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Données du RNV3P

Dans le document Rapport ANSES octobre 2017 (Page 60-64)

2 Description des métiers et des activités

2.4 Pathologies associées aux métiers de soin et de décoration de l’ongle

2.4.1 Données du RNV3P

2.4.1.1 Introduction

Le RNV3P réunit l’ensemble des 31 centres de consultation de pathologie professionnelle (CCPP) français, ainsi que 9 services de santé au travail (SST) rattachés au réseau.

Figure 3 : Cartographie du RNV3P

2.4.1.2 Extraction des données du RNV3P3

Afin de repérer les problèmes de santé au travail (PST) liés aux activités sur l’ongle des manucures (esthéticiennes) et des prothésistes ongulaires (ou stylistes ongulaires) ayant fait l’objet d’une déclaration dans la base de données du RNV3P, une extraction a été effectuée sur la base nationale de données d’activité 2001-2014 du RNV3P avec les données recueillies à la fois dans les CCPP et les SST à la date du 18 février 2015 (date de la dernière extraction). Le protocole d’extraction des données et les résultats sont détaillés en annexes 3 et 4.

3 Les terminologies employées dans cette partie proviennent de l’extraction du RNV3P.

Au total, 167 PST conclus comme ayant un lien avec l’environnement du travail, ont été retenus car correspondant à une activité sur l’ongle soit dans le secteur des soins de beauté, soit quand le poste de travail ou le mémo clinique fait référence à la profession de manucures (esthéticiennes) ou de prothésistes ongulaires. La requête visait la spécificité des PST pouvant être reliés avec certitude à une activité sur l’ongle et non l’exhaustivité du nombre de PST4.

Les 167 PST ont été rapportés entre 2001 et 2014 par 21 CCPP. Près de la moitié des PST a été notifiée en 2010 (Figure 4) par le CCPP de Grenoble qui réalisait, avec le RSI des Alpes (Régime social des indépendants), une étude auprès de 71 prothésistes ongulaires volontaires. A noter que le CCPP de Grenoble représente à lui seul 83 % des PST enregistrés en pneumologie (n=38) et 97 % en rhumatologie (n=30), sa contribution aux PST en allergologie et dermatologie étant plus équilibrée (9 % ; n=7) vis-à-vis des autres CCPP. A l’exception de cette étude du CCPP de Grenoble, les explorations fonctionnelles respiratoires permettant le diagnostic de pathologies comme l’asthme sont rares chez cette population de travailleurs (Bergeret Dessalces 2014). A l’inverse pour des pathologies comme la dermatite allergique de contact (DAC) aux acrylates, il est vraisemblable que les patients des CCPP représentent une part plus importante des travailleurs affectés compte tenu du caractère incapacitant et spécifique de la DAC aux acrylates et compte tenu de la batterie de tests épicutanés disponible principalement dans les CCPP, vu son coût important.

Pour 61 % des 167 PST, il s’agit de travailleurs indépendants dont la plupart sont issus du CCPP de Grenoble (au moins 80 %), sachant qu’à l’échelle nationale les travailleurs indépendants représentent 46 % des travailleurs du soin et de la décoration de l’ongle répertoriés5. Les patients étaient tous des femmes âgées de 18 à 61 ans avec un âge moyen de 35 ans (+/- 10 ans).

Il convient de préciser que l’unité d’étude (PST) correspond à la pathologie finale qui caractérise le problème de santé au travail et non à un patient, un même patient pouvant donc avoir plusieurs PST. Les 167 PST correspondent à 132 patients dont 80 % (n=106) ont un seul PST diagnostiqué, 13 % (n=17) ont deux PST et seulement 7 % (n=9) ont trois PST.

Dans ce chapitre, l’objectif est de repérer et décrire les pathologies et nuisances associées chez les travailleurs de soin et décoration de l’ongle à partir des déclarations dans la base de données du RNV3P, soit les 167 PST retenus. Ces données ne permettent pas de calculer la prévalence ou l’incidence des pathologies dans la population de ces travailleurs en France. Aussi, les résultats qui suivent ne peuvent être considérés comme des valeurs de prévalence ou d’incidence.

4 Pour le CCPP de Cochin, 14 PST en dermatologie ou allergologie ont ainsi été identifiés dans le RNV3P sur la période 2001-2014, soit 1,1 PST/an en moyenne, alors qu’une requête directement au niveau du service de pathologie professionnelle de Cochin (puis Hôtel-Dieu) sur 2011-2016 a observé 6 cas de dermatites allergiques aux acrylates chez des esthéticiennes et prothésistes ongulaires sur 2011-2016, soit 1,2 cas/an en moyenne.

5 D’après l’audition de la Fédération des Ecoles Professionnelles de la Parfumerie, de l'Esthétique et de la Cosmétique (FIEPPEC) du 30/01/15, des salariés sont présents dans 9000 instituts de beauté sur les 33522 instituts répertoriés (en moyenne un institut compte 2 salariés) et les autres professionnels sont des travailleurs indépendants, soit : (33522-(9000*2))/33522=0,46=46 %.

Figure 4 : Répartition annuelle des PST notifiés entre 2002 et 2014

Figure 5 : Répartition annuelle des PST notifiés entre 2002 et 2014, hors PST du CCPP de Grenoble

2.4.1.3 Résultats de l’analyse statistique des données du RNV3P Les résultats sont détaillés en annexes 2 et 3.

Les problèmes de santé au travail diagnostiqués (n=167 PST) ont fait l'objet d'un regroupement en 5 catégories en se basant sur les codes de la classification internationale des maladies (CIM-10) utilisés (Tableau 3). Les groupes de pathologies les plus fréquemment enregistrés dans le RNV3P sont les affections cutanées (38 % ; n=63), les affections des voies respiratoires et ORL (28 % ; n=46), mais aussi des troubles musculo-squelettiques (22 % ; n=37). Les céphalées sont évoquées dans 11 % des cas (n=18). Un cas de syncope et collapsus (sauf choc) et un cas de fœtus affecté par l’exposition de la mère à des substances chimiques de l’environnement ont également été rapportés.

Tableau 3 : Description des PST par groupe de pathologies

Groupe Pathologie  

Affections cutanées  63  37,7 

Affections des voies respiratoires et ORL  46  27,5 

Troubles musculo‐squelettiques  37  22,2 

Céphalée  18  10,8 

Autres pathologies  3  1,8 

Total général  167  100 

Etude CCPP de Grenoble / RSI des Alpes

Le Tableau 4 rapporte plus précisément les pathologies observées par ordre décroissant de fréquence.

Tableau 4 : Caractéristiques des PST suivant la pathologie principale6

Pathologies N %

Dermite allergique de contact 51 30,5

Troubles musculo-squelettiques 37 22,2

Asthme 20 12,0

Céphalée 18 10,8

Rhinite (chronique) 10 6,0

Rhinite allergique 8 4,8

Dermite de contact, sans précision 6 3,6

Dermite irritante de contact 5 3,0

Résultats anormaux d'explorations fonctionnelles pulmonaires 3 1,8

Toux 2 1,2

Pneumopathie par hypersensibilité 2 1,2

Conjonctivite, sans précision 1 0,6

Polype des fosses nasales 1 0,6

Urticaire, sans précision 1 0,6

Syncope et collapsus (sauf choc) 1 0,6

Fœtus et nouveau-né affectés par l'exposition de la mère à

des substances chimiques de l'environnement 1 0,6

Total 167 100

Pour chaque problème de santé au travail, le médecin identifie la ou les expositions (la nuisance) liée(s) à la pathologie diagnostiquée. Plus de la moitié des expositions, 54 %, concerne la famille des acrylates/méthacrylates (dont 2,6 % concerne les adhésifs, colles cyanoacrylate) et 17,4 % des expositions concernent la posture assise prolongée ou fréquente, le mouvement répétitif de la main, du poignet ou de l'avant-bras ou les mouvements répétitifs en général.

Concernant plus particulièrement les quatre types de pathologies les plus fréquentes représentant 75 % des PST, elles sont reliées principalement aux expositions suivantes :

- Pour les dermites allergiques de contact : 52 % sont reliées à des acrylates ou méthacrylates et 7 % à des thermoplastiques polyacryliques ou polyméthacryliques. Le niveau rapporté d’imputabilité à une exposition professionnelle est « fort » dans 72 % des cas (sur une échelle à trois classes : « faible, « moyen », fort »).

- Pour les asthmes : 73 % sont reliés à des acrylates ou méthacrylates. Le niveau rapporté d’imputabilité à une exposition professionnelle est « moyen » dans 50 % des cas et

« faible » dans 33 % des cas.

- Pour les céphalées : elles sont toutes reliées à des méthacrylates. Le niveau rapporté d’imputabilité à une exposition professionnelle est « moyen » dans 67 % des cas.

6 Les terminologies employées dans cette partie proviennent de l’extraction du RNV3P. Dans la suite du rapport le terme de dermatite sera utilisé plutôt que dermite.

- Pour les troubles musculo-squelettiques : ils concernent essentiellement des postures et des mouvements répétitifs. La moitié des cas (52 %) concerne plus particulièrement des postures assises prolongées, fréquentes et le quart (25 %) des mouvements répétitifs de la main, du poignet ou de l'avant-bras. Le niveau rapporté d’imputabilité à une exposition professionnelle est « moyen » dans 73 % des cas.

Le cas de syncope et collapsus (sauf choc) rapporté concernait une manucure utilisant des vernis et solvants, atteinte de fatigabilité et de céphalées et était associé à des nuisances en lien avec ses horaires de travail et avec une violence interne (autre salarié de l’entreprise). Le cas rapporté de fœtus affecté par l’exposition de la mère à des substances chimiques de l’environnement concernait une femme de 25 ans ayant subi une interruption thérapeutique de grossesse à la suite d'une malformation cérébrale du fœtus. Les produits incriminés étaient des produits cosmétiques pour la pose d'ongles artificiels, utilisés à très faible concentration, notamment le phtalate de dibutyle dont le niveau d’imputabilité était jugé « moyen », mais aussi le toluène, le méthacrylate d’éthyle, des polyméthacrylates et l’éthanol.

Quand l’information sur les mesures préventives proposées était enregistrée, il s’agissait principalement de mesures individuelles (EPI, formation, hygiène individuelle) ou collectives (aménagement de poste, mesures organisationnelles ex. horaires, hygiène collective). Près de la moitié des PST a abouti à une absence de prise en charge du risque de maladie professionnelle, ce qui s’explique par le fort taux (49 %) de volontaires indépendants venus d’eux-mêmes dans le cadre de l’étude du CCPP de Grenoble. Pour l’autre moitié des PST, les deux tiers ont débouché sur une demande de reconnaissance en pathologie professionnelle (tableau et hors tableau). Pour les 43 PST ayant donné lieu à une demande de prise en charge au titre d’un tableau de maladie professionnelle, sont majoritairement retrouvées les lésions eczématiformes de mécanisme allergique (tableau Régime général (RG) 65), suivies des affections provoquées par le méthacrylate de méthyle (RG 82), les demandes étant peu fréquentes pour les rhinites et asthmes professionnels (RG 66) et pour les affections engendrées par les solvants organiques liquides à usage professionnel (RG 84) (Tableau 5).

Tableau 5 : Répartition des PST suivant l’affection tableau

Affection tableau N %

RG 65:Lésions eczématiformes de mécanisme allergique 30 69,8 RG 82:Affections provoquées par le méthacrylate de méthyle 10 23,3

RG 66:Rhinites et asthmes professionnels 2 4,7

RG 84:Affections engendrées par les solvants organiques liquides à

usage professionnel 1 2,3

Total 43 100

Dans le document Rapport ANSES octobre 2017 (Page 60-64)