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Données de l'exploitation

GESTION DES POPULATIONS

D. Données de l'exploitation

Ces méthodes d'évaluation des stocks s'appuient sur l'observation des changements dans le temps du rendement de la pêche, du volume et de la masse moyenne des captures en fonction de l'effort de pêche exercé. Les paramètres de l'exploitation, récolte en poids et en nombre (Y), effort de pêche (E) et capture par unité d'effort (CPUE) sont obtenus à partir de l'échantillonnage périodique des prises des pêcheurs et de la comptabilisation de l'effort. Le suivi de l'exploitation est avant tout une technique de monitorage qui permet de suivre les tendances d'une pêcherie. Il est en général peu recommandable d'utiliser cette seule technique pour évaluer l'état d'un stock car elle ne tire ses indicateurs que de la portion exploitée et nécessairement étroite de la pêcherie avec tous les biais qu'introduisent le comportement des pêcheurs, leur sélectivité et les engins de capture qu'ils utilisent; dans les territoires où l'effort et la récolte sont contrôlés, comme les réserves fauniques, cette techniques s'avère cependant suffisante pour gérer adéquatement les stocks. Dans la plupart des cas cependant et plus particulièrement dans les grand plans d'eau habités d'espèces longévives, il est en général nécessaire de coupler le suivi de l'exploitation à la collecte, par des échantillonnages expérimentaux, d'indicateurs biologiques afin d'obtenir un portrait plus complet de l'état des stocks et de l'évolution de leur exploitation. Cette approche ne peut cependant être maximisée que dans la mesure

où les modes de collecte de l'information sont standardisés et où il y a mise en commun des données recueillies pour pouvoir en faire une interprétation comparative adéquate.

E. Hydroacoustique

Le principe du SONAR, bien connu des pêcheurs sportifs qui utilisent les écho-sondeurs pour déterminer la profondeur et détecter les poissons qu'ils recherchent peut être également appliqué à l'évaluation de la biomasse piscicole dans un plan d'eau. Les systèmes hydroacoustiques ont été développés en premier lieu pour l'évaluation des stocks de poissons marins; ils trouvent maintenant des applications dans des plans d'eau plus petits grâce à un meilleur pouvoir de résolution acquis par le raffinement des technologies informatiques et électroniques.

L'hydroacoustique est un champ d'investigation qui offre d'intéressantes perspectives dans la gestion des populations en eau douce. Cette technique comporte de nombreux avantages. Elle permet d'obtenir rapidement une évaluation précise de la biomasse à un coût d'opération relativement faible en comparaison des méthodes classiques de pêche expérimentale qui mobilisent d'importantes ressources humaines et beaucoup de temps pour l'échantillonnage et le traitement des données, particulièrement dans les grands plans d'eau où il est souvent difficile d'obtenir des estimés précis en raison des biais introduits par l'effet combiné de l'étendue et de la distribution hétérogène des poissons. Un autre avantage de l'hydroacoustique réside dans le fait que cette technique, parce qu'elle ne requiert aucun prélèvement, n'affecte pas les populations dans leur comportement ou leur état d'équilibre, ce qui est particulièrement avantageux dans l'étude de populations déjà affectées par la surexploitation ou un stress environnemental majeur. Cette technologie trouve en outre une précieuse application dans le dénombrement de poissons dans les cours d'eau. Elle permet entre autres de mesurer l'effectif de saumons reproducteurs remontant une rivière ou de saumoneaux en dévalaison. Cette perspective est particulièrement utile dans les rivières où en raison de l'importance du débit, de la couleur de l'eau et de sa morphologie, les techniques classiques d'inventaires demeurent inapplicables où difficiles à mettre en oeuvre.

Bien que l'hydroacoustique offre d'excellentes perspectives d'application pour l'évaluation des stocks de poissons dans les plans d'eau intérieurs, elle ne peut être considérée comme une panacée. En effet, il s'agit d'une technologie complexe qui a ses limites et qui ne peut être utilisée efficacement dans toute situation et pour toute espèce de poisson. La complexité et la relative nouveauté de l'hydroacoustique requiert un personnel expérimenté familier avec l'informatique et l'électronique. Son utilisation efficace est limitée dans les plans d'eau peu profonds; elle ne permet pas de distinguer les espèces présentes ni les poissons vivant près du fond et, de ce fait, nécessite fréquemment que les relevés hydroacoustiques soient réalisés la nuit lorsque les poissons remontent dans la colonne d'eau. Il existe d'autres problèmes encore mal solutionnés comme l'efficacité variable de l'appareil selon les espèces en présence ainsi que les difficultés de résolution des cibles par exemple. Finalement, l'hydroacoustique n'élimine pas le besoin de procéder à des échantillonnages de contrôle afin de vérifier les espèces détectées et d'obtenir certaines données biologiques essentielles à l'évaluation des stocks telles la structure d'âge, la taille et le poids.

Malgré cela, l'hydroacoustique devrait être dans un proche avenir un précieux outil d'investigation et mérite qu'une attention lui soit portée. Au Québec, cette technologie est actuellement en phase d'évaluation. Au cours de l'été 1990, elle a été expérimentée par Hydro-Québec sur une rivière de la Côte-Nord afin de déterminer ses possibilités d'application pour l'estimation des stocks de saumons reproducteurs en rivière (A. Potvin, comm. personnelle). Elle est également l'objet d'une évaluation technique par le Service de la faune aquatique de la Direction de la gestion des espèces et des habitats du Ministère afin de déterminer son potentiel d'application aux conditions bio-environnementales du Québec.

2. MÉTHODES D'INVENTAIRES

Comme nous l'avons vu précédemment la cueillette de données halieutiques et la mise en place de plans d'échantillonnages revêtent une importance capitale dans le processus de gestion des populations. La cueillette de l'information nécessaire à l'inventaire de la ressource halieutique et au diagnostic de son état est une opération complexe qui nécessite une planification rigoureuse de l'information à recueillir et des méthodes à

appliquer pour l'obtenir. En effet, le biologiste de la faune doit déterminer les indicateurs les plus appropriés à l'objectif visé, la stratégie d'échantillonnage à adopter, la période de l'année la plus propice à l'obtention des données requises etc.. À ces aspects s'ajoutent la nécessité d'obtenir des données qui puissent être comparables à celles obtenues dans d'autres régions afin de pouvoir tracer un portrait d'ensemble du statut des populations et des orientations de gestion à privilégier. Somme toute, dans une organisation décentralisée comme le MLCP, le processus de collecte et d'analyse des données de base nécessaires à la gestion des populations doit être uniformisé afin d'assurer la cohérence et la validité de l'information recueillie.

Afin de remédier à l'absence de standardisation des procédures de diagnose et d'analyse des populations et suite aux consensus obtenus lors de l'Atelier de standardisation tenu en 1988, la DGEH produisait le "Guide de normalisation des méthodes utilisées en faune aquatique au MLCP". Ce guide regroupe les normes appliquées aux descripteurs géographiques des plans d'eau, de l'habitat du poisson, des caractéristiques biologiques des espèces inventoriées ainsi qu'aux méthodes de pêches expérimentales et d'analyse des populations. Les biologistes disposent maintenant d'un précieux outil de travail permettant de rationaliser les inventaires et techniques d'analyses et d'améliorer la connaissance du statut des espèces à l'échelle provinciale. Le guide de normalisation actuel ne réunit que les méthodologies d'échantillonnage pour lesquelles il y a eu consensus de la part des biologistes de la faune. En effet, les techniques d'échantillonnages propres à certains habitats et espèces ainsi qu'aux recensements des données de l'exploitation n'ont pas encore été l'objet de standardisation.

Les besoins de standardisation les plus urgents touchent particulièrement les techniques de pêche expérimentale de l'Omble de fontaine, une espèce ubiquiste pour laquelle il est difficile d'appliquer une seule méthodologie d'échantillonnage en raison du fait qu'on la retrouve dans une très grande variété d'habitats (grands et petits lacs, réservoirs, eaux courantes) et de conditions environnementales (eaux douces et saumâtres, plans d'eau oligotrophes et mésotrophes). Il n'existe également pas encore de normes concernant les diagnoses en eaux courantes, un habitat pourtant important pour plusieurs espèces

d'intérêt sportif, le Saumon atlantique, l'Omble de fontaine et les salmonidés exotiques notamment.

3. INFORMATISATION DES DONNÉES SCIENTIFIQUES

La cueillette et l'analyse des données scientifiques génèrent un volume considérable d'information qu'il est nécessaire de stocker sous une forme quelconque et qui, pour être utile, doit pouvoir être disponible et échangée rapidement. Le stockage d'un grand volume d'information sous les formes traditionnelles exige une organisation minutieuse, requiert beaucoup de place et s'avère peu efficace lorsqu'il est nécessaire d'y puiser des renseignements. Les professionnels de la faune sont appelés à traiter quotidiennement une foule de données et résultats d'analyses portant sur les plans d'eau, populations, ensemencements, travaux d'aménagements, inventaires physico-chimiques et halieutiques.

La généralisation de l'utilisation de la micro-informatique dans les SAEF régionaux a permis la constitution de systèmes informatisés de stockages et de traitement de données.

Ces systèmes ont été développés afin d'emmagasiner et d'accéder aisément à une foule d'informations principalement sur des diagnoses de plans d'eau, mais aussi sur des indicateurs biologiques des populations de poissons. Ces systèmes informatisés, bien qu'ils répondent aux besoins locaux, ont le défaut d'être peu compatibles entre eux notamment à cause du fait que les paramètres utilisés ne sont pas standardisés. Cette absence d'harmonie inter-régionale complique les possibilités d'échange et d'utilisation efficaces de l'information ce qui constitue l'essence même des systèmes informatiques.

Des biologistes du SAEF de Québec ont mis au point le logiciel SIFA (Système d'Information sur la Faune Aquatique) qui, à partir d'une première version développée pour des besoins locaux, a par la suite été modifié afin de répondre au plus large éventail d'exigences de mise en forme exprimé par les SAEF régionaux intéressés par ce système.

Dans sa version la plus récente, le logiciel SIFA est un système informatique performant comme banque de données et d'information de référence sur les caractéristiques générale

des plans d'eau (localisation géographique, données physico-chimiques) et les aménagements dont ils ont été l'objet.

4. GESTION DES ESPECES AUTRES QUE LE SAUMON ATLANTIQUE