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Discussion : relation des facteurs géométriques avec les MT

altitude et expositions

3.6. Discussion : relation des facteurs géométriques avec les MT

3.6.1. Relation avec la pente

A partir de la figure V-30A qui résume l’évolution de la fréquence des mouvements de terrain (tout type compris), on note que ces derniers sont présents au niveau de toute pente même avec des pourcentages variés. Cela revient à dire que, partout où il y a pente, une énergie potentielle est disponible pour expliquer un mouvement vers le bas. C’est grâce à la pente des versants que l’eau ruisselle en surface et acquiert grâce à sa vitesse une énergie cinétique capable de creuser les formations superficielles à caractéristiques géotechniques médiocres en donnant naissance à des phénomènes de ravinement intense. Sur la même figure (V-30A), on remarque que la majeure partie des phénomènes (plus de 70%) se partage entre deux classes (2ème et la 3ème) de pentes, avec un maximum qui représente environ la moitié de la globalité des phénomènes au niveau de la deuxième classe (10 – 20°). Cette classe des pentes est définie comme étant la plus favorable pour le déclenchement des différents types de

mouvements de terrain dans la région du Rif central (Sossey Alaoui, 2005 ; Mastere, 2008 ; Mastere et al., 2009).

La même évolution de la fréquence globale des phénomènes est transposable sur celle de chaque type de mouvement individuellement (Figure V-30B, E, et F), sauf pour les coulées de débris qui semblent se développer avec un maximum d’abondance vers 50°d’avantage en présence des pentes assez élevées que celles de la deuxième classe. Ce constat est tout à fait normal, puisque les coulées de débris du secteur d’étude se répandent strictement sur les versants des massifs de la Dorsale calcaire. Les écroulements, malgré leur grande fréquence (43.57%) pour la pente comprise entre 10 et 10°, présentent des fréquences assez comparables pour les classes de pentes comprises entre 20 – 30°, et 30 – 40° avec respectivement 31.25% et 16.14%.

Figure V-30 : A : Fréquences des mouvements de terrain (tous types confondus) au niveau de chaque classe de degré de pente (en °) de la province de Chefchaouen; B : Fréquences des glissements de terrain par classe de degré de pente ; C : Fréquences des coulées de débris par classe de degré de pente; D : Fréquences des écroulements par classe de degré de pente ; E : Fréquences des sapements par classe de degré de pente; F : Fréquences des badlands par classe de degré de pente.

En étudiant les fréquences spécifiques de toutes les catégories des phénomènes pour chaque classe de degré de pente (Figure V-31), deux grandes constations peuvent êtres énumérées, et qui sont les suivantes :

 Seuls les glissements et les écroulements se rencontrent sur toutes les pentes de la province de Chefchaouen. Les glissements ont des fréquences relativement proches (15~33%), mais qui chutent à 12.26% au niveau de la dernière classe des pentes (50 – 75°). Les écroulements deviennent de plus en plus abondant avec l’augmentation du

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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degré de pente (Figure V-31A, B, C, D), jusqu’à attendre le maximum de leur présence par 66.66% de la totalité des phénomènes inventoriés dans la classe de pente 30 – 50°, qui diminue de la moitié vers la classe de pente qui suit (50 – 75°). les sapements, et les badlands se rencontrent sur toutes les pentes de la province de Chefchaouen

Figure V-31 : Fréquences de chaque type de mouvements de terrain par classe de degré de pente de la province de Chefchaouen; A : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe de degré de pente 0 – 10° ; B : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe de degré de pente 10 – 20° ; C : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe de degré de pente 20 – 30° ; D : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe de degré de pente 30 – 50° ; E : Fréquences des différents mouvements de terrain dans la classe de degré de pente 50 – 75°.

 Le coulées de débris montrent une évolution étroitement sensible à l’augmentation du degré de pente (Figure V-31A, B, et C) avec successivement 1.78%, 1.84%, 4.79% et puis atteindre un pic de fréquence avec 14.15% au niveau de la dernière classe de pente (50 – 75°). Ce comportement, démontre que la pente constitue en toute logique un élément fondamental d’érosion mais qui participe activement à la destruction progressive des reliefs (des massifs calcaires, quartzitiques ou gréseux dans notre cas) sous l’influence déterminante de la pesanteur et des agents climatiques, elle est responsable pour la préparation et le stockage d’un volume suffisant de matériel qui alimentera la coulée de débris lorsque les autres conditions hydrologiques sont réunies.

3.6.2. Relation avec l’hypsométrie

L’analyse générale de la relation mouvements de terrain – hypsométrie montre que ces derniers deviennent de plus en plus abondants avec l’altitude (Figure V-32A) et les précipitations. Si l’on essaye de faire un focus sur l’évolution de chaque type de mouvements, on note que les glissements, les sapements et les badlands (Figure V-32B, E, et F) se développent plutôt dans les premières classes hypsométriques où ils présentent plus que la

moitié des fréquences totales, que dans les dernières classes à hypsométries assez élevée. Quant aux coulées de débris et les écroulements ils se répandent d’avantage sur les zones à hypsométrie élevés, ce qui est tout à fait normal puisque ces deux familles de mouvement sont essentiellement conditionnées par la présence des massifs rocheux (Dorsale calcaire, et les barres quartzitiques et gréseuses).

Figure V-32 : A : Fréquences des mouvements de terrain (tous types confondus) au niveau de chaque classe hypsométrique (m) de la province de Chefchaouen; B : Fréquences des glissements de terrain par classe hypsométrique ; C : Fréquences des coulées de débris par classe hypsométrique; D : Fréquences des écroulements par classe hypsométrique ; E : Fréquences des sapements par classe hypsométrique ; F : Fréquences des badlands par classe hypsométrique.

3.6.3. Relation avec l’exposition

Il est évident que la distribution spatiale des mouvements de terrain est étroitement corrélée avec l’exposition des versants d’une région donnée, puisqu’elle en contrôle en grande partie le régime hydrique et thermique (l’interception pluviale, l’évapotranspiration, l’écoulement en surface et/ou en profondeur, le type de végétation et d’enracinement, etc). Cependant et en temps normal, les versants les plus humides (les moins ensoleillés) sont les plus prédisposés pour la genèse des mouvements de terrain. Pour vérifier la validité de cette théorie dans notre secteur, une analyse de l’abondance des mouvements inventoriés en fonction du changement de l’orientation des versant a été effectuée (Figure V-33).

En regardant la figure V-33A qui résume les fréquences générales des MT par classe d’exposition, on remarque qu’il y a trois grandes classes d’orientation de versants qui recouvrent les fréquences les plus élevées en MT. Elles sont par ordre d’importance : l’exposition Nord, Sud – Ouest, et Ouest avec respectivement 15.58%, 15.08% et 14.57%,

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alors que les fréquences les moins importantes se rencontrent sur les versants orientés Sud – Est (8.76%), Est (9.26%) et Nord – Est (11.54%).

Figure V-33 : A : Fréquences des mouvements de terrain (tous types confondus) au niveau de chaque classe d’exposition de la province de Chefchaouen; B : Fréquences des glissements de terrain par classe d’exposition ; C : Fréquences des coulées de débris par classe d’exposition; D : Fréquences des écroulements par classe d’exposition ; E : Fréquences des sapements par classe d’exposition ; F : Fréquences des badlands par classe d’exposition.

Cependant, pour comprendre plus en détail la relation exposition – mouvements dans notre secteur plus en détail et connaitre son impact spécifique sur chaque catégorie de phénomènes, nous avons établi des histogrammes qui illustrent les fréquences relatives des glissements (Figure V-33B), coulées de débris (Figure V-33C), écroulements (Figure V-33D), sapements (Figure V-33E), et les badlands (Figure V-33F) par rapport à chaque exposition, et il en ressort que :

 Les glissements se rencontrent au niveau de toutes les expositions des versants avec des fréquences assez comparables, mais avec un maximum pour l’orientation Sud – Ouest (19.13%). Cette valeur est tout à fait raisonnable si l’on évoque l’effet des principaux fronts de chevauchement orientés NE – SW et à vergence Sud – Ouest, au niveau desquels la plus part des glissements de la région Rifaine prennent naissance. En plus de l’effet de spécifique de ces failles régionales, il ne faut pas oublier l’incidence d’humidité cyclonique en provenance de l’Atlantique.

 Les coulées de débris et les écroulements atteignent le maximum de leur fréquence sur les versants orientés Sud, ce qui correspond aux versants dont les sommets sont formés par les massifs rocheux de calcaires, quartzites, et grès indispensables pour la

formation des coulées de débris et des écroulements, mais également aux alternances de gel-dégel plus importante et à une fonte brutale de neige en altitude.

 Pour le reste des phénomènes, y compris ceux décrits précédemment, ils présentent des fréquences élevées dans les versants complétement ou en partie orientés Nord, ou Ouest.