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La difficulté de mettre en évidence des effets de rattrapage pour combler cet écart entre diplômés et

2. La nécessité de réaffirmer le rôle protecteur du diplôme professionnel

2.3. Le diplôme favorise l’insertion professionnelle et contribue à l’élévation des qualifications . 27

2.3.2. La difficulté de mettre en évidence des effets de rattrapage pour combler cet écart entre diplômés et

La mobilité s’entend de trois façons au moins : la mobilité géographique, l’évolution professionnelle de la personne dans une logique de promotion sociale et l’adaptation aux évolutions de l’emploi.

À l’échelle d’une nation, chaque année, environ 15 % des emplois disparaissent et environ 15 % d’emplois nouveaux apparaissent. Il pourrait être utile de s’intéresser à l’incidence du diplôme et de

76 Fabienne Maillard, Démocratisation de l’accès au diplôme et validation des acquis de l’expérience : une avancée sociale ?, Cahiers de recherche sur l’éducation et les savoirs, 2007.

77 Jean-Louis Kirsch, Diplôme de niveau V : Au-delà d'un déclin annoncé, des diplômes qui restent pertinents, Bref n°, CEREQ, n° 144, 1998.

78 Marie de Besses, Benoît Cart, Céline Gasquet, Alberto Lopez, Virginie Mora, Philippe Mouy, Élise Verley, Coordination du rapport : Alberto Lopez, Une formation qualifiante différée pour les jeunes non diplômés ? Un éclairage à partir du cheminement professionnel de jeunes sortis du système éducatif en 1998.

79 Rapport IGEN n° 2012-053, Le suivi de la réforme du lycée professionnel, la certification intermédiaire, mai 2012.

80 Comme en témoigne l’article BEP : un diplôme, 2 finalités paru dans la revue Formation-Emploi du CEREQ, en 1999.

81 Extrait du rapport cité : « La valorisation du diplôme intermédiaire ne doit pas se faire au détriment du baccalauréat mais, bien au contraire, y être associée étroitement. C’est ainsi, par exemple, que toutes les opérations de communication autour des métiers auxquels conduit le baccalauréat peuvent parfaitement mentionner l’existence de ce diplôme, valorisé par les exigences professionnelles qu’il porte ».

sa structure sur les parcours professionnels et sur la capacité d’adaptation des salariés à ces évolutions de la nature des emplois. Dans un rapport publié en 2011, P. Cahuc et A. Zybelberg82 ont énoncé quelques conclusions de travaux de recherche, dont certaines peuvent être reprises ici :

– le taux d’accès à la formation professionnelle croît avec le niveau de formation initiale. Il diminue aussi avec l’âge, à partir de 40 ans. Les non-diplômés sont ceux qui bénéficient le moins d’une formation professionnelle ;

– la formation professionnelle continue améliore le plus souvent le niveau des salaires et les perspectives d’emploi des bénéficiaires, mais cette amélioration est, en moyenne, d’ampleur modérée.

Les statistiques montrent également que les personnes les moins employables, les salariés en contrat à durée déterminée ou les demandeurs d’emploi ont une probabilité bien plus faible de suivre des formations que les individus plus qualifiés. Les premiers effets de la formation initiale tels qu’ils apparaissent dans les deux ou trois premières années de la vie active peuvent ainsi se résumer :

– jusqu’au baccalauréat, le niveau de formation limite les risques de chômage ;

– au-delà du baccalauréat, il conditionne davantage le positionnement sur l’échelle des salaires lors de la première embauche et, dans une moindre mesure, l’accès à la formation continue.

2.3.2.1 Existe-t-il des mécanismes de rattrapage pour les non-diplômés ?

Le « potentiel de promotion » des diplômes supérieurs est-il lié au fait que ces diplômes permettraient une plus grande mobilité sur le marché du travail et des »carrières nomades » ? Certes, beaucoup de repositionnements en début de vie active coïncident avec un changement d’employeur. Même si elle peut parfois s’accompagner de déclassements ou de baisses de salaire, cette « mobilité externe » est plutôt associée à une amélioration sur les plans du salaire, du statut et des conditions d’emploi.

Pour un non-diplômé retournant en formation, l’obtention ultérieure d’un diplôme n’améliore pas nécessairement sa situation. Une étude récente du CEREQ fonde cette affirmation. Une logique de rattrapage l’emporte sur l’accentuation d’un avantage initial. Ainsi, les jeunes mobiles ont, en moyenne, initialement un salaire plus faible que les jeunes « sédentaires » fidèles à leur employeur.

Leur mobilité leur permet de compenser tout ou partie de ce désavantage initial. Cela rejoint la thèse de certains économistes pour lesquels la mobilité externe (i.e. les changements d’employeurs) viendrait améliorer l’adéquation entre les individus et les emplois pour favoriser une productivité croissante.

De plus, un niveau de formation plus élevé ne rend pas un changement d’employeur plus fréquent.

Ainsi, à l’heure où une « sécurisation des parcours » par la formation est souhaitée, les non-diplômés sont plus fortement poussés ou incités à la mobilité externe. Alors que les diplômés de l’enseignement supérieur ont quitté en moyenne 1,6 fois un employeur au cours des sept années considérées par l’enquête, les non-diplômés cumulent en moyenne 2,4 mobilités. Il faut certes tenir compte des conditions dans lesquelles les jeunes salariés quittent l’entreprise. La « sur-mobilité » des

82 Pierre Cahuc, Marc Ferracci, André Zylberberg, La formation professionnelle des adultes : pour en finir avec les réformes inabouties, rapport, Institut Montaigne, 2011.

non-dipl

vie, la loi de 2004 émet plusieurs prescriptions à l’adresse des organismes paritaires de collecte agréés (OPCA) et des conseils régionaux pour orienter les politiques de formation en faveur de la certification. Par ailleurs, la mise en place de nouveaux critères de sélection des organismes de formation répondant aux appels d’offres régionaux, afin de promouvoir les formations certifiantes, confirme cette tendance.

On le voit donc bien, le diplôme joue un rôle essentiel à l’issue d’une formation initiale. Dans le cadre de la formation continue, l’obtention d’un diplôme ne semble pas systématiquement apte à compenser d’éventuels écarts rencontrés entre diplômés et non-diplômés lors de l’insertion professionnelle et dans la suite du parcours. Cependant, il est important que la formation continue, un des principaux acteurs de la promotion sociale, soit très clairement reconnue. Le diplôme peut permettre cette reconnaissance. Dans ce contexte, l’intégration de blocs de compétences doit être conçue comme au service d’un accès au diplôme. Certains des interlocuteurs rencontrés craignent qu’il ne s’agisse que « de fausse monnaie dont la valeur serait quasiment nulle sauf dans quelques secteurs particuliers ».