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CHAPITRE 3 : Résultats, Discussion et suggestion

3.4 Discussion

3.4.1 Analyse de la perception sociale sur la dynamique côtière

Des différentes enquêtes menées sur le terrain, il ressort que la plupart des habitants de la zone côtière ont la certitude que le cordon littoral revêt un aspect dynamique. Cette dynamique est entre autre caractérisée par un recul du trait de côte dû pour une large part à l’érosion et entraînant l’amincissement de la plage. Ainsi, il a été évoqué des phénomènes tels que : les inondations côtières et la variabilité du climat comme éléments majeurs qui entrainent l’érosion donc, le recul du trait de côte. En effet, plus de 60 % de la population ont la certitude que ces différents phénomènes expliquent la dynamique observée aujourd’hui sur nos côtes. Cette assertion est largement partagée par divers scientifiques. (Paskoff, 1993) a dans son travail, évalué le niveau de perception social dans le processus d’érosion. Il a aussi relevé des aspects comme la montée du niveau moyen de la mer et bien des phénomènes naturels comme les changements climatiques avec tous ses corollaires sur les composantes de l’environnement (hydrosphère, lithosphère, géosphère, etc.)

Dans le même sillage, pour les autorités administratives, le processus entraînant la dynamique sédimentaire est la houle incidente génératrice d’une force tangentielle orientée d’Ouest en Est entraînant un transit littoral. L’érosion côtière, l’inondation côtière, l’élévation du niveau de la mer sont autant de phénomènes qui touchent la morpho-dynamique du littoral avec une large part accordée à l’érosion. Par ailleurs, de nombreuses populations y vivent et contribuent à cette instabilité de la côte.

3.4.2 Estimation de la relation avec les données scientifiques.

Selon les perceptions de la population et des autorités administratives ayant en charge la gestion des côtes, l’érosion est en somme due aux phénomènes naturels qui sont la résultante des actions de l’homme. Ce que partage Baudoin (2012) qui estime que l’érosion découle de l’action conjuguée des phénomènes naturels et anthropiques. Les travaux de Oyédé et al., (2007) s’inscrivent dans cette logique en stipulant que l’érosion côtière, les inondations temporaires etc. sont la résultante du déséquilibre des écosystèmes côtiers, des changements climatiques et autres phénomènes naturels extrêmes, ce qui conduit au recul exponentiel de la ligne de rivage. Dans le même ordre d’idée, (Paskoff, 1993) ajoute parmi les causes naturelles de la dynamique de l’érosion le fait qu’elles sont liées aux caractéristiques propres aux

Présenté par Urice A. HOUNYO Gen/EPAC/UAC 31 littoraux Ouest-Africain « C’est un ensemble de cordon de sables grossiers et moyens sujet à un fort transit ». Il fait enfin une liste des causes naturelles au nombre desquelles :

- « L’élévation actuelle du niveau de la mer à l’échelle globale qui touche aussi les côtes ouest africaines » (Paskoff, 1994 ; cité par Adam, 1996).

- « Les fortes tempêtes saisonnières génératrices des effets très catastrophiques notamment sur les secteurs de la côte en équilibre dynamique » (Boko, 1988).

- « L’existence, même faible, d’autres facteurs naturels de risque comme les glissements de terrain est également à prendre en considération compte tenu de l’importance de la demande de terrain pour diverses constructions à caractère économique sur le littoral » (MEHU et ONUDI, 1998).

De plus il ressort que leur zone (secteur d’étude) est la zone la plus soumise à l’érosion par suite de la construction des ouvrages du Port Autonome de Cotonou. Les travaux de Oyédé et al., (2007) révèlent à juste titre qu’à l’Est on note une érosion remarquable permanente liée à un déficit de sable drainé par la dérive littorale et dont la répartition se trouve perturbée par l’épi d’arrêt de la jetée Ouest du Port. Cette assertion est confirmé par les recherches de (Kaki et al., 2011) sur l’évolution de la côte béninoise entre 1963 et 2005 qui révèlent que la zone juste à côté de l’Est du Port montre une érosion intense.

Selon les logiques sociales, l’estimation de l’évolution de la largeur de trait de côte à l’Est Cotonou est en moyenne de 11 à 30 mètres par an. Les observations de CENATEL à travers la figure 7 montrent que toutes les années, l’érosion entraîne une perte importante de sédiments. Cette perte entraîne une dynamique érosive qui peut aller jusqu’à environ 23 m par an. Ce qui explique un recul assez fort de la zone de plage avec comme corollaire la perte d’infrastructures comme le montrent les photos ci-après.

Photo 2 : Perte d’infrastructures à Donatin (Cotonou-Est) Cliché : HOUNYO Urice, 2014.

Présenté par Urice A. HOUNYO Gen/EPAC/UAC 32 Par ailleurs, cette valeur estimée par la population s’inscrit dans la droite ligne des recherches effectuées par Tèka et Vogt (2010) qui ont identifié l’érosion côtière comme facteur entre autre, entraînant la dynamique du littoral avec près de 15 m comme dynamique érosive par an.

Les observations de (Dégbé et al., 2010) prouvent que les taux de recul de la ligne de rivage sont relativement importants et conclu qu’à l’Est immédiat de l’épi Est, on a perdu plus de 650 m de largeur de bande de terre depuis 1963, soit un taux moyen d’érosion de plus de 15 m/an. Ces valeurs sont identiques à celles de Tèka et Vogt (2010), Codjia et Domingo en 1998 qui est de 15-16 m/an et Quenum en 2004 qui est de 14,16 m/an. Par contre elles sont différentes des nôtres qui donnent une vitesse d’évolution de la ligne de côte de 23,87m/an en moyenne pour la période de 1968 à 2006.

En outre, notre valeur est aussi très élevée par rapport à celle indiquée par le rapport NEDECO en 1983 qui est de 12 m/an et celle trouvée par Lawani en 2001 qui est de 12 m/an entre 1961 et 2001. Il faut remarquer que ces auteurs ont utilisé des formules mathématiques pour obtenir les dites valeurs.

Aucune valeur n’a pu être estimée de façon objective par les populations en ce qui concerne la superficie érodée par année. Néanmoins, des travaux effectués suivant l’approche SIG, le taux moyen de terrains érodés est de 10,66 ha/an pour la période 1968 à 2006. Cette valeur est très faible par rapport à celle obtenue par Quenum en 2004 qui est de l’ordre de 72,94 ha/an pour la période 1956-2002. Par contre elle est très proche de celle obtenue par Lawani en 2001 qui est de 10,5 ha/an pour la période 1961-2001.

La comparaison entre les données scientifiques sur la dynamique côtière et les perceptions des communautés côtières permet de constater qu’il existe une très grande relation. En somme, le rythme de la ligne de rivage à Cotonou-Est est caractérisé par une évolution très rapide. Cette évolution est due à des facteurs naturels (vagues, courants, dérive littorale, vents, etc.) exacerbées par des facteurs humains (constructions diverses : ports, barrages, bâtiments et autres infrastructures). La moyenne actuelle est de 23,87 m/an de largeur érodée et de 10,66 ha/an de superficie érodée. D’où, les mesures prises par l’Autorité centrale en construisant les épis de protection et qui, selon ces communautés s’avère salvatrice.

Présenté par Urice A. HOUNYO Gen/EPAC/UAC 33 3.4.2 Analyse des impacts de la construction des épis sur la dynamique littorale

La protection des côtes à l’Est de Cotonou a permis de relever un impact positif sur le phénomène d’érosion. Selon les populations, les associations de défense de la plage, les autorités administratives, la construction des épis a considérablement diminué l’effet de facteurs morpho-dynamiques. Ce qui a permis de gagner en plage. Cette assertion est largement soutenue par (Basco, 2006) qui stipule que l’aménagement rocheux le long des littoraux modifie la dynamique érosive par le phénomène de réfraction et de diffraction des vagues autour des structures.

En somme, les populations et les auteurs sont unanimes quant au rôle de protection que jouent les épis sur la dynamique de l’érosion.

3.5 Mesures permettant une gestion durable de la côte à l’Est de

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