chaque individu et de ses pratiques, attitudes et croyances, la culture (Lasch, 2000), face à la santé et de la maladie. La douleur peut être alors, ce qui résulte des accidents, des maladies, des comportements et des formes de vivre d’une culture (cf. sous-chapitre 1.1 : représen- tations sociales). Mais, dans toutes ses formes et cultures, la douleur accompagne les soins et, toutes ont en commun qu’il s’agit bien de douleur provenant des soignants.

François Bureau (2013) (Cité par Donnadieu & Wrobel, 2013), propose quelques pistes de réflexion au sujet des mots employés. Ainsi, le terme « douleur provoquée » se correspondra à la douleur provoquée par les manœuvres médicales lors des examens cliniques : signe de Mac-Burney, le point de Murphy, le signe de Lasègue… Ce sont, comme nous l’avions déjà dit dans le premier chapitre de ce travail (cf. sous-chapitre 1.1), des douleurs recherchées de façon intentionnelle par le médecin, lors d’une ex- ploration clinique, afin de faciliter la compréhension d’une pathologie et la pose d’un diagnostic, ce qui permettra traiter au mieux le patient. Ces manœuvres ont en com- mun des facteurs déclenchants plus ou moins identiques, comme le contact, la pres- sion, la posture…

François Bureau (2013) (Cité par Donnadieu & Wrobel, 2013), définit la « douleur iatrogénique », associée assez souvent à la pathologie ou à des complications de la pa- thologie et/ou de son traitement, comme c’est le cas de l’iatrogène médicamenteuse. Ici, à la différence des douleurs provoquées, elles ne sont pas intentionnelles, mais aléatoires. L’iatrogène évoque des situations plus ou moins chroniques, comme par exemple, les douleurs chroniques neuropathiques.

Les « douleurs induites par les soins », les « douleurs associées aux soins », ou les « les dou- leurs liées aux soins », sont des douleurs à caractère prévisible, causées par les profes- sionnels de santé (médecins, infirmières, aides-soignants, psychologues). Ce sont des douleurs fréquentes, de courte durée, associées à un geste ou à un soin « qui doivent être réalisés pour le bien du patient » François Bureau (2013) (Cité par Donnadieu & Wrobel, 2013). Ce caractère de prévisibilité permet aux soignants de mettre en place des me- sures préventives afin d’en réduire le degré. Vu cela, le terme de « douleur aiguë in- duite » semblerait le plus approprié François Bureau (2013) (Cité par Donnadieu & Wrobel, 2013), pour parler des douleurs qui concernent les usages de notre système de santé.

Le problème se pose quand ces douleurs évoluent vers la chronicité. Selon Fré- déric Guirimand (2005) (Cité par Wrobel, 2005), la douleur a d’abord une fonction d’alarme, avertir la personne qu’un stimulus dit « nociceptif » menace son intégrité physique. Ici, le terme nociceptif, que nous avions déjà évoqué lors du premier cha- pitre, concerne la localisation, l’intensité, les différentes composantes, les réponses de la personne (motrices, verbales, végétatives). Cependant tous ces paramètres peuvent évoluer puisqu’ils ne sont pas statiques, pouvant à long terme entraîner une douleur chronique.

Par « douleurs induites », nous pouvons dire, d’une façon très simple, que les dou- leurs induites sont associées aux interventions des soignants et c’est, pour le patient, « tout ce qui fait mal ». Mais, quels sont alors, les soins les plus fréquents rencontrés ?.

1.3.1.1. Prévalence des douleurs induites par les soins

La douleur aiguë induite par les soins, est une notion apparue récemment, fin XXe siècle. Il s’agit d’un phénomène lié aux évolutions médicales. En effet, le déve- loppement des techniques, l’augmentation de l’espérance de vie et l’augmentation du nombre de soins réalisés (cf. Introduction : contexte), parfois, pendant de longues années ont fait que nous soyons aujourd’hui à vouloir réduire ses conséquences. Pour cela, nous disposons de moyens pharmacologiques, mais aussi non pharmacologiques. L’hypnose est en un.

Selon A. Coutaux et E. Collin de la consultation d'évaluation et de traitement de la douleur de l’Hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris, il existe deux types de douleurs induites (2008) : les douleurs aiguës ou subaiguës et les douleurs chroniques à distance de certains traitements, comme la chirurgie, la réaction iatrogé- nique à certains traitements, la radiothérapie, la chimiothérapie… Les douleurs aiguës peuvent être provoquées par des :

• soins paramédicaux :

- actes invasifs : ponction veineuse, réalisation des pansements, soins cuta- nés (escarres, ulcères…), pose ou retrait de sondes, de drains de Redon… - actes non invasifs, de la vie quotidienne ; lever/coucher, toilette, soins de

bouche, habillage/déshabillage, aide à la prise alimentaire, mobilisation (transferts…), kinésithérapie…

• gestes médicaux à visée diagnostique ou thérapeutique (gazométrie, ponction de cavité, d’organe, biopsies actes radiologiques, cathétérisme…)

• Traitements : chirurgie, suites opératoires, médicaments…

• Situations rencontrées : attentes prolongées sur le brancard, transports (ambu- lance…), etc.

Les douleurs induites, à distance par certains traitements (chirurgie, chimiothé- rapie, radiothérapie), sont le plus souvent, sous-évaluées, mal comprises par les pa- tients et peu prises en charge par les médecins (Coutaux & Collin, 2008). Ce sont des douleurs chroniques de mécanisme neuropathique (cf. sous-chapitre 1.1). Par exemple, certaines chimiothérapies anticancéreuses sont connues pour indure des neuropathies

à distance (Coutaux & Collin, 2008). La pratique de l’hypnose est aussi très utilisée dans les troubles anxieux et phobiques (Pelissolo, 2016).

La littérature, concernant l’épidémiologie des douleurs induites par les soins, a commencé apparaître dès 2008 (cf. sous-chapitre 1.1 : approche sociétale et organisationnelle de la douleur). Elle est peu fournie et la plupart des études ne concernent pas les carac- téristiques des douleurs ni les répercussions sur la qualité de vie (Coutaux & Collin, 2008). Nous retrouvons aussi des grandes divergences en fonction des lieux de soins.