2.2 Diff´erence entre le non-conceptuel et le conceptuel
2.2.3 Sens/R´ef´erence
Le concept est donc une entit´e repr´esentationnelle et ´epist´emique au moins au sens faible du terme. Le concept cheval s’applique `a Rossinante du fait qu’il repr´esente Rossinante et que l’agent qui le poss`ede a acc`es `a cette repr´esentation. Mais ce n’est pas suffisant pour caract´eriser le concept. Le concept cheval s’applique bien `a Rossinante si Rossinante est un cheval, c’est-`a-dire qu’il manifeste toutes les qu’un objet du monde doit manifester pour ˆetre un cheval. Le concept cheval est donc une fonction qui s’applique aux objets de l’environnement qui sont des chevaux :
cheval 0→ x !
1 si x est un cheval
0 sinon (2.3)
Cette assignation correspond `a la d´enotation du concept, c’est-`a-dire `a sa r´ef´erence. En somme la r´ef´erence du concept est l’ensemble de tous les ´el´ements dans l’environnement dans lequel est appliqu´e ce concept qui rend vrai la propri´et´e qui est associ´ee `a ce concept. La r´ef´erence du concept peut se ramener `a l’extension du pr´edicat de cette propri´et´e. Par exemple, les chevaux sont tous les ´el´ements du monde qui v´erifient le pr´edicat « ˆetre un cheval ».
Mais la d´enotation d´epend de l’´etat actuel de l’environnement auquel le concept est appliqu´e. Il se pourrait tr`es bien que Rossinante ne soit pas en fait un cheval, et alors le concept cheval ne s’y appliquerait pas. Ou bien si Rossinante est un cheval et donc que c’est un mammif`ere parce que les chevaux sont des mammif`eres, cela est vrai du fait de l’agencement des ˆetres vivants dans cette configuration-l`a du monde, mais il pourrait tr`es bien se faire que les chevaux soient des poissons, et alors dire que Rossinante est
4“Ainsi, si un sujet peut ˆetre cr´edit´e de la pens´ee que a est F , alors il doit poss´eder
les ressources conceptuelles pour recevoir la pens´ee que a est G, pour toute propri´et´e d’ˆetre G de ce dont il a la conception. C’est cette condition que j’appelle ‘la contrainte de g´en´eralit´e’.“
un mammif`ere parce que c’est un cheval serait faux. Il faut donc distinguer l’extension, ce que le concept d´enote dans le monde, de la mani`ere dont il le fait, c’est-`a-dire de son sens ou de son intension.
L’intension n’est pas la r´ef´erence actuelle du concept, mais l’ensemble des conditions qui permettent au concept de s’appliquer `a l’objet, c’est-`a- dire les possibilit´es de v´erit´e du concept [Gallin,1975]. Le concept cheval s’applique aux ´el´ements qui ont telles et telles propri´et´es qui font d’eux des chevaux. De cette mani`ere on ne parle pas d’objet, mais de propri´et´es, de traits fondamentaux qu’ils doivent satisfaire pour tomber sous le concept. La liste de ces propri´et´es est la fonction caract´eristique du concept. Et cette fonction caract´eristique correspond au terme abstrait associ´e au concept [Church,1956,Prior,2002]. Terme abstrait car il ne d´epend d’aucun ´el´ement pr´esent dans l’environnement, mais permet de caract´eriser des ´el´ements de cet environnement. Le terme abstrait ‘cheval’ est ce qui peut se penser de Rossinante et de Joly Jumper, sans qu’il ne soit sp´ecifiquement l’un ou l’autre. La fonction caract´eristique est not´ee :
λΦ (2.4)
o`u λ est l’op´erateur d’abstraction, et Φ la liste des propri´et´es que doit sa- tisfaire un ´el´ement pour ˆetre caract´eris´e par cette fonction.
2.3
Concept
Le concept doit se conformer aux r´equisits de la repr´esentation, de l’´epist´emicit´e et de la distinction entre le sens et le r´ef´erence. Cependant, ces caract`eres ne sont pas suffisants pour rendre compte du concept. En ef- fet, si le concept est le composant des ´etats mentaux tels que les croyances, connaissances, d´esirs, ou plans d’action, alors il faut que la structure du concept lui permette d’entrer dans la composition de ces ´etats mentaux.
2.3.1 Individuation du concept
Si un concept entre dans la composition d’un ´etat mental alors il doit pouvoir ˆetre individu´e. Dans le vocabulaire de Fodor [1998], dire qu’un concept est indivudable c’est dire que c’est un particulier mental :
Concepts are mental particulars ; specially, they satisfay whaterver on- tological conditions have to be met by things that function as mental causes and effect5
. [Fodor,1998, p. 23]
Fodor consid`ere, de pars son nativisme que l’individuation du concept est naturelle, du fait de la relation causale entre le concept en tant qu’entit´e mentale et l’objet dans le monde auquel il r´ef`ere. L’agent cognitif qui poss`ede le concept ne joue aucun rˆole dans l’individuation de celui-ci. Cependant il est difficile de voir quelle est l’individuation du concept baleine dans l’esprit d’un agent qui pense que ce sont des poissons. Est-ce qu’il poss`ede le concept baleine en tant qu’il d´esigne des animaux dans le monde qui sont des mammif`eres et sans trop savoir comment il se fait que dans l’esprit de cet agent, ce concept d´esigne des poissons, ou bien est-ce que cet agent ne poss`ede pas le concept baleine mais le concept paleine qui d´esigne des animaux qui ont toutes les propri´et´es des baleines except´e le fait que ce sont des poissons, ou bien est-ce que l’agent poss`ede le concept baleine qui d´enote bien des animaux qui sont des mammif`eres, mais l’agent individue mal ce concept en pensant que ce sont des poissons ?
Selon Peacocke [1992], un concept est individu´e par ses conditions de possession.
Simple Account : When a thinker possesses a particular concept, an adequate psychology should explain why the thinker meets the concepts possession condition “Compte simple : Quand un penseur poss`ede un concept particulier, une psychologie ad´equate devrait ex- pliquer pourquoi le penseur atteint les conditions de possession des concepts.”. [Peacocke,1992, p. 177].
Les conditions de possession du concept indiquent l’application du concept – quand celui-ci s’applique `a l’objet – et son usage – ses relations aux autres concepts [Peacocke,1992, p. 182]. De fait, un principe d’invidua- tion du concept peut se faire `a partir des conditions d’application et d’usage du concept.
Concept F is that unique concept C to possess which a thinker must meet condition A(C) .6
. [Peacocke,1992, p. 6].
5“Les concepts sont des particuliers mentaux ; plus sp´ecialement, il satisfont les condi-
tions ontologiques, quelles qu’elles soient, qui doivent ˆetre remplies par les choses qui fonctionnent comme cause et effet mental.”
6“Le concept F est cet unique concept C que pour poss´eder un agent doit rencontrer
o`u C est une variable sur les conept et A une lettre sch´ematique.
Chaque condition sp´ecifique d’usage et d’assignation d´etermine donc un unique concept. Cette individuation du concept est diff´erente de celle pro- pos´ee parFodor[1998], puisque les conditions d’individuation ne se fondent pas uniquement sur la r´ef´erence du concept, mais ´egalement sur la prise en compte des ´etats mentaux de l’agent qui poss`ede ce concept. La pos- session d’un concept peut donc modifier l’application ou l’usage d’un autre concept. C’est parce que l’agent pense que les poissons sont tout les ani- maux qui vivent dans l’eau et qui n’ont ni ailes ni pattes, qu’il pense que les baleines sont des poissons. C’est-`a-dire que son application et son usage du concept poisson a des r´epercussions sur l’usage et l’application de son concept baleine. Donc les concepts ne sont pas ind´ependants les uns des autres, comme le soutient l’atomisme de Fodor, mais sont reli´es, au moins partiellement, entre eux, comme l’affirme le holisme local de Peacocke.
Formulation for Local Holism : Concepts F1, . . . , Fn are those
concepts C1, . . . , Cn to possess which a thinker must meet the condi-
tions A(C1, . . . , Cn)
7
. [Peacocke,1992, p. 10]
Ces relations entre les concepts indiquent que la possession d’un concept peut modifier la possession d’un autre concept. Ce holisme local, c’est-`a-dire que plusieurs r´eseaux de concepts peuvent coexister dans une conception qui elle doit ˆetre consistante, permet d’expliquer l’existence de domaines `a l’int´erieur d’une conception. Ces domaines correspondent aux th´eories na¨ıves du sens commun. Dans une biologie na¨ıve par exemple, tout animal qui vit dans l’eau, qui nage et qui n’a ni aile ni patte, est un poisson, et en ce sens les baleines sont des poissons. Ce n’est que lorsque l’on prˆete attention `a des caract`eres qui ne sautent pas n´ecessairement aux yeux, que l’on d´eveloppe une th´eorie scientifique.
Le concept d´epend d’une part de son application, c’est-`a-dire de sa r´ef´erence, et d’autre part de son usage, c’est-`a-dire des relations qu’il en- tretient avec les autres concepts. Pour rendre compte du concept il est donc n´ecessaire d’expliquer ces deux aspects du concept.
7“Formulation pour le holisme partiel : Les concepts F
1, . . . , Fnsont ces concepts
2.3.2 Cat´egoricit´e du concept
La r´ef´erence du concept est souvent consid´er´ee, dans la litt´erature, comme une forme de cat´egorisation. Dire que les ´el´ements a1, . . . , anrel`event
du concept α est pens´e d’un point de vue ensembliste : les ´el´ements a1, . . . , an
sont inclus dans l’ensemble dont le label est α.
Dans la mesure o`u le concept a une extension, l’interpr´etation ensem- bliste va de soit. Cette interpr´etation est toute fois ´etendue en un sens plus large. Le concept est une cat´egorie en tant qu’il est un d´ecoupage de l’envi- ronnement qui permet `a l’agent qui le poss`ede de comprendre cet environ- nement. Par exemple, un rapide coup d’œil dans la pi`ece me fait voir qu’il y a des livres, des ´etag`eres, une table et une chaise. Pour comprendre cette sc`ene, il me faut poss´eder les concepts livre, ´etag`ere, table et chaise, et que les donn´ees issues de ma perception au niveau non-conceptuel s’ar- rangent pour activer ces concepts. Je per¸cois une certaine forme, et cette forme correspond `a un ´el´ement subsum´e par le concept livre.
Le caract`ere cat´egoriel du concept concerne son extension mais ´egalement sa fonction cognitive : le rˆole du concept est de permettre de composer des ´etats mentaux d’ordre sup´erieur comme les croyances, les connaissances, les d´esirs ou les plans d’action. Le concept est le d´ecoupage du monde en ´el´ements sur lesquels ces ´etats mentaux vont s’attacher. Cet aspect du concept ´etant jug´e central dans la litt´erature sur le do- maine, une ´etude du concept se transforme donc assez rapidement en une ´etude sur la classification. Un exemple frappant de ce type est les tˆaches demand´ees dans les exp´eriences psychologiques. Le plus souvent il s’agit de demander si l’objet x pr´esent´e est un α ou un β. Tˆache qui se r´esume `a mettre l’´el´ement en question dans l’ensemble qui lui correspond.
Cependant, une ´etude rigoureuse de la classification montre les probl`emes formels qui y sont li´es [Gordon, 1981, Estes, 1994]. Le probl`eme le plus embˆetant est qu’aucune classification ne peut ˆetre exhaustive. Ce probl`eme est en fait une forme du probl`eme de l’auto-r´ef´erentialit´e, plus connu sous le nom de paradoxe de Russell . Ce paradoxe dit simplement que si tous les objets du monde peuvent ˆetre mis dans des ensembles ou des classes, la classe qui contient tous ces objets est un objet du monde qui n’entre dans aucun ensemble, donc tous les objets du monde ne sont pas compris dans un ensemble.
Il y a deux mani`eres d’aborder la cat´egorisation. La premi`ere est dite bottom up ( de bas en haut), la seconde, top down (de haut en bas). L’id´ee est assez simple : chaque objet appartient `a un ensemble d’objet `a un niveau et il est possible d’inclure des ensembles d’objets dans des ensembles `a un niveau sup´erieur, sch´ematiquement cela donne un graphe orient´e ou bien un arbre.
Dans la m´ethode bottom up, les ´el´ements du monde sont inclus dans l’un des ensembles en fonction de leur ressemblance. C’est-`a-dire que des ´el´ements qui se ressemblent seront regroup´es ensemble pour faire une classe. La ressemblance entre les ´el´ements est calcul´ee `a l’aide d’une fonction de similitude appel´ee principe contrastif [Tversky,1977] :
(Principe contrastif) Sim(I, J) = af (I ∩ J) − bf (I − j) − cf (J − i) (2.5)
o`u I et J sont respectivement l’ensemble des traits caract´eristiques de i et de j, et a , b, et c sont les valeurs pond´er´ees de diff´erents traits distinctifs.
Cette m´ethode est utilis´ee par la th´eorie empirique des concepts d´efendue parPrinz [2002], et les th´eories des exemplaires et des prototypes.
L’inconv´enient de cette approche est qu’elle maltraite les cas particu- liers. Certains ´el´ements relevant bien d’un concept ne partagent parfois que tr`es peu de traits caract´eristiques avec les autres ´el´ements subsum´es par le concept. Si l’on consid`ere certains traits jug´es caract´eristiques, les ba- leines sont plus proches des requins ou des dorades que des chiens et des chats. Le premier probl`eme est donc choix – et par cons´equence la perti- nence – des traits caract´eristiques et de leur pond´eration. La cladistique et la syst´ematique connaissent bien ce probl`eme. Plusieurs cladogrammes peuvent ˆetre ´etablis `a partir d’un mˆeme ensemble de caract`eres. Il s’agit donc de choisir l’un de ces graphes, ce qui rend relatif la cat´egorisation. D’un autre cˆot´e, le choix dans les traits caract´eristiques et leur pond´eration est ´evident lorsque l’on consid`ere que la cat´egorisation, et donc le d´ecoupage du monde `a l’aide de concepts, est faite en fonction d’un but et d’une uti- lit´e. L’int´erˆet de poss´eder le concept table et de pouvoir agir d’une certaine mani`ere avec les objets du monde qui sont des tables.
Un autre probl`eme est l’homologie entre des traits caract´eristiques d’en- sembles disjoints. D’un certain point de vue il y a un point commun entre un Airbus A-380 et un moineau : les deux ont des ailes. ´Evidemment les ailes
d’un avion n’ont pas grand-chose `a voir avec celle d’un oiseau, cependant, si le trait caract´eristique retenu est « ce qui permet de planer dans l’air », alors les avions et les oiseaux se retrouveront dans une mˆeme cat´egorie. Et si en plus de ce caract`ere, celui d’ˆetre un objet manufactur´e ou un ˆetre vivant est pris en compte, alors les ´el´ements compris dans les ˆetres vivants auront un point commun avec les objets manufactur´es, ou bien certains ´el´ements qui sont des ˆetres vivants ne seront pas pris en compte parce qu’ils n’ont pas l’aile. Le probl`eme non seulement du choix et de la pertinence des traits ca- ract´eristiques se pose, mais ´egalement la question de la coh´erence des traits entre eux. La consistance de l’ensemble implique une forme de holisme.
Or pour r´esoudre le probl`eme de la coh´erence et de la consistance des caract`eres, il ne faut plus tenir compte des ´el´ements dans le monde, mais des relations entre caract`eres. C’est l`a l’objet de la m´ethode top down. Avant de consid´erer les ´el´ements `a cat´egoriser, la m´ethode descendante pr´econise de se doter d’un ensemble consistant de caract`ere et de les appliquer ensuite au monde. Le probl`eme devient alors de fait de savoir si une description ne s’applique pas `a l’environnement, c’est du fait de la pauvret´e de l’environ- nement ou bien de l’impossibilit´e d’aucun ´el´ement `a s’y conformer quel que soit l’environnement. Par exemple qu’en est-il des dahus et des licornes ?
L’id´eal sans doute serait d’associer les deux m´ethodes, cependant cela conduit `a des paradoxes, paradoxes qui se rapprochent de celui de Russell.
Imaginons qu’il soit possible d’assigner un label unique pour chaque ´el´ement du monde que l’on cherche `a cat´egoriser. Un label de ce type est un nombre de G¨odel ou un nom propre par exemple. Autrement dit, on ´etablit la liste exhaustive des ´el´ements du monde `a la mani`ere d’un plus pur nominalisme. Cela signifie qu’un ´el´ement du monde est repr´esentable si et seulement s’il existe une fonction f qui assigne `a chacun des ´el´ements de l’environnement un tel label, et que sinon cet ´el´ement n’appartient pas `a cet environnement :
∀v[ϕ(v, n1, . . . , nk) ↔ v = f : l 0→ (n1, . . . , nk)]
si (n1, . . . , nk) ∈ E, alors ϕ(n1, . . . , nk)
si (n1, . . . , nk) ,∈ E, alors ¬ϕ(n1, . . . , nk)
(2.6)
Un ´el´ement de (n1, . . . , nk) appartient `a l’environnement E si la fonction f
lui assigne un label l, sinon il n’y appartient pas. Mais s’il est possible de dire qu’un ´el´ement n’appartient pas `a l’environnement E c’est qu’un label lui a
attribu´e, et donc qu’il entre dans la description des ´el´ements qui ne d´ecrivent pas cet environnement. Donc la fonction f qui assigne `a cet ´el´ement le label indiquant qu’aucun label ne s’applique `a cet ´el´ement :
∀v[ϕ(v, l) ↔ v = ¬ϕ] (2.7)
d’o`u
ϕ= ¬ϕ (2.8)
ce qui est contradictoire [Tarski et al.,1953].
La conclusion – qui est similaire `a celle du th´eor`eme de Ramsey – indique tout simplement qu’il n’existe pas de m´ethode exhaustive de cat´egorisation. De fait un choix doit ˆetre fait au d´epart sur la mani`ere dont l’environnement est conceptualis´e.
Le concept cependant, contrairement `a une classification scientifique ou formelle, est une entit´e cognitive. La fonction du concept au sein de la cog- nition peut d´eterminer la cat´egorisation.
Les ´el´ements d´etermin´es par les concepts proviennent en partie au moins du donn´e de l’exp´erience, c’est-`a-dire du traitement non-conceptuel. Cela permet de mettre en ´evidence le caract`ere inn´e de certains concepts au moins. Le concept devient alors une cat´egorisation du contenu de la perception qui se d´eclenche automatiquement sous forme de routines [Fodor,1998, p. 24].
La notion de routine, appliqu´ee au concept pose un certain nombre de probl`emes. Une routine est un processus qui s’enclenche de mani`ere automatique d`es qu’apparaissent certaines conditions stimuli. Cette mise en route bas´ee sur un sch´ema cause/effet convient parfaitement `a la s´emantique causale du concept telle qu’elle est d´efendue par Fodor. Comme pour Fodor il y a un lien direct et n´ecessaire entre le concept et l’objet qu’il d´esigne, il est naturel de penser que lorsque l’objet apparaˆıt, le concept apparaˆıt lui aussi.
D’une certaine mani`ere la conception de Peacocke du concept permet une interpr´etation de celui-ci en terme de routine. L’agent per¸coit d’abord une sc`ene qui est d´ecrite en termes de proto-propositions puis en termes propositionnels et donc conceptuels. La diff´erence est que le lien causal est indirect et passe par ce premier d´ecoupage, ce qui permet de penser qu’un
objet rectangulaire pourrait ˆetre d´ecrit proto-propositionnellement comme un cube, et ˆetre interpr´et´e ensuite comme ´etant une table, ou bien comme ´etant une caisse. La relation indirecte entre l’objet de la perception et