• Aucun résultat trouvé

2.2 Diff´erence entre le non-conceptuel et le conceptuel

2.2.2 Caract`ere ´epist´emique

Si le concept est repr´esentationnel au sens donn´e pr´ec´edemment (2.2.1), cela implique que l’agent doit avoir acc`es au concept qu’il poss`ede. Cet acc`es est le caract`ere ´epist´emique du concept.

Le caract`ere ´epist´emique a deux formes : une faible et une forte.

2.2.2.1 Caract`ere ´epist´emique fort

Un ´etat mental est ´epist´emiquement fort si l’agent qui le poss`ede a acc`es `

a ce contenu et poss`ede la connaissance de cet acc`es, c’est-`a-dire qu’il peut donner les raisons de cet acc`es et de cette possession2.

2.2.2.2 Caract`ere ´epist´emique faible

Un ´etat mental est ´epist´emiquement faible si l’agent qui le poss`ede a acc`es `a ce contenu mais ne poss`ede pas la connaissance de cet acc`es, c’est-`a-dire qu’il ne peut pas donner les raisons de cet acc`es .3

Le caract`ere ´epist´emique fort correspond `a la d´efinition classique de la connaissance comme croyance vraie justifi´ee. Le caract`ere ´epist´emique faible correspond `a une connaissance au sens commun du terme, au sens d’avoir acc`es `a quelque chose ou ˆetre conscient de cette chose sans ˆetre en mesure de le justifier. Cette forme de connaissance est celle que manifeste un agent

2Cela correspond `a un crit`ere internaliste de la connaissance. 3Cela correspond `a un crit`ere externaliste de la connaissance.

lorsqu’il dit que ce qui se tient devant lui est une chaise, sans qu’il soit capable de donner la d´efinition exacte (si tant est qu’il y en ait une) de ce qu’est une chaise.

La distinction entre les deux niveaux d’´epist´emicit´e recoupe la distinc- tion faite par Dretske [1969] entre ´epist´emique et non-´epist´emique. Cette distinction correspond `a la diff´erence qu’il y a entre le fait de voir quelque chose et le fait de voir que c’est quelque chose. Cependant, la distinction telle qu’elle est propos´ee par Dretske n’est pas suffisante. Elle ne permet pas de rendre compte de la diff´erente qu’il existe entre le fait d’ˆetre en me- sure de dire pourquoi ce que l’on voit comme rouge est rouge. C’est-`a-dire de rendre compte du fait d’une connaissance non explicitement justifi´ee. Le type d’´epist´emicit´e faible pr´esent´ee ici est sans doute trop faible pour formuler la connaissance au sens classique du terme. Il permet cependant d’expli- quer en quoi une croyance est d´ej`a une prise de position sur le monde et un d´ecoupage de l’environnement qui peut servir de base `a la connaissance, c’est-`a-dire au sens fort de l’´epist´emique donn´e ici.

Le concept, en tant qu’il est repr´esentationnel doit satisfaire le caract`ere ´epist´emique faible au moins. Demander qu’il satisfasse ´egalement le caract`ere ´epist´emique fort serait trop exigeant, car cela reviendrait `a consid´erer que le concept est d´ej`a une connaissance, or tous les ´etats mentaux ne sont pas des connaissances, et si le concept est le constituant de ces ´etats mentaux, il ne peut ˆetre si fort ´epist´emiquement.

Si le concept est ´epist´emique, et si cette ´epist´emicit´e faible est la marque de la repr´esentation, cela signifie que le contenu non-conceptuel n’est pas ´epist´emique. Mais il y a dans l’exp´erience une attention au niveau non- conceptuel qui si elle n’est pas ´epist´emique est cependant accessible `a l’agent. Dans l’image des deux personnages avec le fond (figure 2.1), la perception discrimine bien les personnages du fond sans n´ecessairement les repr´esenter comme ´etant des personnages.

Deux niveaux de caract`eres non-´epist´emiques doivent donc ˆetre dis- tingu´es.

2.2.2.3 Caract`ere non-´epist´emique fort

Un ´etat mental est non-´epist´emiquement fort si l’agent qui le poss`ede n’a pas acc`es `a ce contenu mais ne poss`ede aucune la connaissance de cet acc`es, c’est-`a-dire qu’il ne peut en donner les raisons.

2.2.2.4 Caract`ere non-´epist´emique faible

Un ´etat mental est non-´epist´emiquement fait si l’agent qui le poss`ede peut faire attention `a ce contenu mais ne poss`ede aucune la connaissance de cet acc`es, c’est-`a-dire qu’il ne peut en donner, ni ne peut l’identifier.

Le caract`ere non-´epist´emique au sens fort correspond `a un processus infra-personnel inconscient. Par exemple la posture est engendr´ee par un syst`eme vestibulo-visuo-kinest´esique complexe dont l’agent n’a aucune id´ee lorsqu’il est en œuvre. Dans l’exp´erience de l’image avec les deux person- nages, cela correspond aux donn´ees physiques capt´ees et trait´ees par le syst`eme visuel de l’agent. L’agent ne peut en aucun cas modifier ou changer ces informations sans devoir agir sur le mode mˆeme de pr´esentation , c’est-`a- dire sur le contexte de l’exp´erience mˆeme. Il est certain que si l’agent ´eteint la lumi`ere, son exp´erience de l’image sera diff´erente, mais cela correspond `

a une autre exp´erience et non pas `a un changement de position de sa part quant `a l’image.

Le caract`ere non-´epist´emique au sens faible est plus compliqu´e `a saisir. Sa formulation mˆeme le rapproche de la formulation du caract`ere ´epist´emique faible et il n’est pas ´evident que l’on puisse distinguer les deux. Cependant la diff´erence entre les caract`eres faibles de l’´epist´emique et du non-´epist´emique se comprend mieux si on les ´eclaire avec la notion de repr´esentation donn´ee pr´ec´edemment. Il y a dans l’exp´erience des donn´ees dont l’agent qui les poss`ede est conscient sans qu’il puisse agir dessus. Dans un raccourci rapide on dira que l’agent est passif quant au non-´epist´emique alors qu’il est actif dans quant `a l’´epist´emique. Un agent peut ˆetre attentif au fait qu’un arbre soit vert par exemple, c’est-`a-dire de discrimin´e la couleur verte de l’arbre de la couleur bleu du ciel sans pour autant savoir que c’est du vert ou de quelle nuance est cette couleur. La discrimination est donc plus faible que l’identification telle qu’elle est exig´ee par la repr´esentation et le caract`ere ´epist´emique. Il faut d’ailleurs noter que c’est du fait de cette identification, et donc de la repr´esentation et du caract`ere ´epist´emique, que la contrainte de g´en´eralit´e deEvans[1982] s’applique au concept.

Thus, if a subject can be credited with the thought that a is F , then he must have the conceptual resources for entertaining the thought that a is G, for every property of being G of which he has a conception. This

is the condition I call ‘The Generality Constraint’4

. [Evans, 1982, p. 104]

Il y a une diff´erence entre voir du vert et voir que c’est du vert sans ˆetre capable de dire pourquoi c’est du vert. C’est cette diff´erence qu’il y a entre le caract`ere ´epist´emique faible et le caract`ere non-´epist´emique faible.

Documents relatifs