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Devenir entrepreneur : le statut au travers du regard social

Chapitre 1 : Le monde entrepreneurial : un univers à comprendre

1.5 Devenir entrepreneur : le statut au travers du regard social

Le fait d’entreprendre relève d’une volonté de s’inscrire dans un schéma qui amène la nouveauté. Etre créateur d’entreprise soulève des questions et des appréciations concernant ce statut et ses fonctions. Facteur et accélérateur de mobilité et de dynamisme, de modélisation du parcours professionnel ou du schéma de vie, de reconnaissance, voire de "puissance" dans un monde où la question de l’emploi se fait pesante ; l’image du chef d’entreprise interroge et, est exposée aux jugements sociaux; elles ne laissent pas indifférent. La fonction d’entrepreneur peut être méconnue, aussi l’entrepreneur va vouloir se surpasser et montrer ses capacités d’action au travers du "paraître social". Au travers de la réalité quotidienne composée

de logiques d’action commerciale ou de structuration de commandes auprès de fournisseurs, le quotidien de l’entrepreneur est très prenant et davantage sollicité selon certaines périodes. Longtemps admis comme un acteur social faisant preuve d’une logique capitaliste, où le travail s’inscrit dans une culture commune au sein d’une société, on l’a aussi pressenti de vouloir se positionner au dessus de tout le monde et de profiter du statut de patron.

Si le fait d’entreprendre correspond à une évolution et à une progression dans la hiérarchie sociale, les entrepreneurs interrogés ont également émis la possibilité de pouvoir démontrer leur capacité et leur détermination. Au travers de leur activité, il existe bien une volonté de ces derniers à exercer un pouvoir au travers de la création, la puissance admise par le statut ne se réfère plus au sens de Marx, lorsque que le patron profitait de son autorité et "exploitait" ses travailleurs mais elle interagit sur son propre devenir professionnel. Le regard social est évidemment présent et joue bien souvent un rôle prépondérant dans la décision d’entreprendre au même titre que le souhait de se créer son emploi.

D’après la note d’analyse faite par le Centre d’Analyse Stratégique, institution d’aide et d’expertise auprès du Premier Ministre, l’entrepreneur a une image positive, le statut renvoie à la création de richesse, à l’augmentation de valeur économique par la création d’emploi. Ainsi et à la lecture du tableau 1, près de 90% des Français sont d’accord pour dire que l’entrepreneur crée des emplois et 73% pensent qu’il crée de nouveaux produits et services pour le bénéfice de tous.

Tableau 8

Par contre, nous pouvons également relever que les Français sont bien plus critiques à l’égard des entrepreneurs que les autres pays cités. En effet et devant l’Allemagne, le Royaume Uni ou les Etats-Unis, les Français ont plus d’opinions négatives concernant les valeurs associées à ce statut. Pour 50% d’entre eux, l’entrepreneur ne penserait qu’au capital et près de 45% pensent que l’entrepreneur exploite le travail des autres. Il n’est pas anodin que les Français estiment que le chef d’entreprise a un statut qui génère un rôle négatif dans la conscience commune. L’entreprise est encore controversée par sa recherche d’intérêt et de profit, où l’homme, représentant la force de travail, reste dans l’ombre et, selon les représentations des travailleurs, reste bien moins reconnu dans la sphère professionnelle, que les profits qu’elle dégage.

Souvent controversé, l’entrepreneuriat est également parfois considéré par les Français comme un statut palliatif à une situation de réorientation de sa carrière. Mais d’après le Graphique 9, 65% estiment malgré tout que celui-ci est un bon choix de carrière, ils sont donc nombreux à apprécier ce statut qui confère à son détenteur

un choix de vie professionnelle, où l’individu est lui-même acteur du processus professionnel.

Graphique9

La position d’entrepreneur est perçue favorablement par l’image d’une réussite sociale et la valorisation de l’initiative privée qu’elle représente. Le travail occupe une place importante dans la vie des individus, il est perçu comme un investissement positif et essentiel dans la vie de chaque individu. Au delà de son aspect économique, le travail dégage une part d’affectivité pour celui qui le produit. Dans leur article concernant la place du travail dans la vie des individus, Lucie Davoine et Dominique Méda constatent que le travail est important et nécessaire dans le quotidien des individus. Bien plus que dans les autres pays européens, les Français sont à 70% attachés au travail et aux valeurs qu’il implique. Ces auteurs mettent en évidence la part singulière de l’activité : "Les Français sont ainsi 42 % à penser qu’ils «s’accomplissent souvent dans le travail» pour une moyenne européenne de 30 % (Solom, 2006). Ils plébiscitent les notions d’accomplissement et de fierté alors que

les Britanniques, par exemple, évoquent plus spontanément l’idée de routine, marquant un rapport plus distancié au travail".65

S’il existe une corrélation entre les valeurs accordées au travail et les responsabilités morales et économiques de l’entrepreneur, la multiplication et le dynamisme des dispositifs et des mesures gouvernementales en faveur de la création d’entreprise favorisent encore l’image positive des entrepreneurs auprès des Français. En effet, d’après la note de synthèse sur l’Eurobaromètre "Flash" qui porte sur les perceptions de l’entrepreneuriat en France et en Europe, étude réalisée en été 2012 par TNS Political &Social à la demande de la Commission Européenne, 61% des Français déclarent avoir une image positive des entrepreneurs, alors que la moyenne européenne ne dépasse pas les 53%. Si les Français font une différence entre les dirigeants des grandes firmes et les créateurs de PME, 54% d’entre eux considèrent tout de même que les entrepreneurs ne songent pas qu’à leur propre bénéfice retiré et aux profits annoncés et 57% estiment que l’entrepreneur n’exploite pas ses employés mais bénéficie tout de même du travail des autres66.

L’entrepreneur réunit par sa fonction et son engagement, plusieurs caractéristiques, et véhicule des valeurs inhérentes aux potentialités attendues d’un acteur social dans une démarche productive et d’efficacité au travail.

Ainsi, hormis les définitions qui ont évolué au cours du temps, et les acceptations diverses de chercheurs, nous pouvons décrire de manière cohérente l’entrepreneuriat comme la manifestation complexe de l’activité entrepreneuriale. Elle regroupe donc un ensemble de qualités et d’aptitudes qui concourent à l’esprit d’entreprise. L’entrepreneur va déployer un ensemble de caractéristiques qui l’accompagnent, et qui définissent sa propension à entreprendre.

Comme le souligne Emile-Michel Hernandez, l’entrepreneur est créateur de richesses et investigateur d’une démarche spécifique, "c’est l’action et la compétence de l’entrepreneur qui créent l’entreprise. L’entrepreneur est le sujet, l’acteur, et la création d’entreprise, le résultat de son action 67". Ainsi, parler d’entrepreneuriat

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Lucie Davoine et Dominique Méda, « Quelle place le travail occupe-t-il dans la vie des Français par rapport aux européens ? », Informations Sociales, n°153, 2009, p.50

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Note de Synthèse sur L’Eurobaromètre « Flash », « Les perceptions de l’entrepreneuriat en France, en Europe et dans le monde » n° 354, février 2012

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comme processus complexe, défini par une démarche spécifique et des aptitudes inhérentes à cette activité, n’a de sens que si l’on considère et que l’on fait référence au travail accompli par l’entrepreneur.

Nous considérons donc l’entrepreneuriat comme création de valeurs et de richesses induites par l’action multiple de ses instigateurs.

Le rôle et la fonction de chef sont décrits par Joseph Schumpeter. Les dispositions requises entre le chef d’armée et de navires ne sont pas si loin de celles du chef d’entreprise, comme "homme d’affaires" en entendant par-là, les caractéristiques que doit avoir et supporter la fonction de chef : "avoir une manière spéciale de voir les choses, et ce, non pas tant grâce à l’intellect (et dans la mesure où c’est grâce à lui, non pas seulement à son étendue et à son élévation, mais grâce à une étroitesse de nature spéciale) que grâce à une volonté" ; c'est-à-dire que l’intelligence fait partie intégrante de la fonction par les attributs qu’elle en donne à son détenteur. Mais bien plus que cette donnée, l’entrepreneur doit avoir une efficacité par sa mise à disposition de ses connaissances et de sa détermination au service de sa fonction même d’entrepreneur , "à la capacité de saisir des choses tout à fait précises et de les voir dans leur réalité ; la capacité d’aller seul et de l’avant, de ne pas sentir l’insécurité et la résistance comme des arguments contraires" ; enfin la faculté d’agir sur autrui, qu’on peut désigner par les mots d’"autorité", de "poids" d’"obéissance obtenue"; (…), "l’activité entrepreneuriale comme travail "serait fondamentalement (par nature et par fonction) différente de tout autre, même d’un travail de "direction", ne serait-il qu’"intellectuel", et aussi du travail que fournit peut être l’entrepreneur en dehors de ses actes d’entrepreneur"68

Schumpeter décrit les attributs que doit acquérir l’entrepreneur, le "chef" se distinguant par son mental de direction, sa faculté d’agir et d’être, son autorité et ses prises de décisions rapides et efficaces se différenciant par l’activité de production et ses compétences associées. Les qualités associées au chef d’entreprise ne s’appuient pas tant sur ses capacités intellectuelles, mais sur des spécificités inhérentes à sa personnalité volontaire, dotée d’originalité et empreinte de différents points de vue, d’autres regards sur les choses, à sa maîtrise de la solitude et à gérer

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l’insécurité permanente et le risque associé aux décisions à venir ; et enfin, son charisme et son autorité qui vont le distinguer et vont faire de lui un référent solide dans la vision qu’il donne à voir à autrui.

En somme, l’entrepreneur doit posséder une vision globale et objective sur les éléments qui l’entourent, vision pointue et entreprenante sur les décisions et objectifs à atteindre ; il doit être capable de s’imposer sans détours et assurer une continuité dans ses démarches et ses prises de positions. Il doit s’efforcer d’être une force motrice pour son entreprise et s’assurer de son bon développement qui passe bien évidemment par ses actions et ses modes de pensée.

L’image de l’entrepreneur est en cela énigmatique ; on ne connait que très rarement l’entrepreneur et ses obligations. Cette image est également charismatique, dans le sens où elle regroupe une multitude de casquettes dont l’individu va à chaque fois se saisir ; celle d’un manager, d’un dirigeant et d’un travailleur maitrisant les rouages du métier. Il est alors doté de qualités intrinsèques qui font de lui, un agent social "remarqué" par son activité qui crée de la valeur ajoutée par la création d’emplois et la plus-value qu’il offre à la société (création de nouveaux produits et ou services, création d’emplois, valorisation d’un métier et renouvellement du tissu économique sur le territoire) ; et "remarquable" par son courage, ses ambitions, et sa soif de réussite, mettant "la barre" toujours plus haut et voulant se surpasser. Il participe donc a développer un esprit économique et social. Il est une référence, l’exemple d’un esprit combatif dans la prolongation d’un système capitaliste en expansion.

Graphique 10

Note de Synthèse sur L’Eurobaromètre « Flash », « Les perceptions de l’entrepreneuriat en France, en Europe et dans le monde » n° 354, février 2012

A la lecture du rapport "Flash Eurobarometer" ci-dessus sur les perceptions que les français et les européens ont de l’entrepreneur, nous remarquons que nous sommes 87% à penser que l’entrepreneur est créateur d’emploi et 76% contre 79% pour les européens à estimer que l’entrepreneur crée de nouveaux produits et des services qui profitent à tous. L’entrepreneur, par son comportement dynamique et efficace offre une vision positive de la valeur "travail".

Toutefois, l’image de l’entrepreneur perçue par le regard social, est différente de la condition économique supportée par ce dernier. Il existe bien évidemment un décalage entre ce qui relève des préjugés sociaux construits et perpétués depuis des années et la réalité du vécu de l’entrepreneur. Dans un article de contribution à la sociologie du chef d’entreprise, François Bourricaud dénonce l’antagonisme entre le rôle des entrepreneurs et les tensions associées à ses fonctions dans le monde

économique et social actuel. Il cite une revue des "Jeunes Patrons" écrit en février 1947, et relève l’ambiguïté de l’image de l’entrepreneur : "Au yeux d’un grand nombre, le patron personnifie réellement un monde étranger, une classe expirante (…) encore aujourd’hui, dans quelle mesure une bonne partie des patrons n’ont-ils pas le sentiment d’être « au banc de la nation », d’être confinés dans une sorte de ghetto, exclus et rejetés par la méfiance populaire"69. L’entrepreneur étant considéré comme profiteur, l’auteur M.J Predseil cité par Bourricaud s’explique : "le poste de patron qui comporte ses ennuis comme les autres, est le plus enviable de tous à cause du profit qu’il assure (…) ; Sans doute les patrons jouissent d’une aisance plus marquée que la plupart de ceux qui ne le sont pas, mais il y a un profit légitime qui leur revient, la juste récompense de service fourni à l’ensemble du corps social »70

En effet, avoir une entreprise demande à son détenteur des capacités d’action qui feront de son entreprise un succès. Il est certain que l’objectif et les projections de l’entreprise doivent être pensés en amont. Dans la presse spécialisée, les médias et les ouvrages traitant de l’entrepreneuriat décrivent très souvent les traits spécifiques du "bon" entrepreneur. Existe-t-il donc un idéal type d’entrepreneur, des manières de faire et une tactique qui permettrait d’assurer la pérennité d’une entreprise ? La figure sociale de l’entrepreneur par secteur d’activité, son âge et son sexe dépendrait-elle de la bonne marche de l’entreprise, véhiculant le dynamisme de celle-ci ? La question est relativement complexe. En effet, bon nombre de stratégies d’entreprises doivent être différenciées, car le contexte et la perspective d’avenir donnée ne sont pas les mêmes dans chaque cas.

D’après nos analyses des entretiens effectués avec les entrepreneurs, nous pouvons soulever une différence quant à la représentation de l’image donnée par les agents sociaux qui sont au contact des entrepreneurs. Les deux classes d’âges étudiées, (jeunes et seniors) n’ont pas le même rapport à l’image que la société (parents, conjoint, amis, clients, fournisseurs) leur attribue. A la question du regard que porte la société sur son statut, l’entrepreneur jeune et l’entrepreneur senior ne donnent pas la même définition. Le senior disposera d’un regard beaucoup plus négatif quant à la

69François Bourricaud, Contribution à la sociologie du chef d’entreprise. Le « Jeune patron » tel qu’il se voit et

tel qu’il voudrait être », Revue économique, vol 9, n°6, 1958, p. 898

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volonté de créer son entreprise. S’il dispose d’une certaine maturité et d’une plus grande expérience liée à son âge, il devra néanmoins s’investir davantage pour une recevabilité légitime de son entreprise, démontrer sa pertinence et son dynamisme. Le senior doit alors convaincre du "bien-fondé" de son exercice et de sa légitimité en ce qui concerne ses motivations.

Daniel a 54 ans : "Je pense que le senior a la difficulté de l’âge ; d’ailleurs l’ANPE le fait sentir. Ils testent, ils énervent. On dirait que notre âge détermine notre capacité de faire, de penser. C’est frustrant, alors aux dires de la société, on ne devrait plus s’investir, on est trop âgé, on va droit dans le mur. De plus, le senior est forcément stéréotypé, il y a de gros préjugés. Aux USA, il y a beaucoup de seniors chefs d’entreprise, le regard est moins dur. En France, il ne serait pas malléable, il se soumettrait moins aux ordres et accepterait moins le changement. Ces schémas sont difficiles à dépasser, il faut en plus qu’il fasse ses preuves, montrer qu’il est capable. Aujourd’hui le senior se retrouve en concurrence avec les jeunes, c’est incroyable, la société ne devrait pas fonctionner comme ça".

Il n’est pas rare que les seniors se sentent mis en défaut par rapport à leur âge, cela est dû à la dévalorisation de soi par un groupe social. Si tous les entrepreneurs seniors considèrent leur statut et leur âge comme une force dans l’entreprise, ils se sentent incompris dans cette démarche qui exige de la volonté et de l’adaptabilité. Pour exemple, nous citerons le cas de Catherine, 53 ans, elle ne se sent pas démunie quant à ses capacités d’action, mais insiste sur la représentation faite des seniors actifs : "Le regard des autres est ambivalent ; ou alors ils sont admiratifs de voir autant d’énergie de la part d’un senior (rire) ; ou ils se disent qu’on est trop vieux pour s’embêter avec quelque chose d’aussi lourd à gérer. En même temps, notre décision nous appartient, tout dépend de nos motivations et de pourquoi on le fait. Le jugement critique est très facile et parfois même le regard des institutionnels est lourd. Ils nous donnent comme une nouvelle chance, alors qu’on a fait vivre la France, qu’on a participé à l’économie pendant des années. Je trouve cela quand même fort, nous on a fait nos preuves. En Angleterre en tout cas, pour les seniors qui veulent travailler c’est nettement plus facile et il n’y a pas cette atmosphère culpabilisante". Selon le rapport d’étude nationale 2011 conduit par l’IFOP, sur l’image de l’entrepreneuriat et la perception des entrepreneurs, la médiatisation des

chefs d’entreprises et de leur particularité ne sont pas assez visibles en France. Dans ce rapport, il apparait que les médias et les élus politiques ne rendent pas accessibles le métier d’entrepreneur; ses multiples facettes rendent difficile leur compréhension à l’égard du public. Aussi, on relève que 84% des Français jugent la visibilité des TPE et PME insuffisante, ce rapport indique également pour appuyer les chiffres existants71 que, "quels que soient les territoires, les catégories socioprofessionnelles ou les âges répondants, les Français déclarent à une majorité écrasante que les leaders d’opinion (que sont les médias et les élus) ne parlent pas suffisamment des PME et de leurs dirigeants. Un constat qui ne peut que donner des idées s’il s’agit de travailler sur les représentations des entrepreneurs et de la création d’entreprise".

Graphique 11

Source : Etude nationale de l’IFOP de 2011

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Rapport d’étude national de l’IFOP, « L’envie d’entreprendre des Français », Partie 3 l’image de l’entrepreneuriat, p.14 (Questionnaire réalisé auprès de 9600 personnes âgée, représentatif de la population Française de 18 ans et plus, et représentant les 22 régions de France Métropolitaine)

Il est certain que la connaissance de la création et de son dirigeant sont méconnus du grand public. Si certaines caractéristiques de l’entrepreneuriat peuvent surgir dans les consciences communes, elles s’identifient et se corrèlent indéniablement avec l’âge du créateur. Les différents dispositifs de préretraites, de CPA (Cessation Progressive d’Activité) dans la fonction publique, de productivité et de dynamisme prônés par les médias et dans les discours politiques, n’ont fait qu’accroître l’image dépassée du senior vis-à-vis de ce type de projet, rendant les institutions publiques suspicieuses quant à la validité du projet et l’investissement accordé. La culture des âges décrite par Anne Marie Guillemard prend tout son sens, la construction sociale de l’âge et l’attribution de ses particularités (normes et valeurs accordées à chaque tranche d’âge) enferme l’individu dans un déterminisme collectif et soutenu par rapport à un contexte et à un territoire, où l’individu fait acte "d’actions spécifiques" pour sa catégorie d’âge. Elle affirme : "Les configurations politiques produisent un ensemble d’orientations normatives significatives. C’est leur dimension cognitive. L’Etat social, en intervenant et arbitrant dans le domaine de l’emploi, de la formation ou de la protection sociale, produit des normes d’âge. Son activité donne naissance