1.2 État de la ressource et marché de l'eau en France
1.2.1 Données sur la ressource
L'eau est une ressource naturelle semi-renouvelable car son stock n'est pas
inépui-sable. C'est un bien vital puisqu'elle est essentielle à toute forme de vie, et qui plus
est, ne possédant aucun substitut parfait. Ses usages sont multiples : domestiques,
in-dustriels, agricoles... Et parfois conictuels. L'eau est aussi caractérisée par sa valeur
écologique, esthétique et récréative. Il s'agit d'un bien fragile, volumineux et lourd, et
donc dicile à transporter.
L'eau est globalement abondante en France puisque l'on dispose de réserves largement
supérieures aux besoins de la population : les Agences de l'eau estiment que la
ca-pacité de stockage naturelle en France est élevée, avec des réserves atteignant 1 000
milliards de m
3et une ressource potentielle annuelle par habitant de 3 600 m
3. En
France
1, les précipitations représentent 440 milliards de m
3en année moyenne et les
ressources internes
2sont évaluées à 170 milliards de m
3par an en moyenne annuelle.
Les ressources renouvelables disponibles couvrent largement nos besoins. Cependant,
ces chires cachent des disparités régionales et temporelles. Chaque année, un nombre
croissant de ressources en eau sont surexploitées, ce qui les rend impropres à la
pota-bilisation
3.
Les prélèvements d'eaux brutes pour répondre à l'ensemble des besoins (centrales
électriques, collectivités locales, agriculture, industries) ont été de 41 milliards de m
3en 1994. Mais le total des consommations nettes annuelles
4ne représente que 6
mil-liards de m
3, ce qui correspond à 103 m
3d'eau par habitant et par an. Parmi ces 6
milliards, seulement 4,5 milliards de m
3sont eectivement facturés. 60% de l'eau
po-table distribuée provient de ressources souterraines mais certaines régions comme la
Bretagne ne disposent que d'une très faible quantité d'eau dans leurs sols à cause de
leur structure granitique. La France compte 32 046 captages d'eau pour l'adduction
collective en eau potable, dont 96% (31 111) sont des captages d'eau souterraine (puits,
forages, sources) et 4% (1 295) sont des captages d'eau supercielle (lacs, cours d'eau).
Toutefois les captages d'eau supercielle produisent 37% du volume distribué
annuel-lement (source : Direction Générale de la Santé). Il y a 29 142 unités de distribution
d'eau potable. Parmi elles, 2 109 desservent plus de 5 000 habitants, ce qui correspond
à 73% de la population. A l'inverse, 27 033 desservent seulement 27% de la population
(source : Direction Générale de la Santé). De source Ifen, en 1995, 81% des logements
1La plupart des chires cités ici sont des estimations pour l'année 1994 provenant de l'Institut
français de l'environnement (Ifen).
2
Ressources internes=précipitations−évapotranspiration+apports des euves des pays voisins.
3
Nous pensons en particulier aux épisodes récurrents de pénurie d'eau potable en Bretagne ou dans
la Beauce.
1.2. État de la ressource et marché de l'eau en France 37
étaient desservis par un réseau d'assainissement, 10% disposaient d'un système
d'as-sainissement non collectif, et 9% d'aucun système. Le taux moyen de collecte des eaux
usées dans les agglomérations de plus de 10 000 habitants (soit 62% de la population)
était de 68%. Les stations d'épuration présentant un rendement moyen de 73%, on
atteignait un taux de dépollution moyen d'environ 49% pour les eaux collectées.
Les hommes utilisent des quantités d'eau importantes mais la disparité de la
consomma-tion selon les pays, les habitudes et les usages est nette. Selon le C.I.EAU
5, un Français
consomme en moyenne 156 litres d'eau par jour. Si l'on ajoute à ce chire de
consom-mation domestique personnelle l'ensemble des consomconsom-mations collectives (écoles,
hô-pitaux, lavage des rues, consommations dans le cadre du travail...), on obtient une
moyenne d'environ 210 litres par jour et par personne. Actuellement, dans les pays
de l'OCDE
6, la moyenne de consommation domestique par habitant s'établit à
envi-ron 180 litres par habitant et par jour. Elle atteint plus de 400 litres dans certaines
villes des Etats-Unis. Parallèlement, dans beaucoup de villes d'Afrique, la
consom-mation quotidienne est inférieure à 30 litres. En France, un foyer de trois personnes
consomme en moyenne 150 m
3d'eau par an. Toutefois, ce chire dière sensiblement
selon le revenu des personnes et diérentes variables socio-économiques (habitat, âge...)
et climatiques. Le montant que les ménages consacrent à l'eau est en constante
aug-mentation. On considère qu'aujourd'hui la part des dépenses domestiques pour ce poste
dans leur budget total est de l'ordre de 1%.
Si la majorité des Français déclare avoir conance en l'eau du robinet, la question de
sa qualité reste plus que jamais d'actualité. Cette eau indispensable à la vie n'a pas
toujours les qualités requises pour sa consommation. D'après les indicateurs de qualité
traditionnels, la qualité des eaux de surface s'est améliorée depuis plusieurs années avec
une nette diminution des eaux de surface très polluées dues aux rejets industriels et
urbains, grâce aux mesures prises pour le traitement des eaux usées. Mais en même
5
Centre d'Information sur l'Eau.
temps, les eaux de très grande qualité sont en diminution. Quant aux eaux souterraines,
elles connaissent une détérioration constante, en particulier par des pollutions dues aux
nitrates surtout dans les zones de l'Ouest de la France (Bretagne, Charentes) mais aussi
dans certains endroits de la Beauce. La qualité des nappes est meilleure au fur et à
mesure que l'on se déplace vers l'Est
7de la France.
93% des captages d'eau souterraine et 94% des captages d'eau supercielle
res-pectent les limites impératives de la directive communautaire 75.440/CEE sur la
qua-lité des eaux brutes (source : Direction Générale de la Santé). Selon les Agences de
l'eau, on estime la pollution engendrée par une personne utilisant 200 litres d'eau par
jour à 70 à 90 g de matières en suspension, 60 à 70 g de matières organiques et 15 à
17 g de matières azotées. D'après un bilan réalisé par les Directions Départementales
des Aaires Sanitaires et Sociales (DDASS) en 1995 sur les réseaux les plus importants
concernant les trois-quarts des Français, 55% de la population a reçu, au moins une
fois dans l'année, une eau qui ne respectait pas une norme de potabilité. Pour 13% de
la population, le dépassement a été supérieur à 30 jours.
Dans le document
Analyse économique des coûts d'alimentation en eau potable
(Page 36-39)