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Un questionnaire détaillé a porté sur la situation sociale actuelle et passée de l’enquêté, et ses conditions de vie au moment de l’étude. Ces questions sont importantes pour considérer les rapports entre conditions de vie et trajectoires sociales et santé mentale et addictions. Les items des différents modules ont été repris de questionnaires existant, en particulier de l’enquête SD2001 de l’Insee pour toutes les données sociales et de trajectoires, de la cohorte SIRS de l’Inserm (2005-2010) pour les données médicales et de réseau social, du Baromètre santé de l’Inpes pour les questions notamment d’addictions et de violence, et de l’enquête Handicap, incapacités, dépendance (HID, Insee, 1998-2002) pour des questions de santé et handicap.

Les grands thèmes du questionnaire (en annexe) sont les suivants (par ordre de passation) : i. Caractéristiques sociodémographiques

L’interrogation porte sur le sexe, l’âge, le lieu de naissance, le statut matrimonial, les enfants, le niveau d’étude, la maîtrise orale et parlée du français. Les questions ont été essentiellement reprises de SD2001 dans un but de comparaison.

ii. Antécédents personnels et familiaux

Les questions ont abordé la trajectoire sociale et les événements de vie de l’enquêté. L’enfance a été interrogée : ressenti de l’enfance, structure familiale de la personne dans l’enfance, placement, âge de « l’indépendance ». Ces questions sont issues de SD2001 et de SIRS, elles ont pour but de distinguer des éléments biographiques marquants.

iii. Période d’itinérance – Hébergement

Des questions issues de SD2001 ont porté sur les circonstances liées à la première perte de logement, les lieux de vie dans la rue, le recours au 115, et la fréquentation des lieux de restauration et des accueils de jour. Les questions sur la fréquentation des différents lieux d’accueil sont nécessaires pour le calcul de la pondération (Cf. paragraphe 7. Constitution de la base de données). Les questions liées à la première perte de logement permettent de d’identifier la rupture sociale initiale et de la connecter avec d’autres événements de vie, avec d’éventuels problèmes de santé mentale ou d’addictions. Pour essayer de mieux comprendre les raisons de fréquentation ou de refus de certains lieux d’hébergement, des questions, formulées à partir d’une enquête qualitative sur le refus d’hébergement (Gardella et Le Méner, 2010) ont été posées.

iv. Santé

On trouve au cœur de ce thème des questions sur la santé ressentie, les maladies chroniques, le traitement, le recours aux soins en général, provenant de SIRS, de SD2001, du Baromètre Santé et de l’enquête HID. L’idée est de décrire et de comparer la santé et les comportements de santé des personnes sans logement.

v. MMSE (Mini Mental Status Examination)

Il s’agit d’une échelle comprenant 12 questions. Elle permet de détecter des problèmes de démence ou des atteintes neurologiques, notamment celles fréquemment liées à une alcoolisation chronique. Les questions n’ont été posées qu’aux personnes de 50 ans ou plus.

vi. Recours aux soins psychiatriques

Ce module a été conçu dans une perspective biographique, passant par la description du premier recours (consultation auprès d’un professionnel de santé, prise de médicaments prescrits par un médecin, hospitalisation en psychiatrie), du suivi en cours et du dernier recours pour l’hospitalisation. Les ruptures de traitement sont aussi étudiées (motifs, reprise). Ce module doit permettre d’une part d’améliorer les connaissances sur les parcours de soins et d’autre part d’inscrire les événements de santé mentale dans le parcours de vie avec la rupture sociale comme point de référence.

vii. Évaluation des addictions et des modalités d’usage dans la rue

Ce module a été décomposé en deux parties : une partie sur l’alcool et une partie sur les drogues illicites et médicaments détournés de leur usage :

a. L’alcool. Pour mesurer les niveaux de consommation au cours des douze derniers mois et repérer

les usages problématiques, le test utilisé a été l’AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test). Il repère moins d’individus à risque chronique ou à risque de dépendance que le DETA (équivalent du test américain CAGE) mais repère davantage de gros consommateurs réguliers d’alcool (Baromètre Santé 2005). De plus, le DETA interroge sur toute la vie. Le choix de l’AUDIT est également motivé par le fait qu’il a été utilisé, en version simplifiée (AUDIT-C), dans le Baromètre Santé 2005. Il permet ainsi une comparaison avec les résultats des enquêtes sur les consommations menées en population générale.

b. Les drogues illicites et médicaments détournés. Un module spécifique a été élaboré, en partenariat

avec l’OFDT, permettant de mesurer les niveaux de consommation des drogues à partir d’une liste exhaustive de tous les produits recensés par l’OFDT. Ce module est inspiré du DEBA-D (Dépistage/Evaluation du Besoin d’Aide-Drogues) du groupe RISQ (Recherche et intervention sur les substances psychoactives – Québec)12(Tremblay et al., 2001).

De plus, pour l’alcool et les drogues, une question issue de l’Echelle de Sévérité de la Dépendance (Gossop et al., 1995) incluse dans le DEBA-A/D, a permis de recueillir une information sur le degré de dépendance à la substance, toujours dans un souci de comparaison. Pour toutes les substances, des questions sur les consommations antérieures, sur l’impact de la situation d’exclusion sociale sur les consommations et sur les sevrages ont été posées dans le but de représenter des parcours de consommation, de relever des moments critiques, et des relations avec le processus d’exclusion sociale.

viii. Tabac

Des questions sur la consommation actuelle de tabac ou sur l’arrêt de consommation ont été posées pour permettre une comparaison avec les données de la population générale (Baromètre santé).

ix. Situation et expérience professionnelle

Le module renvoie notamment à l’activité professionnelle, aux contrats de travail, ressources financières et démarches de recherche d’emploi. Les questions sont essentiellement issues de SD2001. Elles visent à décrire la proportion de personnes qui travaillent et sous quelle forme, la proportion de personnes qui ne travaillent pas et leurs démarches, et de les comparer avec les données de 2001.

x. Couverture et prestations sociales

Les questions proviennent de SD2001 et ont été actualisées. xi. Violence subie au cours des douze derniers mois

Malgré l’intérêt de la problématique de la violence dans cette population, nous n’avons pu finalement intégrer que des questions sur la violence subie, pour des raisons de longueur du questionnaire. Il s’agit de décrire les violences subies par les personnes sans logement personnel, en général, et des personnes atteintes de troubles mentaux en particulier.

xii. Réseau social

Nous avons repris des questions de SIRS, afin de mieux connaître le soutien ou l’isolement social des personnes sans logement personnel.

xiii. Entretien clinique ouvert (10 à 20 mn – résumé de 15 lignes)

A l’issue de la passation du questionnaire par l’enquêteur, le psychologue réalisait un entretien clinique ouvert. Dans un compte rendu, il notait ses impressions sur le contact avec la personne, décrivait la présentation physique de la personne, en particulier tout ce qui peut paraître significatif (sa tenue vestimentaire, sa gestuelle, l’absence éventuelle de soins corporels, les plaies apparentes, etc.), repérait des éventuels symptômes psychotiques, et donnait une impression générale sur la personne et /ou un diagnostic psychologique.

4. LE TEST DU DISPOSITIF D’ENQUÊTE

Bien que ce dispositif d’enquête ait inclus deux cliniciens afin de réduire la marge d’erreur du diagnostic, inhérente à l’utilisation d’un outil d’entretien psychiatrique standardisé seul, il était néanmoins nécessaire de le tester. En effet, dans un tel dispositif, le psychologue est le seul clinicien à rencontrer l’enquêté, et s’il peut recueillir des éléments cliniques pour le diagnostic, il n’est pas formellement en capacité de porter ce diagnostic. Celui qui doit porter le diagnostic, le psychiatre, ne rencontre pas l’enquêté mais dispose des éléments cliniques et de l’histoire de vie rapportés par le psychologue. Nous avons testé ce dispositif d’étude en situation d’enquête – ce test ne signifiant pas une validation du MINI en population SDF, laquelle aurait nécessité des moyens beaucoup plus lourds.