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Le présent chapitre de discussion poursuit trois objectifs : 1) faire ressortir les principales similarités - universaux - et les différences majeures dans les propos recueillis des parents québécois et colombiens par le biais des représentations sociales ; 2) comprendre les principaux résultats en lien avec la littérature et 3) illustrer à l’aide d’un modèle les résultats saillants de cette étude. Dans un premier temps, les représentations des pratiques parentales seront examinées. Dans un deuxième temps, seront présentées les représentations de la maltraitance. Dans un troisième temps, les représentations de la protection de la jeunesse seront explorées et une attention particulière sera apportée au Cycle de la menace de l’État afin de mieux comprendre comment s’articulent les discours des parents colombiens ayant vécu une expérience de migration.

4.1 Les représentations des pratiques parentales

Tout d’abord, on peut faire le constat suivant à partir des résultats : il semble y avoir davantage d’universaux dans les représentations que de différences. Ainsi, il apparait que Québécois et Colombiens se différencient peu quant aux pratiques. Cependant, la question de l’autonomie et de la réussite des enfants sont deux thèmes majeurs pour lesquels il y a des différences.

4.1.1 Les « universaux ».

Observer autant d’universaux dans les pratiques parentales des Québécois et des Colombiens rencontrés est un résultat surprenant. Dans la littérature, plusieurs études américaines (p. ex. : celle de Caughy & Franzini, 2005) se sont intéressées à comparer les pratiques parentales entre groupes culturels distincts. La majorité des résultats vont dans la même direction : il y a des différences marquées au niveau des pratiques parentales lorsque l’on compare des populations migrantes, comme les Latino-américains ou Afro-américains à la population américaine d’origine. D’autres auteurs (p. ex. : Ferrari, 2002) ont des conclusions différentes en proposant que l’étiquetage des groupes culturels comme ayant nécessairement des pratiques parentales différentes doit être remis en question. La conclusion de Ferrari (2002) est la suivante : il ne faut

pas tout universaliser ou tout différencier mais il faut considérer la complexité de la parentalité et de la culture comme facteurs explicatifs. C’est d’ailleurs dans cette même lignée que je comprends ces résultats. Plusieurs pratiques sont universelles bien qu’elles puissent être parfois exprimées différemment ou avoir un niveau d’importance différent en fonction de l’origine des parents rencontrés.

4.1.1.1 Résumé des universaux sur les pratiques parentales.

Les participants, qu’ils soient québécois ou colombiens, abordent les pratiques parentales sous deux angles : les rôles du parent et la discipline des enfants.

Les rôles du parent.

Au niveau des rôles, différentes représentations ont émergé dans les discours des participants. La représentation qui ressort le plus fréquemment est celle du parent comme un guide- éducateur où le parent doit diriger ses enfants « dans la bonne voie », tel qu’exprimée par la participante Q01 [FG QC.A, Québec]. De façon moins importante, ils considèrent aussi que le parent doit être un être affectueux, soutenant et à l’écoute de ses enfants. De plus, le parent est vu comme un être qui doit transmettre des valeurs en ayant comme objectif que l’enfant puisse ultimement intégrer ces différentes valeurs dans sa vie. Ici, le contenu des valeurs diffère en fonction de l’origine du parent (Berry et al., 1992; Laaroussi & Bessong Messé, 2008; Padilla, 1980; Saulnier, 2004). Le parent colombien fait systématiquement référence aux valeurs issues de la culture colombienne en opposition à celles de la culture québécoise alors que le parent québécois parle de la transmission de valeurs, de façon générale, comme un choix personnel. Des différences sont aussi présentes dans leurs discours sur les pratiques parentales, mais ce résultat sera traité en profondeur dans la section sur Les différences.

La discipline des enfants.

Au niveau de la discipline des enfants, les parents rapportent que les règles sont une question de flexibilité et d’ajustement en fonction de la personnalité ou de l’âge de l’enfant. Ils s’entendent aussi pour dire que les règles ont une fonction de réassurance envers l’enfant, par l’encadrement qu’elles permettent et offrent un apprentissage pour la vie d’adulte. Une importance

est aussi accordée à la communication comme outil de gestion de la discipline. Cette communication peut prendre différentes formes : exprimer les attentes que les parents ont envers leurs enfants ou négocier les règles avec les adolescents. Selon eux, la discipline est tout aussi importante avec les adolescents mais est vécue différemment.

Les stratégies disciplinaires privilégiées par les parents sont diversifiées (Rasmussen et al., 2012). Celles discutées par l’ensemble des parents rencontrés sont nombreuses, allant du renforcement comportemental (p. ex. : système de récompenses), aux conséquences logiques et constantes (p. ex. : suspendre la connexion WIFI) à des mesures davantage physiques (p. ex. : donner la fessée, serrer un bras). En termes de conséquences, les parents mentionnent que celles-ci doivent être constantes où il est attendu d’être conséquent en tant que parent et d’être capable de maintenir les règles. Les parents québécois ajoutent que les conséquences doivent être logiques. Les parents rencontrés parlent aussi de l’utilisation de la punition physique comme stratégie disciplinaire. Cette punition est dans la majorité des cas refusée dans les discours bien qu’à d’autres moments, les participants mentionnent avoir recours à cette forme de discipline, comme étant un mal nécessaire. Chez les Québécois, on voit que leurs propos sont teintés d’une forme de culpabilité, où ils souhaitent se justifier en expliquant, qu’au Québec, il y a de cela quelques années, leurs parents utilisaient la punition physique. Ils estiment ne pas avoir subi, en tant qu’enfants, de séquelles psychologiques ou physiques suite à ces gestes. Comme l’expliquent Clément et Chamberland (2007), il y a eu au Québec, une évolution très rapide dans les dernières années, où émerge progressivement une norme sociale qui condamne le recours à la punition physique légère, comme la fessée. Ce constat appuie la confusion observée dans les discours des parents entre le caractère tabou de la punition physique et le refus de l’utiliser, bien que dans l’intimité des familles, il peut s’agir d’une stratégie disciplinaire envisagée.

À l’opposé de ce que d’autres études (Corral-Verdugo et al., 1995; Larrivée et al., 2007) ont trouvé, il ne semble pas y avoir d’écart « important » entre les normes de groupes majoritaire (les Québécois) et minoritaire (les Colombiens) quant à la punition physique. Tout comme l’étude qualitative de Hassan et Rousseau (2009), les parents d’origine latino rapportent être plutôt en désaccord avec la punition physique. Toutefois, ils sont nombreux à recourir à cette forme de

l’idée que Québécois et Colombiens partagent la même représentation sur l’utilisation de la punition physique.

Ces résultats s’insèrent dans la littérature sur l’influence de l’acculturation (Caughy & Franzini, 2005; Hill et al., 2003; Padilla, 1980) et de l’éducation (p. ex.: Fontes, 2002) sur les pratiques parentales. La majorité des participants colombiens rencontrés optent pour une stratégie d’intégration39 et ont en moyenne, complété une scolarité de niveau universitaire40. Par ailleurs,

certains auteurs dont Fontes (2002) qui s’est intéressée aux pratiques parentales et techniques disciplinaires chez des migrants latinos vivant aux États-Unis propose que plus les parents sont éduqués et acculturés à la culture d’origine, plus les pratiques parentales privilégiées sont celles de la culture dominante. Ce résultat fait du sens avec ce qui est observé : les participants colombiens éduqués (bien que tous aient un niveau de scolarité complété similaire) et optant pour une stratégie d’intégration ont un discours plus près de celui des parents québécois. Les deux autres stratégies (marginalisation et séparation) privilégiées ont aussi un impact sur les représentations des pratiques parentales, mais surtout en ce qui a trait aux discours liés à la construction du rôle de parent où ils souhaitent être à l’opposé de ce qu’ils observent des Québécois. Cet aspect sera davantage traité dans la section sur Les différences.

Dans le même ordre d’idées, il a été trouvé que les pratiques parentales puissent changer au fur et à mesure que les parents s’adaptent au processus d’acculturation, ce qu’appuie Padilla (1980). Ce constat est appuyé par plusieurs des parents colombiens rencontrés. En effet, ils rapportent que leurs pratiques ont évolué depuis leur arrivée au Québec et comment celles-ci peuvent être différentes de celles qu’ils avaient en Colombie. Ils disent avoir changé certaines de leurs pratiques en sachant qu’il s’agit de pratiques valorisées dans la société québécoise. Il n’est pas surprenant de remarquer que ceux manifestant un désir de s’adapter à la culture québécoise en modifiant ou en trouvant un équilibre entre les deux cultures, optent pour une stratégie d’intégration (Berry, 1997).

39 Au total, 13 participants colombiens optent pour une stratégie d’intégration, alors que cinq optent pour une stratégie de séparation

et un pour une stratégie de marginalisation (voir Résultats, p. 54 pour plus de détails).

40 Le niveau moyen de scolarité complétée pour les Colombiens se situe entre le diplôme de Baccalauréat et de Maitrise (voir

Ces différents résultats mettent en lumière que les parents rencontrés, issus de deux cultures différentes, ne semblent pas être si différents sur certains aspects traitant de la parentalité, comme les pratiques parentales. Ainsi, la parentalité aurait un caractère universel bien que le contenu et le sens qui lui est accordé, notamment sur ce qui est transmis à l’enfant, les valeurs entourant l’éducation peuvent effectivement varier d’une culture à une autre (Berry et al., 1992; Laaroussi & Bessong Messé, 2008; Padilla, 1980; Saulnier, 2004).

4.1.2 Les différences.

Bien qu’il y ait des universaux dans la majorité des pratiques parentales rapportées par l’ensemble des participants, on retrouve deux thèmes majeurs pour lesquels il y a des différences : la question de l’autonomie et de leur réussite en tant que parent. L’appartenance à une profession de la relation sera également discutée dans cette section comme cela influence en partie les discours de certains parents.

4.1.2.1 L’autonomie.

La question de l’autonomie des enfants est un thème majeur qui différencie les parents québécois et colombiens. Cependant, il y a un élément central sur lequel tous s’entendent : tous ont à cœur le développement de l’autonomie des enfants et doivent être actifs pour promouvoir cette étape du développement humain. Les différentes représentations sur le thème de l’autonomie seront abordées sous deux angles : l’autonomie liée à l’éducation des enfants et l’autonomie liée à la recherche d’aide dans la gestion de conflits lorsqu’ils rencontrent des problèmes avec leurs enfants.

L’autonomie liée à l’éducation des enfants.

D’un côté, les participants québécois valorisent l’autonomie de leurs enfants en ayant comme objectif que ceux-ci puissent réussir à vivre seul sans qu’ils aient besoin de leurs parents pour devenir des adultes autonomes. D’un autre côté, les participants colombiens souhaitent que leurs enfants soient autonomes tout en étant tournés vers la famille. Un exemple est que les répondants colombiens mentionnent qu’ils souhaitent que leurs enfants soient autonomes et habitent le plus longtemps possible avec la famille. Le concept de contrôle est aussi présent dans

les discours des parents colombiens comme cette gestion de l’autonomie leur permet « d’avoir le

contrôle » [Participante C10, FG COL.D, Colombie] sur leurs enfants. D’ailleurs, les migrants

rencontrés jugent sévèrement la vision de l’autonomie au Québec. Ils mentionnent que les enfants québécois souffrent d’une surabondance de liberté, d’une liberté qu’ils jugent comme étant mal utilisée ou exagérée, nommée en espagnol, la libertinaria. Ils conçoivent qu’un enfant n’a pas les capacités pour gérer cette liberté : cela conduira inévitablement à des conséquences importantes au sein de la famille (p. ex. : avoir des relations amoureuses précoces à l’adolescence, quitter le milieu familial tôt, etc.). Les résultats de recherches antérieures (Helly, 1995; Labonté, 2010; Lazure & Benazera, 2006) sur les familles migrantes arrivent à des conclusions similaires : les parents perçoivent la société québécoise comme étant trop permissive par la liberté excessive qu’elle accorde aux enfants.

Il n’est pas étonnant de remarquer l’importance de l’interdépendance des membres de la famille dans les discours des parents migrants en raison de l’importance accordée au familismo41,

retrouvé dans les résultats quantitatifs. À l’instar de ce résultat, les Colombiens sont souvent catégorisés comme ayant une orientation familiale d’interdépendance des membres, « tissée- serrée » et « représente ainsi pour toutes et tous [les membres de la famille] un filet de sécurité à la fois matériel, affectif et symbolique ». (Laaroussi, 2009, p. 190) Cette vision de l’interdépendance renvoie au modèle de sociétés interdépendantes (Claes et al., 2008) qui favorise le groupe où « l’individu est considéré comme le membre d’une collectivité dans laquelle les dimensions communautaires, le soutien mutuel, la proximité, le respect de l’autorité parentale et l’allégeance à la famille sont valorisés ». (p. 8) À l’opposé, la société québécoise propose une vision axée sur l’individualisme, notamment dans la sphère familiale (Lazure & Benazera, 2006) et la valorisation de l’autonomie. Elle s’inscrit dans un modèle de sociétés indépendantes valorisant le développement de l’autonomie et la réalisation d’objectif personnel. Ce constat est aussi appuyé par les résultats d’une recherche comparative réalisée dans les années 90 à Montréal sur trois groupes de mères : des Québécoises, des Haïtiennes et des Vietnamiennes (Pomerleau, Malcuit, & Sabatier, 1991). Cette recherche montre que les mères québécoises valorisent l’individualité au sein du développement de leur enfant en comparaison avec les deux groupes de

41 À titre de rappel, le familismo est décrit comme le sens accordé aux obligations familiales et à prendre soin de tous les membres

mères migrantes. L’enfant [québécois] étant représenté comme un être à part entière (Legault, 2000) qui est autonome. D’ailleurs, les participants opposent leur vision de la famille à ce qu’ils observent dans la société québécoise (Labonté, 2010), qu’ils décrivent comme un « excès de culte

à l’individu, à l’individualité », comme rapporté par le participant C02 [FG COL.A, Colombie].

Peu importe la stratégie d’acculturation du parent, tous ont un discours critique sur l’éducation des enfants, notamment sur la liberté accordée aux enfants québécois, tout comme l’ont relevé d’autres parents migrants dans des recherches antérieures (p. ex. : celle de Lazure & Benazera, 2006). L’individualisme tout comme la vision de l’autonomie sont des éléments de la culture québécoise qui ne s’intègrent pas, selon les propos recueillis. Malgré le désir d’intégration qui habite plusieurs des migrants rencontrés, on remarque que cela ne se fait pas à n’importe quel prix et qu’avoir des pratiques parentales plus « québécoises » est souvent vécu comme une perte de contrôle sur l’éducation des enfants et des valeurs d’autorité parentale (Battaglini et al., 2000; Lazure & Benazera, 2006; Rasmussen et al., 2012). Cela a pour conséquence de créer pour certaines familles, un bouleversement des rôles parentaux (Laaroussi & Bessong Messé, 2008; Lazure & Benazera, 2006; Morland et al., 2005) et une altération de la structure familiale de façon plus générale (Cohen-Émerique, 2011). Cela appuie ce que le participant C02 [FG COL.A, Colombie] nomme comme étant une des causes de l’« éclatement des familles

colombiennes ». En effet, plusieurs participants affirment que le désir d’intégration se vit

différemment au sein du couple et de la famille : tous ne font pas les mêmes choix quant aux valeurs à transmettre et ne sont pas nécessairement en accord avec les choix de chacun. La question du développement de l’autonomie des enfants est source de conflit. Cette renégociation de certaines pratiques parentales n’est pas sans créer de tensions dans la famille (Battaglini et al., 2000; Laaroussi & Bessong Messé, 2008; Labonté, 2010; Lazure & Benazera, 2006; Potocky- Tripodi, 2002) et plus particulièrement à l’intérieur du couple.

En somme, le discours sur l’autonomie liée à l’éducation des enfants est porteur de sens tant pour les Colombiens que pour les Québécois, mais différemment. Les Colombiens rencontrés valorisent une autonomie tournée vers le faire-ensemble - l’interdépendance - alors que les Québécois valorisent une autonomie tournée vers le soi - l’individualisme -.

D’un côté, les parents québécois se disent actifs dans la recherche d’aide et d’outils lorsqu’ils rencontrent des problèmes à l’intérieur de la famille, notamment avec leurs enfants. Ils vont chercher des solutions concrètes en consultant des sites internet ou des professionnels de la santé pour faire face aux problèmes rencontrés. Dans de rares cas, ils font mention de l’utilisation du réseau social pour aider dans des tâches précises comme faire les repas, garder les enfants. Le réseau familial est donc représenté comme ayant une fonction utilitaire. L’aide provient de l’extérieur et est un processus individuel où le parent va se débrouiller seul, une fois les conseils reçus, avec les problèmes de son enfant. Tout comme expliqué plus haut, le modèle de sociétés indépendantes (Legault, 2000) valorisé au Québec peut certainement expliquer en partie les représentations d’autonomie liée à la recherche d’aide retrouvées dans les discours des parents québécois. Les résultats de Pomerleau et ses collaborateurs (1991) mettent en évidence que les mères québécoises évoquent davantage leur instinct maternel - se fier à soi-même - plutôt que de se référer aux personnes de leur entourage pour prendre des décisions quant au développement de leur enfant. Celles-ci rapportent aussi consulter des ressources externes liées au monde médical (p. ex. : consulter des professionnels de la santé et utiliser des livres spécialisés sur le développement de l’enfant) lorsqu’ils ont des questionnements. Toutefois, ce dernier constat est aussi vrai pour les mères haïtiennes et vietnamiennes interrogées dans cette étude.

D’un autre côté, les parents colombiens rapportent qu’il n’est pas coutume de consulter des intervenants lorsqu’ils ont des problèmes avec les enfants : « on trouve les réponses dans soi-même

ou dans les personnes [de la famille] qu’on a autour », comme l’indique la participante C06

[FG COL.B, Colombie]. Les conflits doivent rester à l’intérieur de la cellule familiale et ne doivent pas être exposés aux « autres ». Les parents se représentent l’institution comme nuisible, destructrice pour la famille et même responsable des problèmes vécus. Les participants colombiens mentionnent que l’institution est influencée par les normes et les valeurs de la culture québécoise. Ainsi, cela implique qu’il y a des éléments qui sont difficilement intégrables, dont la question de l’autonomie offerte aux enfants québécois (Helly, 1995; Labonté, 2010; Lazure & Benazera, 2006). D’ailleurs, il n’est pas étonnant de remarquer que l’institution réfère à des intervenants qui sont représentés comme ayant des valeurs différentes de celles qu’ils privilégient. Ils ont donc de la difficulté à se représenter les intervenants comme aidants pour résoudre leurs problèmes. À ce propos, les stratégies d’acculturation peuvent expliquer les discours qui sont plus ou moins haineux

quant au refus de consulter un intervenant. Notamment, ceux optant pour une stratégie de séparation, mentionnent que de consulter un intervenant signifie d’adhérer à certaines valeurs issues de la société québécoise : un constat qui est impossible à envisager pour ces parents comme ils refusent de s’identifier à la culture d’accueil et d’avoir des contacts avec des intervenants québécois. Les participants optant pour d’autres stratégies ont aussi un discours sur le refus de consulter des intervenants, mais de façon moins « problématique ».

D’autres facteurs comme les construits de familismo et de machismo peuvent aussi expliquer une partie de ces résultats. La littérature sur ce sujet démontre que l’acculturation prédit les scores de familismo (Steidel & Contreras, 2003) et de machismo (Cuéllar et al., 1995). Des individus s’identifiant davantage à la culture d’origine auraient des scores de familismo et de machismo plus élevés. Par ailleurs, c’est ce qui est trouvé dans l’étude actuelle. On sait que le familismo réfère à une forte adhérence aux valeurs familiales, tant dans le support émotionnel offert par les membres de la famille que dans la recherche de solutions (Cuéllar et al., 1995; Marin, 1993; Steidel & Contreras, 2003). Le machismo réfère aux rôles sexuels mais aussi à des comportements de courage, d’indépendance, de pouvoir et de protection (Cuéllar et al., 1995). Tel qu’avancé par Cuéllar et al. (1995), une attitude de machismo a le potentiel d’influencer les comportements de demande d’aide. Ces derniers éléments appuient les propos des répondants colombiens qui manifestent une indépendance de la famille dans la recherche de solutions, à ne pas confondre avec l’interdépendance au sein des membres de la famille. Certains parents ajoutent