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3 LE DISCOURS DE LA MUNICIPALITE BILLIERES SUR L ’ESPACE

DE LA VILLE

Un des préalables à l'étude de ce discours sur l'espace est le rappel des formes d'extension de la ville au moment de la mise en place de cette nouvelle municipalité.

Il est hors de question de cerner exactement les limites (depuis la iestruction de son enceinte, la ville n'a plus de réelle limite) du développement de Toulouse en 1925-

Aussi,essaierons-nous avec un relevé approximatif de l'éten­ due de la ville comme support, de montrer les mécanismes de production de l'espace alors en vigueur, afin de pouvoir dégager dans un second temps, l'importance et l'impact d'une volonté politique sur le développement de l'espace de la vil le.

MODES DE DEVELOPPEMENT DE LA FORME URBAINE EX 1925

Deux phénomènes se juxtaposent, liés directement à la struc­ ture de la propriété foncière. Si l'on prend comme unité de référence la parcelle cadastrale (l) ces types de développe­ ment peuvent s'observer ainsi :

(l) "La forme des lots d'une ville, leur formation, leur évolution, racontent la longue histoire de la propriété urbaine, mais aussi l'histoire des classes auxquelles le développement de la ville a été rattaché étroitement (...) Des documents historiques que sont les cadastres permettent de suivre avec une grande précision les modifications de la structure foncière urbaine, qui sont en effet révé­ latrices de l'ascension de la bourgeoisie urbaine et de la concentration progressive du capital". Aldo ROSSI."L'archi- tecture de la ville" P.33

- Développement en "continuité" avec la forme urbaine déjà consti tuée :

Il s'agit d'opérations le plus souvent situées dans la ville (c'est à dire dans la surface construite au XIXèm siècle - centre, partie entre boulevard et canal, quar­ tier St Cyprien) sur des parcelles cadastrales dont la for­ me n'a pas été remaniée. La construction se réalise soit par

substitution, soit par remplissage.

La taille de la parcelle, l'implantation du bâti en s'accor­ dant sur des principes de dimensionnement, d'alignement, de hauteur ...propres à l'espace environnant déjà constitué^ n'apparaissent pas véritablement comme éléments capables de

causer une cassure dans la forme urbaine.

- Développement en rupture avec la forme urbaine constituée: Ce mode de développement s'appuie sur le rema­ niement de parcelles nécessaires à la création de lotissement ou à l'implantation de nouvelles industries.

A Toulouse certaines parcelles sont ou trop massives pour recevoir une seule maison, ou trop étroites (champs en la­ nières) (2) ce qui nécessite un redécoupage ou un regrou­ pement afin de pouvoir bâtir.

L'espace occupé par les voies est bien souvent réduit au mi­ nimum, impasses et rues coudées étant les solutions les plus usitées.Les raccords sur les routes et chemins antérieurs se font sans tenir compte des lotissements voisins et en négli­ geant l'adaptation de ces rues au nouveau trafic qu'elles reçoivent.

Ces dédales s'avèrent au fur et à mesure de leur classement dans le domaine public, difficilement gérables pour les mu­ ni ci pâli tés.

Ces parcelles en périphérie de la ville, anciennement vouées à l'agriculture (vignes, champs, petits maraichages) chan­ gent donc de destination.

Cette formule du lotissement pavillonnaire introduit les éléments d'une rupture dans le développement de la ville, constituant peu à peu lee fragments de ce qui deviendra la banlieue.

Le pavillon, souvent implanté en milieu de parce1le.défie tout classement. ûon architecture abandonne les mises en oeuvre traditionnelles pour des savoirs-faire adaptés à des matériaux qui se généralisent et s'industrialisent dans tou­ te la France depuis la fin du XIXèm siècle (meulières, bri­ ques, fonte faïence). D'autre part, elle se réferre de moins en moins au modèle culturel de la "toulousaine”.

Les raisons de l'existence du lotissement pavillonnaire nom­ breuses et complexes, ne rentrent pas dans le cadre de ce travail, mais le moratoire des loyers, pendant et après la guerre de 1k - 18, lié à une augmentation de population à Tou­ louse ( contribuant à la crise du logement, a une influence certaine.

L'accroissement des lotissements pavillonnaires alimente le thème de la "colonisation des sites" et de la conquête des paysages.

Ce processus d'urbanisation en se généralisant et en étant l'objet de spéculations exagérées se transforme en enjeu so­ cial et politique.

En effet, il commence à être pesant pour la collectivité de prendre en charge des lotissements défectueux,tant au niveau sanitaire (évacuation des eaux usées, des eaux vannes, terrains inondables), qu'au niveau viaire (voies d'accès presque inexis­ tantes, non traitées pour le passage, inutilisables par temos de plui e ...)

En 1892, à l'occasion d'un classement de voies privées dans le domaine public, le système du lotissement, décrit avec étonnement par le Maire à son conseil municipal, est posé pour une des premières fois, en terme de problème.(3)

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En effet, ce mode d'aménagement de l'espace, constituant bien souvent à lui seul l'essentiel de l'extension des villes, po­ se le problème de la propriété foncière et de son possible contrôle.

La loi CORNUDET de 1919, instituant les plans d'extension pour certaines communes, reste pratiquement muette sur le lotisse­ ment .

La loi du 19 Juillet 1924, rectifiant la première, si elle permet une concertation est tout aussi basée sur une non-vo­ lonté et une impossibilité d'atteinte à la propriété fonciè­ re comme à une absence au bout du compte, de moyens finan­ ciers ce qui n'autorise pas le contrôle, nécessaire à une gestion municipale efficace de l'espace.

En 1925, la ville est loin d'occuper entièrement le terri­ toire communal. Quelques parcelles libres subsistent enco­ re dans la ceinture comprise entre boulevards et canal, com­ me au quartier St Michel en bordure de Garonne et St Cyprien s'inscrivant dans les vides de l ’extension du XIXèm siècle. Le phénomène du lotissement se développe surtout autour des faubourgs jusqu'à la limite de l'octroi et meme en deçà.

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