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Discussion : relation de la sismicité avec les mouvements de terrain

CLASSIFICATION, INVENTAIRE, DESCRIPTION ET ANALYSE Résumé du chapitre

2. La variable : Sismicité

2.8. Discussion : relation de la sismicité avec les mouvements de terrain

En examinant la distribution spatiale de l’ensemble des mouvements de terrain de notre secteur d’étude en faisant varier la profondeur des séismes (Figure V-23A), on remarque que

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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la quasi-totalité (plus de 80%) des phénomènes prennent naissance au niveau des zones affectées par les séismes les plus superficiels, c’est-à-dire les trois premières classes dont la profondeur est comprise entre 0 et 30Km, avec un maximum de phénomènes (plus de 50%) la deuxième classe des profondeurs (10 – 20Km) précisément. Cette distribution s’explique par le fait que plus de 70% des séismes de la région de Chefchaouen se manifestent à cette profondeur et ce avec une grande récurrence. Ces séismes couvrent en général presque la totalité du secteur à l’exception de la partie du terrain occupée par le domaine interne matérialisé par la Dorsale calcaire. Cette dorsale certes se caractérise par une grande densité de failles, peu profondes comme les principales failles inverses (Chevauchements majeurs de la chaine Rifaine) et donc n’ont pas un caractère sismique à la différence de l’accident décrochant de Jebha. Cela justifie cependant la diminution progressive de la fréquence des mouvements de terrain à partir de cette classe. La même constatation est valable pour les différents types de mouvements de terrain étudiés séparément (Figure V-23B, F, et E), sauf pour les écroulements (Figure V-23D) où on note que les fréquences de ces derniers sont assez importantes même avec la profondeur qui augmente, ce qui signifie que même de faible secousses en provenance de séismes relativement profonds et à faible magnitude peuvent être à l’origine d’écroulements et de chutes de blocs.

Figure V-23 : A : Fréquences des mouvements de terrain (tous types confondus) au niveau de chaque classe de profondeur (Km) des séismes de la province de Chefchaouen; B : Fréquences des glissements de terrain par classe de profondeur des séismes ; C : Fréquences des coulées de débris par classe de profondeur des séismes ; D : Fréquences des écroulements par classe de profondeur des séismes ; E : Fréquences des sapements par classe de profondeur des séismes ; F : Fréquences des badlands par classe de profondeur des séismes.

En tentant de mener la même analyse pour chaque catégorie de mouvement séparément et suivre l’évolution de son abondance au niveau de chaque classe de profondeur des séismes (Figure V-24) on remarque ce qui suit :

Figure V-24 : Fréquences de chaque type de mouvements de terrain par classe de profondeur des séismes de la province de Chefchaouen; A : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe des séismes à profondeur 0 – 10 Km ; B : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe des séismes à profondeur 10 – 20 Km ; C : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe des séismes à profondeur 20 – 30 Km ; D : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe des séismes à profondeur 30 – 40 Km ; E : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe des séismes à profondeur 40 – 100 Km.

 En toute logique, aucune relation particulière entre l’abondance des badlands et des sapements et la profondeur des séismes n’est décelée.

 Les glissements et les coulées de débris varient sensiblement avec la variation de la profondeur des séismes, où leur fréquence est inversement proportionnelle par rapport à la profondeur. Ceci est peut-être à mettre en relation avec l’augmentation de la pression interstitielle de l’eau au sein des formations qui évolue drastiquement en cas de séisme (Bull et Brandon, 1998 ; Marzorati et al., 2002), ce qui favorise la mise en mouvement du versant ou d’une partie de celui-ci

 Les écroulements sont les seuls à avoir une fréquence qui augmente proportionnellement avec l’augmentation des profondeurs. Il est donc vraisemblable que l’occurrence des écroulements est intensifiée avec les séismes les plus profonds, puisqu’on général sont les plus puissants avec des amplitudes significatives et de fréquentes répliques.

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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En somme, les versants semblent réagir généralement de deux manières vis-à-vis des sollicitations sismiques, ce qui nous permet de distinguer deux subdivisions d’instabilités de versants :

-1° une première famille (glissements, coulées de débris, et puis sapements et badlands) qui se développent avec d’importantes fréquences relatives en présence des séismes superficiels malgré leur caractère monotone et faible magnitude. Ce sont les ondes de volume de ces derniers, qui semblent avoir une incidence sur les mouvements par les mécanismes de rupture suite à une saturation plastique voire une liquéfaction des formations dans lesquelles la présence d’eau joue un rôle déterminant. En effet il est envisageable que des surpressions interstitielles peuvent se produire, subir un emprisonnement et une accumulation pendant tout le temps du passage de l’onde sismique. La pression occasionnée par ce passage se transformera en une tension (libération) responsable de la mise en mouvement de la masse disloquée ;

-2° une seconde famille représentée par les écroulements dont la fréquence relative augmente avec des séismes plus profonds que ceux de la première famille. Contrairement au premier groupe de mouvements, il paraît que ce sont les ondes de surface qui ont une grande incidence sur les écroulements, et notamment celles de Love pour lesquelles le mouvement des sols (ou les formations du versant) s’effectue perpendiculairement au sens de la propagation de l’onde tout comme pour les ondes ‘S’. Cela peut provoquer un intense ébranlement horizontal des formations, qui en plus de l’effet de la pente, la pesanteur, l’eau…etc, favorise l’écroulement.

3. Les variables géométriques ou topographiques: gradient de pente,