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2-3-4 Devenir des embryons surnuméraires

(Olivennes F., 2002- Debry JM, 1994- Humeau C. et Arnal P., 1994)

La question doit être posée à tous les couples avant de débuter le protocole FIV : Que va-t-on faire des embryons surnuméraires ? Du fait de l’efficacité des traitements inducteurs, il n’est pas rare de récolter chez une patiente normo-répondeuse une dizaine d’ovocytes voire davantage. En conditions habituelles, 60 à 80 % des ovules sont fécondés. La limitation du nombre d’embryons à transférer pose donc le problème du devenir de ces embryons excédentaires.

La question doit être réglée avant de débuter quoique ce soit. Trois possibilités s’offrent aux couples : la congélation, le don à la recherche expérimentale et la destruction. Cette dernière, étant éthiquement discutable, n’est réalisée que sous certaines conditions, elle ne doit pas être un choix pour l’ensemble des embryons surnuméraires. Si le couple refuse le don ou la congélation, la clinique n’inséminera que deux ou trois ovocytes afin de ne pas avoir de pertes.

2-3-4-1 La congélation

La possibilité de congeler des embryons a été proposée dès 1983 (Olivennes F., 2002). Il a été alors démontré que les embryons conservés dans l’azote liquide (-196°C) conservent un potentiel évolutif une fois décongelés. Depuis, la congélation règle la quasi-totalité des cas d’embryons surnuméraires. Elle nécessite un accord écrit des deux partenaires.

La congélation permet de maintenir les embryons dans un état de vie suspendue, dans un froid profond et pour une durée en principe illimitée : la durée de conservation n’a pas d’effets délétères ni sur le taux d’implantation, ni sur la santé de la progéniture. Pour des raisons pratiques (de stockage essentiellement), la durée de congélation est limitée par le législateur à cinq ans sauf raison médicale (maladie par exemple). Chaque année, les couples reçoivent un formulaire à remplir les questionnant sur leurs projets concernant les embryons congelés et s’ils souhaitent prolonger d’un an la durée de conservation. Lorsque les embryons ne font plus l’objet d’un projet parental, trois alternatives se profilent : le don à un couple stérile, l’étude expérimentale ou la destruction. Les trois nécessitent bien entendu l’accord écrit des deux membres du couple. Si pendant ces cinq ans, le couple se sépare ou l’un des conjoints décède : aucun ne peut s’approprier les embryons congelés ; ils seront donnés à la science ou à un autre couple stérile après accord écrit ou dans le pire des cas, détruits.

La congélation des embryons surnuméraires concerne les embryons âgés de 2 à 3 jours (les blastocystes résistent mal à ce processus). Elle a lieu juste après l’implantation des embryons choisis. Seuls les embryons de qualité (type A et B) peuvent être congelés.

Comment procède-t-on ? La congélation embryonnaire est de principe simple. Elle consiste

à extraire une grande partie de l’eau que les cellules contiennent et à remplacer celle-ci par un antigel. Les molécules utilisées sont variables et agréées par l’AFSSAPS. Les cellules sont ensuite refroidies progressivement grâce à un programme automatique et selon une courbe thermique stricte jusqu’à -196°C. Les cellules traitées de la sorte risquent moins d’autoriser la formation de cristaux de glace endo-cellulaires, responsables de la destruction des membranes des cellules.

Quels sont les résultats ? Il faut savoir que tous les embryons ne résistent pas à la

congélation/décongélation. En choisissant les plus beaux embryons (type A et B), près de 40% d’entre eux ne résistent pas à cette technique. Seuls les embryons possédant au moins la moitié de leurs cellules intactes peuvent être transférés in utéro, les autres sont détruits.

Les embryons congelés ayant résisté donnent un taux de grossesse inférieur du fait de leur taux de nidation trois fois plus faible : le taux de grossesse par transfert est de 6 à 8%. Cependant la congélation apporte une alternative à la destruction des embryons surnuméraires et permet d’obtenir chaque année la naissance d’enfants parfaitement normaux et ainsi d’augmenter le taux de grossesse par ponction.

Nombre d’embryons transférés

Embryons congelés replacés au cours d’un

cycle suivant

Grossesses par ponction (%) Non 10,8 1 Oui 15,1 Non 19,6 2 Oui 31,9 Non 24,1 3 Oui 31,2

Tableau 21: Taux de grossesse en FIV en fonction du nombre d'embryons transférés et selon le replacement ou non d’embryons supplémentaires congelés (d’après Zorn J.R et Savale M., 2005)

2-3-4-2 L’utilisation à des fins expérimentales.

L’utilisation à des fins expérimentales est pratiquée dans certains centres, universitaires principalement. Elle nécessite l’accord écrit du couple.

Elle concerne peu d’embryons frais depuis que la congélation est possible. La recherche utilise en général des embryons congelés donnés par des couples, devenus parents, n’ayant plus de projets pour ces embryons en attente. Les études expérimentales peuvent être aussi une alternative à la destruction pour les embryons frais de mauvaise qualité (type C et D) ; encore faut-il que les chercheurs soient intéressés par ce matériel défaillant.

Très critiquée pour des raisons éthiques et philosophiques, la recherche expérimentale appliquée aux embryons humains a, au cours des deux dernières décennies, apporté une somme considérable d‘informations sur les relations intercellulaires, la biochimie et la génétique des jeunes embryons. Des informations mises à profit depuis pour optimiser les chances de succès en FIV.

2-3-4-3 La destruction des embryons

La destruction des embryons viables est ni scientifiquement, ni moralement défendable ; c’est pourquoi elle ne peut constituer un choix pour le couple. La destruction ne peut être envisagée que dans certains cas :

• Embryons surnuméraires de mauvaise qualité (type C et D) pour lesquels la congélation ne peut être envisagée.

• Embryons congelés ne faisant plus l’objet d’un projet parental

• Embryons congelés non réclamés par le couple : au bout de cinq ans, ils sont détruits : le don à un couple stérile ou à la recherche nécessitant l’accord des deux parents.