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Deux concepts cor´ef´erentiels diff´erents entraˆınent la

5.4 Inf´erence et th´eorie des concepts

6.1.2 Deux concepts cor´ef´erentiels diff´erents entraˆınent la

Si un agent poss`ede les concepts α et β – par exemple Everest et Sagarmatha – et qu’il pense que Γ ˙⊢α, ∆ ˙⊢β mais pense que Γ ˙,⊢β et ∆ ˙,⊢α, alors l’agent tient α et β pour des concepts diff´erents, i.e. comme ayant des conditions d’usage ou des conditions d’applications diff´erentes.

De fait deux concepts sont tenus pour ˆetre diff´erents s’ils diff`erent dans leurs conditions d’usage, c’est-`a-dire que les raisons qui justifient l’usage de l’un ne justifient pas l’usage de l’autre, ce qui correspond `a la distinction entre les concepts propos´ee parPeacocke :

Distinctness of Concepts : Concepts C and D are distinct if and only if there are two complete propositional contents that differ at most in that one contains C substituted in one or more places for D, and one of which is potentially informative while le other is not1.[Peacocke,1992, p. 2]

Cela signifie donc que les deux concepts ne sont pas substituables l’un l’autre dans un jugement.

`

A la diff´erences des raisons, s’ajoute la diff´erence de r´ef´erence, il est possible – au moins th´eoriquement – d’imaginer que deux concepts α et β soient soutenues par les mˆemes raisons mais qu’ils diff`erent de r´ef`erence, c’est-`a-dire que α s’applique `a l’objet o1 alors que β s’applique `a l’objet

o2 mais que α ne s’applique pas `a l’objet o2 et β `a l’objet o1. En fait ce

cas th´eorique est tr`es ´etrange, puisque les conditions d’application sont g´en´eralement donn´ees dans les raisons justifiant l’usage du concept – un agent justifiera son usage du concept α dans son application `a o2 par le fait

que l’objet en question poss`ede une certaine propri´et´e ou caract´eristique P et l’une des raisons d’usage de α sp´ecifie que lorsque P est pr´esente dans un objet alors cet objet rel`eve de α. La distinction extentionnelle de concepts co-intentionnels est d’autant plus ´etrange que – comme nous l’avons vu – le concept peut se r´eduire `a un terme d’abstraction `a laTakeuti, i.e. `a une

1“La distinction des concepts : les concepts C et D sont distincts si et seulement si

il y a deux contenus propositionnels complets qui diff`erent au plus dans le fait que l’un contient C substitu´e dans une ou plusieurs places pour D, et que l’un est potentiellement informatif alors que l’autre ne l’est pas..”

fonction caract´eristique [Church,1956,Prior,2002] ne tenant pas compte de l’extension du concept. Si donc les concepts ne sont pas distingu´es sur leur fonction caract´eristique alors ces deux concepts sont les mˆemes, et ils ne peuvent donc pas diff´erer quant `a leur extension. Prenez mˆeme le cas d’une fonction caract´eristique qui concernerait la structure chimique d’un ´el´ement et en sp´ecifierait son agencement pour d´esigner un objet. Il se peut alors parfaitement que cette caract´eristique permet de d´esigner sans possibilit´e de les distinguer un diamant et un morceau de carbone de charbon de bois, alors mˆeme que d’un agent distinguerait sans doute un diamant du charbon de bois. mais alors, il en ressort que la co-intentionalit´e qui conduit `a des extensions que l’agent consid´ererait comme diff´erentes, r´esulte en fait d’une insuffisance de sp´ecification intensionnelle. Il est probable par exemple que ce mˆeme agent subsumerait sous le concept cailloux un diamant et un morceau de charbon, mais cela ne l’empˆecherait pas de pouvoir sp´ecifier les diff´erences extensionnelle qu’il fait entre les deux, par des raisons qui s’appliqueraient alors non plus au concept caillou mais aux concepts – qu’il tiendrait pour distincts – de diamant et carbonne, la diff´erence entre les deux ne serait peut ˆetre pas la structure micro-chimique, mais la valeur sociale des objets d´esign´es par ces concepts. Ce qui signifie donc que si les extensions de deux concepts sont distingu´ees par un agent cognitif, leurs termes d’abstraction le sont aussi, et donc il n’est pas possible d’avoir deux termes strictement co-intensionnels avec des extensions diff´erenci´ees.

Imaginons donc qu’un agent poss`ede deux concepts qu’il tient pour diff´erents selon leurs conditions d’utilisation et d’application. En d’absence de toute autre information, l’agent va utiliser le principe de r´ef´erence postul´ee, et comme selon lui les raisons qui justifient l’usage du premier concept – mettons Everest – sont diff´erentes que celles qui garantissent le second – mettons Sagarmatha – l’agent va postuler deux extensions diff´erentes pour ces deux concepts. L’agent peut par exemple penser que Everest et Sagarmatha d´esignent des montagnes et se dire, suivant la maxime de la redondance de la communication – en fait le rasoir d’Ockham – selon laquelle il est inutile de donner deux noms `a une mˆeme chose sans justification raisonnable, qu’il doit s’agir de deux montagnes diff´erentes. Maintenant imaginons que cet agent planifie de gravir l’ensemble des 8000 de la plan`ete et pour cela compulse des cartes topographiques et

d´ecouvre en fait que ces deux concepts d´esignent en fait une seule et mˆeme montagne, mais que son nom – et les propri´et´es qui lui sont conf´er´ees – change d’un versant `a l’autre. L’agent va probablement r´eviser ses concepts Everest et Sagarmatha (et peut-ˆetre ´egalement ceux Chomolungma et Qomolangma qui sont les autres noms donn´es au Mont Everest) en ajoutant dans les conditions d’usage et les raisons qui soutiennent ces deux concepts, le fait qu’ils soient co-extensionnels dans la mesure o`u ils r´ef`erent au mˆeme objet dans le monde. Que ces concepts soient co-extensionnels ne signifie pas n´ecessairement qu’ils soient co-intensionnels, leurs conditions d’usage et mˆeme d’application peuvent diff´erer. En effet le fait d’utiliser le terme ‘Everest’ pour d´esigner la plus haut montagne de la plan`ete, implique que l’on utilise la d´esignation occidentale de cette montagne – cette montagne ayant ´et´e baptis´ee ‘Mont Everest’ l’honneur du chef du Service g´eod´esique de l’Empire britannique des Indes. Si cette mˆeme montagne est appel´ee ‘Chomolungma’ par les tib´etains et que ce nom signifie “d´eesse-m`ere” dans cette langue, et si cette mˆeme montagne est appel´ee ‘Sagarmatha’ par les n´epalais et que ce nom signifie “d´eesse du ciel” dans cette langue, les concepts Everest, Chomolungma et Sagarmatha ne sont pas identiques intensionnellement. Un agent se tromperait pas exemple s’il disait que Everest signifie la d´eesse du ciel pour les n´epalais, et ce mˆeme s’il est vrai que le Mont Everest en tant que c’est la mon- tagne la plus haut de la plan`ete, d´esigne bien la d´eesse du ciel pour ce peuple.

Une fois que l’agent apprend la co-extension de deux concepts, il peut ou bien d´ecider l’´eliminer l’un des concepts si les intensions de ces concepts s’av`erent – pour lui au moins – ˆetre identiques :

1 ǫα ˙≡ǫβ 2 ǫ(α, β) 3 !α ˙≡β"

De mˆeme si les concepts sont co-intensionnels, l’agent – s’il se conforme au principe de rationalit´e PARC – devra ternir ces concepts comme iden-

tiques : 1 !Γ ˙⊢α" 2 !∆ ˙⊢β" 3 !Γ ˙≡∆" 4 !Γ ˙⊢α, β" 5 !∆ ˙⊢β, α" 6 !α ˙≡β"

Si l’agent consid´erait les concepts α et β comme diff´erents et vient ensuite `a les consid´erer comme ´etant identiques, i.e. co-extensionnels ou co-intensionnels, l’agent – s’il se conforme au principe de rationalit´ePARC

– doit r´eviser ses concepts α et β en α∗

et β∗

incluant l’´equipotence entre ces concepts ou bien sur l’intension – α∗

et β∗

ont les mˆemes conditions d’usage – ou bien sur l’extension – α∗

et β∗

ont les mˆemes conditions d’application – ou bien sur les deux.

Il est ´evident qu’un agent poss´edant les concepts α – mettons Everest – et β – mettons Sagarmatha – qu’il consid´ererait maintenant comme co-extensifs, ne devrait pas n´ecessairement abandonner l’un des deux. Cet agent peut toujours penser que ces deux concepts diff`erent intensionnelle- ment – que l’un est pertinent dans un contexte de discussion sur les croyances n´epalaises alors que l’autre l’est moins ou pas du tout. Ces concepts seront trait´es par cet agent comme synonymes et substituables l’un l’autre d’un point de vue extensionnel mais pas n´ecessairement du point de vue inten- sionnel. Il n’empˆeche qu’une fois la co-extension apprise par l’agent, ses concepts sont r´evis´es pour l’introduire dans les raisons qui les justifient : le concept α support´e par les raisons Γ, deviendra α∗

:

α∗ := !Γ ∨ ∆ ˙⊢α" (6.10)

Si l’agent consid`ere en fait que les raisons pour soutenir α et β sont en fait les mˆemes – i.e. qu’il n’y a aucune diff´erence intensionnelle entre ces deux concepts – et que α et β sont co-extensifs, alors l’agent, par respect du rasoir d’Ockham – abandonnera l’un des concepts au profit de l’autre, ce

qui revient `a r´eduire l’un de ces concept `a l’autre, sorte de r´evision radicale du concept qui s’apparente au premier cas de r´evision.

6.1.3 L’affaiblissement ou le renforcement des raisons garan-

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