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altitude et expositions

7. Conclusion chapitre 5

Ce chapitre a été axé sur l’étude des variables prédictives (facteurs conditionnant de l’occurrence des mouvements de terrain) par leur acquisition, description, ainsi que leur spatialisation et intégration dans une base de données multi-sources et multi-échelles, permettant leur superposition, consultation, mise à jour, ainsi que leur croisement avec la variable à modéliser (les mouvements de terrain) afin d’étudier leur relation avec celle-ci dans la province de Chefchaouen.

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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1° La lithologie, en termes d’affinités géotechniques et géomorphologiques, est la première variable prédictive à cartographier. Cette carte a été inspirée de la carte géologique à l’échelle de 1/500 000ème de la chaine Rifaine (Suter, 1980a), et basée à la fois sur le découpage géotechnique proposé par l’AIGI, 1976, et morphologique proposé par Van Westen, 1993, ce qui nous permis de reconnaitre huit UG.

2° La fracturation est la deuxième variable géologique à cartographier. Celle-ci est établie en plusieurs étapes qui rassemblent la fracturation en provenance des travaux antérieurs, les nouvelles failles que l’on a extraites par l’interprétation des données satellitaires, et puis la fracturation récente obtenue par l’analyse morphostructurale du MNT ainsi que par l’analyse du réseau hydrographique en termes d’anomalies et perturbations. Le tout a été rassemblé dans une même carte de fracturation globale que l’on a matérialisée en termes de densité. 3° Le facteur sismicité, intégré en tenant compte des isoprofondeurs des séismes constitue la troisième variable prédictive de cette étude. Le modèle numérique de terrain extrait à partir des données Radar Aster (25x25) a fait l’objet d’un certain nombre de traitements qui ont permis de corriger les artefacts dus à la nature du capteur ASTER avant qu’il ait servi de base pour la construction des trois paramètres géométriques intégrés dans cette étude, et qui sont le gradient de pente, l’altitude ou hypsométrie et l’exposition des versants.

4° La variable réseau hydrographique a été incorporé en se basant sur la densité exprimée en cinq classes (Très faible à très forte) tout comme pour la fracturation. Concernant le facteur précipitations il a été cartographié par interpolation, à l’aide des moyennes

annuelles, calculées sur l’ensemble des données que nous avons pu avoir, soit 70 ans (1941 – 2011), où nous avons testé quatre modèles d’interpolation dont on obtenu le résultat le plus plausible, c'est-à-dire obtenu par la méthode IDW.

5° Le dernier paramètre établi est l’occupation des sols. Il s’agit d’un agent de contrôle majeur. Il a été cartographié par l’association des missions de terrain aux données sur les essences forestières fournies par le HCEFLCD, ainsi que l’interprétation des images satellitaires Spot5.

La distribution spatiale ou l’abondance des mouvements de terrain en fonction de la lithologie, semble être contrôlée essentiellement par l’UG5 qui contient à elle seule 37% de phénomènes, sauf pour les coulées de débris et les écroulements, qui leur distribution s’avère être régie par l’UG4. Pour la fracturation, nous avons remarqué que les badlands et les sapements se comportent indépendamment de la fracturation, sans écarter la possibilité que les badlands et les sapements s’intensifient en présence d’une importante fracturation. En revanche, l’abondance du reste des phénomènes gravitaires semble être tributaire du degré de la fracturation, notamment les coulées de débris qui évoluent très sensiblement par rapport à ce paramètre clef. Concernant le paramètre sismicité, les fréquences de tous les mouvements varient sensiblement avec la variation de la profondeur des séismes, où leur fréquence est inversement proportionnelle à la profondeur, à l’exception des écroulements, les seuls à avoir une fréquence qui augmente proportionnellement avec l’augmentation des profondeurs. Il est donc vraisemblable que l’occurrence des écroulements est intensifiée avec les séismes les plus profonds, puisqu’on général sont les plus puissants et avec des amplitudes significatives.

Cependant, en tentant d’explorer la relation mouvements de terrain – gradient de pente, nous avons retenus que les différents types de mouvements se rencontrent sur toutes les

pentes, mais avec de grandes fréquences au niveau des deux classes de 10 – 20° et 20 – 30° avec plus de 70% de la totalité des phénomènes inventoriés. Les écroulements sont tributaires de l’existence des massifs rocheux, et de pentes fortes (plus de 50°), largement supérieure à la pente d’équilibre (30°). En outre l’analyse générale de la relation mouvements de terrain – hypsométrie montre que ces derniers deviennent de plus en plus abondants avec l’altitude. Mais si l’on essaye de se focaliser sur l’évolution de chaque type de mouvements, il ressort que les glissements, les sapements et les badlands se développent plutôt dans les classes hypsométriques basses alors que les coulées de débris et les écroulements se forment d’avantage sur les zones à hypsométrie élevée, conditionnées par la présence des massifs rocheux résistants (Dorsale calcaire, et les barres quartzitiques et gréseuses).

Quant aux expositions des versants, ce sont ceux orientés Nord, Sud – Ouest, et Ouest qui abritent les plus grandes fréquences des mouvements de terrain avec environ 15%, en regard des précipitations et de la persistance de l’humidité. Pour le réseau hydrographique, ce sont la classe densité moyenne avec 53.41% de la totalité des instabilités recensées, et puis celle à faible densité avec 37.32% qui présentent les endroits les plus propices pour le développement des instabilités des versants, témoignant d’une infiltration. Une notable évolution proportionnelle est retenue pour l’évolution des mouvements de terrain en fonction des précipitations, sauf pour la classe à plus grande pluviosité où la fréquence des mouvements chute (ruissellement direct, karst ou neige). Cela peut paraître contradictoire, mais ce n’est pas le cas, puisque les plus grandes précipitations (1250 – 1394mm) se restreignent au niveau des points les plus culminants du secteur. Ceux-ci n’occupent que 13% de la superficie totale du secteur d’étude, et sont formés essentiellement par les calcaires dolomitiques du domaine rifain interne. Enfin et par rapport à la variable occupation des sols, les fréquences globales et spécifiques les plus importantes des mouvements de terrain se localisent préférentiellement dans trois classes qui par ordre d’importance sont, les terrains agricoles avec 44.46%, suivis des zones des forêts denses qui subissent un défrichement accru avec 26.07%, et puis les matorrals avec 17.92%.

Dernièrement, il est important de rappeler l’effet des oscillations NAO, où nous avons démontré (corrélation) que la majorité des séismes se produisent lors de périodes à NAO négative, c'est-à-dire de précipitations hivernales anormalement élevées. Cela explique que l’activité sismique du nord du Maroc n’est pas purement (et seulement) tributaire du contexte compressif (Afrique – Europe) contrairement à ce qu’on pensait, mais est révélée par le rôle de l’eau interstitielle qui, pour la libération du stress sismique, exerce un contrôle positif par une augmentation de la lubrification au niveau des plans de failles superficielles.

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

Mohamed MASTERE ‘2008 – 2011’ CNRS UMR 6538 Domaines Océaniques, IUEM

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