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Différences relatives au genre quant aux habitudes et comportements alimentaires

CHAPITRE 1 : Revue de littérature

1.4 Déterminants des choix alimentaires sains

1.4.2 Différences relatives au genre quant aux habitudes et comportements alimentaires

considérées.

1.4.2 Différences relatives au genre quant aux habitudes et comportements alimentaires

De façon générale, les femmes rapportent une meilleure qualité alimentaire que les hommes (Garriguet, 2009; Liebman et al., 2006). Selon la littérature, les femmes ont une consommation plus élevée de fruits et légumes, aliments riches en fibres alimentaires et faibles en lipides, et consomment moins de viandes rouges, d’alcool et de boissons gazeuses que les hommes (Arganini, 2012; Kiefer et al., 2005; Li et al., 2000; Liebman et

al., 2001).

Plusieurs études indiquent que les hommes et les femmes présentent aussi des caractéristiques différentes liées à leurs attitudes et croyances à l’égard de l’alimentation et de la santé (Arganini, 2012; Beardsworth, 2002; Wardle et al., 2004). En effet, les hommes accorderaient moins d’importance à l’adoption d’une saine alimentation comparativement aux femmes (Courtenay et al., 2002; Wardle et al., 1997), et il est à noter que cette tendance a été observée dans plusieurs pays à travers le monde (Wardle et al., 2004). De plus, les hommes semblent attribuer une priorité moindre à la santé dans le processus de choix alimentaires en comparaison à d’autres éléments tels que les saveurs et la commodité des aliments (Fagerli & Wandel, 1999; Steptoe et al., 2002; Wardle et al., 2004), et affirment être davantage ambivalents face à des choix alimentaires sains en comparaison avec les femmes (Povey et al., 2001; Sparks et al., 2001). D’autres études ont démontré que les femmes ont une attitude plus positive à l’égard de l’alimentation, sont plus susceptibles de se mettre en action afin d’améliorer leurs habitudes alimentaires, rapportent un niveau de connaissances en nutrition plus élevé et affirment lire davantage les étiquettes

nutritionnelles comparativement aux hommes (Baker & Wardle, 2003; Goodman et al., 2011; Krukowski et al., 2006). Par ailleurs, des données indiquent qu’une proportion plus importante de femmes que d’hommes rapportent faire des efforts afin d’avoir des apports alimentaires concordant avec les recommandations alimentaires. Les différences entre les hommes et les femmes liées aux attitudes et croyances à l’égard de l’alimentation sont donc susceptibles d’expliquer en partie les différences relatives au genre observées dans les habitudes alimentaires (Wardle et al., 2004).

Les différents rôles sociaux et responsabilités attribués aux hommes et aux femmes dans la société peuvent aussi sans doute expliquer les différences notées entre les hommes et les femmes dans le contexte de l’alimentation. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être en charge de l’achat et de la préparation des repas sur une base régulière (Beardsworth, 2002). De plus, davantage de femmes que d’hommes se considèrent compétents pour cuisiner à partir d’ingrédients de base (Beardsworth, 2002).

Un autre aspect important à considérer est la préoccupation reliée au poids et à l’alimentation. À cet égard, on constate qu’une proportion plus élevée de femmes que d’hommes affirment faire des efforts afin de contrôler leur poids en modifiant leur alimentation (Johnson & Bedford, 2004; Wardle et al., 2004). Considérant que les diètes visent typiquement la perte de poids en amenant la personne vers une alimentation composée d’aliments faibles en lipides et en sucre et abondante en fruits et légumes, et que les femmes rapportent être plus souvent à la diète que les hommes, il est possible que les différences de genre observées dans les habitudes alimentaires s’expliquent en partie par l’histoire de diètes (Liebman et al., 2001; Wardle et al., 2000, 2004). Dans le même sens, certains auteurs suggèrent que les femmes affichent un désir plus important de consommer des aliments peu caloriques (Fagerli & Wandel, 1999). Par ailleurs, selon une étude menée aux Pays-Bas, les femmes semblent également plus susceptibles que les hommes de ressentir un sentiment de culpabilité envers la nourriture, de consommer des aliments afin de se réconforter en présence de stress ou d’ennui et d’avoir certaines pensées obsessives à l’égard de leur alimentation (Beardsworth, 2002). En résumé, des distinctions sont observées entre les hommes et les femmes dans leur relation envers la nourriture.

Plusieurs outils ont été proposés afin de mesurer différents aspects reliés aux comportements alimentaires. Le Three-Factor Eating Questionnaire permet d’évaluer certaines dimensions du comportement alimentaire, plus spécifiquement la restriction cognitive (qui se caractérise par l’intention de contrôler la quantité ou la qualité de ses apports alimentaires afin de contrôler son poids), la désinhibition (qui se définit par une surconsommation d’aliments en réponse à une variété de stimuli associés à un sentiment de perte de contrôle sur la prise alimentaire) et la susceptibilité à la faim (qui réfère à la consommation d’aliments en réponse à des sensations et des perceptions de faim interne et externe), et fut utilisé dans un très grand nombre d’études (Stunkard & Messick, 1985). Des différences relatives au genre ont été documentées à l’égard de ces comportements alimentaires. De façon générale, les femmes présentent un niveau de restriction cognitive plus élevé que les hommes et sont plus susceptibles de restreindre volontairement leurs apports alimentaires dans le but de contrôler leur poids corporel ou de favoriser la perte de poids (Carmody et al., 1995; Neumark-Sztainer et al., 1999; Provencher et al., 2003). Bien que la littérature ne soit pas unanime à ce sujet, certaines études rapportent une association négative entre la restriction cognitive et l’apport énergétique (de Castro, 1995; Lindroos et

al., 1997). En ce qui a trait à la désinhibition alimentaire, les hommes présentent en général

des niveaux moins élevés que les femmes (Carmody et al., 1995; Neumark-Sztainer et al., 1999; Provencher et al., 2003). Cependant, selon une étude de Drapeau et al., les hommes seraient plus susceptibles à la désinhibition situationnelle, c’est-à-dire associée à des facteurs contextuels tels que la présence de nourriture, et moins à la désinhibition émotionnelle, c’est-à-dire associée à des émotions positives ou négatives, par rapport aux femmes (Drapeau et al., 2003). Chez les hommes comme chez les femmes, la désinhibition est associée positivement à l’apport énergétique (Lindroos et al., 1997) ainsi qu’à la densité énergétique (Goulet et al., 2008). En ce qui concerne la susceptibilité à la faim, il semble que les hommes soient plus influencés par des sensations de faim interne comparativement aux femmes, ce qui suggère une perception plus efficace des sensations physiologiques de la faim chez les hommes (Drapeau et al., 2003).

En résumé, les différences entre les hommes et les femmes liées aux attitudes, croyances, responsabilités, rôles sociaux et comportements à l’égard de l’alimentation et de la santé

sont de plus en plus documentées dans la littérature et méritent d’être considérées dans le contexte de changements alimentaires (Arganini, 2012; Beardsworth, 2002; Wardle et al., 2004).