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Dimension environnementale

Dans le document Mot du ministre de l’Énergie (Page 39-43)

Chapitre 2 Information de base

2.3 Contexte régional de planification

2.3.1 Dimension environnementale

La région compte cinq des six domaines bioclimatiques de la partie méridionale du Québec, soit l’érablière à caryer cordiforme, l’érablière à tilleuls (principalement dans les Basses-Laurentides), l’érablière à bouleau jaune (dans le Cœur des Laurentides et les Laurentides), la sapinière à bouleau jaune et la sapinière à bouleau blanc (dans les Hautes-Laurentides)12.

La diversité des composantes du territoire des Laurentides (plaine, plateau, lacs, rivières, fleuve) offre des habitats naturels variés aux espèces fauniques et floristiques. Dans les Basses-Laurentides, par exemple, les espèces se trouvent dans des habitats fractionnés où le milieu forestier côtoie les milieux agricole et urbain, alors que, dans les Hautes-Laurentides, elles composent avec un vaste territoire montagneux, forestier, parsemé de plans d’eau. Bien que l’information liée aux espèces qui font l’objet d’un prélèvement (chasse, pêche, récolte de la matière ligneuse) soit plus abondante, il importe de considérer qu’une multitude d’autres es-pèces fauniques et floristiques vivent dans la région.

Un regard sur les composantes physiques des Laurentides (géologie, relief, hydrographie, con-ditions climatiques) permet non seulement de saisir la diversité des milieux en présence, mais également la façon dont elles agissent sur la répartition des espèces, l’occupation humaine et la mise en valeur du territoire et de ses ressources naturelles.

Le Cœur des Laurentides et les Hautes-Laurentides appartiennent à la province géologique de Grenville, d’âge protérozoïque. Cette province, qui s’étend au Québec en direction nord-est sur environ 1 500 km et sur une largeur moyenne de 350 km, est réputée pour ses mines de fer et de niobium ainsi que pour ses carrières de minéraux industriels et de pierres architecturales.

Quant aux Basses-Laurentides, couvertes par des terres privées, elles sont entièrement in-cluses dans la province géologique de la Plate-forme du Saint-Laurent, dont les principales res-sources minérales sont le calcaire et la silice. Les Basses-Laurentides occupent une plaine,

12Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (2006), Portrait territorial des Laurentides, p.14-15.

celle du Saint-Laurent, alors que le Cœur des Laurentides et les Hautes-Laurentides occupent un plateau.

Au cœur des Laurentides, entre la plaine et le massif du mont Tremblant, le relief est relative-ment peu accidenté au sud, mais il s’accentue dans le nord-est pour former les sommets les plus élevés des Laurentides. Par exemple, le pic le plus haut du massif du mont Tremblant y culmine à 968 m13. Les monts des Laurentides ont constitué l’assise du développement touris-tique de la région avec l’émergence du ski alpin au début du XXe siècle.

L’autre partie du plateau, formant les Hautes-Laurentides, offre un relief de vallées et de col-lines. Au sud-ouest, les hautes collines découpent trois grandes vallées, soit les vallées des rivières Rouge (partie nord), du Lièvre et Gatineau. Le mont Sir-Wilfrid, près de Mont-Laurier, domine le paysage. Au nord-est, le relief de coteaux et de collines, ainsi que des conditions climatiques moins favorables, a limité l’établissement de populations humaines. Celles-ci se sont développées plutôt là où le sol et le climat permettaient une agriculture viable. Ces condi-tions environnementales se reflètent sur la distribution des espèces tant fauniques que végé-tales. Par exemple, la présence de populations chassables de cerfs de Virginie est limitée aux domaines écologiques de l’érablière à bouleau jaune, à tilleul et à caryer. En effet, cette espèce, sensible aux rigueurs hivernales, ne peut établir de population permanente dans la sapinière, plus au nord. En revanche, les cerfs s’adaptent bien au reste de la région et à la présence hu-maine, dans la mesure où celle-ci permet le maintien des caractéristiques des habitats hiver-naux essentiels.

À l’inverse, le morcellement des habitats dans les secteurs les plus développés de la région n’est pas propice à l’orignal qui est une espèce typiquement forestière. Son cheptel est donc plus abondant dans la partie nord des Hautes-Laurentides de même que dans quelques sec-teurs forestiers situés plus au sud. Quant à l’ours noir, les secsec-teurs les plus adéquats sont sen-siblement les mêmes que ceux répertoriés pour l’orignal.

Les hautes collines qui découpent les trois grandes vallées des Hautes-Laurentides constituent des limites de partage des eaux de ruissellement. Les eaux se dirigent du nord-est vers la ri-vière des Outaouais au sud-ouest, notamment par les riri-vières Gatineau, du Lièvre et Rouge.

13 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (2006), Portrait territorial : Laurentides, p. 7, [En ligne]

[http://www.mrnf.gouv.qc.ca/territoire/planification/planification-portraits.jsp] (Consulté le 2010-07-06).

Plus de 50 % des eaux de ruissellement de la région des Laurentides (bassins des rivières Ga-tineau et du Lièvre) traversent une partie de la région de l’Outaouais avant d’atteindre la rivière du même nom. Quant à la rivière Rouge, elle se jette dans la rivière des Outaouais à la limite ouest de la région des Laurentides. Cette rivière, encaissée sur ses derniers kilomètres, est parsemée de chutes et de rapides.

La partie nord-est des Hautes-Laurentides marque aussi une transition de l’érablière vers des peuplements résineux, et l’érable y atteint sa limite de distribution. Ce secteur représente une transition de la forêt de feuillus vers la forêt boréale.

Le territoire des Laurentides présente peu de contraintes biophysiques à l’aménagement fores-tier (pentes abruptes, insectes et maladies). Cependant, compte tenu de la proximité des grands marchés, le milieu forestier a été sollicité tôt et a subi une coupe sur la presque totalité de son territoire et parfois même, dans sa partie sud, deux ou trois coupes. La forêt se situe principalement sur les terres du domaine de l’État (73 % de la forêt régionale).

La composition de la forêt publique régionale se distingue des forêts publiques du Québec par ses peuplements de feuillus. Les conditions climatiques favorables permettent d’ailleurs aux tiges ou aux peuplements de croître plus rapidement, ce qui explique un intervalle plus rappro-ché entre les récoltes de matière ligneuse, comparativement au temps requis dans bien d’autres régions du Québec.

Selon les inventaires forestiers, les peuplements de résineux ont connu, dans le nord des Hautes-Laurentides, des baisses importantes au profit des peuplements de feuillus14. Les es-sences pionnières, comme les peupliers et les bouleaux, ont graduellement occupé les par-terres de coupe, ce qui a provoqué une transition des essences forestières résineuses formant des peuplements purs vers des peuplements mixtes composés davantage de feuillus. D’autre part, dans l’ensemble des peuplements de feuillus, la qualité de la forêt s’est dégradée et com-porte des essences de qualité inférieure15.

14 Ministère des Ressources naturelles du Québec (2002), Rapport sur l’état des forêts québécoises 1995-1999 — annexe 2, Évolu-tion du couvert forestier selon les domaines ou sous-domaines bioclimatiques, p. 240.

15 Une étude publiée en 2009 sur les enjeux écologiques régionaux liés à la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique sur le territoire des unités d’aménagement forestier (UAF) 64-51 et 61-52, confirmait cette constatation, selon le MFFP consulté le 16 avril 2015.

Sur le plan de la faune aquatique, la région présente une grande diversité d’habitats, tant en eau vive qu’en eau calme, qui permettent d’abriter plus de 90 espèces de poissons d’eau douce des 116 vivant au Québec16.

Le maskinongé, le grand brochet, la perchaude et l’achigan à petite bouche sont recherchés lorsque les plans d’eau sont moins abondants en salmonidés. Toutes ces espèces se trouvent un peu partout dans toute la région des Laurentides, le doré jaune étant plus abondant dans le bassin versant de la rivière du Lièvre et l’omble de fontaine dans celui de la rivière du Nord. Le touladi occupe plutôt le sud-ouest de la région. Les populations allopatriques d’omble de fon-taine sont rares, mais plus abondantes en territoire structuré, dans le nord de la région.

Les poissons introduits, tels que la truite arc-en-ciel, sont très populaires chez les pêcheurs sportifs. L’omble de fontaine, le doré jaune et la truite grise seraient les espèces les plus re-cherchées par les pêcheurs sportifs. Ces espèces sont trop souvent surexploitées et doivent être introduites. Des ensemencements de mise en valeur sont souvent utilisés pour satisfaire la demande. D’autant plus que la région des Laurentides est très fréquentée par les pêcheurs, c’est l’une des principales régions du Québec où l’on trouve le plus d’adeptes. C’est également la première région au Québec où le nombre de jours-pêche en 2012 a dépassé le million17. Cependant, la faune aquatique a été profondément transformée par l’activité humaine.

À l’origine, certains bassins de la rivière Rouge et de la rivière du Nord abritaient des popula-tions d’omble de fontaine allopatriques (seule espèce présente dans un plan d’eau), aujourd’hui, ces populations se limitent à quelques lacs isolés au nord du territoire18. Ces populations natu-relles d’ombles de fontaine offrent un rendement de pêche sportive très intéressant.

Afin de contribuer à rétablir certaines populations ou encore de bonifier l’offre de pêche, de nombreux lacs ont fait l’objet d’ensemencements. Des espèces de poissons provenant des Basses-Laurentides ou du fleuve Saint-Laurent (crapet, perchaude, achigan, barbotte) ont été introduites dans les lacs du Cœur des Laurentides et des Hautes-Laurentides. Des salmonidés exotiques (non indigènes), tels que la truite arc-en-ciel et la truite brune, sont introduits

16 Société de la faune et des parcs du Québec (août 2002), « Plan de développement régional associé aux ressources fauniques des Laurentides », dans Portrait territorial des Laurentides.

17 Éco Ressources (2014), L'industrie faunique comme moteur économique régional, Une étude ventillant par espèce et par région les retombées économiques engendrées par les chasseurs, les pêcheurs et les piègeurs québécois en 2012, préparé pour le MFFP, p. 10 et 11.

18 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (2006), Portrait territorial des Laurentides, p. 20.

rement par les associations de lacs19. Ces espèces entrent en compétition avec les espèces indigènes ou deviennent carrément prédatrices de celles-ci. Par conséquent, un cadre de ges-tion des ensemencements au Québec, en cours de rédacges-tion, visera à encadrer l’introducges-tion de ces espèces. De cette façon, un permis d’ensemencement pourrait être refusé pour un motif de gestion de la faune.

À cette problématique s’ajoutent les conséquences sur les habitats créés par l’artificialisation des rives20, les activités récréotouristiques, le déboisement, l’érosion et le marnage des réser-voirs. De plus, le réchauffement climatique contribue à élever les températures de l’eau de la surface des plans d’eau, ce qui perturbe les habitats des espèces d’eau froide (touladi, omble de fontaine)21.

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