II. Matériel et techniques expérimentales
II.2 Techniques expérimentales
II.2.1.3. Diffusion de la lumière
La diffusion de la lumière est une technique non destructrice basée sur l’interaction entre la
matière et le rayonnement. Elle permet de caractériser des particules de taille allant de
quelques nanomètres à plusieurs micromètres. Cette méthode d’analyse est particulièrement
adaptée pour l’étude des solutions colloïdales et de leur processus d’agrégation. Elle permet
d’accéder à des informations comme la taille, la masse molaire et la structure des colloïdes
étudiés. Ce paragraphe a pour but de présenter les principaux éléments nécessaires à la
compréhension des phénomènes sans donner tous les détails sur les principes théoriques de
cette technique qui sont accessibles dans la référence suivante [135].
II.2.1.3.1 Diffusion statique de la lumière
Appareil et type d’expérience
Les expériences de diffusion statique ont été réalisées au Laboratoire Polymères Colloïdes et
Interfaces (Le Mans, Université du Maine) avec un système ALV couplé à un laser solide
(Millenia, Spectra Physics) avec une longueur d’onde fixe de 532 nm. Les mesures ont été
effectuées sur une gamme d’angle θ allant de 10 à 140° et la gamme de vecteur de diffusion
s’étend de 3,0.10
-3à 3,5.10
-2nm
-1. L’intensité diffusée a été rapportée à celle diffusée par une
référence (toluène) de façon à s’affranchir des problèmes liés à la fluctuation de puissance du
faisceau.
Principe
Un milieu parfaitement homogène ne diffuse pas de lumière mais les fluctuations de densité
du solvant et/ou de concentration du soluté forment des inhomogénéités locales qui génèrent
de la diffusion. Du fait de l’agitation thermique, les inhomogénéités ne sont pas statiques et
l’intensité diffusée fluctue au cours du temps. La Figure II.2 est un schéma simple du principe
de diffusion de la lumière. L’onde transversale plane monochromatique va sonder un volume
diffusant, V, milieu isotrope non absorbant qui contient un nombre suffisant d’unités de
diffusion, θ étant l'angle d'observation, λ
0, la longueur d'onde de la source monochromatique
dans le vide et n, l'indice de réfraction du milieu.
Figure II.2 : Schéma du principe de la diffusion de la lumière
Dans le cas d’un liquide pur, les fluctuations d’intensité de la lumière diffusée proviennent
essentiellement des fluctuations de densité et de température (souvent négligeables). Dans le
cas d’une solution, il faut ajouter des fluctuations de concentration. Pour des concentrations
suffisamment faibles, les fluctuations de densité de la solution sont équivalentes à celles du
solvant pur, l’excès d’intensité diffusée n’est alors dû qu’aux fluctuations de concentration.
L’intensité relative diffusée (I
r) par la solution est déterminée en corrigeant l’intensité
mesurée (I
mesurée) par l’intensité diffusée par le solvant (I
sol) et par l’intensité diffusée par une
référence (I
réf) (le toluène dans notre étude) :
( )
( )
Im
1Sq
C
KCRT
Iréf
Isol
esurée
Ir
∂
∂
=
−
= π
−avec
ref refR
n
n
C
n
N a
n
K ( )²( )² 1
2
4
2 2∂∂
=
λπ
θ
où : - K est la constante de l’appareil qui correspond au pouvoir de diffusion ou contraste
des particules
- C la concentration des particules
- R la constante des gaz parfaits
- T la température absolue (K)
-
C
∂∂π est l’inverse de la compressibilité osmotique
- S(q) est le facteur de structure de la particule, qui correspond à la combinaison des
facteurs de structure inter (‘facteur de structure’) et intramoléculaire (‘facteur de
forme’) des particules considérées
- n l’indice de réfaction du milieu, proche de celui du solvant dans le cas d’une solution
diluée.
- N
ale nombre d’Avogadro
-
C
n
∂∂ l’incrément d’indice de réfraction
- n
réfl’indice de réfraction de la référence
- R
réfle rapport de Rayleigh de la référence ( il est égal à 2,79.10
-5à λ = 532nm pour le
toluène)
Le phénomène de diffusion de la lumière est particulièrement sensible aux interactions
intra et interparticulaires. En effet, l'intensité diffusée va dépendre :
- de la structure interne des particules : une sphère, une pelote flexible ou encore un agrégat
fractal ne diffuseront pas la lumière de manière équivalente,
- des interactions entre particules voisines : cet effet est d'autant plus important que la solution
est concentrée.
Pour les solutions diluées (la concentration tend vers 0), il est possible de négliger les
interactions entre particules. La formule précédente se simplifie sous cette forme :
)
(q
S
KCM
I
r=
wsoit M S(q)
KC
I
r=
woù M
west la masse molaire en poids.
Expérimentalement, l’étude du rapport I/KC en fonction du vecteur de diffusion q permet de
déterminer par extrapolation à concentration nulle et à angle nul la masse de l'objet étudié M
et le rayon de giration de ces objets R
g. La prise en compte de la polymolécularité donne des
masses molaires moyennes en poids M
w, et des rayons de giration moyens en z R
gz.
q
-1
q,θ
1/R
g1/r
oComme l’indique la Figure II.3, selon l’échelle sondée, il est possible d’accéder à différentes
informations. Le cas où qR
gz<< 1 revient à étudier la structure de l’agrégat dans son ensemble
et on peut ainsi à cette échelle calculer le rayon de giration en z des particules. Dans le cas où
q.R
gz>>1 et q.r
o<<1, les échelles sondées sont celles qui correspondent à la structure interne
de l’agrégat. Les processus d’agrégation en solution conduisent le plus souvent à la formation
d’objets auto-similaires c’est à dire qu’ils sont invariants par changement d’échelle.
L’intensité diffusée suit alors une loi de puissance de la forme :
q
q
I
r( )∞
−dfoù l’exposant est la dimension fractale de l’objet [5, 119]. La dimension fractale traduit la
façon dont les objets remplissent l’espace. Elle relie la masse ou le nombre de particules de
l’agrégat N à son rayon R par : N ~ R
df. Plus l’objet sera dense et plus sa dimension fractale
sera forte. Dans le cas de l’agrégation colloïdale, la dimension fractale peut être comprise
entre 1,3 et 2,6.
II.2.1.3.2 Diffusion dynamique de la lumière
Appareil et type d’expérience
Les agrégats de protéines ont été étudiés en diffusion dynamique à l’aide du Zetasizer Nano
ZS (Malvern Instruments, UK). L’appareil est utilisé en rétro-diffusion avec un angle de -
173°. Les solutions diluées sont mesurées dans des cellules de 1 cm de largeur à 20°C.
Chaque mesure a été réalisée en trois exemplaires et correspond à l’enregistrement de 3
fonctions d’autocorrélation d’une durée de 90 secondes chacune. La calibration de l’appareil a
été faite pour une gamme de taille allant de 20-200 nm. Dans le cas où la taille des agrégats
générés est proche des limites de validité des rayons hydrodynamiques, les données obtenues
avec cet appareil en diffusion dynamique de la lumière ont été comparées avec les résultats de
diffusion statique de la lumière afin de vérifier la fiabilité des mesures.
Principe
En diffusion dynamique, l'intensité fluctue autour d'une valeur moyenne et possède une
distribution en fréquence qui peut être reliée aux fluctuations de densité et de concentration.
Expérimentalement, on peut alors mesurer la fonction d'autocorrélation de l'intensité diffusée
mesurée à un angle donné g
2(t,q), qui correspond au produit de l'intensité mesurée à l'instant t
et de celle mesurée à l'instant t+∆t, le tout moyenné sur une longue période. La fonction
d’autocorrélation est schématisée sur la Figure II.4 pour deux tailles de particules.
Figure II.4 : Représentation de la fonction d’autocorrélation de l’intensité diffusée.
Les fluctuations de l’intensité sont liées aux fluctuations du champ électrique diffusé. La
fonction g
2(t) est liée à la fonction d’autocorrélation du champ électrique g
1(t) par la relation
de Siegert :
g
2(q,t) = 1+ a.[g
1(q,t)]²
où a est une constante comprise entre 0 et 1 selon les caractéristiques internes de
l’appareillage utilisé. La fonction g
1(t) est essentiellement une mesure de la relaxation des
fluctuations de concentration. Les processus de relaxation sont nombreux : processus de
relaxation par réaction chimique, par relaxation viscoélastique, par diffusion et par rotation ou
mouvements internes des particules lorsque l'on sonde l'intérieur de celles-ci (q.R
gz>>1). Si on
considère seulement les processus de relaxation liés à la diffusion des molécules, l’expression
de g
1(t) se simplifie pour une solution d’agrégats monodisperses et sphériques et devient une
simple exponentielle caractérisée par un temps de relaxation τ
r:
( )
g t
1( )=exp − τt
ravec 1τ
r= D q.
2D
0= kT
6πηR
h(Relation de Stokes-Einstein)
La diffusion dynamique de la lumière va ainsi permettre d’accéder au rayon hydrodynamique
des particules au travers cette dernière équation. Dans le cas où les particules sont
polydisperses, où s’il existe plusieurs populations, les fonctions d’autocorrélation peuvent
s’écrire :
τ
τ
τ t d
A
t
g
1( )=∫ ( )exp(− )
0 0 .1 0 .2 0 .3 0 .4 0 .5 0 .6 0 .7 0 .8 0 .9 1 0 .1 1 1 0 1 0 0 1 0 0 0 Te m ps (µs ) F o n c ti o n d 'a u to c o rr é la ti o nPetites particules
Grosses particules
II.2.2. Propriétés interfaciales de la β−lg et des agrégats
Dans le document
Rôle des agrégats de protéines dans la formation et la stabilisation de mousses
(Page 52-57)