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CLASSIFICATION, INVENTAIRE, DESCRIPTION ET ANALYSE Résumé du chapitre

1. Les variables géologiques : Lithologie et failles

1.7. Carte de la fracturation totale

Elle construite par l’addition de l’ensemble des cartes de fracturation précédemment réalisées, à partir des données de la télédétection spatiale et de l’analyse morphotectonique. La carte de fracturation totale devait subir une dernière vérification qui s’est déroulée en deux temps. Nous avons enlevé les linéaments redondants. Et puis, vue que les linéaments obtenus peuvent correspondre aussi bien à des discontinuités d’origines lithologique, que structurales ou anthropiques (routes, pistes, limites de forêts ou de surfaces cultivées, lignes de transport d’énergie, etc.), nous avons procédé à leur confrontation avec les cartes géologiques existantes, les cartes topographiques…etc. Ensuite, pour la carte de synthèse nous n’avons retenu (Figure IV-10) que les discontinuités interprétables en termes de fracturation.

La carte synthétique (Figure V-10) contient 1151 alignements. Après la dernière étape de vérification 186 alignements ont été éliminés (alignements redondants ou de nature anthropique), et 965 ont été retenus. La longueur maximale, moyenne et minimale de ces alignements est reportée dans la Figure V-10. D’après la carte de fracturation et l’étude géostatistique des longueurs des failles, on peut distinguer deux groupes d’alignements en prenant comme critère la taille (longueur). Il existe des failles à occurrence régionale qui représentent plus de 80% et des alignements à expression locale ; les deux groupes affectent tous les terrains du secteur d’étude. Cependant, l’analyse azimutale de ces alignements permet de déceler trois grandes familles qui selon leur ordre d’importance sont de directions : NE – SW à ENE – WSW, NW – SE, N – S.

i. Les failles de direction NE – SW à ENE – WSW, parmi les failles les plus importantes, on retrouve celle de Jebha, facile à déceler aussi bien sur l’imagerie Landsat7 ETM+ que Radar. Elle se marque par un trait continu, délimitant deux compartiments à textures différentes : les dolomies massives de la Dorsale au nord et les formations gréso-pélitiques de la nappe de flyschs de Tisirène au sud. Cette faille se caractérise sur le terrain par un jeu décrochant senestre et un jeu apparent normal (Ait Brahim et Sossey Alaoui, 2003). Le premier jeu (décrochant senestre) est attesté par le développement de crochons cartographiques responsables de la torsion des fronts de chevauchement de la dorsale sur l’Unité de Tanger qui passent successivement de la direction N140 à N110 voir N080-090.

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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Figure V-9 : Carte composite d’alignements issue des données satellitaire de la de la province de Chefchaouen (Assemblage des résultats de la figure V-7 et 8, plus d’autres traitements).

i. Les failles de direction NW – SE, se manifestent dans tout le secteur d’étude. Elles se superposent en grande partie avec les principaux fronts de chevauchements mettant en contact les différentes nappes de flyschs. Elles constituent un réseau conjugué à celui du couloir de Jebha et la fracturation qui l’accompagne.

ii. Le réseau de failles NE – SW à ENE – WSW s’observent généralement d’une façon homogène sur l’ensemble du secteur d’étude en le traversant depuis la côte méditerranéenne jusqu’à sa limité Sud – Ouest au Niveau de la ville d’Ouazzane. C’est un réseau qui s’exprime mieux et avec une densité importante comparé aux autres directions de failles surtout au niveau du couloir de Jebha.

iii. Les failles de direction N – S, viennent en dernier lieu et repartissent d’une façon très inégale sur tout le secteur d’étude.

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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Figure V-10 : Carte synthétique de la fracturation de la de la province de Chefchaouen, issue de l’assemblage de l’analyse morphostructurale du MNT, l’analyse des anomalies de drainage, traitements satellitaires, et données bibliographiques.

Figure V-11 : Cartes de densité de la fracturation de la province de Chefchaouen. A : Carte initiale avec 14 classes obtenues automatiquement ; B : Carte reclassifiée en 5 classes (très faible, faible, moyenne, élevée, et très élevée).

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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1.8. Distance par rapport aux failles ou densité de failles ?

Les failles constituent un des paramètres cruciaux à prendre en considération pour toute étude de susceptibilité aux mouvements de terrain. Ce paramètre est intégré la plus part du temps dans les études en tenant compte de la distance par rapport aux failles (Regmi et al., 2010 ; Pradhan, 2010 ; Pradhan et Lee, 2010 ; Yilmaz, 2009a ; Yilmaz, 2009b Chang et al., 2007 ; Greco et al., 2007 ; Van Den Eeckhaut et al., 2006 ; Yesilnacar et al., 2005 ; …etc). Opter pour un tel choix, est surtout une façon indirecte d’inclure l’effet de la sismicité d’une région donnée dans l’analyse de la susceptibilité ou de l’aléa aux mouvements de terrain. Cela, se fait par l’établissement des zones tampons (buffering areas) de part et d’autre des failles du secteur, ce qui revient à la création de zones à égal comportement sismique sans réellement intégrer le paramètre sismicité. Cependant, dans notre travail, le facteur « failles » sera incorporé en se basant sur la densité de la fracturation. Ce choix se justifie d’une part par le fait, que parmi toute la fracturation du secteur, seul l’accident majeur de Jebha pourrait avoir un comportement sismique, sans pour autant écarter la possibilité que des failles aveugles ou qui affleurent en surface mais moins importantes puissent exister ; la densité des failles est généralement proportionnelle au degré d’infiltration et de la circulation des eaux. D’autre part, le paramètre sismicité sera abordé isolément et en détail plus loin dans ce même chapitre.

1.8.1. Carte de densité des failles

La carte de fracturation totale du secteur d’étude, a été le document de base pour la réalisation de la carte de densité des failles. Pour ce faire, nous avons eu recours au module

Spatial Analyst Tools d’ArcGis 10, par l’utilisation de la fonction « Line Density ». Elle

permet de calculer la densité linéaire (longueur cumulée) de tout élément linéaire (en occurrence les failles) par unité de surface (Km²). Dans notre cas, la carte de densité des failles a tenu compte aussi bien de la longueur cumulée des failles, que de la présence des nœuds tectoniques (croisement des failles). Cette carte a été élaborée selon 5 classes de densité (Figure V-11B) par rééchantillonnage et simplification de la première carte obtenue automatiquement (Figure V-11A).

Figure V-11bis : Fréquences des différentes classes de densité de la fracturation de la province de Chefchaouen.

Cette dernière, est rendue plus lisible par reclassification des 14 classes en 5 classes de densité, à savoir de très faible à très élevée. La Figure V-11 bis montre les fréquences relatives de chaque classe de densité de failles. Les deux classes à densité élevée et très élevée couvrent plus de la moitié (68%) de la superficie totale du secteur d’étude. Elles couvrent les régions de l’accident majeur de Jebha et tout son couloir faillé, ainsi que les zones traversées par les principaux fronts de chevauchement. La relation entre la densité des failles et les mouvements de terrain, sera abordée de la conclusion de cette section (Cf. paragraphe 1.9).

La densité moyenne présente une fréquence de 28.12%, et se présente essentiellement dans le coin Sud – Est du secteur d’étude. La classe de faible densité constitue 12.5% de la fréquence totale, et se situe au niveau des limites du secteur. Quant à la dernière classe (très faible), elle ne dépasse guère 1% de la superficie totale. Il ne faut pas perdre de vue que ces données ne couvrent que les grands accidents plurimétriques et doivent être complétés par une analyse de détail du diaclasage associé pour pouvoir être corrélés avec le pouvoir réel de l’infiltration dans les formations sensibles.

1.8.2. Rôle des diaclases

Les diaclases ont une grande incidence sur la stabilité des versants. En effet, les diaclases favorisent la circulation des eaux. Différents auteurs (Radbruch-Hall, 1976 ; Varnes, 1984) ont noté que les zones à grand degré de fracturation et de cisaillement, sont généralement caractérisées par une grande densité de diaclases. Nous pensons donc que l’existence d’une grande densité de fracturation (longueur et croisement) est proportionnelle au degré de diaclasage d’un secteur donné. Cela est d’autant plus important dans un domaine en surrection comme le nôtre (voir chapitre 2 et 3). Celles-ci en pénétrant dans la roche, peuvent aussi agir directement en réduisant la résistance au cisaillement (lubrification), en disjoignant les blocs en cas de gel ou, indirectement, sur l’altération de la roche.

1.8.3. Pendage des strates

Le pendage des strates peut être considéré également comme un facteur catalysant le déclenchement des mouvements de terrain, dans le cas où les strates ont un pendage conforme à la pente générale du versant. Dans une telle disposition, les plans de stratification peuvent jouer le rôle de surfaces de rupture en permettant la formation de glissements banc sur banc ou de l’écroulement en masse d’une colonne rocheuse. Cela, peut être accentué par la présence de la fracturation et de diaclases.