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Différences entre les hommes et les femmes dans l’adhésion à l’alimentation

CHAPITRE 1 : Revue de littérature

1.6 Différences entre les hommes et les femmes dans le contexte de l’alimentation

1.6.1 Différences entre les hommes et les femmes dans l’adhésion à l’alimentation

L’impact de l’alimentation méditerranéenne sur le risque de MCV a rarement été évalué chez les hommes et les femmes distinctement. D’un point de vue épidémiologique, quelques études réalisées dans des populations méditerranéennes indiquent un effet bénéfique plus important de l’alimentation méditerranéenne chez les femmes que chez les hommes. Une étude de Chrysohoou et al. menée auprès d’hommes et de femmes grecs visait à comparer les hommes et les femmes quant à l’impact des facteurs de risque cardiovasculaire sur le risque de développer une MCV au sein d’une population méditerranéenne (Chrysohoou et al., 2003). Leurs résultats indiquent que les femmes adhèrent davantage à l’alimentation méditerranéenne traditionnelle comparativement aux hommes, ce qui expliquerait l’effet protecteur plus important de cette alimentation sur le risque de MCV chez les femmes que chez les hommes. Une autre étude ayant évalué l’effet de l’adhésion à l’alimentation méditerranéenne sur la présence de facteurs de risque impliqués dans le développement de MCV rapporte des résultats semblables, avec un effet protecteur plus marqué de l’alimentation méditerranéenne sur la santé cardiovasculaire des femmes que des hommes (Panagiotakos et al., 2007).

1.6.2 Différences entre les hommes et les femmes dans la réponse à une intervention nutritionnelle basée sur l’alimentation méditerranéenne

Dans le contexte d’une intervention contrôlée menée dans des conditions isocaloriques, une récente étude québécoise s’est intéressée aux différences entre les hommes et les femmes quant à l’impact de l’alimentation méditerranéenne sur les facteurs de risque cardiovasculaire (Bédard et al., 2014). Cette étude a démontré une différence entre la réponse des hommes et celle des femmes en ce qui a trait aux changements dans l’homéostasie de l’insuline en réponse à l’adhésion à l’alimentation méditerranéenne, avec une amélioration observée chez les hommes seulement. Ces résultats démontrent que l’adoption de l’alimentation méditerranéenne engendre des changements métaboliques attribuables à des différences sexuelles, mais n’excluent pas la possibilité de différences relatives au genre, comme par exemple des différences liées au niveau d’adhésion aux recommandations alimentaires.

À ce propos, certaines études ont évalué la réponse des hommes et des femmes à un programme d’éducation en nutrition visant l’adoption de l’alimentation méditerranéenne. En effet, les résultats d’une intervention effectuée dans une population italienne à risque de MCV indiquent que l’adhésion à l’alimentation méditerranéenne mène à des effets bénéfiques similaires sur certains facteurs de risque cardiovasculaire non traditionnels, plus particulièrement sur la dysfonction endothéliale et sur les marqueurs de l’inflammation, chez les hommes et les femmes (Esposito et al., 2004). Cependant, puisque les auteurs ne rapportent pas le niveau d’adhésion à l’alimentation méditerranéenne, il est impossible de déterminer si l’amélioration des facteurs de risque est associée à une adhésion aux recommandations alimentaires semblable chez les hommes et les femmes.

Récemment, le succès du programme d’éducation en nutrition développé dans le cadre de l’intervention PREDIMED a été rapporté selon le genre (Zazpe et al., 2010). Plus précisément, l’intervention était d’une durée de 12 mois et basée sur une approche motivationnelle, et incluait 1) une rencontre individuelle tous les trois mois lors de laquelle les personnes recevaient des recommandations individualisées favorables à l’adhésion à

l’alimentation méditerranéenne; 2) une rencontre de groupe tous les trois mois; 3) de la documentation fournissant une description des aliments méditerranéens traditionnels, une liste d’achats variant au fil des saisons, des plans alimentaires, des recommandations en lien avec la fréquence de consommation à atteindre et des recettes; 5) une quantité constante d’huile d’olive vierge (équivalente à 1L / semaine) ou de noix mélangées (équivalente à 30 g/jour) (Zazpe et al., 2008). Il est à noter qu’aucune restriction calorique n’était exigée de la part des participants dans le cadre de cette étude. Les auteurs évaluaient le succès de l’intervention par l’atteinte d’un minimum de quatre des cinq changements visant à améliorer l’adhésion à l’alimentation méditerranéenne. Plus spécifiquement, les changements visés se traduisaient par une augmentation de la consommation de fruits, de légumes et du ratio acides gras monoinsaturés sur acides gras saturés, et une diminution de la consommation de viandes et de sucreries. Les résultats de cette étude ont démontré un succès plus élevé en terme d’adhésion à l’alimentation méditerranéenne chez les hommes que chez les femmes (Zazpe et al., 2008). Les travaux de ces auteurs ne permettent toutefois pas de mettre directement en relation le succès de l’intervention selon le niveau d’adhésion à l’alimentation méditerranéenne et l’amélioration des facteurs de risque cardiovasculaire après l’intervention de 12 mois selon le genre. En effet, seuls les changements métaboliques observés après trois mois d’intervention ont été évalués distinctement chez les hommes et les femmes (Estruch et al., 2006). Ces résultats indiquent que les hommes et les femmes améliorent de façon semblable leurs facteurs de risque cardiovasculaire au cours des trois premiers mois d’intervention (Estruch et al., 2006). Les différences entre les hommes et les femmes en réponse à un programme d’éducation en nutrition ont également été rapportées dans une population non méditerranéenne. En effet, une étude menée aux Pays-Bas a évalué l’impact d’un programme d’éducation visant l’adoption de l’alimentation méditerranéenne auprès d’hommes et de femmes présentant une hypercholestérolémie (Bemelmans et al., 2000). L’intervention était d’une durée de 12 mois et comportait trois rencontres de groupe. Ces rencontres visaient principalement à transmettre des connaissances reliées à l’alimentation méditerranéenne et à améliorer les habiletés relatives à l’achat et la préparation des aliments (Siero et al., 2000). Des recommandations alimentaires spécifiques portant sur le nombre de portions à consommer

quotidiennement étaient également transmises aux participants (Siero et al., 2000). Les auteurs rapportent que les femmes ont augmenté de façon significative leur apport en fibres alimentaires, leur consommation de fruits et de volaille, et diminué leur consommation de viandes rouges, alors que de tels changements n’ont pas été observés chez les hommes (Bemelmans et al., 2000). Les résultats indiquent aussi une diminution des concentrations de C-total chez les femmes et non chez les hommes en réponse à l’intervention, suggérant ainsi un meilleur succès de l’intervention chez les femmes (Bemelmans et al., 2000).

En définitive, parmi les rares études ayant comparé l’impact de l’alimentation méditerranéenne sur le risque de MCV selon le genre, les données suggèrent pour la plupart que les hommes et les femmes répondent différemment à une intervention nutritionnelle basée sur l’alimentation méditerranéenne en ce qui concerne les changements métaboliques, et que ces différences peuvent s’expliquer en partie par le niveau d’adhésion à l’intervention.